L'enfant agité et distrait

Où situer, à la fin de ce millénaire, ce que la tradition a entendu par troubles psychomoteurs ? Dans les premières années de ce siècle, à leur naissance, ils étaient à l'interface de la neurologie et de la psychiatrie, aujourd'hui, il n'est pas possible de recouvrir de ces deux termes le même champ conceptuel, les mêmes méthodes d'observation, les mêmes symptômes, les mêmes facteurs étiologiques, les mêmes modèles interprétatifs et, bien évidemment, les mêmes interventions thérapeutiques. Reproduire à l'identique les mêmes schémas, qui dans les années cinquante pouvaient avoir encore un sens, c'est se couper de l'évolution scientifique où la neuropsychologie et la neuropsychiatrie ouvrent des perspectives originales et fécondes mais où elles sont, elles-mêmes, tributaires du progrès d'autres disciplines prospères. Les troubles psychomoteurs doivent bénéficier de ces transformations, sous peine de fossilisation. Peuvent-ils avoir encore une originalité de Contenu, de perspectives, ont-ils encore une place digne de sérieux ? Cet ouvrage tente de répondre à ces questions en s'efforçant de montrer qu'il n'existe pas une réponse unique mais plusieurs, en fonction des symptômes, de leur niveau d'analyse, comme de leurs modes d'existence.

Les troubles psychomoteurs

Par l'usage de différentes échelles et du traitement mathématique des données, la classification des maladies mentales tend à éliminer l'équation personnelle du clinicien. En même temps, les résultats acquis offrent plus de rigueur et d'objectivité et on aboutit, progressivement, à une collaboration internationale. La pathogénie des maladies mentales, souvent dégradée au rang d'une psychosociogenèse simpliste, utilise aujourd'hui l'apport de multiples disciplines (biologie, anthropologie, théorie des communications). La psychologie expérimentale renforcée par le succès des thérapeutiques du comportement et les résultats obtenus par la méthode du « bio-feedback » fournissent de nombreux modèles d'explication. Enfin l'évolution de la psychanalyse, qui est en partie liée au développement de sciences voisines comme l'éthologie, autorise une conception cohérente des divers déterminismes. Dès lors la complexité des méthodes rejette toute attitude uniciste ou dogmatique : le mécanisme essentiel des maladies mentales ne saurait être réduit à l'unité d'une idée philosophique. Ainsi l'exigence de l'expérience et le contrôle des hypothèses ont-ils conduit la psychiatrie à chercher, dans des sciences extérieures à la médecine, des éléments indispensables à son existence.

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