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Âmes

27 poésies en cours de vérification
Âmes

Poésies de la collection âmes

    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Mon âme est une infante Mon Âme est une infante en robe de parade, Dont l'exil se reflète, éternel et royal, Aux grands miroirs déserts d'un vieil Escurial, Ainsi qu'une galère oubliée en la rade. Aux pieds de son fauteuil, allongés noblement, Deux lévriers d'Écosse aux yeux mélancoliques Chassent, quand il lui plaît, les bêtes symboliques Dans la forêt du Rêve et de l'Enchantement. Son page favori, qui s'appelle Naguère, Lui lit d'ensorcelants poèmes à mi-voix, Cependant qu'immobile, une tulipe aux doigts, Elle écoute mourir en elle leur mystère... Le parc alentour d'elle étend ses frondaisons, Ses marbres, ses bassins, ses rampes à balustres ; Et, grave, elle s'enivre à ces songes illustres Que recèlent pour nous les nobles horizons. Elle est là résignée, et douce, et sans surprise, Sachant trop pour lutter comme tout est fatal, Et se sentant, malgré quelque dédain natal, Sensible à la pitié comme l'onde à la brise. Elle est là résignée, et douce en ses sanglots, Plus sombre seulement quand elle évoque en songe Quelque Armada sombrée à l'éternel mensonge, Et tant de beaux espoirs endormis sous les flots. Des soirs trop lourds de pourpre où sa fierté soupire, Les portraits de Van Dyck aux beaux doigts longs et purs, Pâles en velours noir sur l'or vieilli des murs, En leurs grands airs défunts la font rêver d'empire. Les vieux mirages d'or ont dissipé son deuil, Et, dans les visions où son ennui s'échappe, Soudain — gloire ou soleil — un rayon qui la frappe Allume en elle tous les rubis de l'orgueil. Mais d'un sourire triste elle apaise ces fièvres ; Et, redoutant la foule aux tumultes de fer, Elle écoute la vie — au loin — comme la mer... Et le secret se lait plus profond sur ses lèvres. Rien n'émeut d'un frisson l'eau pâle de ses yeux, Où s'est assis l'Esprit voilé des Villes mortes ; Et par les salles, où sans bruit tournent les portes, Elle va, s'enchantant de mots mystérieux. L'eau vaine des jets d'eau là-bas tombe en cascade, Et, pâle à la croisée, une tulipe aux doigts, Elle est là, reflétée aux miroirs d'autrefois, Ainsi qu'une galère oubliée en la rade. Mon Âme est une infante en robe de parade.

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Jocelyn, le 16 Décembre 1793 La nuit, quand par hasard je m'éveille, et je pense Que dehors et dedans tout est calme et silence, Et qu'oubliant Laurence, auprès de moi dormant, Mon cœur mal éveillé se croit seul un moment; Si j'entends tout à coup son souffle qui s'exhale, Régulier, de son sein sortir à brise égale, Ce souffle harmonieux d'un enfant endormi! Sur un coude appuyé je me lève à demi, Comme au chevet d'un fils, une mère qui veille ; Cette haleine de paix rassure mon oreille; Je bénis Dieu tout bas de m'avoir accordé Cet ange que je garde et dont je suis gardé; Je sens, aux voluptés dont ces heures sont pleines, Que mon âme respire et vit dans deux haleines; Quelle musique aurait pour moi de tels accords? Je l'écoute longtemps dormir, et me rendors ! De la Grotte, 16 décembre 1793.

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Le cri de l'âme Quand le souffle divin qui flotte sur le monde S'arrête sur mon âme ouverte au moindre vent, Et la fait tout à coup frissonner comme une onde Où le cygne s'abat dans un cercle mouvant ! Quand mon regard se plonge au rayonnant abîme, Où luisent ces trésors du riche firmament, Ces perles de la nuit que son souffle ranime, Des sentiers du Seigneur innombrable ornement ! Quand d'un ciel de printemps l'aurore qui ruisselle Se brise et rejaillit en gerbes de chaleur, Que chaque atome d'air roule son étincelle, Et que tout sous mes pas devient lumière ou fleur ! Quand tout chante ou gazouille, ou roucoule ou bourdonne, Que d'immortalité tout semble se nourrir, Et que l'homme, ébloui de cet air qui rayonne, Croit qu'un jour si vivant ne pourra plus mourir ! Quand je roule en mon sein mille pensers sublimes, Et que mon faible esprit, ne pouvant les porter, S'arrête en frissonnant sur les derniers abîmes, Et, faute d'un appui, va s'y précipiter ! Quand, dans le ciel d'amour où mon âme est ravie, Je presse sur mon coeur un fantôme adoré, Et que je cherche en vain des paroles de vie Pour l'embraser du feu dont je suis dévoré ! Quand je sens qu'un soupir de mon âme oppressée Pourrait créer un monde en son brûlant essor, Que ma vie userait le temps, que ma pensée En remplissant le ciel déborderait encor ! Jéhova ! Jéhova ! ton nom seul me soulage ! Il est le seul écho qui réponde à mon coeur ! Ou plutôt ces élans, ces transports, sans langage, Sont eux-mêmes un écho de ta propre grandeur ! Tu ne dors pas souvent dans mon sein, nom sublime ! Tu ne dors pas souvent sur mes lèvres de feu : Mais chaque impression t'y trouve et t'y ranime, Et le cri de mon âme est toujours toi, mon Dieu !

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    Anatole France

    Anatole France

    @anatoleFrance

    Âmes obscures Tout dans l'immuable Nature Est miracle aux petits enfants : Ils naissent, et leur âme obscure Éclôt dans des enchantements. Le reflet de cette magie Donne à leur regard un rayon. Déjà la belle illusion Excite leur frêle énergie. L'inconnu, l'inconnu divin, Les baigne comme une eau profonde ; On les presse, on leur parle en vain : Ils habitent un autre monde ; Leurs yeux purs, leurs yeux grands ouverts S'emplissent de rêves étranges. Oh ! qu'ils sont beaux, ces petits anges Perdus dans l'antique univers ! Leur tête légère et ravie Songe tandis que nous pensons ; Ils font de frissons en frissons La découverte de la vie.

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    Voix intérieure Mon âme, quels ennuis vous donnent de l'humeur ? Le vivre vous chagrine et le mourir vous fâche. Pourtant, vous n'aurez point au monde d'autre tâche Que d'être objet qui vit, qui jouit et qui meurt. Mon âme, aimez la vie, auguste, âpre ou futile, Aimez tout le labeur et tout l'effort humains, Que la vérité soit, vivace entre vos mains, Une lampe toujours par vos soins pleine d'huile. Aimez l'oiseau, la fleur, l'odeur de la forêt, Le gai bourdonnement de la cité qui chante, Le plaisir de n'avoir pas de haine méchante, Pas de malicieux et ténébreux secret, Aimez la mort aussi, votre bonne patronne, Par qui votre désir de toutes choses croît Et, comme un beau jardin qui s'éveille du froid, Remonte dans l'azur, reverdit et fleuronne ; — L'hospitalière mort aux genoux reposants Dans la douceur desquels notre néant se pâme, Et qui vous bercera d'un geste, ma chère âme, Inconcevablement éternel et plaisant...

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Ô saisons, ô châteaux Ô saisons ô châteaux, Quelle âme est sans défauts ? Ô saisons, ô châteaux, J'ai fait la magique étude Du Bonheur, que nul n'élude. Ô vive lui, chaque fois Que chante son coq gaulois. Mais ! je n'aurai plus d'envie, Il s'est chargé de ma vie. Ce Charme ! il prit âme et corps. Et dispersa tous efforts. Que comprendre à ma parole ? Il fait qu'elle fuie et vole ! Ô saisons, ô châteaux ! Et, si le malheur m'entraîne, Sa disgrâce m'est certaine. Il faut que son dédain, las ! Me livre au plus prompt trépas ! - Ô Saisons, ô Châteaux !

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    L'âme du vin Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles : " Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité, Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles, Un chant plein de lumière et de fraternité ! Je sais combien il faut, sur la colline en flamme, De peine, de sueur et de soleil cuisant Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ; Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant, Car j'éprouve une joie immense quand je tombe Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux, Et sa chaude poitrine est une douce tombe Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux. Entends-tu retentir les refrains des dimanches Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant ? Les coudes sur la table et retroussant tes manches, Tu me glorifieras et tu seras content ; J'allumerai les yeux de ta femme ravie ; A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs Et serai pour ce frêle athlète de la vie L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs. En toi je tomberai, végétale ambroisie, Grain précieux jeté par l'éternel Semeur, Pour que de notre amour naisse la poésie Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! "

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Inscription Mon âme est comme un ciel sans bornes ; Elle a des immensités mornes Et d'innombrables soleils clairs ; Aussi, malgré le mal, ma vie De tant de diamants ravie Se mire au ruisseau de mes vers. Je dirai donc en ces paroles Mes visions qu'on croyait folles, Ma réponse aux mondes lointains Qui nous adressaient leurs messages, Eclairs incompris de nos sages Et qui, lassés, se sont éteints. Dans ma recherche coutumière Tous les secrets de la lumière, Tous les mystères du cerveau, J'ai tout fouillé, j'ai su tout dire, Faire pleurer et faire rire Et montrer le monde nouveau. J'ai voulu que les tons, la grâce, Tout ce que reflète une glace, L'ivresse d'un bal d'opéra, Les soirs de rubis, l'ombre verte Se fixent sur la plaque inerte. Je l'ai voulu, cela sera. Comme les traits dans les camées J'ai voulu que les voix aimées Soient un bien, qu'on garde à jamais, Et puissent répéter le rêve Musical de l'heure trop brève ; Le temps veut fuir, je le soumets. Et les hommes, sans ironie, Diront que j'avais du génie Et, dans les siècles apaisés, Les femmes diront que mes lèvres, Malgré les luttes et les fièvres, Savaient les suprêmes baisers.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Phantasma J'ai rêvé l'archipel parfumé, montagneux, Perdu dans une mer inconnue et profonde Où le naufrage nous a jetés tous les deux Oubliés loin des lois qui régissent le monde. Sur le sable étendue en l'or de tes cheveux, Des cheveux qui te font comme une tombe blonde, Je te ranime au son nouveau de mes aveux Que ne répéteront ni la plage ni l'onde. C'est un rêve. Ton âme est un oiseau qui fuit Vers les horizons clairs de rubis, d'émeraudes, Et mon âme abattue est un oiseau de nuit. Pour te soumettre, proie exquise, à mon ennui Et pour te dompter, blanche, en mes étreintes chaudes, Tous les pays sont trop habités aujourd'hui.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Testament Si mon âme claire s’éteint Comme une lampe sans pétrole, Si mon esprit, en haut, déteint Comme une guenille folle, Si je moisis, diamantin, Entier, sans tache, sans vérole, Si le bégaiement bête atteint Ma persuasive parole, Et si je meurs, soûl, dans un coin C’est que ma patrie est bien loin Loin de la France et de la terre. Ne craignez rien, je ne maudis Personne. Car un paradis Matinal, s’ouvre et me fait taire.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    L'âme Comme un exilé du vieux thème, J'ai descendu ton escalier ; Mais ce qu'a lié l'Amour même, Le temps ne peut le délier. Chaque soir quand ton corps se couche Dans ton lit qui n'est plus à moi, Tes lèvres sont loin de ma bouche ; Cependant, je dors près de Toi. Quand je sors de la vie humaine, J'ai l'air d'être en réalité Un monsieur seul qui se promène ; Pourtant je marche à ton côté. Ma vie à la tienne est tressée Comme on tresse des fils soyeux, Et je pense avec ta pensée, Et je regarde avec tes yeux. Quand je dis ou fais quelque chose, Je te consulte, tout le temps ; Car je sais, du moins, je suppose, Que tu me vois, que tu m'entends. Moi-même je vois tes yeux vastes, J'entends ta lèvre au rire fin. Et c'est parfois dans mes nuits chastes Des conversations sans fin. C'est une illusion sans doute, Tout cela n'a jamais été ; C'est cependant, Mignonne, écoute, C'est cependant la vérité. Du temps où nous étions ensemble, N'ayant rien à nous refuser, Docile à mon désir qui tremble, Ne m'as-tu pas, dans un baiser, Ne m'as-tu pas donné ton âme ? Or le baiser s'est envolé, Mais l'âme est toujours là, Madame ; Soyez certaine que je l'ai.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Le corps et l'âme Dieu fit votre corps noble et votre âme charmante. Le corps sort de la terre et l'âme aspire aux cieux ; L'un est un amoureux et l'autre est une amante. Dans la paix d'un jardin vaste et délicieux, Dieu souffla dans un peu de boue un peu de flamme, Et le corps s'en alla sur ses pieds gracieux. Et ce souffle enchantait le corps, et c'était l'âme Qui, mêlée à l'amour des bêtes et des bois, Chez l'homme adorait Dieu que contemplait la femme. L'âme rit dans les yeux et vole avec la voix, Et l'âme ne meurt pas, mais le corps ressuscite, Sortant du limon noir une seconde fois. Dieu fit suave et beau votre corps immortel : Les jambes sont les deux colonnes de ce temple, Les genoux sont la chaise et le buste est l'autel. Et la ligne du torse, à son sommet plus ample, Comme aux flancs purs de vase antique, rêve et court Dans l'ordre harmonieux dont la lyre est l'exemple. Pendant qu'un hymne à Dieu, dans un battement court, Comme au coeur de la lyre une éternelle phrase, Chante aux cordes du coeur mélodieux et sourd. Des épaules, planant comme les bords du vase, La tête émerge, et c'est une adorable fleur Noyée en une longue et lumineuse extase. Si l'âme est un oiseau, le corps est l'oiseleur. Le regard brûle au fond des yeux qui sont des lampes Où chaque larme douce est l'huile de douleur. La mesure du temps tinte aux cloisons des tempes ; Et les bras longs aux mains montant au firmament Ont charitablement la sûreté des rampes. Le coeur s'embrase et fond dans leur embrasement, Comme sous les pressoirs fond le fruit de la vigne, Et sur les bras croisés vit le recueillement. Ni les béliers frisés ni les plumes de cygne, Ni la crinière en feu des crieurs de la faim N'effacent ta splendeur, ô chevelure insigne, Faite avec l'azur noir de la nuit, ou l'or fin De l'aurore, et sur qui nage un parfum farouche, Où la femme endort l'homme en une mer sans fin. Rossignol vif et clair, grave et sonore mouche Frémis ou chante au bord des lèvres, douce voix ! Douce gloire du rire, épanouis la bouche ! Chaque chose du corps est soumise à tes lois, Dieu grand, qui fais tourner la terre sous ton geste, Dans la succession régulière des mois. Tes lois sont la santé de ce compagnon leste De l'âme, ainsi qu'un rythme est l'amour de ses pas, Mais l'âme solitaire est joyeuse où Dieu reste. La souffrance du corps s'éteint dans le trépas, Mais la douleur de l'âme est l'océan sans borne ; Et ce sont deux présents que l'on estime pas. Oh ! ne négligez pas votre âme ! L'âme est morne Que l'on néglige, et va s'effaçant, comme au jour Qui monte le croissant voit s'effacer sa corne. Et le corps, pour lequel l'âme n'a pas d'amour, Dans la laideur, que Dieu condamne, s'étiole, Comme un fou relégué dans le fond d'une cour. La grâce de votre âme éclôt dans la parole, Et l'autre dans le geste, aimant les frais essors, Au vêtement léger comme une âme qui vole. Sachez aimer votre âme en aimant votre corps, Cherchez l'eau musicale aux bains de marbre pâle, Et l'onde du génie au coeur des hommes forts. Mêlez vos membres lourds de fatigue, où le hâle De la vie imprima son baiser furieux, Au gémissement frais que la Naïade exhale ; Afin qu'au jour prochain votre corps glorieux, Plus léger que celui des Mercures fidèles, Monte à travers l'azur du ciel victorieux. Dans l'onde du génie, aux sources sûres d'elles, Plongez votre âme à nu, comme les bons nageurs, Pour qu'elle en sorte avec la foi donneuse d'ailes ! Dans la nuit, vers une aube aux divines rougeurs, Marchez par le sentier de la bonne habitude, Soyez de patients et graves voyageurs. Que cette jeune soeur charmante de l'étude Et du travail tranquille et gai, la Chasteté, Parfume vos discours et votre solitude. La pâture de l'âme est toute vérité ; Le corps, content de peu, cueille une nourriture Dans le baiser mystique où règne la beauté. Puisque Dieu répandit l'homme dans la nature, Sachez l'aimer en vous, et d'abord soyez doux A vous-mêmes, et doux à toute créature. Si vous ne vous aimez en Dieu, vous aimez-vous ?

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    Le progrès de l'étude Toujours des mots ! — Je veux les choses ; Toujours des faits ! — Je veux les causes ; Toujours les corps ! — Je veux l'esprit ; Toujours l'esprit ! — Montrez-moi l'âme, L'âme qui pleure ou l'âme qui sourit : L'âme donne à tout vie et flamme : Sans l'âme, rien n'est qu'un vain bruit.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Âme et jeunesse Puisque de l'enfance envolée Le rêve blanc, Comme l'oiseau dans la vallée, Fuit d'un élan ; Puisque mon auteur adorable Me fait errer Sur la terre où rien n'est durable Que d'espérer ; À moi jeunesse, abeille blonde Aux ailes d'or ! Prenez une âme, et par le monde, Prenons l'essor ; Avançons, l'une emportant l'autre, Lumière et fleur, Vous sur ma foi, moi sur la vôtre, Vers le bonheur ! Vous êtes, belle enfant, ma robe, Perles et fil, Le fin voile où je me dérobe Dans mon exil. Comme la mésange s'appuie Au vert roseau, Vous êtes le soutien qui plie ; Je suis l'oiseau ! Bouquets défaits, tête penchée, Du soir au jour, Jeunesse ! On vous dirait fâchée Contre l'amour. L'amour luit d'orage en orage ; Il faut souvent Pour l'aborder bien du courage Contre le vent ! L'amour c'est Dieu, jeunesse aimée ! Oh ! N'allez pas, Pour trouver sa trace enflammée, Chercher en bas : En bas tout se corrompt, tout tombe, Roses et miel ; Les couronnes vont à la tombe, L'amour au ciel ! Dans peu, bien peu, j'aurai beau faire : Chemin courant, Nous prendrons un chemin contraire, En nous pleurant. Vous habillerez une autre âme Qui descendra, Et toujours l'éternelle flamme Vous nourrira ! Vous irez où va chanter l'heure, Volant toujours ; Vous irez où va l'eau qui pleure, Où vont les jours ; Jeunesse ! Vous irez dansante À qui rira, Quand la vieillesse pâlissante M'enfermera !

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    L'âme errante Je suis la prière qui passe Sur la terre où rien n'est à moi ; Je suis le ramier dans l'espace, Amour, où je cherche après toi. Effleurant la route féconde, Glanant la vie à chaque lieu, J'ai touché les deux flancs du monde, Suspendue au souffle de Dieu. Ce souffle épura la tendresse Qui coulait de mon chant plaintif Et répandit sa sainte ivresse Sur le pauvre et sur le captif Et me voici louant encore Mon seul avoir, le souvenir, M'envolant d'aurore en aurore Vers l'infinissable avenir. Je vais au désert plein d'eaux vives Laver les ailes de mon coeur, Car je sais qu'il est d'autres rives Pour ceux qui vous cherchent, Seigneur ! J'y verrai monter les phalanges Des peuples tués par la faim, Comme s'en retournent les anges, Bannis, mais rappelés enfin... Laissez-moi passer, je suis mère ; Je vais redemander au sort Les doux fruits d'une fleur amère, Mes petits volés par la mort. Créateur de leurs jeunes charmes, Vous qui comptez les cris fervents, Je vous donnerai tant de larmes Que vous me rendrez mes enfants !

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Une âme Lasse de douleur, D'espoir obsédée, D'une fraîche idée, D'un amour en fleur, On dirait qu'une âme, M'embrassant toujours, De ciel et de flamme Me refait des jours ! Dans ton souvenir, Toi qui me recèles, As-tu pris des ailes Devant l'avenir ? Car je sens qu'une âme, M'embrassant toujours, De ciel et de flamme Me refait des jours ! N'es-tu pas dans l'air, Quand l'air me caresse : Ou quand il m'oppresse, Sous l'ardent éclair ? Car je sens qu'une âme, M'embrassant toujours, De ciel et de flamme Me refait des jours !

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    À son âme Amelette Ronsardelette, Mignonnelette doucelette, Treschere hostesse de mon corps, Tu descens là bas foiblelette, Pasle, maigrelette, seulette, Dans le froid Royaume des mors : Toutesfois simple, sans relors De meurtre, poison, ou rancune, Méprisant faveurs et tresors Tant enviez par la commune. Passant, j’ay dit, suy ta fortune Ne trouble mon repos, je dors.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    J'ai l'âme de regrets touchée J'ai l'âme, pour un lit, de regrets si touchée, Que nul homme jamais ne fera que j'approche De la chambre amoureuse, encore moins de la couche Où je vis ma maîtresse, au mois de Mai couchée. Un somme languissant la tenait mi-penchée Dessus le coude droit, fermant sa belle bouche Et ses yeux, dans lesquels l'archer Amour se couche, Ayant toujours la flèche à la corde encochée : Sa tête, en ce beau mois, sans plus, était couverte D'un riche escofion (1) ouvré de soie verte, Où les Grâces venaient à l'envie se nicher ; Puis, en ses beaux cheveux, choisissaient leur demeure. J'en ai tel souvenir que je voudrais qu'à l'heure Mon cœur pour n'y penser plus devenu rocher. 1. Escofion est une coiffe de femme.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Corps et âmes Heureux les cœurs, les cœurs de sang ! Leurs battements peuvent s'entendre ; Et les bras ! Ils peuvent se tendre, Se posséder en s'enlaçant. Heureux aussi les doigts ! Ils touchent ; Les yeux ! Ils voient. Heureux les corps ! Ils ont la paix quand ils se couchent, Et le néant quand ils sont morts. Mais, oh ! Bien à plaindre les âmes ! Elles ne se touchent jamais : Elles ressemblent à des flammes Ardentes sous un verre épais. De leurs prisons mal transparentes Ces flammes ont beau s'appeler, Elles se sentent bien parentes, Mais ne peuvent pas se mêler. On dit qu'elles sont immortelles ; Ah ! Mieux leur vaudrait vivre un jour, Mais s'unir enfin !... dussent-elles S'éteindre en épuisant l'amour !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    L'âme J'ai dans mon cœur, j'ai sous mon front Une âme invisible et présente : Ceux qui doutent la chercheront ; Je la répands pour qu'on la sente. Partout scintillent les couleurs, Mais d'où vient cette force en elles ? Il existe un bleu dont je meurs, Parce qu'il est dans les prunelles. Tous les corps offrent des contours, Mais d'où vient la forme qui touche ? Comment fais-tu les grands amours, Petite ligne de la bouche ? Partout l'air vibre et rend des sons, Mais d'où vient le délice intime Que nous apportent ces frissons Quand c'est une voix qui l'anime ? J'ai dans mon cœur, j'ai sous mon front Une âme invisible et présente : Ceux qui doutent la chercheront ; Je la répands pour qu'on la sente.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Le monde des âmes À R. Albaret. Newton, voyant tomber la pomme, Conçut la matière et ses lois : Oh ! surgira-t-il une fois Un Newton pour l'âme de l'homme ? Comme il est dans l'infini bleu Un centre où les poids se suspendent, Ainsi toutes les âmes tendent À leur centre unique, à leur Dieu. Et comme les sphères de flammes Tournent en s'appelant toujours, Ainsi d'harmonieux amours Font graviter toutes les âmes. Mais le baiser n'est pas permis Aux sphères à jamais lancées ; Les lèvres, les regards amis Joignent les âmes fiancées ! Qui sondera cet univers Et l'attrait puissant qui le mène ? Viens, ô Newton de l'âme humaine, Et tous les cieux seront ouverts !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Un rendez-vous Dans ce nid furtif où nous sommes, Ô ma chère âme, seuls tous deux, Qu'il est bon d'oublier les hommes, Si près d'eux ! Pour ralentir l'heure fuyante, Pour la goûter, il ne faut pas Une félicité bruyante ; Parlons bas. Craignons de la hâter d'un geste, D'un mot, d'un souffle seulement, D'en perdre, tant elle est céleste, Un moment. Afin de la sentir bien nôtre, Afin de la bien ménager, Serrons-nous tout près l'un de l'autre Sans bouger ; Sans même lever la paupière : Imitons le chaste repos De ces vieux châtelains de pierre Aux yeux clos, Dont les corps sur les mausolées, Immobiles et tout vêtus, Loin de leurs âmes envolées Se sont tus ; Dans une alliance plus haute Que les terrestres unions, Gravement comme eux côte à côte, Sommeillons. Car nous n'en sommes plus aux fièvres D'un jeune amour qui peut finir ; Nos cœurs n'ont plus besoin des lèvres Pour s'unir, Ni des paroles solennelles Pour changer leur culte en devoir, Ni du mirage des prunelles Pour se voir. Ne me fais plus jurer que j'aime, Ne me fais plus dire comment ; Goûtons la félicité même Sans serment. Savourons, dans ce que nous disent Silencieusement nos pleurs, Les tendresses qui divinisent Les douleurs ! Chère, en cette ineffable trêve Le désir enchanté s'endort ; On rêve à l'amour comme on rêve À la mort. On croit sentir la fin du monde ; L'univers semble chavirer D'une chute douce et profonde, Et sombrer... L'âme de ses fardeaux s'allège Par la fuite immense de tout ; La mémoire comme une neige Se dissout. Toute la vie ardente et triste Semble anéantie à l'entour, Plus rien pour nous, plus rien n'existe Que l'amour. Aimons en paix : il fait nuit noire, La lueur blême du flambeau Expire... nous pouvons nous croire Au tombeau. Laissons-nous dans les mers funèbres, Comme après le dernier soupir, Abîmer, et par leurs ténèbres Assoupir... Nous sommes sous la terre ensemble Depuis très longtemps, n'est-ce pas ? Écoute en haut le sol qui tremble Sous les pas. Regarde au loin comme un vol sombre De corbeaux, vers le nord chassé, Disparaître les nuits sans nombre Du passé, Et comme une immense nuée De cigognes (mais sans retours !) Fuir la blancheur diminuée Des vieux jours... Hors de la sphère ensoleillée Dont nous subîmes les rigueurs, Quelle étrange et douce veillée Font nos cœurs ? Je ne sais plus quelle aventure Nous a jadis éteint les yeux, Depuis quand notre extase dure, En quels cieux. Les choses de la vie ancienne Ont fui ma mémoire à jamais, Mais du plus loin qu'il me souvienne Je t'aimais... Par quel bienfaiteur fut dressée Cette couche ? Et par quel hymen Fut pour toujours ta main laissée Dans ma main ? Mais qu'importe ! ô mon amoureuse, Dormons dans nos légers linceuls, Pour l'éternité bienheureuse Enfin seuls !

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Toute l'âme résumée Toute l'âme résumée Quand lente nous l'expirons Dans plusieurs ronds de fumée Abolis en autres ronds Atteste quelque cigare Brûlant savamment pour peu Que la cendre se sépare De son clair baiser de feu Ainsi le chœur des romances A la lèvre vole-t-il Exclus-en si tu commences Le réel parce que vil Le sens trop précis rature Ta vague littérature.

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    Théodore Agrippa d'Aubigné

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    @theodoreAgrippaDaubigne

    Je brûle avec mon âme et mon sang rougissant Je brûle avec mon âme et mon sang rougissant Cent amoureux sonnets donnés pour mon martyre, Si peu de mes langueurs qu’il m’est permis d’écrire Soupirant un Hécate, et mon mal gémissant. Pour ces justes raisons, j’ai observé les cent : A moins de cent taureaux on ne fait cesser l’ire De Diane en courroux, et Diane retire Cent ans hors de l’enfer les corps sans monument. Mais quoi ? puis-je connaître au creux de mes hosties, A leurs boyaux fumants, à leurs rouges parties Ou l’ire, ou la pitié de ma divinité ? Ma vie est à sa vie, et mon âme à la sienne, Mon coeur souffre en son coeur. La Tauroscytienne Eût son désir de sang de mon sang contenté.

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    Tristan Corbière

    Tristan Corbière

    @tristanCorbiere

    Vendetta Tu ne veux pas de mon âme Que je jette à tour de bras : Chère, tu me le payeras !... Sans rancune – je suis femme ! – Tu ne veux pas de ma peau : Venimeux comme un jésuite, Prends garde !... je suis ensuite Jésuite comme un crapaud, Et plat comme la punaise, Compagne que j'ai sur moi, Pure... mais, – ne te déplaise, – Je te préférerais, Toi ! – Je suis encor, Ma très-Chère, Serpent comme le Serpent Froid, coulant, poisson rampant Qui fit pécher ta grand'mère... Et tu ne vaux pas, Pécore, Beaucoup plus qu'elle, je crois... Vaux-tu ma chanson encore ?... Me vaux-tu seulement moi !...

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Puisqu'ici-bas toute âme Puisqu'ici-bas toute âme Donne à quelqu'un Sa musique, sa flamme, Ou son parfum ; Puisqu'ici toute chose Donne toujours Son épine ou sa rose A ses amours ; Puisqu'avril donne aux chênes Un bruit charmant ; Que la nuit donne aux peines L'oubli dormant ; Puisque l'air à la branche Donne l'oiseau ; Que l'aube à la pervenche Donne un peu d'eau ; Puisque, lorsqu'elle arrive S'y reposer, L'onde amère à la rive Donne un baiser ; Je te donne, à cette heure, Penché sur toi, La chose la meilleure Que j'aie en moi ! Reçois donc ma pensée, Triste d'ailleurs, Qui, comme une rosée, T'arrive en pleurs ! Reçois mes voeux sans nombre, Ô mes amours ! Reçois la flamme ou l'ombre De tous mes jours ! Mes transports pleins d'ivresses, Purs de soupçons, Et toutes les caresses De mes chansons ! Mon esprit qui sans voile Vogue au hasard, Et qui n'a pour étoile Que ton regard ! Ma muse, que les heures Bercent rêvant, Qui, pleurant quand tu pleures, Pleure souvent ! Reçois, mon bien céleste, Ô ma beauté, Mon coeur, dont rien ne reste, L'amour ôté ! Le 19 mai 1836.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À des âmes envolées Ces âmes que tu rappelles, Mon coeur, ne reviennent pas. Pourquoi donc s'obstinent-elles, Hélas ! à rester là-bas ? Dans les sphères éclatantes, Dans l'azur et les rayons, Sont-elles donc plus contentes Qu'avec nous qui les aimions ? Nous avions sous les tonnelles Une maison près Saint-Leu. Comme les fleurs étaient belles ! Comme le ciel était bleu ! Parmi les feuilles tombées, Nous courions au bois vermeil ; Nous cherchions des scarabées Sur les vieux murs au soleil ; On riait de ce bon rire Qu'Éden jadis entendit, Ayant toujours à se dire Ce qu'on s'était déjà dit ; Je contais la Mère l'Oie ; On était heureux, Dieu sait ! On poussait des cris de joie Pour un oiseau qui passait.

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