Meurtre en ut majeur

Les deux compagnons imaginaires de Maurice Schumann sont, comme disait Nietzsche, « des hallucinés de l'arrière-monde ». L'homme est un tortionnaire subalterne qui, à la porte d'une chambre à gaz, trouve dans le regard d'une victime d'abord pareille à des millions d'autres la voie d'un long repentir. La femme est une princesse du Nord qui, vers le milieu du siècle dernier, sort d'un donjon pour sauver un inconnu déjà promis au bourreau. Le premier a reçu la révélation brutale de ce que pourrait être la communion des âmes. La seconde restera murée dans l'intraduisible et l'incommunicable. Mais, après avoir été conduits par eux et les avoir suivis sur deux chemins opposés, Maurice Schumann - comme le révèle l'introduction qui relate la naissance de son univers romanesque - découvre la clef de leur ressemblance ; chacun des deux va jusqu'au bout de sa route sans tourner la tête ou revenir sur ses pas. C'est pourquoi la même trame court à travers les deux récits. Elle ressemble au leitmotiv d'un concerto dont l'accent serait à la fois romantique et sobre. L'émotion fondamentale que le soliste exprime et que l'orchestre contrarie est celle qu'éprouve l'homme, non devant le monde ou devant lui-même, mais devant le vrai mystère : l'Autre.

La communication

Le 27 novembre 1962, lors des funérailles nationales du Président Coty, De Gaulle a dit : « Président René Coty, pour toujours le respect du peuple français entoure votre mémoire ». Moins de trente ans après, qui se souvient ? René Coty a été l'homme d'une pensée : la réforme de l'État, en vue de la restauration de pouvoirs équilibrés. Longtemps, dans les assemblées, au ministère, à l'Élysée pendant quatre ans et demi, il a paru impuissant à convaincre, à s'imposer, à réaliser. Et puis, les événements se précipitent, l'État se décompose. Le moment vient. Et cet homme fait preuve d'une énergie, d'une résolution, d'un calme, qui vont lui permettre de réussir l'ouvre de sa vie. Certes, le recours au Général De Gaulle s'impose et il faut choisir le jour et l'heure - ni trop tôt, ni trop tard. René Coty voit, au-delà de la solution immédiate du drame, s'ouvrir enfin la certitude que l'État va être restauré. Il y a trente-cinq ans qu'il en rêvait... ! Francis De Baecque nous retrace les étapes de sa carrière mais, allant plus avant et grâce à de multiples emprunts à ses cahiers, il nous révèle la personnalité forte d'un homme, qui incarnait des valeurs où tous peuvent se reconnaître. Avec son épouse, dont la mort a tant ému les Français, il a donné le témoignage d'une vie familiale exemplaire, homme de culture, sensible à toutes les formes d'art, il a su rester modeste dans les honneurs, d'une rare dignité dans la retraite ; homme de conviction, il a manifesté un grand respect pour la pensée des autres ; homme de foi, il a vécu dans l'action de grâce et dans la sérénité à l'approche de la mort. C'est bien « René Coty, tel qu'en lui-même ». Ouvrage publié avec le concours du Conseil général de la Seine-Maritime, du Centre de recherche de droit constitutionnel de l'Université de Paris I, du Groupe havrais de recherche en droit international et comparé de la Faculté des affaires internationales de l'Université du Havre et de parents et amis fidèles à la mémoire de René Coty.

René Coty, tel qu'en lui-même

En grand témoin, l'auteur aborde aussi bien les problèmes de politique intérieure et internationale que les grands sujets philosophiques, avec son expérience de journaliste et politicien.

Une grande imprudence

Hilda Jolivet, qui fut pendant quarante ans la compagne d'André Jolivet, n'a pas voulu, dans ce livre, évoquer seulement quelques souvenirs familiers. La partie biographique, ici, n'est certes pas absente : nous apprenons à mieux connaître le musicien dans sa quotidienneté, sa rigueur, son acharnement et ses silences. Mais Hilda Jolivet, témoin attentif et passionné, a tenu d'abord à expliquer, analyser le cheminement de l'ouvre depuis Mana et la fondation du groupe "Jeune France" jusqu'au Lieutenant perdu, opéra resté inachevé. Voici un document capital qui éclaire, pour la première fois, les rapports mystérieux entre l'art et la vie de l'un des plus grands novateurs de la musique du XXe siècle.

Avec... André Jolivet

Né en 1873 à Constantinople, descendant d'une lignée de princes régnants d'Europe Centrale, de religion orthodoxe, le prince Ghika terminera sa vie terrestre en 1954 comme prêtre catholique, véritable martyr de sa foi. Entre ces deux dates se déroule l'une des plus étonnantes destinées de notre temps. Fondateur de communautés, mais aussi ermite, vivant dans une masure implantée en plein terrain vague dans la zone, mais aussi proche de tout le gotha européen, Vladimir Ghika est avant tout un homme libre dévoré par le feu de l'Évangile. C'est également un précurseur, véritable trait d'union entre les sensibilités religieuses (il sera ordonné sous le double rite latin et byzantin), apôtre des laïcs pour qui il imaginera des modes de vie qui préfigurent nos communautés nouvelles. Ami de Jacques Maritain, il participera activement au renouveau spirituel du monde intellectuel entre les deux guerres mondiales. Il est aussi le frère des plus pauvres, lépreux, réfugiés, détenus dont il partagera tour à tour la vie et les souffrances. Arrêté en 1952 par la police communiste de son pays d'origine, il sera torturé avant de mourir de faim et de froid, donnant jusqu'à la fin le témoignage magnifique de sa foi et de sa charité. Une aventure spirituelle et humaine vécue dans un contexte géographique et historique particulièrement mouvementé.

La mémoire des silences - Vladimir Ghika, 1873-1954

Parti dès le 18 juin 1940, jour de l'Appel du Général de Gaulle, rejoindre - en Angleterre - les volontaires de la France libre, Gilbert Renault, dit Rémy, a mis sur pied le tout premier réseau de renseignements français en zone occupée. De septembre 1940 à juin 1942, il a structuré sa Confrérie Notre-Dame, en s'appuyant d'abord sur les villes de l'Ouest, élargissant ensuite son réseau à l'ensemble de la zone occupée, et jusqu'en Belgique. L'enthousiasme, le courage, le patriotisme, la ferveur, l'intelligence et l'abnégation, ont permis à cette toile secrète d'étendre ses ramifications précieuses dans le choix d'actions déterminantes menées par les Alliés. Mais, en juin 1942, un jeune agent de liaison bordelais trahit le réseau. Première hécatombe : 60 arrestations, 52 déportations, 19 morts... Rémy qui, par miracle, s'est glissé entre les mailles du filet, et dont deux des sours sont emprisonnées, reprend le bateau pour l'Angleterre avec sa femme et ses enfants. Il faut reconstruire le CND, qui a perdu la plupart de ses opérateurs radio, plusieurs de ses responsables d'agences régionales, et nombre de ses membres fondateurs. Nouveaux recrutements, nouvelles méthodes, cloisonnement de l'organisation... Mais l'Abwer et la Gestapo veillent et, en novembre 1943, une nouvelle trahison laisse le CND exsangue...

Mémoires d'un agent secret de la France libre (2). Les soldats du silence : 19 juin 1942-fin novembre 1943

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

6-37-ter : histoire d'une résistance

Voici des pages d'histoire, des pages tirées des années sombres. Derrière ces allocutions, le film de la guerre se déroule, les événements se reconstituent, les armées se font et se défont, la victoire se met en marche. « Nous n'oublierons certes pas, écrit M. Georges. Duhamel, la voix familière de Maurice Schumann qui, si nous ressuscitons dans mille ans, nous rappellera encore nos angoisses et notre espérance pendant les saisons amères ». Au souffle qui anime ces propos quotidiens, tout emplis, à l'adresse de l'envahisseur, par ce que Clemenceau eût appelé la fureur patriotique, s'ajoute - nous le découvrons à la lecture - la valeur littéraire de textes dus à un écrivain de grand talent. Honneur et Patrie : c'était, hier, à l'heure du couvre-feu...

Meurtre en ut majeur

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