Ambre

Vingt ans après Ambre (vendu de par le monde à plus de vingt millions d'exemplaires), Kathleen Winsor renouait avec la fresque romanesque et livrait au public cette nouvelle saga (Gallimard, 1968) - que beaucoup considèrent comme son chef-d'œuvre. Un livre dont lecteurs et libraires attendaient depuis longtemps la réédition. A travers l'aventure d'une famille de pionniers, c'est toute l'histoire d'un monde qui déploie ses fastes sous nos yeux : celle de l'Amérique du siècle passé, lancée d'un même élan à la conquête des territoires vierges de l'Ouest et dans l'édification, à l'Est, de la plus formidable puissance industrielle de tous les temps. Loin des sentiers convenus de l'épopée, Kathleen Winsor, de New York au Montana, s'emploie une fois de plus à jeter bas les masques. La vie de ces conquérants d'hier, promus au rang de seigneurs d'un nouveau monde, se trouve certes placée sous le signe du labeur et du risque, mais plus encore sous celui de la violence. A l'Ouest, l'or arraché à la terre apporte à ses serviteurs la richesse, mais les privera de la liberté ensauvagée qui était leur raison de vivre. A l'Est. le métal jaune est converti en bon argent, et la nouvelle religion du profit s'accommode bientôt de toutes les turpitudes : mariages forcés arrangés pour conforter le patrimoine, mise à mort de sociétés poussées à la faillite et que l'on rachète en sous-main, chantage, trafic d'influence, adjudications truquées, financement occulte de la pègre, de la presse et des partis, tous voués corps et âme à l'intérêt des capitaines d'industrie-un tableau qui, on le voit, n'a rien perdu de son actualité. Comme dans Ambre, l'auteur met en œuvre des trésors d'érudition pour restituer la saveur d'une époque oubliée, donnant vie à cent personnages dont le destin ne laisse pas de nous faire battre le cœur. Ce qui n'est pas seulement façon de parler : l'irrésistible ascension dont il est ici question n'est-elle pas celle d'un monde qui, un siècle plus tard, est devenu le nôtre ?

D'or et d'argent - Occasion

Dans l'Angleterre de la fin du XVIIIe siècle, une gamine sans père ni mère, presque sans nom (" Ambre " a tout l'air d'un sobriquet de théâtre), décide d'user de ses charmes - son seul bien au soleil - pour conquérir le monde.Gloire, honneurs, fortune, plaisirs : il lui faut tout. Et. L'immoralité de l'époque aidant, elle aura tout, taillant à vif s'il le faut dans la chair de ses rivaux et rivales - qui lui donnent joyeusement l'exemple, puisque du haut en bas de l'échelle sociale tout n'est qu'intrigue, trahison, mensonge, dépravation. Cette vaste fresque picaresque qui ne nous fait grâce de rien - et qui inspira à Otto Preminger un grand film - avait fait scandale, lors de sa parution.Un demi-siècle ayant passé, l'on s'aperçoit que ce sont sa crudité et sa noirceur, précisément, qui l'ont empêchée de vieillir - en ont fait une sorte de classique.

C'est toute l'histoire de l'Amérique de la grande époque, celle des pionniers,[que Kathleen Winsor] y retrace: soit l'aventure d'hommes et de femmes qui n'avaient pas froid aux yeux - mais que les scrupules n'étouffaient pas -, lancés dans un même élan à la conquête des territoires vierges de l'Ouest (or) et, à l'Est, dans l'édification de la plus formidable puissance industrielle de tous les temps (l'argent).

Ambre

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