Cette étude du roman moderne et contemporain est ponctuée de nombreux exemples empruntés aux oeuvres les plus connues et enrichie de textes critiques et d'un index.

Le Roman

Roman de l'échec de la médecine et de ses praticiens, Madame Bovary fut composée à une époque où Flaubert élaborait vis-à-vis de la science (ou, de façon plus diffuse, des savoirs) un rapport qui guiderait désormais sa réflexion et son oeuvre romanesque. Les articles réunis ici explorent les modalités de ce rapport sur différents plans : la genèse, la poétique du roman, les représentations de la fiction. Sont envisagés aussi bien les savoirs représentés dans le texte que les savoirs du texte lui-même. Centré sur l'étude de Madame Bovary et de ses avant-textes, le volume aborde également le rôle des oeuvres qui ont précédé le chef-d'oeuvre de Flaubert, les impératifs génériques qui ont conditionné son traitement des savoirs et la façon dont ceux-ci ont influencé sa réception.

Madame Bovary et les savoirs

«Son père, qui avait servi comme capitaine pendant la guerre de Vendée, signait alors volontiers : le sans-culotte Brutus Hugo. Sa mère, née Sophie Trébuchet (morte en 1821), appartenait à une famille royaliste. Victor Hugo avait donc vocation à écrire un jour une oeuvre commémorant et expliquant l'affrontement qui, durant sept ans (de 1793 à 1799), ensanglanta la France.» Pierre-Louis Rey.

Quatrevingt-treize de Victor Hugo (essai et dossier)

Albert camus ; une morale de la beaute

Stendhal, "la chartreuse de parme"

«Entre le Madame Bovary, c'est moi et le C'est une histoire totalement inventée placés comme des balises extrêmes par la critique pour délimiter son champ, s'inscrit l'ironie démoniaque du texte. L'objet se dérobe chaque fois qu'on veut le saisir, apportant tantôt plus, tantôt moins que ce qu'on pensait y trouver, pour la raison qu'il ne s'agit pas d'un objet, mais de réel écrit. En jouant des prestiges à la fois du réel et de l'écrit, Flaubert accomplit sa mission d'illusionniste. Dotant la littérature d'un pouvoir troublant, il inaugure non point tel ou tel courant romanesque, mais en un sens plus large la modernité.»Pierre-Louis Rey.

Madame bovary de gustave flaubert (essai et dossier)

«Quel obscur destin m'avait conduit au seuil de l'hôtel du Lac quand le lac était déjà dépassé ? Quel secret motif avait poussé sa propriétaire, grisonnante et sarcastique, à m'y héberger alors qu'il n'ouvrait qu'en saison ? Cette mystérieuse rencontre préluda à la période la plus étrange de ma vie. Étais-je envoûté par celle qui devint, le désert des lieux aidant, ma serveuse et ma confidente ? ou par les murs de l'établissement, dont mon désoeuvrement me rendit solidaire ? Je ne saurais dire. Le jour où mon hôtesse me conseilla fermement d'aller poursuivre mon séjour à l'hôtel Beau Rivage - dont la vue donnait sur le lac -, je me sentis banni. Pouvais-je soupçonner quelle partie d'échecs se jouait entre les deux hôtels ? Dans ce décor investi des fragiles élans de ma convalescence, j'avais servi de pion.»

L'amorce

Comptable dans un magasin de serrurerie, Georges aime traîner la nuit dans Paris. Un matin, il apprend que son vieux voisin de palier a été étranglé. La nouvelle le bouleverse au point qu'il s'évanouit devant l'inspecteur de police venu sonner à sa porte. Il se croit dès lors le suspect numéro un d'une enquête qui va, en l'enfermant dans un réseau serré d'hésitations et d'erreurs, révéler l'aspect nocturne de sa nature. Retors, dissimulé, pervers peut-être, il s'égare dans les subtilités de l'interrogatoire : n'a-t-il pas, la nuit du crime, étranglé une serveuse de restaurant et jeté son corps dans la Seine ? Vrai ? Faux ? Innocent ? Coupable ? Un crime qu'il craignait inconsciemment de commettre, un autre qui répond à une pulsion secrète : en choisissant l'un comme alibi de l'autre, Georges réalise peut-être l'équilibre précaire du moindre mal.

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