Goy ne bouge pour ainsi dire pas de chez lui et, en magicien plus véritablement magicien qu'aucun autre, transfigure à longueur de temps le pauvre bout de jardin qu'il voit de sa fenêtre. Il n'a besoin d'aucun adjuvant extérieur, ni d'aucune sorte de drogue. C'est l'encens du quotidien qui brûle très lentement. La poussière devenue magie. Quand je regarde les meilleures de ces oeuvres (et certes, il ne faudrait pas que toute la peinture se réduisît à cette alchimie-là), je pense à ce que Rilke a écrit des anges tels qu'il les imaginait: «pollen de la divinité en fleur»; c'est vraiment quelque chose comme cela. (Texte de Philippe Jaccottet)

Gérard Goy ; transparences

L'outil a rencontré une résistance. Belle et douce résistance. Tout à coup je ne suis plus à l'extérieur de mes deux brins d'herbe. [...] Maintenant je suis dans les ressorts, à la racine, dans le germe - et le jeu se déclenche. L'art " entre en jeu ". L'invention se mobilise. Subtile chimie combinatoire. Spontanée et merveilleuse respiration, où, contre la dure résistance de la matière la main réalise ce que l'esprit est en train d'inventer. Les rythmes s'organisent, les structures s'échafaudent. [...] Suis-je dans la nature ? Est-elle en moi? Communion de doux et justes rapports. Etre cette goutte d'eau en train de vivre l'intime osmose à travers l'épiderme d'une radicelle. Monter dans d'étroites alvéoles, le long de lisses parois toujours plus haut. Nourrir une tendre étamine puis m'évaporer dans la moite ambiance. Faire et faire partie. A.-E. YERSIN, Notes d'un témoin, 1973

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