Aux origines du grand bond en avant - Le cas d'une province chinoise, 1956-1958

En 1949, après leur grande victoire militaire, les dirigeants communistes s'installent dans le palais impérial à Pékin ; ils aménagent un vaste ensemble résidentiel, bientôt entouré d'un long mur rouge. Quelques centaines de familles y habitent, protégées par des gardes surarmés. Plus le temps passe, plus elles jouissent de conditions de vie exceptionnelles : nourriture abondante, fêtes et loisirs. Pendant ce temps, le reste du pays traverse la famine, affronte les catastrophes naturelles et subit les effets d'une collectivisation inefficace.

Mao, non moins jouisseur que ses compagnons, mais redoutant un coup d'État, attaque plusieurs fois ces cadres repus avides de privilèges. En révélant l'obsession du pouvoir, la soif des plaisirs et le poids des relations personnelles, Jean-Luc Domenach bouleverse notre regard sur le totalitarisme version chinoise.

Grâce à lui, le lecteur sait désormais que le communisme a été autant un moteur qu'un masque, une manière de cacher derrière de belles idées la quête sinistre d'une domination vaine. Il découvre aussi que les protagonistes de cette terrible histoire sont les parents des dirigeants actuels. Ce passé engage donc notre avenir.

Mao, sa cour et ses complots

La Chine, celle d'hier comme d'aujourd'hui, est le " laboratoire " de Jean-Luc Domenach. En arpentant les rues de Pékin ou celles de Shanghai, en multipliant les rencontres avec l'homme de la rue, le chef d'entreprise, l'intellectuel ou le responsable politique ; en explorant les campagnes et les provinces oubliées des touristes, il s'est transformé en chroniqueur du quotidien, en ethnologue d'une société beaucoup moins exotique que nous ne l'imaginons.

Comprendre la Chine d'aujourd'hui

Quelques décennies de pouvoir communiste sont peu au regard de l'histoire plusieurs fois millénaire de la Chine. Pourtant, il est intéressant d'observer aujourd'hui l'évolution que suit la République populaire de Chine depuis sa fondation, d'autant qu'une nouvelle étape a commencé : au rêve soviétique et à l'utopisme maoïste a succédé une politique beaucoup plus pragmatique, même si les solutions aujourd'hui préconisées sont conçues comme un simple détour et que les dirigeants chinois se proclament toujours communistes.Mais quel communisme hier et quel communisme aujourd'hui ?Jean-Luc Domenach et Philippe Richer en étudient les caractéristiques. En politique intérieure comme en politique extérieure ils en remarquent le rythme heurté. Et surtout ils soulignent l'instabilité des différentes phases qu'a traversées la Chine populaire depuis 1949.Si dans les années 50 le communisme chinois offrait de lui une image ambitieuse et cohérente, aujourd'hui cette image est à la fois ternie et enrichie, mais moins cohérente. Sa plus belle réussite est incontestablement le régime lui-même, puissant, solide et durable. Il dispose à l'heure actuelle d'une élite politique qui s'efforce de s'adapter progressivement aux exigences de la modernisation.Sur le plan international, la position et le rayonnement de la République populaire de Chine ont considérablement progressé; sa sécurité extérieure est pour l'essentiel garantie, même si sa puissance militaire, loin d'être comparable à celle des Etats-Unis ou à celle de l'Union soviétique, souffre de sa faiblesse économique. Car les résultats dans les domaines économiques sont de toute évidence insuffisants, et la Chine est la première à affirmer qu'elle est un pays en voie de développement.Cette insuffisance s'est d'ailleurs largement répercutée sur le domaine social où les acquis sont effectivement minces, le régime ayant marginalisé le mécontentement mais n'ayant pas créé une société à l'image de son idéologie. Plus négatif encore est le bilan culturel du pays où seul l'effort d'alphabétisation fut considérable. Certaines destructions sont irréparables, et le communisme n'a pas inspiré de grandes œuvres.Jean-Luc Domenach et Philippe Richer mettent en évidence le drame d'une révolution qui, pour avoir prétendu gravir les cimes de l'utopie, a côtoyé l'abime et se trouve aujourd'hui contrainte à la modestie.

La Chine : 1949-1985

En 1949, après leur grande victoire militaire, les dirigeants communistes s'installent dans le palais impérial à Pékin ; ils aménagent un vaste ensemble résidentiel, bientôt entouré d´un long mur rouge. Quelques centaines de familles y habitent, protégées par des gardes surarmés. Plus le temps passe, plus elles jouissent de conditions de vie exceptionnelles : nourriture abondante, fêtes et loisirs. Elles disposent aussi d´un système de grands hôtels et de plages privées pour profiter de leurs vacances et cacher leurs transgressions. Pendant ce temps, le reste du pays traverse la famine, affronte les catastrophes naturelles et subit les effets d´une collectivisation inefficace. Mao, non moins jouisseur que ses compagnons, et redoutant un coup d´Etat, attaque plusieurs fois ces cadres repus, si avides de privilèges. En révélant l´obsession pour le pouvoir, la soif des plaisirs et le poids des relations personnelles, Jean-Luc Domenach bouleverse notre regard sur le totalitarisme, version chinoise. Grâce à lui, le lecteur sait désormais que le communisme a été autant un moteur qu´un masque, une manière de cacher derrière de belles idées la quête sinistre d´une domination vaine. Il découvre aussi que les protagonistes de cette terrible histoire sont les parents des dirigeants actuels. Ce passé engage donc notre avenir.

Mao, sa cour et ses complots ; derrière les murs rouges

Alors que le goulag soviétique fait partie de notre mémoire, on a oublié qu'il existe toujours en Chine un autre archipel, lieu tragique du XXe siècle par son ampleur, par son inexorable discipline, mais aussi parce que l'entreprise de " réforme de la pensée " visant à briser l'homme pour l'asservir au pouvoir y a poussé à son comble l'utopie totalitaire de Mao Tse-tung. Résultat de plus de dix ans de recherches, le livre de Jean-Luc Domenach met au jour les origines, les développements et la situation récente de ce gigantesque système pénitentiaire. S'appuyant sur des témoignages souvent inédits en Occident, sur des interviews de réfugiés et sur un historique précis de la répression communiste, il décrit la vie dans les prisons et les camps de travail où passèrent des dizaines de millions de Chinois. On y trouve ainsi des révélations sur la terreur des premières années (et par exemple l'aide fournie par des experts du goulag soviétique), sur l'effroyable famine de 1959-1962, ou encore sur la décomposition du système de contrôle depuis l'arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping. Au total, de la terreur utopique des premières années au règne des mafias carcérales, l'histoire de l'archipel est celle d'un immense échec, à la fois politique et humain, qui traduit l'évolution du communisme chinois. Jean-Luc Domenach est directeur du Centre d'Etudes et de Recherches Internationales et chargé de cours sur la Chine à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.

Aux origines du grand bond en avant - Le cas d'une province chinoise, 1956-1958

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