Evariste de Parny
@evaristeDeParny
Le songe (I) Corrigé par tes beaux discours J'avais résolu d'être sage, Et dans un accès de courage Je congédiais les amours Et les chimères du bel âge. La nuit vint ; un profond sommeil Ferma mes paupières tranquilles ; Tous mes songes étaient faciles ; Je ne craignais point le réveil. Mais quand l'aurore impatiente, Blanchissant l'ombre de la nuit, À la nature renaissante Annonça le jour qui la suit : L'amour vint s'offrir à ma vue ; Le sourire le plus charmant Errait sur sa bouche ingénue ; Je le reconnus aisément. Il s'approcha de mon oreille. Tu dors, me dit-il doucement, Et tandis que ton cœur sommeille, L'heure s'écoule incessamment. Ici bas tout se renouvelle, L'homme seul vieillit sans retour ; Son existence n'est qu'un jour Suivi d'une nuit éternelle, Mais encor trop long sans amour. À ces mots j'ouvris la paupière ; Adieu sagesse, adieu projets ; Revenez, enfants de Cythère, Je suis plus faible que jamais.