Autogenèses. Les brouillons de soi, 2

Plus que l'histoire sainte, Lejeune peint la grâce Janséniste -celle qui même reçue en partage, doit encore se mériter pour devenir efficace. Durement conquise sur l'ombre infertile, la lumière immatérielle qui sourd de son oeuvre -si étrangère au court contingent du temps-ne capte les sens que pour élever l'âme. Les titres des toiles de Philippe Lejeune annoncent une thématique biblique, mais le sentiment qu'elles induisent relève d'un sacré plongeant aux sources de la Grèce antique. Les scènes les plus expressives surgissent de fonds cubistes ou nuagistes, comme si, préexistante à l'ouvre, la figuration s'était imposée à l'artiste au fur et à mesure de son travail. Les formes les plus précises semblent nées de l'apposition progressive des couleurs. Et c'est la succession invisible mais sensible de nombreux glacis recouverts d'un ultime vernis miroitant qui génère une profondeur étrange, attirante et impénétrable à la fois. Emblématique d'une recherche attachée à faire parvenir le tableau à un fragile point d'équilibre au-delà duquel il dissoudrait ses potentialités dans une évidence univoque, la gamme chromatique dont use le peintre est violente, presque blessante, lorsqu'elle pousse jusqu'à la stridence le bleu ou le violet, ou lorsqu'elle mène le jaune dans un faux soufre : ce qui frappe d'elle, c'est cependant sa transparence, sa légèreté, son envol poétique.

Philippe Lejeune

Ce recueil de textes offre une synthèse du travail de P. Lejeune, depuis ses recherches et publications sur le récit de soi jusqu'à la création de son centre d'archives autobiographiques, l'APA (Association pour l'autobiographie).

Ecrire sa vie - Du pacte au patrimoine autobiographique

Cher cahier...

Comment transformons-nous notre vie en récit ? Pour le savoir, et connaître la genèse d'une autobiographie, Philippe Lejeune confronte le texte autobiographique à ses brouillons plutôt qu'à la vie hors texte, plus difficile à saisir. 
Suite des Brouillons de soi, ce volume prolonge dans trois directions les explorations qui y ont été entreprises. D'abord, la recherche d'un " art moyen " de l'autobiographie, dont Marie d'Agoult a explicité les contraintes et les règles en 1865 dans un cahier préparatoire. Ensuite, une visite à l'" atelier " de deux créateurs de formes : Georges Perec avec les récits croisés de W ou le souvenir d'enfance, Claude Mauriac avec la relecture labyrinthique de son journal dans Le Temps immobile. Enfin, une réflexion anthropologique à partir d'expériences dites " ordinaires " : comment une enfant de sept ans (Ariane Grimm) apprend à maîtriser l'écriture du temps et à se construire un rôle, base de toute expression autobiographique à venir, et comment un vieil homme (Paul Léautaud) peut intégrer une conversation ordinaire, enregistrée à son insu, dans le flux mythologique de son journal. Le livre s'achève par trois textes théoriques sur la forme " journal ", tournée vers l'avenir, autogenèse au jour le jour d'une vie qui, pour être authentique, doit rester toujours à inventer.
Philippe Lejeune a enseigné la littérature française à l'université Paris-Nord (Villetaneuse) et fondé à l'ITEM (CNRS) le groupe de recherche " Genèse et autobiographie ". Ses travaux portent sur l'autobiographie ( Le Pacte autobiographique, Seuil, 1975) et sur le journal ( Un journal à soi, avec Catherine Bogaert, Textuel, 2003).

Autogenèses. Les brouillons de soi 2

Première anthologie consacrée au journal intime de la Renaissance à aujourd'hui, ce livre offre une plongée dans des univers singuliers, parfois secrets, toujours fascinants. Soixante extraits de journaux tenus par les auteurs les plus divers sont ici publiés, célèbres ou inédits. Victor Hugo voisine avec le capitaine Dreyfus et Marie Bashkirtseff, le peintre Jean Hélion avec le paysan Jean Robinet, Claude Mauriac avec une jeune adolescente au seuil du XXIe siècle.
Aujourd'hui plus de 3 millions de personnes tiennent des journaux en France, sur leur cahier, sur ordinateur ou même sur le web, où fleurissent les blogs. Philippe Lejeune et Catherine Bogaert nous proposent dans cet ouvrage de référence une histoire de cette pratique, des origines à nos jours.

Le journal intime - Histoire et anthologie

Fondé sur un ensemble de plus de cinq cents entretiens, cet ouvrage se propose de donner à entendre le vécu de femmes dont la vie s'est déroulée pendant la première moitié du siècle dans la région marseillaise : dans leur vie quotidienne, celle que l'histoire historienne laisse souvent échapper, mais aussi dans leur rapport à l'Histoire, représentée par les guerres, les luttes sociales, les progrès techniques, les évolutions politiques. Ces témoignages, très divers - par l'origine sociale des témoins, par leur origine géographique (Marseille, ville de transit, ayant accueilli entre les deux guerres, et pendant la dernière guerre, nombre d'étrangers dont certains sont restés), par leur éducation, par leur degré de conscience et de mémoire des événements privés ou publics, etc. -, outre leur indéniable apport d'informations factuelles, posent la question de ce qui se transmet d'une génération à l'autre, dans le lien familial ou de voisinage, et qui reste le plus souvent implicite, voire inaperçu. Les auteurs ont voulu par là faire émerger quelques traits d'une autre histoire, trois fois autre : autre parce qu'orale, rarement ou jamais écrite, autre parce que parole féminine, donc par définition vouée à l'obscur, à l'intime, à la relative absence du jeu social, autre enfin parce que parole provinciale, éloignée des centres de décision et de pouvoir. L'ouvrage analyse les conditions de recueil de l'information orale et de son traitement, ce qui est trop rarement fait dans les "textes au magnétophone". Enfin, l'alternance spécifique des témoignages et des analyses facilite la lecture et surtout sert des choix théoriques nettement explicités.

Autogenèses. Les brouillons de soi, 2

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