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Baiser

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Baiser

Poésies de la collection baiser

    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Toujours l'extase des baisers Toujours l'extase des baisers ! Ne boire que la fleur des choses ! Les printemps sont malavisés ; Les roses ont tort d'être roses. Avoir toujours un oiseau bleu Qui vous sautille dans la tête ! Il vaut bien mieux nous dire adieu, C'est gentil et c'est très honnête. Ton cœur n'aura qu'à se fermer ; Et puis, vois-tu, j'ai cette envie ; Être heureuse, ne pas aimer, N'avoir plus cela dans ma vie !

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    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Un jour nous étions en bateau Un jour nous étions en bateau : Elle voulut manger des mûres. — Le bord, c'est presque le coteau, Avec les bois pleins de murmures. Vous savez quels soleils charmants Tombent à midi sur nos plaines. — Penchée en de fins mouvements. Toute rouge, les deux mains pleines, Parmi les feuillages brisés Où quelque merle s'effarouche, Elle noircit de ses baisers Mes paupières et puis ma bouche.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A George Sand (V) Toi qui me l’as appris, tu ne t’en souviens plus De tout ce que mon coeur renfermait de tendresse, Quand, dans nuit profonde, ô ma belle maîtresse, Je venais en pleurant tomber dans tes bras nus ! La mémoire en est morte, un jour te l’a ravie Et cet amour si doux, qui faisait sur la vie Glisser dans un baiser nos deux coeurs confondus, Toi qui me l’as appris, tu ne t’en souviens plus.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    À Aimée d'Alton Déesse aux yeux d'azur, aux épaules d'albâtre, Belle muse païenne au sourire adoré, Viens, laisse-moi presser de ma lèvre idolâtre Ton front qui resplendit sous un pampre doré. Vois-tu ce vert sentier qui mène à la colline ? Là, je t'embrasserai sous le clair firmament, Et de la tiède nuit la lueur argentine Sur tes contours divins flottera mollement.

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Chanson À Francis Magnard. Le présent, le passé, l'avenir d'une femme, Des gens fort sérieux prétendent tout avoir. Ils prendraient volontiers son image au miroir, Au papillon son aile, au diamant sa flamme. Dans l'abîme insondable ils aimeraient à voir, Avec leurs gros yeux ronds, ces bourgeois de vieux drame, La perle blanche éclose aux profondeurs de l'âme, Ils seraient assez fous pour oser la vouloir. Moi je sais une femme aux cheveux d'un blond fauve, Que retient sur l'oreille un petit ruban mauve, Et d'elle, pour ma part, je ne voudrais pas tant : Errant dans son sillage, un soir, je l'ai suivie, Et je donnerais bien tous les jours de ma vie Pour avoir de sa lèvre un baiser d'un instant.

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    Le baiser Couples fervents et doux, ô troupe printanière ! Aimez au gré des jours. — Tout, l'ombre, la chanson, le parfum, la lumière Noue et dénoue l'amour. Épuisez, cependant que vous êtes fidèles, La chaude déraison, Vous ne garderez pas vos amours éternelles Jusqu'à l'autre saison. Le vent qui vient mêler ou disjoindre les branches A de moins brusques bonds Que le désir qui fait que les êtres se penchent L'un vers l'autre et s'en vont. Les frôlements légers des eaux et de la terre, Les blés qui vont mûrir, La douleur et la mort sont moins involontaires Que le choix du désir. Joyeux ; dans les jardins où l'été vert s'étale Vous passez en riant, Mais les doigts enlacés, ainsi que des pétales, Iront se défeuillant. Les yeux dont les regards dansent comme une abeille Et tissent des rayons, Ne se transmettront plus, d'une ferveur pareille, Le miel et l'aiguillon, Les coeurs ne prendront plus, comme deux tourterelles, L'harmonieux essor, Vos âmes, âprement, vont s'apaiser entre elles, C'est l'amour et la mort...

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    Arsène Houssaye

    Arsène Houssaye

    @arseneHoussaye

    L'aumône C'est le soir, l'heure du poète, Le laboureur quitte son champ, La nature devient muette Aux splendeurs du soleil couchant. Là-bas, au pied de la colline, Sur un lit mouflu de gazon, S'arrête Rose l'orpheline, Pour voir les feux de l'horizon. C'est une fille de Bohème Qui traîne son mauvais destin ; Sa voix a la grâce suprême, Quand elle a jeûné le matin ! Un chasseur, battant la pâture, Vient à passer sur son chemin ; Soudain la pauvre créature Se lève en lui tendant la main. Si blanche était la main de Rose ! Sentant ses lèvres s'embraser, Le jeune chasseur y dépose L'aumône du cœur : — un baiser.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Cueillette C'était un vrai petit voyou, Elle venait on ne sait d'où, Moi, je l'aimais comme une bête. Oh ! la jeunesse, quelle fête. Un baiser derrière son cou La fit rire et me rendit fou. Sainfoin, bouton d'or, pâquerette, Surveillaient notre tête à tête. La clairière est comme un salon Tout doré ; les jaunes abeilles Vont aux fleurs qui leur sont pareilles ; Moi seul, féroce et noir frelon, Qui baise ses lèvres vermeilles, Je fais tache en ce fouillis blond.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Soir Je viens de voir ma bien-aimée Et vais au hasard, sans desseins, La bouche encor tout embaumée Du tiède contact de ses seins. Mes yeux voient à travers le voile Qu'y laisse le plaisir récent, Dans chaque lanterne une étoile, Un ami dans chaque passant. Chauves-souris disséminées, Mes tristesses s'en vont en l'air Se cacher par les cheminées. Noires, sur le couchant vert-clair. Le gaz s'allume aux étalages... Moi, je crois, au lieu du trottoir, Fouler sous mes pieds les nuages Ou les tapis de son boudoir. Car elle suit mes courses folles, Et le vent vient me caresser Avec le son de ses paroles Et le parfum de son baiser.

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    Votre bouche dit : Baisez-moi Vostre bouche dit : Baisiez moi, Ce m'est avis quant la regarde ; Mais Dangier de trop prés la garde, Dont mainte doleur je reçoy. Laissiez m'avoir, par vostre foy, Un doulx baisier, sans que plus tarde ; Vostre bouche dit : Baisiez moy, Ce m'est avis quant la regarde. Dangier me heit, ne scay pourquoy, Et tousjours Destourbier me darde ; Je prie a Dieu que mal feu l'arde ! Il fust temps qu'il se tenist coy. Vostre bouche dit : Baisiez moy.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Lendemain Puisque, à peine désenlacée De l’étreinte de mes deux bras, Tu demandes à ma pensée Ces vers qu’un jour tu brûleras, Il faut, ce soir, que je surmonte L’état d’adorable langueur Où je rougis un peu de honte, Tout en souriant de bonheur. Pourtant je l’aime, ma fatigue. C’est ton oeuvre, et le long baiser De ta bouche ardente et prodigue A pu seule ainsi m’épuiser ; Et tu veux que je la secoue, Petite coquette ! tu veux Voir rimer les lys de ta joue Avec la nuit de tes cheveux. Tu veux que, dissipant le voile Qui trouble mon cerveau si las, Je dise tes regards d’étoile Et ton haleine de lilas. Mais la preuve, ô capricieuse, Que je ne pense qu’à t’aimer, C’est la fièvre délicieuse Qui m’empêche de l’exprimer. Ainsi, respecte ma paresse ; Ton souvenir passe au travers. Demande des baisers, maîtresse ; Ne me demande pas des vers.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    La poudre Et vos cheveux, alors, de sombres Deviennent gris, et de gris, blancs, Comme un peuple aux ailes sans nombres De colombes aux vols tremblants. Suis-je sur terre ou bien rêvè-je ? Quoi, c'est vous, c'est toi que je vois Sous ta chevelure de neige, Jeune de visage et de voix ; Le corps svelte et libre d'allure, Sans rien de fané ni de las, Et cependant ta chevelure Est plus blanche que les lilas. Pour qu'il meure et pour qu'il renaisse, Viens-tu verser à mon désir, Avec le vin de la jeunesse L'expérience du plaisir ? Avec ta voix pleine de verve Et la pureté de tes mains, Es-tu la déesse Minerve Sous l'acier du casque romain ? Viens-tu verser, dans ta largesse, Au cœur qui ne peut s'apaiser, Avec le vin de la sagesse, L'expérience du baiser ? Jeune Femme aux cheveux de Sage, Tels qu'un vol de blancs papillons, C'est la gloire de ton visage Qui l'entoure de ses rayons ; Si ce n'est l'Amour, c'est l'image De l'Amour, qu'en vous je veux voir, Jeune femme aux cheveux de Mage, Tels que les neiges du savoir ! Sous votre vieillesse vermeille La caresse se cache et rit, Comme une chatte qui sommeille Sur les griffes de son esprit. Dans ta vieillesse enchanteresse Je veux t'étreindre et m'embraser Dans l'alambic de ta caresse, Sous l'élixir de ton baiser.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Le baiser (III) « Tout fait l'amour. » Et moi, j'ajoute, Lorsque tu dis : « Tout fait l'amour » : Même le pas avec la route, La baguette avec le tambour. Même le doigt avec la bague, Même la rime et la raison, Même le vent avec la vague, Le regard avec l'horizon. Même le rire avec la bouche, Même l'osier et le couteau, Même le corps avec la couche, Et l'enclume sous le marteau. Même le fil avec la toile Même la terre avec le ver, Le bâtiment avec l'étoile, Et le soleil avec la mer. Comme la fleur et comme l'arbre, Même la cédille et le ç, Même l'épitaphe et le marbre, La mémoire avec le passé. La molécule avec l'atome, La chaleur et le mouvement, L'un des deux avec l'autre tome, Fût-il détruit complètement. Un anneau même avec sa chaîne, Quand il en serait détaché, Tout enfin, excepté la Haine, Et le cœur qu'Elle a débauché. Oui, tout fait l'amour sous les ailes De l'Amour, comme en son Palais, Même les tours des citadelles Avec la grêle des boulets. Même les cordes de la harpe Avec la phalange du doigt, Même le bras avec l'écharpe, Et la colonne avec le toit. Le coup d'ongle ou le coup de griffe, Tout, enfin tout dans l'univers, Excepté la joue et la gifle, Car... dans ce cas l'est à l'envers. Et (dirait le latin honnête Parlant des choses de Vénus) Comme la queue avec la tête, Comme le membre avec l'anus.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Le baiser (IV) Le Baiser de ton rêve Est celui de l'Amour ! Le jour, le jour se lève, Clairons, voici le jour ! Le Baiser de mon rêve Est celui de l'Amour ! Enfin, le jour se lève ! Clairons, voici le jour ! La caresse royale Est celle de l'Amour. Battez la générale, Battez, battez, tambour ! Car l'Amour est horrible Au gouffre de son jour ! Pour le tir à la cible Battez, battez, tambour. Sa caresse est féline Comme le point du jour : Pour gravir la colline Battez, battez, tambour ! Sa caresse est câline Comme le flot du jour : Pour gravir la colline, Battez, battez, tambour. Sa caresse est énorme Comme l'éclat du jour : Pour les rangs que l'on forme, Battez, battez, tambour ! Sa caresse vous touche Comme l'onde et le feu ; Pour tirer la cartouche, Battez, battez un peu. Son Baiser vous enlace Comme l'onde et le feu : Pour charger la culasse, Battez, battez un peu. Sa Caresse se joue Comme l'onde et le feu : Tambour, pour mettre en joue, Battez, battez un peu. Sa caresse est terrible Comme l'onde et le feu : Pour le cœur trop sensible Battez, battez un peu. Sa caresse est horrible, Comme l'onde et le feu : Pour ajuster la cible, Restez, battez un peu. Cette Caresse efface Tout, sacré nom de Dieu ! Pour viser bien en face, Battez, battez un peu. Son approche vous glace Comme ses feux passés : Pour viser bien en face Cessez. Car l'Amour est plus belle Que son plus bel amour : Battez pour la gamelle, Battez, battez tambour, Toute horriblement belle Au milieu de sa cour : Sonnez la boute-selle, Trompettes de l'Amour ! L'arme la plus habile Est celle de l'Amour : Pour ma belle, à la ville, Battez, battez tambour ! Car elle est moins cruelle Que la clarté du jour : Sonnez la boute-selle, Trompettes de l'Amour ! L'amour est plus docile Que son plus tendre amour : Pour ma belle, à la ville, Battez, battez tambour. Elle est plus difficile À plier que le jour : Pour la mauvaise ville, Battez, battez tambour. Nul n'est plus difficile À payer de retour : Pour la guerre civile, Battez, battez tambour. Le Baiser le plus large Est celui de l'Amour : Pour l'amour et la charge, Battez, battez tambour. Le Baiser le plus tendre Est celui de l'Amour, Battez pour vous défendre, Battez, battez tambour. Le Baiser le plus chaste Est celui de l'Amour : Amis, la terre est vaste, En avant, le tambour. Le Baiser le plus grave Est celui de l'Amour : Battez, pour l'homme brave, Battez, battez tambour. Le Baiser qui se fâche Est celui de l'Amour : Battez pour l'homme lâche, Battez, battez tambour. Le Baiser le plus mâle Est celui de l'Amour : Pour le visage pâle Battez, battez tambour. La Caresse en colère Est celle de l'Amour : Car l'Amour, c'est la guerre, Battez, battez tambour. Le Baiser qu'on redoute Est celui de l'Amour : Pour écarter le doute, Battez, battez tambour. L'art de jouir ensemble Est celui de l'Amour : Or, mourir lui ressemble : Battez, battez tambour. L'art de mourir ensemble Est celui de l'Amour : Battez fort pour qui tremble, Battez, battez tambour. Le Baiser le plus calme Est celui de l'Amour : Car la paix, c'est sa palme, Battez, battez tambour. La souffrance, la pire, Est d'être sans l'Amour : Battez, pour qu'elle expire, Battez, battez tambour. Le Baiser qui délivre Est celui de l'Amour : Battez pour qui veut vivre, Battez, battez tambour. La Caresse éternelle Est celle de l'Amour : Battez, la mort est belle, Battez, battez tambour. La guerre est la plus large Des portes de l'Amour : Pour l'assaut et la charge, Battez, battez tambour. La porte la plus sainte Est celle de la mort : Pour étouffer la plainte Battez, battez plus fort. L'atteinte la moins grave Est celle de la mort : L'amour est au plus brave, La Victoire... au plus fort !

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Les baisers Sonnez, sonnez haut sur la joue, Baisers de la franche amitié, Comme un fils de neuf ans qui joue, Petit tapageur sans pitié. Baiser du respect qui s'imprime À la porte du cœur humain, Comme avec l'aile d'une rime, Effleurez à peine la main ; Baiser d'affection armée, De la mère au cœur noble et fier Sur le front de la tête aimée, Vibrez mieux que le bruit du fer. Baiser d'affection aînée, Ou de mère, le jour des prix, Sur chaque tête couronnée Laissez-vous tomber, sans mépris. Baisers d'affections voisines, Voltigez du rire joyeux Des sœurs ou des jeunes cousines Sur le nez, la bouche ou les yeux ; Baiser plus doux que des paroles, Baiser des communes douleurs, Ferme en soupirant les corolles Des yeux d'où s'échappent les pleurs : Baiser de la passion folle Baise la trace de ses pas, Réellement, sans hyperbole, Pour montrer que tu ne mens pas. Baise un bas ourlet de sa robe, L'éventail quitté par ses doigts, Et si tout objet se dérobe, Feins dans l'air de baiser sa voix ; Et si l'on garde le silence, Tu dois t'en aller, c'est plus sûr ; Mais avant ton aile s'élance Et tu t'appliques sur son mur. Reviens plus joyeux que la veille, Mouille son ongle musical, Les bords riants de son oreille. Que le monde te soit égal ! Baiser du désir qui veut mordre, Pose-toi derrière le cou, Dans la nuque où l'on voit se tordre Une mèche qui te rend fou. Sur sa bouche et sur sa promesse, Profond et pur comme le jour, Plus long qu'un prêtre à la grand messe, Oubliez-vous, Baiser d'amour.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Chant des femmes en illyrie Pays enchanté, C'est la beauté Qui doit te soumettre à ses chaînes. Là-haut sur ces monts Nous triomphons : L'infidèle est maître des plaines. Chez nous, Son amour jaloux Trouverait des inhumaines... Mais, pour nous conquérir, Que faut-il nous offrir ? Un regard, un mot tendre, un soupir !... Ô soleil riant De l'Orient ! Tu fais supporter l'esclavage ; Et tes feux vainqueurs Domptent les cœurs, Mais l'amour peut bien davantage. Ses accents Sont tout-puissants Pour enflammer le courage... À qui sait tout oser Qui pourrait refuser Une fleur, un sourire, un baiser ?

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    J

    Jean Aicard

    @jeanAicard

    La flourette La grappe belle et mûre et virginale encore Que baisent seulement la rosée et l'aurore, Garde sur sa peau rose un voile frais et blanc Aux vapeurs d'un miroir qu'on ternit ressemblant. Pour délicatement qu'on le cueille ou le touche, Dès qu'il est effleuré du doigt ou de la bouche, Le fruit pâle, soudain redevenu vermeil, Réfléchit tout l'éclat magique du soleil. C'est ainsi que l'amour fait la splendeur de l'âme, Et le premier baiser de la vierge une femme.

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    La belle au bois dormant Une princesse, au fond des bois, A dormi cent ans autrefois, Oui, cent beaux ans, tout d’une traite. L’enfant, dans sa fraîche retraite, Laissait courir le temps léger. Tout sommeillait à l’entour d’elle : La brise n’eût pas de son aile Fait la moindre feuille bouger ; Le flot dormait sur le rivage ; L’oiseau, perdu dans le feuillage, Était sans voix et sans ébats ; Sur sa tige fragile et verte La rose restait entr’ouverte : Cent printemps ne l’effeuillaient pas ! Le charme eût duré, je m’assure, À jamais, sans le fils du roi. Il pénétra dans cet endroit, Et découvrit par aventure Le trésor que Dieu lui gardait. Un baiser, bien vite, il dépose Sur la bouche qui, demi-close, Depuis un siècle l’attendait. La dame, confuse et vermeille, À cet inconnu qui l’éveille Sourit dans son étonnement. Ô surprise toujours la même ! Sourire ému ! Baiser charmant ! L’amour est l’éveilleur suprême, L’âme, la Belle au bois dormant.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    A poor young shepherd J'ai peur d'un baiser Comme d'une abeille. Je souffre et je veille Sans me reposer : J'ai peur d'un baiser ! Pourtant j'aime Kate Et ses yeux jolis. Elle est délicate, Aux longs traits pâlis. Oh ! que j'aime Kate ! C'est Saint-Valentin ! Je dois et je n'ose Lui dire au matin... La terrible chose Que Saint-Valentin ! Elle m'est promise, Fort heureusement ! Mais quelle entreprise Que d'être un amant Près d'une promise ! J'ai peur d'un baiser Comme d'une abeille. Je souffre et je veille Sans me reposer : J'ai peur d'un baiser !

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    À sa maîtresse (II) Ma Dame ne donne pas Des baisers, mais des appas Qui seuls nourrissent mon âme, Les biens dont les Dieux sont sous, Du Nectar, du sucre doux, De la cannelle et du bâme (1), Du thym, du lis, de la rose, Entre les lèvres écloses Fleurante en toutes saisons, Et du miel tel qu'en Hymette (2) La desrobe-fleur avette Remplit ses douces maisons. O dieux, que j'ai de plaisir Quand je sens mon col saisir De ses bras en mainte sorte ! Sur moi se laissant courber, D'yeux clos je la vois tomber Sur mon sein à demi-morte. Puis mettant la bouche sienne Tout à plat dessus la mienne, Me mord et je la remords : Je lui darde, elle me darde Sa languette frétillarde, Puis en ses bras je m'endors. D'un baiser mignard et long Me resuce l'âme adonc (3), Puis en soufflant la repousse, La resuce encore un coup, La ressoude (4) tout à coup Avec son haleine douce. Tout ainsi les colombelles Trémoussant un peu des ailes Avidement se vont baisant, Après que l'oiseuse glace A quitté la froide place Au Printemps doux et plaisant. Hélas! mais tempère un peu Les biens dont je suis repu, Tempère un peu ma liesse (5) : Tu me ferais immortel. Hé ! je ne veux être tel Si tu n'es aussi Déesse. 1. Bâme : Baume parfumé très agréable. 2. Hymette : Le mont Hymette est un massif grec connu pour son miel. 3. Adonc : En ce moment, alors. 4. Ressoude : Se réunir, être soudé ensemble. 5. Liesse : Joie.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Ici-bas Ici-bas tous les lilas meurent, Tous les chants des oiseaux sont courts ; Je rêve aux étés qui demeurent Toujours... Ici-bas les lèvres effleurent Sans rien laisser de leur velours ; Je rêve aux baisers qui demeurent Toujours... Ici-bas tous les hommes pleurent Leurs amitiés ou leurs amours ; Je rêve aux couples qui demeurent Toujours...

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    L'obstacle Les lèvres qui veulent s'unir, À force d'art et de constance, Malgré le temps et la distance, Y peuvent toujours parvenir. On se fraye toujours des routes ; Flots, monts, déserts n'arrêtent point, De proche en proche on se rejoint, Et les heures arrivent toutes. Mais ce qui fait durer l'exil Mieux que l'eau, le roc ou le sable, C'est un obstacle infranchissable, Qui n'a pas l'épaisseur d'un fil. C'est l'honneur ; aucun stratagème, Nul âpre effort n'en est vainqueur, Car tout ce qu'il oppose au cœur, Il le puise dans le cœur même. Vous savez s'il est rigoureux, Pauvres couples à l'âme haute Qu'une noble horreur de la faute Empêche seule d'être heureux. Penchés sur le bord de l'abîme, Vous respectez au fond de vous, Comme de cruels garde-fous, Les arrêts de ce juge intime ; Purs amants sur terre égarés, Quel martyre étrange est le vôtre ! Plus vos cœurs sont près l'un de l'autre, Plus ils se sentent séparés. Oh ! Que de fois fermente et gronde, Sous un air de froid nonchaloir, Votre souriant désespoir Dans la mascarade du monde ! Que de cris toujours contenus ! Que de sanglots sans délivrance ! Sous l'apparente indifférence, Que d'héroïsmes méconnus ! Aux ivresses, même impunies, Vous préférez un deuil plus beau, Et vos lèvres, même au tombeau, Attendent le droit d'être unies.

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    Rémi Belleau

    Rémi Belleau

    @remiBelleau

    Embrasse-moi, mon cœur Embrasse-moi, mon cœur, baise-moi, je t'en prie, Presse-moi, serre-moi ! À ce coup je me meurs ! Mais ne me laisse pas en ces douces chaleurs : Car c'est à cette fois que je te perds, ma vie. Mon ami, je me meurs et mon âme assouvie D'amour, de passions, de plaisirs, de douceurs, S'enfuit, se perd, s'écoule et va loger ailleurs, Car ce baiser larron me l'a vraiment ravie. Je pâme ! Mon ami ! mon ami, je suis morte ! Hé ! ne me baisez plus, au moins de cette sorte. C'est ta bouche, mon cœur, qui m'avance la mort. Ôte-la donc, m'amour, ôte-la, je me pâme ! Ôte-la, mon ami, ôte-la, ma chère âme, Ou me laisse mourir en ce plaisant effort !

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    Rémi Belleau

    Rémi Belleau

    @remiBelleau

    Les beautés que j'adore Cent fois le jour je rebaise la main, Folâtrement qui dedans l'eau glissante Toucha de près ta cuisse blanchissante, Ton pied mignard, ta grève et ton beau sein. Cent et cent fois je prie Dieu, mais en vain, Et les saints feux de la nuit brunissante, Me faire voir ta tresse blondissante, Tes yeux, ta bouche, et ton visage plein. Si j'ai cette heure de les revoir encore Je chanterais les beautés que j'adore, Et les honneurs d'un si brave sujet : Mais les voyant ma vue est éblouie, Je perds le sens, la raison et l'ouïe Par les rayons d'un si gentil objet.

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    Rémi Belleau

    Rémi Belleau

    @remiBelleau

    Si tu veux que je meure Si tu veux que je meure entre tes bras, m'amie, Trousse l'escarlatin (*) de ton beau pelisson (*) Puis me baise et me presse, et nous entrelaçons Comme, autour des ormeaux, le lierre se plie. Dégrafe ce colet, m'amour, que je manie De ton sein blanchissant le petit mont besson : Puis me baise et me presse, et me tiens de façon Que le plaisir commun nous enivre, ma vie. L'un va cherchant la mort aux flancs d'une muraille En escarmouche, en garde, en assaut, en bataille Pour acheter un nom qu'on surnomme l'honneur. Mais moi, je veux mourir sur tes lèvres, maîtresse, C'est ma gloire, mon heure, mon trésor, ma richesse, Car j'ai logé ma vie en ta bouche, mon cœur. * Escarlatin : Étoffe. * Pelisson : Vêtement de dessous.

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    Théodore Agrippa d'Aubigné

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    @theodoreAgrippaDaubigne

    Mille baisers perdus, mille et mille faveurs Mille baisers perdus, mille et mille faveurs, Sont autant de bourreaux de ma triste pensée, Rien ne la rend malade et ne l’a offensée Que le sucre, le ris, le miel et les douceurs. Mon coeur est donc contraire à tous les autres coeurs, Mon penser est bizarre et mon âme insensée Qui fait présente encor’ une chose passée, Crevant de désespoir le fiel de mes douleurs. Rien n’est le destructeur de ma pauvre espérance Que le passé présent, ô dure souvenance Qui me fait de moi même ennemi devenir ! Vivez, amants heureux, d’une douce mémoire, Faites ma douce mort, que tôt je puisse boire En l’oubli dont j’ai soif, et non du souvenir. Théodore Agrippa d’Aubigné, L’Hécatombe à Diane

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Dans un baiser Dans un baiser, l'onde au rivage Dit ses douleurs ; Pour consoler la fleur sauvage L'aube a des pleurs ; Le vent du soir conte sa plainte Au vieux cyprès, La tourterelle au térébinthe Ses longs regrets. Aux flots dormants, quand tout repose, Hors la douleur, La lune parle, et dit la cause De sa pâleur. Ton dôme blanc, Sainte-Sophie, Parle au ciel bleu, Et, tout rêveur, le ciel confie Son rêve à Dieu. Arbre ou tombeau, colombe ou rose, Onde ou rocher, Tout, ici-bas, a quelque chose Pour s'épancher... Moi, je suis seul, et rien au monde Ne me répond, Rien que ta voix morne et profonde, Sombre Hellespont !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Oh ! quand je dors, viens auprès de ma couche Oh ! quand je dors, viens auprès de ma couche, Comme à Pétrarque apparaissait Laura, Et qu'en passant ton haleine me touche... – Soudain ma bouche S'entrouvrira ! Sur mon front morne où peut-être s'achève Un songe noir qui trop longtemps dura, Que ton regard comme un astre se lève... – Soudain mon rêve Rayonnera ! Puis sur ma lèvre où voltige une flamme, Éclair d'amour que Dieu même épura, Pose un baiser, et d'ange deviens femme... – Soudain mon âme S'éveillera ! Le 19 juin 1839.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À une femme Enfant ! si j'étais roi, je donnerais l'empire, Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux Et ma couronne d'or, et mes bains de porphyre, Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire, Pour un regard de vous ! Si j'étais Dieu, la terre et l'air avec les ondes, Les anges, les démons courbés devant ma loi, Et le profond chaos aux entrailles fécondes, L'éternité, l'espace, et les cieux, et les mondes, Pour un baiser de toi !

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    Evariste de Parny

    Evariste de Parny

    @evaristeDeParny

    Le baiser Ah ! Justine, qu'avez-vous fait ? Quel nouveau trouble et quelle ivresse ! Quoi ! cette extase enchanteresse D'un simple baiser est l'effet ! Le baiser de celui qu'on aime A son attrait et sa douceur ; Mais le prélude du bonheur Peut-il être le bonheur même ? Oui, sans doute, ce baiser là Est le premier, belle Justine ; Sa puissance est toujours divine, Et votre cœur s'en souviendra. Votre ami murmure et s'étonne Qu'il ait sur lui moins de pouvoir : Mais il jouit de ce qu'il donne ; C'est beaucoup plus que recevoir.

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