C'est justement quand on a besoin de voir clair - conséquence d'une épreuve, d'une souffrance ou d'une crise - là où se sont mêlés de manière inextricable le psychique et le somatique au spirituel, au point qu'on se sait plus « à quel saint se vouer », qu'on peut se demander s'il faut faire une retraite, demander un bilan médical ou consulter un thérapeute. Se tourner vers Dieu, ou vers soi ? Certes les visées ne sont pas les mêmes, et on ne doit pas les confondre. Toutefois, je relève le défi de dessiner le premier tronçon qui est commun aux deux voies psychique et spirituelle. Je craindrais davantage celui qui voudrait trancher trop rapidement sans prendre le temps nécessaire au démêlage des deux dimensions. Quelle erreur de proposer à une personne en proie à des angoisses une grande retraite de silence et de solitude. A l'inverse, quelle erreur pour un thérapeute de rabattre sur le plan psychique les questions plus spirituelles (sens de la vie, appel des idéaux, désir de venir en aide, etc.) que tout travail thérapeutique déclenche et auxquelles il se doit - et c'est une question éthique - de ne pas répondre.

L'inachevé et le guérissable : fondements spirituels et psychologiques de la relation d'aide

« Seigneur, tous mes désirs sont devant toi » : l'auteur du Psaume n'hésite pas à placer ces mots forts dans sa prière.
Et pourtant, la récente révélation des abus sexuels le révèle tristement : l'Église catholique se montre le plus souvent sidérée, peureuse face à la question du désir, du sexe et du plaisir. Davantage, explique ici le prêtre et psychanalyste Jean-François Noel, elle se comporte à la manière d'un adolescent qui découvre avec effroi la réalité de la sexualité. Comment expliquer autrement sa réticence vis-à-vis des sciences humaines, sa manière de proposer des solutions supposées « spirituelles » à des crises qui relèvent d'un autre ordre, sa tendance même à se focaliser plus sur les pervers que d'avoir le souci des victimes ?
Il est donc urgent pour l'Église de changer son regard sur le sexuel pour dépasser cet effet de peur et de sidération. Car si cette dimension est intégrée de manière positive, elle contribue à l'épanouissement de la personne. Comme l'écrit l'auteur en citant la Genèse : « "L'homme quittera son père et sa mère." Le sexuel génital est ce qui nous pousse à aller vers l'autre, à l'extérieur, sans quoi nous resterions bloqués dans une dépendance à notre famille qui, pour avoir été salutaire dans notre enfance, peut devenir mortelle. »

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