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Titre : Le bonheur

Auteur : Antoine-Vincent Arnault Recueil : Poésies mêlées, 1826

Stances irrégulières. À Madame la princesse D'Hatzfeld. Le bonheur ici-bas tient à bien peu de chose. Vous ne l'ignorez pas ; vous savez, d'après vous, Que le sort au hasard porte souvent ses coups, Et que l'aquilon en courroux N'épargne pas même la rose. Aussi n'êtes-vous pas de ces cœurs rigoureux Qui, prompts à condamner ceux que le sort opprime, Dans un revers n'ont jamais vu qu'un crime ; Compatissante aux malheureux, Étrangère aux calculs d'une froide prudence, Aussi vous voyons-nous réparer envers eux Les oublis de la Providence. Bien qu'à l'agneau tondu Dieu mesure le vent, J'aime qu'une bergère ait un cœur secourable. Dieu ne souffle pas seul, hélas ! et plus souvent Aux tondeurs qu'aux tondus le vent est favorable. Au vent qui m'a fané reverdit Richelieu. Pauvres humains ! point de milieu : Oui, dans ce siècle impitoyable, Dès qu'on vous recommande à Dieu, C'est qu'on vous abandonne au diable. Le doigt divin pourtant se révèle à moitié Dans les maux dont il frappe une âme peu commune. Didon devint meilleure au sein de l'infortune ; En éprouvant la peine elle apprit la pitié. L'or s'épure ainsi dans la flamme. Comme elle, belle et bonne, ah ! qu'il vous sied, madame, D'apprendre à cette école autant qu'elle en apprit. C'est le propre d'un bon esprit, Tout autant que d'une belle âme.