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Antonin Artaud

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Antonin Artaud, né le 4 septembre 1896 à Marseille et mort le 4 mars 1948 à Ivry-sur-Seine, est un théoricien du théâtre, acteur, écrivain, essayiste, dessinateur et poète français. La poésie, la mise en scène, la drogue, les pèlerinages, le dessin et la radio, chacune de ces activités a été un outil entre ses mains, un moyen pour développer son art. Toute sa vie, il a lutté contre des douleurs physiques, diagnostiquées comme issues de syphilis héréditaire, avec des médicaments, des drogues. Cette omniprésence de la douleur influe sur ses relations comme sur sa création. Il subit aussi des séries d’électrochocs lors d’internements successifs, et il passe les dernières années de sa vie dans des hôpitaux psychiatriques, notamment celui de Rodez. Si ses déséquilibres mentaux ont rendu ses relations humaines difficiles, ils ont aussi contribué à alimenter sa création. Il y a d’un côté ses textes « fous de Rodez et de la fin de sa vie », de l’autre, selon Évelyne Grossmann, les textes fulgurants de ses débuts. Inventeur du concept de « théâtre de la cruauté » dans Le Théâtre et son double, Artaud a tenté de transformer radicalement la littérature et surtout le théâtre. S’il n’y est pas parvenu de son vivant, il a certainement influencé les générations de l’après Mai 68, en particulier le théâtre américain, et les situationnistes de la fin des années 1960 qui se réclamaient de son esprit révolutionnaire. Il a aussi influencé le théâtre anarchiste Living Theatre, qui se réclame de lui dans la pièce The Brig où il met en pratique les théories d’Artaud. Dans son œuvre immense, il fait délirer l’art (comme Gilles Deleuze, grand lecteur d’Artaud, fera délirer la théorie autour du corps sans organe). Son œuvre graphique est également importante. Il a fait l’objet d’un legs important au Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou en 1994. Une partie de ses œuvres a été exposée en 2011.

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Poésies

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    Antonin Artaud

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    Amour Et l’amour ? Il faut nous laver De cette crasse héréditaire Où notre vermine stellaire Continue à se prélasser L’orgue, l’orgue qui moud le vent Le ressac de la mer furieuse Sont comme la mélodie creuse De ce rêve déconcertant D’Elle, de nous, ou de cette âme Que nous assîmes au banquet Dites-nous quel est le trompé O inspirateur des infâmes Celle qui couche dans mon lit Et partage l’air de ma chambre Peut jouer aux dés sur la table Le ciel même de mon esprit

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    Antonin Artaud

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    Extase Argentin brasier, braise creusée Avec la musique de son intime force Braise évidée, délivrée, écorce Occupée à livrer ses mondes. Recherche épuisante du moi Pénétration qui se dépasse Ah! joindre le bûcher de glace Avec l'esprit qui le pensa. La vieille poursuite insondable En jouissance s'extravase Sensualités sensibles, extase Aux cristaux chantants véritables. Ô musique d'encre, musique Musique des charbons enterrés Douce, pesante qui nous délivre Avec ses phosphores secrets.

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    Antonin Artaud

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    Je ne crois plus aux mots des poèmes Je ne crois plus aux mots des poèmes, car ils ne soulèvent rien et ne font rien. Autrefois il y avait des poèmes qui envoyaient un guerrier se faire trouer la gueule, mais la gueule trouée le guerrier était mort, et que lui restait-il de sa gloire à lui ? Je veux dire de son transport ? Rien. Il était mort, cela servait à éduquer dans les classes les cons et les fils de cons qui viendraient après lui et sont allés à de nouvelles guerres atomiquement réglementées, je crois qu’il y a un état où le guerrier la gueule trouée et mort, reste là il continue à se battre et à avancer, il n’est pas mort, il avance pour l’éternité. Mais qui en voudrait sauf moi ? Et moi, qu’il vienne celui qui me trouera la gueule je l’attends.

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    La rue La rue sexuelle s’anime le long de faces mal venues, les cafés pepiant de crimes deracinent les avenues. Des mains de sexe brûlent les poches et les ventres bouent par-dessous; toutes les pensees s’entrechoquent, et les tetes moins que les trous.

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    Le navire mystique Il se sera perdu le navire archaïque Aux mers où baigneront mes rêves éperdus, Et ses immenses mâts se seront confondus Dans les brouillards d’un ciel de Bible et de Cantiques. Et ce ne sera pas la Grecque bucolique Qui doucement jouera parmi les arbres nus ; Et le Navire Saint n’aura jamais vendu La très rare denrée aux pays exotiques. Il ne sait pas les feux des havres de la terre, Il ne connaît que Dieu, et sans fin, solitaire Il sépare les flots glorieux de l’Infini. Le bout de son beaupré plonge dans le mystère ; Aux pointes de ses mâts tremble toutes les nuits L’Argent mystique et pur de l’étoile polaire.

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    Antonin Artaud

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    L’amour sans trêve Ce triangle d’eau qui a soif cette route sans écriture Madame, et le signe de vos mâtures sur cette mer où je me noie Les messages de vos cheveux le coup de fusil de vos lèvres cet orage qui m’enlève dans le sillage de vos yeux. Cette ombre enfin, sur le rivage où la vie fait trêve, et le vent, et l’horrible piétinement de la foule sur mon passage. Quand je lève les yeux vers vous on dirait que le monde tremble, et les feux de l’amour ressemblent aux caresses de votre époux.

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    Antonin Artaud

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    Petit poème des poissons de la mer Je me suis penché sur la mer Pour communiquer mon message Aux poissons : « Voilà ce que je cherche et que je veux savoir. » Les petits poissons argentés Du fond des mers sont remontés Répondre à ce que je voulais. La réponse des petits poissons était : « Nous ne pouvons pas vous le dire Monsieur PARCE QUE » Là la mer les a arrêtés. Alors j’ai écarté la mer Pour les mieux fixer au visage Et leur ai redit mon message : « Vaut-il mieux être que d’obéir ? » Je le leur redis une fois, je leur dis une seconde Mais j’eus beau crier à la ronde Ils n’ont pas voulu entendre raison ! Je pris une bouilloire neuve Excellente pour cette épreuve Où la mer allait obéir. Mon cœur fit hamp, mon cœur fit hump Pendant que j’actionnais la pompe À eau douce, pour les punir. Un, qui mit la tête dehors Me dit : « Les petits poissons sont tous morts. » « C’est pour voir si tu les réveilles, Lui criai-je en plein dans l’oreille, Va rejoindre le fond de la mer. » Dodu Mafflu haussa la voix jusqu’à hurler en déclamant ces trois derniers vers, et Alice pensa avec un frisson : « Pour rien au monde je n’aurai voulu être ce messager ! » Celui qui n’est pas ne sait pas L’obéissant ne souffre pas. C’est à celui qui est à savoir Pourquoi l’obéissance entière Est ce qui n’a jamais souffert Lorsque l’être est ce qui s’effrite Comme la masse de la mer. Jamais plus tu ne seras quitte, Ils vont au but et tu t’agites. Ton destin est le plus amer. Les poissons de la mer sont morts Parce qu’ils ont préféré à être D’aller au but sans rien connaître De ce que tu appelles obéir. Dieu seul est ce qui n’obéit pas, Tous les autres êtres ne sont pas Encore, et ils souffrent. Ils souffrent ni vivants ni morts. Pourquoi ? Mais enfin les obéissants vivent, On ne peut pas dire qu’ils ne sont pas. Ils vivent et n’existent pas. Pourquoi ? Pourquoi ? Il faut faire tomber la porte Qui sépare l’Être d’obéir ! L’Être est celui qui s’imagine être Être assez pour se dispenser D’apprendre ce que veut la mer… Mais tout petit poisson le sait ! Il y eut une longue pause. « Est-ce là tout ? » demanda Alice timidement.

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    Qui suis-je? Qui suis-je? D’où je viens? Je suis Antonin Artaud et que je le dise comme je sais le dire immédiatement vous verrez mon corps actuel voler en éclats et se ramasser sous dix mille aspects notoires un corps neuf où vous ne pourrez plus jamais m’oublier.

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