Je veux d'l'amour
Au secours! Je manque de manque! Aimer n'est pas tout offrir
Publié par De Boeck, le 17 octobre 2011
161 pages
Résumé
ExtraitExtrait de l'introduction«L'homme de la maturité est capable d'aimer et de travailler.»FreudLes différents chapitres de cet ouvrage proposent de porter une attention particulière aux conséquences du regard que notre contemporalité pose sur l'enfant. L'enfant du désir, trésor parental, n'est pas né hier. Au dix-neuvième siècle, un courant humaniste réclame des lois pour réglementer la durée de travail des enfants, notamment dans les mines. Le début du vingtième siècle confirme la naissance d'une identité enfantine distincte. Peu à peu, apparaît une fascination pour l'enfance qui modifie profondément le rapport à l'enfant et instaure une logique d'égalité.Une place nouvelle est accordée à l'enfant. Gavé d'amour, il est aux prises avec un «surplus d'offres». Par souci de bien faire, l'adulte pense et agit à la place de l'enfant, pour son bien-être, pour qu'il n'ait besoin de rien, pour qu'il soit comblé, pour qu'il n'ait pas à attendre, pour qu'il ne soit blessé d'aucune frustration. Amenant l'enfant, parfois au prix de sa vie, à devoir témoigner que ce qui lui manque le plus, c'est... le manque justement. Oui, c'est le manque qui permet de demander. Demander, c'est parler, c'est être en lien avec l'autre, c'est pouvoir imaginer ce que L'on désire. Et l'enfant ? N'est-il pas, trop souvent, mis à une place d'«objet de désir» ? Réduit au statut d'une chose qui doit combler un manque, boucher un trou ?Les relations entre adultes et enfants connaissent une mutation radicale. Imaginant que, pour leur enfant, toute sa compétence à assumer sa vie serait innée, les parents s'obsèdent à installer un climat permettant d'avoir de la confiance en soi, c'est-à-dire de grandir dans l'agréable certitude de posséder des capacités. Ce qui est bien différent que grandir dans la confiance en l'autre qui, elle, est liée à un sentiment de sécurité qu'assure le lien...Le parent d'aujourd'hui se retrouve souvent assis entre deux chaises, pris entre deux discours qui auraient une fâcheuse tendance à s'opposer. Être parent est une affaire de culture. La parentalité est un terme utilisé dans le langage commun pour décrire les capacités des parents à s'adapter à leur enfant, leur compétence à élever des enfants. S'ensuit une obsession d'être de bons parents car la parentalité se juge au contact de l'enfant : c'est l'enfant qui fait la parentalité de son parent. Alors que dans la notion de parenté, celle-ci précède l'enfant et est indépendante des qualités du parent. En effet, la parenté fait référence à la contrainte de reproduction de la collectivité, c'est-à-dire à l'inscription du nouveau venu dans le social et donc dans une continuité temporelle. Ce passage de la parenté à la parentalité se fait à la fin des années 1970. Premièrement, parce que notre société a cessé de s'organiser autour de la contrainte de la reproduction. Deuxièmement, parce que, comme nous l'avons déjà vu, la représentation de l'enfant a changé. On va dorénavant le regarder comme doté de compétences que l'adulte aura pour tâche d'actualiser. C'est à travers le bon développement individuel, l'épanouissement de l'enfant, que l'on reconnaît les bons parents. La parentalité ne se structure donc plus autour d'un passé, comme dans la notion de parenté, mais autour de la promotion d'un individu, indépendamment de ses attaches historiques à sa famille, et de la valorisation de ses compétences.Pour le moment, ni les politiques, ni les philosophes, ni les psy... ne paraissent véritablement en mesure de penser ces changements, ni a fortiori de les piloter, tout va trop vite. Ainsi, petit à petit, s'installe l'idée que nous vivons dans un monde «impensé et impensable», un monde non maîtrisé voire non maîtrisable. Devant ce double sentiment d'impuissance, les parents se retrouvent avec l'angoisse d'un sentiment de doute tant les repères sont brouillés. Leurs certitudes les plus essentielles sont remises en question. Les outils pour piloter l'éducation leur échappent des mains... L'expression et l'émotion ont supplanté la réflexion. L'agir l'emporte sur la pensée.Biographie de l'auteurPsychologue et psychanalyste, Diane Drory est l'auteur de Cris et châtiments (2004) et Le complexe de Moïse. Regards croisés sur l'adoption (2011) aux éditions De Boeck. Ancienne présidente de la Fédération belge des psychologues, elle donne de nombreuses conférences et journées de formation dans le secteur de la petite enfance.
Plus de livres de Diane Drory
Voir plusZéro est arrivé
Le complexe de Moïse ; paroles d'adoptés devenus adultes
Un père pour quoi faire ? - Regard d'une psychanalyste sur la fonction paternelle
Cris et châtiments - Du bon usage de l'agressivité
Le nouveau parâtre ; quand il aime l'enfant de l'autre
Faut-Il Sacrifier Le Nom-Du-Pere ? Questions Sur Le Patronyme Et La Paternite
Zéro est arrivé
Critiques
Ce livre n'a pas encore de critiques
Vous avez lu ce livre ? Dites à la communauté Lenndi ce que vous en avez pensé 😎