Le XIX? siècle à travers les âges
Chant pluriel
Publié par Gallimard (réédition numérique FeniXX), le 01 janvier 1973
296 pages
Résumé
La foule : c'est elle qui parle, c'est d'elle qu'elle parle, c'est de nous qu'elle parle, c'est nous qui parlons. Immense chant aux quatre milliards de bouches. Narratrice/narrée : ainsi se présente la voix qui conduit Chant pluriel. Pour la première fois, s'ordonne en un texte un discours collectif passionné, lancé au-dessus de nous et par nous, gens des H. L. M., gens de l'abondance, courbée sous la loi du travail/loisir, nous dont la vie est soumise à l'atroce scansion des aubes, des crépuscules. La foule clame son projet subversif, sa volonté de changer radicalement le vieux monde livré au « rajeunissement » sauvage que l'on sait (supermarchés, immeubles, autoroutes). Pour cela, une seule stratégie : réduire définitivement la prétendue contradiction qui subsiste encore, en Occident, entre matérialisme et métaphysique. Donc, opérant l'imprévisible jonction de ces deux « contraires », son chant survolté éclate à l'endroit même où on ne l'attendait pas, fond par surprise sur l'univers. Ainsi, le Dieu dont elle éparpille les syllabes sur la terre, est bel et bien le Dieu (jusqu'ici inabordable, inconnu) qui a crevé ses cuirasses (psychologie, morale, ordre, idéalisme), ses cibles. Dieu des masses, Dieu-masse, il recharge et relance au combat tout un passé « religieux » oublié, réactive tout un présent de révoltes fatiguées et, suscitant ses « apôtres », ses militants, impulse un futur de subversions vertigineuses. La chasse aux individualismes commence. Au cour des multitudes, les « apôtres » se déplacent, faisant sauter les verrous de la bonne conscience, annonçant la grande utopie post-révolutionnaire. Épopée aux actions innombrables (burlesques, sanglantes : positives). Chant pluriel est aussi hymne prophétique (si la prophétie est bien ce qui « consiste dans le plus parfait développement de la faculté imaginative » - Maimonide). Voici le premier manifeste pour une écriture absolument collective, faisant accourir, à la surface du texte, les mille cris de misère lancés sous le goudron, sous le béton, accomplissant, d'une certaine façon, le vou de Lautréamont (« La poésie doit être faite par tous. Non par un. »), développant le discours pluriel, le seul possible aujourd'hui, demain. Voici le premier livre où il y a beaucoup de monde sur la page !
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