"Là on arrive au stade de Cassayet à Narbonne, il est plus haut que la cathédrale, plus grand que mille fois mon école, on fume des cigares à l'entrée, c'est jour de fête et c'est cela qui me rend important.

Allez allez allez

Le départ, l'exode, la faim, le désir, une humanité depuis ses origines, une place où être, une nouvelle langue à apprendre, la vie à continuer, à construire, toujours... Partir, quitter, ajouter les distances, avancer des jours et des nuits avancer, toujours plus loin, le plus loin, c'est ce que nous voulions.

Partir, naviguer, arriver et autres constructions pas fatalement intempestives

Le p'tit déj c'est le matin / des fois c'est pas le matin / des fois c'est l'après-midi / des fois en pleine nuit / des fois pile à quatre heures / souvent c'est le matin / quand c'est pas le matin c'est exception / ou bien c'est comme ça à cause du boulot du bonheur ou du décalage du jeune âge / / ça change ou ça change pas / fréquemment ou pas / des fois on est content que ça change des fois pas / c'est comme tout / ces changements-là nous épanouissent.

P'tit déj

Le gue

Après P'tit déj, Confiotes, et Nous, le ciel, Rémi Checchetto s'en prend à l'apéro. C'est autour de ce rituel que les langues se délient, que les langues fourchent et laissent échapper d'étranges formules, des lapsus parfois qui en disent plus qu'on ne voudrait. A en pleurer ou à pleurer de rire.

Apéro

Bien entendu, la confiture est ici prétexte à faire un livre de mélanges, tout en improvisation. La confiote contre notre monde de brute, la confiote comme résistance langagière face à l'autoritaire confiture du Petit Robert, la confiote, ce "témoin" de notre vie sentimentale, familiale, amoureuse (sur la table du petit-déjeuner). Les variations sont courtes, rythmées, et l'on saisit vite le projet de Rémi Checchetto : exprimer sa vision du monde par le prisme de la confiture. (...) (Marie-Laure Picot, CCP n°12)

Confiotes

Rémi Checchetto apprend à cette langue de terre à parler la langue d'aimer. Nathalie Geoffray de Calbiac capte les caresses de la lumière sur les flancs mouillés de l'île et la toison dorée des prés salés. Nous voilà pris dans un souffle immense où comme l'écrivait Pierre Siré, au siècle dernier : "On se demande si l'île existe, si elle n'est pas emportée, si cette côte basse, à l'ouest, est vraiment immobile, si tout ce qu'on voit ne se dérobe pas comme un vertige avec le vent et le courant..."

Une île nouvelle

Littéraville constitue la 3e partie d'un triptyque commencé par Rémi Checchetto à Marvejols en 2012 : Littératerre, puis à Agde en 2014 : Littéramer.

En 2015,  avec le soutien du CNL, Rémi Checchetto a été accueilli à Script pour une résidence  d'écriture.

Pendant six semaines, il a arpenté la ville pour mettre au jour quelques métamorphoses des paysages urbains entre Bordeaux (Les quais  ; la Bastide ; Sainte-Croix)  et Bègles ( Les Terres sud ; Les Sècheries ).

(...) "Des personnes pourraient m'emmener dans les rues, dans les parcs, les jardins, sur le fleuve. Je suis analphabète des lieux, ils me diraient le nom des arbres, me raconteraient quand cette maison est arrivée, quand ce fleuve a débordé, m'expliqueraient pourquoi les oiseaux sont là puis plus là... Cela me fera doucement de la matière humaine / paysagère, de la matière première ; je ramasserai cela, amasserai cela, le poserai sur ma table, l'assemblerai, ensuite on verra..."

Littéraville

Le voyage de Kong va de la vie à la mort en passant par la femme et les hommes, par les baobabs et les buildings. Kong sur l'île du Crâne et dans New York, avec tyrannosaure et melencholia qui est une dynamite qui fonce vers lui. Nous le voyons, voyons en lui, l'entendons, entendons tout ce que ne peut articuler son cri, l'accompagnons, lui parlons en levant la tête vers lui et vers le ciel où passent les oiseaux dont les chants sont écrits à la plume et où passent les grands avions qui parfois heurtent les hautes tours. Nous marchons avec lui, l'accompagnons tellement que nous allons en lui, vivons en ses 25 000 kilos de chair et d'âme, de griffes et de coeur. Et nous lançons une supplique à Kong, un chant pour tenter d'apaiser sa douleur, des mots en lieu et place de ce que ne peut dire Kong, des phrases qui aimeraient faire barrage à l'inévitable qui est en route en Kong. Formulons une adresse à travers la jungle de la vie, des questions pour essayer de changer le cours du destin de Kong. Et des rêves pour tenter de contrer le cauchemar. Et lorsque Kong n'est plus là, nous voudrions l'entendre encore, nous aimerions le questionner et savoir et comprendre, toujours le tenir par la main... C'est qu'il est aussi une femme debout devant un lac d'hiver, un homme assis au fond d'une cabine téléphonique, celle et celui dont soudainement la vie toute entière recule d'un pas qui est tous les pas...

Allez allez allez

Résumé

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