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Antoine-Vincent Arnault

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Antoine Vincent Arnault (né le 1er janvier 1766 à Paris et mort le 16 septembre 1834 à Bréauté) est un homme politique, poète et auteur dramatique français, deux fois élu à l'Académie française.

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Poésies

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    Le riche et le pauvre Penses-y deux fois, je t'en prie ; À jeun, mal chaussé, mal vêtu, Pauvre diable ! comment peux-tu Sur un billet de loterie Mettre ainsi ton dernier écu ? C'est par trop manquer de prudence ; Dans l'eau c'est jeter ton argent ; C'est vouloir... — Non dit l'indigent ; C'est acheter de l'espérance.

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    Le secret de polichinelle Qui découvre une vérité, A dit un grave personnage, La gardera pour soi, s'il est quelque peu sage Et chérit sa tranquillité. Socrate, Galilée, et gens de cette étoffe, Ont méconnu ce dogme, et s'en sont mal trouvés. Quels maux n'ont-ils pas éprouvés ! D'abord c'est Anitus qui crie au philosophe ; Mélitus applaudit ; et mon sage, en prison, Reconnaît, mais trop tard, le tort d'avoir raison : Socrate y but la mort : mais quoi ! son infortune, Qui n'a fait qu'assurer son immortalité, Pourrait-elle étonner mon intrépidité ? Ce qu'il osa cent fois, je ne l'oserais une ! Non, non, je veux combattre un préjugé reçu. Dût l'Anitus du jour, aboyant au scandale, Calomnier mes mœurs pour venger la morale, Je rectifie un fait qu'on n'a jamais bien su ; Des générations erreur héréditaire, Erreur qu'avec Fréron partage aussi Voltaire ; Polichinelle, amis, n'était pas né bossu. L'histoire universelle affirme le contraire ; Je le sais fort bien ; mais-qu'y faire ? Ne pas lui céder sur ce point, Ni sur cet autre encor : monsieur Polichinelle Grasseyait bien un peu, mais ne bredouillait point, Quoi qu'en ait dit aussi l'histoire universelle. Du reste, en fait d'esprit, se croyant tout donné, Pour avoir un peu de mémoire, Monsieur Polichinelle, au théâtre adonné, Fondait sur ce bel art sa fortune et sa gloire : Il voulait l'une et l'autre. Assez mal à propos, Un soir donc il débute en costume tragique, Ignorant, l'idiot, qu'un habit héroïque Veut une taille de héros. Aussi la pourpre et l'or dont mon vilain rayonne, Font-ils voir aux plus étourdis Ce qui, sous ses simples habits, N'avait encor frappé personne ; Son dos un peu trop arrondi, Son ventre un peu trop rebondi, Sa figure un peu trop vermeille. De plus, si ce n'est trop de la plus douce voix Pour dire ces beaux vers qui charment à la fois L'esprit, et le cœur et l'oreille, Imaginez-vous mon grivois Psalmodiant Racine et grasseyant Corneille. On n'y tint pas : il fut hué, Siffle, bafoué, conspué. Un autre en serait mort, ou de honte ou de rage. Lui, plus sensé, n'en mourut pas ; Et crut même de ce faux pas Pouvoir tirer quelqu'avantage. Mes défauts sont connus : pourquoi m'en affliger ? Mieux vaudrait les mettre à la mode. Je ne saurais les corriger, Affichons-les ; c'est si commode ! Il est plusieurs célébrités, Hommes de goût, gens à scrupules, La vôtre est dans vos qualités, La nôtre est dans nos ridicules. Il dit, et sur son dos, qui n'était que voûté, il ajuste une bosse énorme ; Puis un ventre de même forme À son gros ventre est ajouté. Loin d'imiter ce Démosthènes, Qui, bredouilleur ambitieux, Devant les flots séditieux, Image du peuple d'Athènes, S'exerçait à briser les chaînes De son organe vicieux, Confiait aux vents la harangue Où des Grecs il vengeait les droits, Et, pour mieux triompher des rois, S'efforçait à dompter sa langue, Polichinelle croit qu'on peut encore charmer Sans être plus intelligible Que tel que je pourrais nommer, Et met son art à se former Un parlage un peu plus risible. Puis, vêtu d'un habit de maint échantillon, Il barbouille de vermillon Sa face déjà rubiconde ; Prend des manchettes, des sabots ; Dit des sentences, des gros mots ; Bref, n'omet rien pour plaire aux sots Et plaît à presque tout le monde. Quels succès, par les siens, ne sont pas effacés ? Les Roussels passeront, les Janots sont passés ! Lui seul, toujours de mode, à Paris comme à Rome, Peut se prodiguer sans s'user ; Lui seul, toujours sûr d'amuser, Pour les petits enfants est toujours un grand homme. Ajoutons à ce que j'ai dit, Que tel qui tout bas s'applaudit De la faveur universelle, Ne doit sa vogue et son crédit Qu'au secret de Polichinelle.

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    Les amis à deux pieds « Je préfère un bon cœur à tout l'esprit du monde, Et d'amis à deux pieds je me passe fort bien, » Disait certain monsieur qui vit avec son chien Dans une retraite profonde. « Je n'ai pas d'autre ami que lui, Humains ; et s'il tient aujourd'hui La place qu'en mon cœur longtemps vous occupâtes C'est qu'il ne m'est pas démontré Que l'on ait aussi rencontré L'ingratitude à quatre pattes. »

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    Les querelles des chiens Un dogue se battait avec un chien danois, Pour moins qu'un os, pour rien ; dans le temps où nous sommes, Il faut presque aussi peu, je crois, Pour diviser les chiens que pour brouiller les hommes. L'un et l'autre était aux abois ; Écorché par mainte morsure, Entamé par mainte blessure, L'un et l'autre eût cent fois fait trêve à son courroux, Si l'impitoyable canaille, Que la querelle amuse, et qui jugeait des coups, N'eût cent fois, en sifflant, rengagé la bataille. Le combat des Titans dura, dit-on, trois jours : Celui-ci fut moins long, sans être des plus courts. J'ignore auquel des deux demeura l'avantage, Mais je sais qu'en héros chacun d'eux s'est battu ; Et pourtant des oisifs le sot aréopage S'est moqué du vainqueur autant que du vaincu. Gens d'esprit, quelquefois si bêtes, Loin de prolonger vos débats, Songez que vos jours de combats, Pour les sots, sont des jours de fêtes.

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    Les questions Me demander si du plus froid des cœurs J'ai cru fléchir la longue indifférence ; Au seul plaisir si donnant quelques pleurs J'ai cru jouir du prix de ma constance ; Si, me berçant d'un penser si flatteur. Avec la peine un moment j'ai fait trêve ; Me demander si je crois au bonheur, C'est me demander si je rêve. Me demander si j'ai désespéré De voir finir les chagrins que j'endure ; Me demander si mon cœur déchiré À chaque instant sent croître sa blessure ; Si chaque jour, pour moi plus douloureux, Ajoute encore aux ennuis de la veille ; Me demander si je suis malheureux, C'est me demander si je veille. Me demander si, fier de mon tourment, Je viens baiser la main qui me déchire ; Si je désire autre soulagement Que de mourir d'un aussi doux martyre ; Si, moins l'espoir en amour m'est donné, Plus constamment en amour je persiste ; Me demander si j'aime encor Daphné, C'est me demander si j'existe. Écrit en 1790.

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