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Antoine-Vincent Arnault

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Antoine Vincent Arnault (né le 1er janvier 1766 à Paris et mort le 16 septembre 1834 à Bréauté) est un homme politique, poète et auteur dramatique français, deux fois élu à l'Académie française.

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Poésies

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    Le colimaçon Sans ami, comme sans famille, Ici bas vivre en étranger ; Se retirer dans sa coquille Au signal du moindre danger ; S'aimer d'une amitié sans bornes ; De soi seul emplir sa maison ; En sortir, suivant la saison, Pour faire à son prochain les cornes ; Signaler ses pas destructeurs Par les traces les plus impures ; Outrager les plus tendres fleurs Par ses baisers ou ses morsures ; Enfin, chez soi, comme en prison, Vieillir de jour en jour plus triste, C'est l'histoire de l'égoïste, Et celle du colimaçon.

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    L'huître et la perle Après n'avoir rien pris de toute la semaine, Un pêcheur trouve une huître au fond de son filet : « Rien qu'une huître ! voyez, dit-il, la bonne aubaine, » En la jetant sur le galet. Comme il s'en allait, l'huître bâille, Et découvre à ses yeux surpris Une perle du plus grand prix Que recelait sa double écaille. Patience, au milieu du discours le plus sot Ou du plus ennuyeux chapitre, On peut rencontrer un bon mot, Comme une perle dans une huître.

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    Le lézard et la vipère Quoi ! je ne me vengerais pas De cette maudite vipère ! Disait un lézard a son père. Pourquoi fuirais-je les combats ? Au triomphe je puis prétendre ; N'ai-je pas des ongles, des dents ? II est mal d'attaquer les gens ; Mais il est bien de se défendre. — Ce point est assez entendu, Mon fils ; mais parlons avec ordre. Pour faire la guerre, il faut mordre ; Et qui mord peut être mordu. D'après cela, si je raisonne, À ta perte tu veux courir. Un serpent mordu peut guérir, Un serpent qui mord empoisonne.

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    À une boudeuse Un jour entier peut-on bouder ! Cela passerait raillerie. Si j'ai cherché la brouillerie, C'était pour le plaisir de nous raccommoder. Pour notre utilité commune, Déride ce front soucieux : L'air fou du plaisir te sied mieux Que l'œil sournois de la rancune. Mon désespoir te touchera, Si mon repentir ne te touche. Pour gronder ose ouvrir la bouche, Un baiser te la fermera. L'amour a voulu nous instruire ; Mettons à profit la leçon : Raccommodons-nous tout de bon Après avoir boudé pour rire. Écrit en 1787.

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    La langue du chien On ne supporte qu'à moitié Le poids des misères humaines, Quand le ciel accorde à nos peines Les tendres soins de l'amitié. Près de ce chien voyez son maître : Blessé par le poignard d'un traître, Dans sa douleur comme il sourit À l'infatigable tendresse De la langue qui le caresse Et tout à la fois le guérit !

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    Les éponges L'éponge boit, c'est son métier ; Mais elle est aussi souvent pleine De l'eau fangeuse du bourbier, Que de celle de la fontaine. Docteurs qui, dans votre cerveau, Logez le vieux et le nouveau, Les vérités et les mensonges, J'en conviens, vous retenez tout ; Mais aux yeux de l'homme de goût, Ne seriez-vous pas des éponges ?

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    Accueillez l'immortel enfant À M. P. D. S. R. Premier commis au département de l'intérieur, En lui envoyant un exemplaire de La Pucelle de Voltaire. Accueillez l'immortel enfant D'une muse un peu libertine ; Un philosophe qui badine Nous instruit en nous amusant. Par une hypocrite cabale L'honneur du beau sexe outragé, Sous le fer d'un héros vengé, N'est-ce pas là de la morale ? Le père des inquisiteurs Prêche aux damnés la tolérance : Ah ! que n'a-t-il pour auditeurs Tous nos fanatiques de France ! Et nos porteurs de capuchon, Gens aussi vains qu'insatiables, Que ne sont-ils à tous les diables, Avec le père Gris-Bourdon ! Peut-être plus d'une peinture Blesserait vos yeux délicats, Si Vénus était sans appas Pour être parfois sans ceinture. Un grison trouve à ses discours Jeanne et les Amours favorables ; Que de belles ont tous les jours Des caprices moins excusables ! Du génie et de l'enjouement, La Pucelle pour héroïne ; Tous ces objets, je l'imagine, Sont de votre département. Écrit en 1787.

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    Adieux Verts bosquets, paisible asile, Où tout sourit à mon cœur ; D'innocence et de candeur Séjour aimable et tranquille ; En vain je veux retracer Le bonheur qui vous habite : Est-ce l'instant d'y penser Que l'instant où je vous quitte ? Hélas ! quand les plaintes vaines Ont remplacé les désirs ; Quand ce qui fit mes plaisirs Désormais fera mes peines, Loin d'accuser de froideur Mon silence sur vos charmes, N'y voyez que ma douleur Et jugez-moi sur mes larmes. Echos de ce vert bocage, Vous n'entendrez plus ma voix ! Sans moi, nymphes de ces bois, Vous danserez sous l'ombrage. Ah ! je le sens aux regrets Que ce penser a fait naître, Qui dut vous quitter jamais N'eût jamais dû vous connaître. Écrit en 1791.

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    Ami de la tranquillité À Mademoiselle Contat. Vos doigts de rose ont déchiré Le crêpe étendu sur ma vie ; Par vous, belle et sensible amie, De mes fers je suis délivré. Je ne suis plus seul sur la terre ; Je redeviens, par vos bienfaits, Fils, époux, citoyen et père, Ami, frère, et surtout Français. Me savaient-ils cette existence, Ceux qui m'avaient calomnié ? Riche et fier de votre amitié, Pouvais-je abandonner la France ? Ami de la tranquillité, Je ne suis ni guerrier ni prêtre. J'ai fait quelques héros peut-être ; Mais je ne l'ai jamais été. C'est depuis qu'elle m'est ravie Que j'estime la liberté : Elle ressemble à la santé, Que le seul malade apprécie. Mille fois heureux qui par vous Recouvre ce bien que j'adore ; Mille fois plus heureux encore Qui peut le perdre à vos genoux ! À Dunkerque, le 9 décembre 1792

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    Au général Bonaparte Aucune gloire désormais Ne vous sera donc étrangère ? Et vous savez faire la paix Comme vous avez fait la guerre ! Autant que l'intrépidité Qui vengea l'honneur de la France, J'admire, au moins, cette prudence Qui lui rend sa tranquillité ; Qui dans les chemins des conquêtes A su s'arrêter à propos, Et préférer notre repos À tant de palmes toutes prêtes. L'art des illustres meurtriers A son prix au temps où nous sommes, J'en conviens ; mais les grands guerriers Ne sont pas toujours de grands hommes. L'olivier, au front de Pallas, Votre modèle, votre emblème, Avec le laurier des combats Ne formait qu'un seul diadème. Ceignez ces feuillages rivaux Que vous décernent les suffrages De la déesse des héros : C'était aussi celle des sages. Si la valeur, l'humanité, Sont les vrais titres à la gloire, Chaque page de votre histoire Contient votre immortalité. Écrit en 1797.

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    Si ce n'est pas l'amour Imitation de Pétrarque. Si ce n'est pas l'amour, quel feu bride en mes veines ? Ou quel est cet amour dont je me sens saisir ? Si c'est un bien, pourquoi cause-t-il tant de peines ? Si c'est un mal, pourquoi fait-il tant de plaisir ? Librement dans mon cœur si j'en nourris la flamme, Pourquoi gémir toujours et toujours soupirer ? Mais, plus puissant que moi s'il asservit mon âme, Hélas ! que me sert de pleurer ? Ô mort pleine de vie ! ô mal plein de délices ! Auriez-vous, malgré moi, sur moi tant de pouvoir ? Ou, si c'est de mon gré, puis-je en mon désespoir Vous accuser sans injustice ? Sans gouvernail sur les flots mutinés, Chargé d'erreur, léger d'expérience, Dans un fragile esquif j'affronte l'inclémence Des Aquilons contre moi déchaînés. Naufrage ! en vain tu me menaces : Sais-je ce que je crains ? sais-je ce que je veux ? L'été me voit trembler au milieu de ses feux ; L'hiver me voit brûler au milieu de ses glaces. Écrit en 1785.

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    Au maître d'un jardin De ce chaume heureux possesseur, De bon cœur, hélas ! que j'envie Tes travaux, ta philosophie, Ta solitude et ton bonheur ! Pour prix des soins que tu leur donnes, Tes arbustes reconnaissants Et des printemps et des automnes Te prodiguent les doux présents. Ô trop heureux qui peut connaître La jouissance de cueillir Le fruit que ses soins font mûrir, La fleur que ses soins ont fait naître ! Toujours la terre envers nos bras S'est acquittée avec usure. Qui veut s'éloigner des ingrats Se rapproche de la nature. Ne craindre et ne désirer rien, Etre aimé de l'objet qu'on aime, C'est bien là le bonheur suprême ; C'est le sort des dieux, c'est le tien. Écrit en 1792.

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    À brunette À Brunette, le chien de Sophie Objet si cher à ma Sophie, Toi que nourrit sa belle main, Toi qui passes toute ta vie Entre ses genoux et son sein ; Que ton sort, heureuse Brunette, Hélas ! est différent du mien ! En amant elle traite un chien, En chien, c'est l'amant qu'elle traite. Et pourtant, cette préférence Qui peut te l'obtenir sur moi ? Ai-je moins de persévérance, Moins de fidélité que toi ? De mes fers loin que je m'échappe, Enchaîné sans aucuns liens, Toujours battu, toujours je viens Baiser cette main qui me frappe. Le pur sentiment qui m'enflamme Vaut ton instinct, s'il ne vaut mieux ; Et le feu qui brûle en mon âme Vaut le feu qui brille en tes yeux : Mais près de ma beauté suprême Je suis trop coupable en effet, Quand je hais tout ce qu'elle hait, De n'aimer pas tout ce qu'elle aime. Dans le dépit qui me transporte, Souvent je ne connais plus rien. Le grelot que Brunette porte Serait mieux à mon cou qu'au sien. Soins, constance, pleurs, sacrifice, Je vous crois perdus sans retour : Je n'espère plus de l'amour ; Mais j'espère encor du caprice. Écrit en 1792.

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    À la Maman d'une petite Fille Qui avait laissé prendre le feu à ses habits Ce feu, quels torts a-t-il donc faits À votre Laure, qui se fâche ? Plein de respect pour ses attraits, Il n'en veut qu'à ce qui les cache. De jamais le lui reprocher, Pour moi, je me ferais scrupule. Qui craint que le feu ne le brûle Ne doit pas trop s'en approcher. Joigne les effets aux menaces ; Tant d'imprudence est à punir : À l'étourdie, à l'avenir, Ne laissez que l'habit des Grâces. Cette sage sévérité En nous trouvera des apôtres. Refusez-lui la charité, Ce sera la faire à bien d'autres. Écrit en 1790.

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    À Madame de Beaufort Je lis et cite tour à tour Ce recueil qui jamais ne lasse, Ces vers écrits par une Grâce Avec les plumes de l'Amour. De vos amis, moi qui vous aime, Je n'ai ni l'esprit ni les yeux : Je ne vois en vous que vous-même, Et vous m'en plaisez beaucoup mieux. Brillante de votre lumière, Belle de vos propres attraits, Vous ne me retracez jamais Ni La Suze ni Deshoulière. La voix de leurs admirateurs Déjà vous place à côté d'elles ; Vous aurez des imitateurs, Mais vous n'eûtes pas de modèles. Écrit en 1795.

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    À quelqu'un qui me réveillait Pourquoi me rendre à ma douleur ? Pourquoi rétablis-tu, barbare, Entre mon sort et le bonheur L'immensité qui les sépare ? En précipitant mon réveil, Sais-tu bien ce que tu m'enlèves ? Je retrouverai mon sommeil, Mais retrouverai-je mes rêves ? Je revoyais mon doux pays, Ces beaux lieux que la Seine arrose ! J'embrassais mes heureux amis, Et j'étais à côté de Rose ! Objets de mes vœux assidus, Vous qui m'aimez, toi que j'adore, Vous que j'avais déjà perdus, Fallait-il donc vous perdre encore ! Écrit en 1797.

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    À une dame qui m'appelait son frère Lisez et relisez, ma sœur, De Psyché l'admirable histoire : Vous y verrez que le bonheur N'est pas toujours avec la gloire. Vous y verrez qu'assez souvent La plus belle est la plus à plaindre ; Et qu'un succès trop éclatant Est moins à désirer qu'à craindre. Vous y verrez que les maris Ont parfois l'humeur trop farouche, Et qu'il n'est pas toujours permis De savoir avec qui l'on couche. Psyché veut connaître une nuit À quel homme elle avait affaire ; Son époux s'éveille et s'enfuit : Je crois qu'il aurait pu mieux faire. Qui dormirait entre vos bras, Si le jour frappait sa paupière, À coup sûr ne se plaindrait pas D'être éveillé par la lumière. Écrit le I<sup>er</sup> janvier 1803.

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    L'aigle et le chapon On admirait l'oiseau de Jupiter, Qui déployant ses vastes ailes, Aussi rapide que l'éclair, Remontait vers son maître aux voûtes éternelles. Toute la basse-cour avait les yeux en l'air. Ce n'est pas sans raison qu'un grand dieu le préfère ! S'écriait un vieux coq ; parmi ses envieux, Qui pourrait, comme lui, laissant bien loin la terre, Voler en un clin-d'oeil au séjour du tonnerre, Et d'un élan franchir l'immensité des cieux ? Qui ? reprit un chapon ; vous et moi, mon confrère. Moi, vous dis-je. Laissons les dindons s'étonner De ce qui sort de leurs coutumes : Osons, au lieu de raisonner. D'aussi près qu'il voudra verra Jupin tonner Quiconque a du cœur et des plumes. Il dit, et de l'exemple appuyant la leçon, Il a déjà pris vol vers la céleste plaine. Mais c'était le vol du chapon. L'enfant gâté du Mans s'élève, et, comme un plomb, Va tomber sur le toit de l'étable prochaine. On sait que l'indulgence, en un malheur pareil, N'est pas le fort de la canaille : On suit le pauvre hère, on le hue, on le raille, Les plus petits exprès montaient sur la muraille. Le vieux coq, plus sensé, lui donna ce conseil : Que ceci te serve de règle ; Raser la terre est ton vrai lot : Renonce à prendre un vol plus haut, Mon ami, tu n'es pas un aigle.

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    L'amour L'amour a transmis jusqu'à nous Les noms de Pétrarque et de Laure ; Ah ! d'eux si nous parlons encore, Combien l'on parlera de vous ! Laure est le miracle des belles, Pétrarque celui des amants : Prudes, poètes, cœurs constants, Voilà vos plus parfaits modèles. Laure avec ses beaux yeux pourtant, Pétrarque avec tout son génie, Feraient moins de bruit à présent, Si le ciel leur rendait la vie. Laure en beauté vous céderait Le prix que vous donnent les autres ; Et Pétrarque vous chanterait En vers moins charmants que les vôtres. Écrit en 1793.

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    L'huître et le marsouin Enfin j'ai trouvé le repos ! » Disait une huître de Marène. « Fidèle au nœud qui nous enchaîne, Ce roc me défendra des flots : Nous ne faisons qu'un ; je défie Au trident de nous séparer ; Je défie au temps d'altérer La tendre amitié qui nous lie. » « — L'amitié, repart un marsouin, De sa nature est peu constante, Quand le besoin qui la cimente N'est pas un mutuel besoin. À maint courtisan qui s'accroche Après maint puissant, c'est pourquoi Je dis : — Crains le flot qui s'approche ; Bien que tu tiennes à la roche, La roche ne tient pas à toi. »

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    La feuille De ta tige détachée, Pauvre feuille desséchée, Où vas-tu ? — Je n'en sais rien. L'orage a frappé le chêne Qui seul était mon soutien. De son inconstante haleine, Le zéphyr ou l'aquilon Depuis ce jour me promène De la forêt à la plaine, De la montagne au vallon. Je vais où le vent me mène. Sans me plaindre ou m'effrayer, Je vais où va toute chose, Où va la feuille de rose Et la feuille de laurier.

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    La jalousie Mélancolie est au fond de mon cœur ; De chants joyeux n'ai pas la fantaisie ; Plaintes, soupirs, accents de la douleur, Voilà les chants de la mélancolie. Cesse, ô ma voix ! cesse de soupirer Chanson d'amour où peignais mon martyre : À d'autres vers j'ai vu Daphné sourire. Tais-toi, ma lyre ! Ah ! laisse-moi pleurer ! Plus ne prétends en langage des dieux Chanter Daphné, chanter ma vive flamme : Chanson d'amour irait jusqu'à ses yeux ; Chanson d'amour n'irait plus à son âme. Hier encor l'entendais assurer Qu'un seul berger faisait chanson jolie : C'est mon rival. Toi, que l'ingrate oublie, Tais-toi, ma lyre ! Ah ! laisse-moi pleurer ! Si bien sentir vaut mieux que bien chanter, Si bien aimer vaut mieux que bien le dire, Las ! mieux que moi pouvait-on mériter Le seul suffrage auquel ma muse aspire ? Mais nouveauté, je le veux déclarer, Séduit souvent la plus sage bergère. Puisque Daphné comme une autre est légère, Tais-toi, ma lyre ! Ah ! laisse-moi pleurer ! Quoi, vous allez la chercher malgré moi, Vers indiscrets, enfants de jalousie ! Daphné vous lit : dieux ! quel est mon effroi ! Daphné sourit : dieux ! ma peine est finie ! Plus la douleur ne me doit tourmenter ; À mon rival retournez, ma tristesse. Mes vers encor plairaient à ma maîtresse ? Tais-toi, chagrin ! Ah ! laisse-moi chanter ! Écrit en 1789.

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    La rose humide et vierge La rose humide et vierge encore, Que l'aube embellit de ses pleurs, N'est pas plus fraîche que les fleurs Que votre pinceau fait éclore. On vante la voix et les chants De la plaintive Philomèle : Vos airs ne sont pas moins touchants, Et vous chantez aussi bien qu'elle. Par vous est réhabilité Cet art accusé d'imposture : Mensonge plein de vérité, Par vous il devient la nature. Mais de ce triomphe entre nous Ne tirez pas trop d'avantage : La nature a fait mieux que vous, Bonneuil ; vous êtes son ouvrage. Écrit en 1790.

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    Le bonheur Stances irrégulières. À Madame la princesse D'Hatzfeld. Le bonheur ici-bas tient à bien peu de chose. Vous ne l'ignorez pas ; vous savez, d'après vous, Que le sort au hasard porte souvent ses coups, Et que l'aquilon en courroux N'épargne pas même la rose. Aussi n'êtes-vous pas de ces cœurs rigoureux Qui, prompts à condamner ceux que le sort opprime, Dans un revers n'ont jamais vu qu'un crime ; Compatissante aux malheureux, Étrangère aux calculs d'une froide prudence, Aussi vous voyons-nous réparer envers eux Les oublis de la Providence. Bien qu'à l'agneau tondu Dieu mesure le vent, J'aime qu'une bergère ait un cœur secourable. Dieu ne souffle pas seul, hélas ! et plus souvent Aux tondeurs qu'aux tondus le vent est favorable. Au vent qui m'a fané reverdit Richelieu. Pauvres humains ! point de milieu : Oui, dans ce siècle impitoyable, Dès qu'on vous recommande à Dieu, C'est qu'on vous abandonne au diable. Le doigt divin pourtant se révèle à moitié Dans les maux dont il frappe une âme peu commune. Didon devint meilleure au sein de l'infortune ; En éprouvant la peine elle apprit la pitié. L'or s'épure ainsi dans la flamme. Comme elle, belle et bonne, ah ! qu'il vous sied, madame, D'apprendre à cette école autant qu'elle en apprit. C'est le propre d'un bon esprit, Tout autant que d'une belle âme.

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    Le cachet Sur la cire brûlante imprimons une image ; Elle s'y fixera d'autant plus fortement Que le cachet si mou dans le premier moment En se refroidissant se durcit davantage. Leçon pour nous : par un outrage Avons-nous blessé notre ami, Et du mal dont il a gémi Voulons-nous effacer jusqu'à la cicatrice ; Qu'au plus tôt il soit réparé, Avant qu'en son cœur ulcéré L'amitié se refroidisse.

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    Le Colin-Maillard À ma femme Sophie. Que j'aime le colin-maillard ! C'est le jeu de la ville et celui du village ; Il est de tout pays, et même de tout âge ; Presque autant qu'un enfant il égaye un vieillard. Voyez comme il se précipite, Sans penser même aux casse-cous, Comme il tourne, comme il s'agite Parmi ce jeune essaim de folles et de fous ; Ce jeune homme enivré qu'on cherche et qu'on évite. Quel plaisir ! il poursuit vingt belles à la fois ; Comme la moins sévère il prend la plus farouche ; S'il n'y voit pas, du moins il touche ; Ses yeux sont au bout de ses doigts. Que dis-je ? hélas ! tout n'est pas fête. Au lieu des doux attraits qu'on croit en son pouvoir, Si l'on rencontre pot au noir, Jeune homme ; alors, gare à la tête. En amour, comme au jeu qu'en ces vers nous chantons, Un bandeau sur les yeux, on s'attrape à tâtons. De son aveuglement, sage qui se défie, Et qui, même en trichant, cherche à voir tant soit peu. Mais c'est ainsi, dit-on, que l'on friponne au jeu ; C'est ainsi qu'on y gagne, et que j'ai pris Sophie.

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    Le coup de fusil Au milieu des forêts, sans trop user ma poudre, Mon fusil, rival de la foudre, Fait un bruit qui ne finit pas. En plaine, c'est tout autre chose : Du salpêtre infernal j'ai beau forcer la dose, Un court moment à peine on m'entend à vingt pas. Des réputations serait-ce donc l'histoire ? Bien choisir son théâtre, et bruire à propos, Sont deux grands points. Un bruit accru par des échos Ressemble beaucoup à la gloire.

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    Le fer et L'aimant Fable II, Livre I. Aux lois de la nature, amis, soumettons-nous ; Toujours sa volonté l'emporta sur la nôtre. L'aimant disait au fer : Pourquoi me cherchez-vous ? Pourquoi m'attirez-vous ? soudain répondait l'autre. Notre faiblesse et ton pouvoir, Sexe enchanteur, s'expliqueraient de même ; Ainsi tu plais sans le vouloir ; Sans le vouloir, ainsi l'on t'aime.

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    Le loup et sa Mère La louve Rarement à changer on gagne. Pourquoi veux-tu courir les champs ? Crois-moi, reste sur la montagne. J'aime ces bois, j'aime les chants Que ce vieux pâtre y fait entendre. Son chien n'est pas des plus méchants. Plus prompt à fuir qu'à se défendre, S'il aboie, il ne mord jamais ; On n'y vit que de chevreau ; mais, S'il n'est gras, du moins est-il tendre. LE LOUP. Qui ? moi ! rester dans ces déserts Pour n'ouïr que les mêmes airs Sur des pipeaux toujours plus aigres ? Qui ? moi ! rester sur ce rocher Pour jeûner ou pour n'accrocher Que des chevreaux toujours plus maigres À ce mets borner mon espoir, Et d'agneaux quand la plaine abonde, N'en pas tâter, n'en pas plus voir Que s'il n'en était point au monde ? Ah ! fuyons loin de ce canton, Théâtre obscur pour mon courage ! Vous le savez : dès mon jeune âge, J'aimai la gloire et le mouton. J'y retourne : en un frais bocage Qu'environnent des prés fleuris, Où sont rassemblés et nourris Les doux agneaux du voisinage, Demain, ce soir, je m'établis Tout au beau milieu des brebis. Défrayé par droit de conquête, Comme un héros russe ou prussien, J'engraisse là sans craindre rien ; Car est-il ou berger ou chien Assez fort pour me faire tête ? LA LOUVE. Sur ce point je suis sans effroi. Pris séparément, ce me semble, Aucun d'eux n'est plus fort que toi ; Mais si l'intérêt les rassemble, Mon fils, crois-tu de bonne foi Être aussi fort qu'eux tous ensemble ?

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    Le papillon, l'abeille et la rose À mes enfants. Du printemps la fille vermeille, La rose ne vit qu'un moment, Dont le papillon et l'abeille Profitent bien différemment. Gaspillant, comme un fou, les biens qu'on lui prodigue Tandis que l'insecte léger, Chenille un jour avant, funeste au potager, En stériles baisers sur la fleur se fatigue, L'abeille y puise l'or qu'attendent ses rayons, L'or qui doit la nourrir dans sa maison bien close, Longtemps après le jour fatal aux papillons, Où l'on voit se faner la rose. Au travail, mes enfants, accordez une part Dans les jours de votre jeunesse : Tout donner au plaisir n'est pas de la sagesse ; Tel qui pense autrement, même avant la vieillesse, S'en repentira, mais trop tard.

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