C'est un monde d'images superbement obsessionnelles, aux capillarités profondes, lestées de peurs et de passions, que nous offre Pierre Skira [...]. Entre équilibres pétrifiés et appels à l'engouffrement, un roman bouleversant.  Le Matricule des anges

Zsuzsa s'éloigne de nous. Agenouillée, immobile, prostrée, un léger tremblement la parcourt. Nous voulons l'assaillir de moqueries mais la gravité de la situation paralyse nos intentions. Les jambes sous l'eau, les habits mouillés, les mains rendues translucides par le froid, elle agit comme si nous n'existions pas, sans une parole, aussi fermée que la roche. Elle escalade le rocher, trébuche, se redresse, mi-animal mi-végétal, elle atteint son carré magique. Heureuse de parcourir ce territoire inhabité où il n'y a personne pour lui poser des questions, personne pour lui faire face. Elle sait gré à cette montagne de cristal d'avoir gelé le temps. 

Trois adolescents confrontés à la folie du monde, qui empruntent leur respiration au souffle du glacier, à l'immuabilité de la forêt... Deux garçons fascinés par leur compagne de jeux : Zsuzsa venue de nulle part, qui parle une langue hachée, saturée de mots inconnus, dont l'amnésie est le territoire...

Les Orgues de glace

«Le noble gentilhomme, peintre au droit de la Révolution, commençait cette génération d'artistes qui s'arrangent eux-mêmes en croquis, en grotesques, en caricatures. Les uns portent des moustaches effroyables, on dirait qu'ils vont conquérir le monde ; leurs brosses sont des hallebardes, leurs grattoirs des sabres, les autres ont d'énormes barbes, des cheveux pendants ou bouffis ; ils fument un cigare en guise de volcan. Ces cousins de l'arc-en-ciel, comme parle notre vieux Régnier, ont la tête remplie de déluges, de mers, de fleuves, de forêts, de cataractes, de tempêtes ou de carnages, de supplices et d'échafauds. Chez eux sont des crânes humains, des fleurets, des mandolines, des morions et des dolimans. Hâbleurs, entreprenants, impolis, libéraux (jusqu'au portrait du tyran qu'ils peignent), ils visent à former une espèce à part entre le singe et le satyre ; ils tiennent à faire comprendre que le secret de l'atelier a ses dangers, et qu'il n'y a pas de sûreté pour les modèles.» Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe.

Traité d'incertitude

"Zsuzsa s'éloigne de nous. Agenouillée, immobile, prostrée, un léger tremblement la parcourt. Les jambes sous l'eau, les mains rendues translucides par le froid, elle agit comme si nous n'existions pas, sans une parole, aussi fermée que la roche. Elle escalade le rocher, trébuche, se redresse, mi-animal mi-végétal, elle atteint son carré magique. Heureuse de parcourir ce territoire inhabité où il n'y a personne pour lui poser des questions, personne pour lui faire face. Elle sait gré à cette montagne de cristal d'avoir gelé le temps. "
Trois adolescents confrontés à la folie du monde, qui empruntent leur respiration au souffle du glacier, à l'immuabilité de la forêt... Deux garçons fascinés par leur compagne de jeux : Zsuzsa venue de nulle part, qui parle une langue hachée, saturée de mots inconnus, dont l'amnésie est le territoire...

Les orgues de glace

Rafael Megall

Bonbons et sucettes du monde est né de la gourmandise et d’un voyage de plus de dix ans de Pierre Skira dans les rêves sucrés des pays du monde. Ce livre d’artiste rassemble des photographies de plus d’un millier de bonbons collectionnés au fil du temps, et des aquarelles réalisées spécialement pour cet ouvrage, comme un hommage à l’esprit d’enfance, à la rêverie, à l’imaginaire. Il s’agit là du premier ouvrage au monde qui rassemble ainsi, de manière presque exhaustive, les sucettes et les bonbons du monde, ce qui lui donne une dimension étonnamment ethnologique. L’ouvrage est structuré en treize chapitres qui découvrent l’imagination des hommes et les utilisations incroyables qu’ils font des sucres cuits. En effet, comment ne pas être impressionné par la sucette mexicaine en forme de tête de mort ou par celle de ces mères qui utilisent des cuillères ou fourchettes en plastique pour fabriquer la plus rudimentaire des sucettes, mais aussi la plus émouvante… De la sucette grenouille à béret (France) à la réglisse Pingouin Bätar (Suède) en passant par le bonbon au boeuf de Chine, ou la sucette translucide réalisée par le maître confiseur japonais, le lecteur découvre un univers alléchant, original, mystérieux : « Une guimauve fraise, qui sans cesse remet l'eau à la bouche. Le plaisir de sucer un coeur mou, mastiquer un ours brun, déglutir après le passage emporté d'un réglisse poivré. Le sucre acidulé remplace l'onctueuse bille au café, ou bien se sera l'orgie de Tagada, de menthe fondante, d'anis mélangés à l'eucalyptus, toutes les compositions possibles et imaginables, les plus extravagantes, les plus exotiques, tout un peuple à goûter, dévorer, sucer, les doigts collants, les lèvres noires ou bleues ou jaunes, le coeur apaisé. […] C'est un destin étrange pour une modeste friandise que de marquer les étapes d'une vie ». Loin du banal, Pierre Skira utilise les bonbons comme il utilise ses pastels, le goût en plus. Sa démarche a pris une dimension ethnologique au fil de ses découvertes, elle n’existait pas dans le projet de départ. A l’inventaire descriptif initialement pensé, l’auteur a finalement imaginé treize contes, comme autant de fantaisies et de rêves sucrés pour compléter les 300 photographies couleur de Jean-Marie del Moral qui constituent le coeur du livre. Avec l’ingénieuse maquette de Pascal Guth, qui s’est immédiatement enthousiasmé pour le projet, l’esprit d’enfance et la capacité d’émerveillement s’en trouvent d’autant plus magnifiés. Cet ouvrage s’adresse à tous : sept ou soixante-dix-sept ans, gourmand ou curieux, c’est un régal !

Rêves sucrés... - Bonbons et sucettes du monde

Entre le Paris de Richelieu et la Rome des Barberini vécut brièvement un petit homme noiraud, ami des plus grands esprits du temps, épicurien résolu, épigraphiste remarquable et serviteur d'une Église dont il chercha longtemps à obtenir de quoi vivre. Esprit curieux, voyageur infatigable, il traversa l'Italie, rendit visite à Galilée, correspondit avec l'érudit Nicolas Peiresc, se chargea d'éprouver la vérité des «miracles» dont les provinces transalpines étaient, déjà, prodigues. Seul, dans le secret de son cabinet, il écrivait, serrant précieusement ses papiers dans des endroits sûrs. Il déplut à un grand seigneur, et paya ce désagrément de sa vie. Les premiers à lire ce qu'il avait écrit, et leur léguait posément, en furent horrifiés : c'était «la chose la plus honteuse et la plus infâme que l'on se puisse imaginer» et, dira un lecteur ultérieur, «un amas de raffinements d'obscénités». Un silence définitif s'abattit sur l'infamie. Il fallut un hasard pour que paraisse, deux siècles plus tard, et de façon quasi clandestine, l'un des récits les plus scandaleux et sans doute les plus libres qu'a connus la littérature française.

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