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Charles d'Orléans

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Poésies

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    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    En regardant vers le pays de France En regardant vers le pays de France, Un jour m’advint, à Douvres sur la mer, Qu’il me souvint de la douce plaisance Que je soulais au dit pays trouver ; Si commençai de cœur à soupirer, Combien certes que grand bien me faisoit De voir France que mon cœur aimer doit

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    En songe, souhait et pensée En songe, souhait et pensée, Vous vois chaque jour de semaine ; Combien qu'êtes de moi lointaine, Belle, très loyalement aimée. Pour ce qu'êtes le mieux parée De toute plaisance mondaine, En songe, souhait et pensée, Vous vois chaque jour de semaine. De tout vous ai l'amour donné ; Vous en pouvez être certaine, Ma seule dame souveraine, De mon las cœur moult désirée, En songe, souhait et pensée.

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    Charles d'Orléans

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    En verrai-je jamais la fin En verrai-je jamais la fin, De voz oeuvres, Merancolie ? Quand au soir de vous me deslie Vous me ratachez au matin. J'aimasse mieulx autre voisin Que vous qui sy fort me guerrie ; En verrai ge jamais la fin, De voz oeuvres, Merancolie ?

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    Charles d'Orléans

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    Ballade II Je meurs de soif, en cousté la fontaine ; Tremblant de froit ou feu des amoureux ; Aveugle suis, et si les autres maine ; Povre de sens, entre saichans, l’un d’eulx ; Trop négligent, en vain souvent soigneux ; C’est de mon fait une chose faiée, En bien et mal par fortune menée. Je gaingne temps, et pers mainte sepmaine ; Je joue et ris, quant me sens douloreux ; Desplaisance j’ay d’espérance plaine ; J’attens bon eur en regret angoisseux ; Riens ne me plaist, et si suis désireux ; Je m’esjoïs, et cource à ma pensée, En bien et mal par fortune menée. Je parle trop, et me tais à grant paine ; Je m’esbays, et si suis courageux ; Tristesse tient mon confort en demaine, Faillir ne puis, au moins à l’un des deux ; Bonne chiere je faiz quant je me deulx ; Maladie m’est en santé donnée, En bien et mal par fortune menée. ENVOI Prince, je dy que mon fait maleureux Et mon prouffit aussi avantageux, Sur ung hasart j’asserray quelque année, En bien et mal par fortune menée.

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    Charles d'Orléans

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    Ballade III Comment voy je ses Anglois esbaÿs ! Resjoÿs toy, franc royaume de France. On apparçoit que de Dieu sont haÿs, Puis qu’ilz n’ont plus couraige ne puissance. Bien pensoient, par leur oultrecuidance ; Toy surmonter et tenir en servaige, Et ont tenu à tort ton heritaige. Mais à présent Dieu pour toy se combat Et se monstre du tout de ta partie, Leurgrant orgueil entierement abat, Et t’a rendu Guyenne et Normandie. Quant les Anglois as pieça envaÿs, Rien n’y valoit ton sens ne ta vaillance. Lors estoies ainsi que fut Taÿs Pecheresse qui, pour faire penance, Enclouse fut par divine ordonnance. Ainsi as tu esté en reclusaige De Desconfort, et douleur de Couraige. Et les Anglois menoient leur sabat En grans pompes, baubans et tirannie. Or, a tourné Dieu ton dueil en esbat, Et t’a rendu Guyenne et Normandie. N’ont pas Anglois souvent leurs Rois traÿs ? Certes ouil, tous en ont congnoissance ; Et encore le Roy de leur paÿs Est maintenant en doubteuse balance ; D’en parler mal, chascun Anglois s’avance ; Assez monstrent, par leur mauvais langaige, Que voulentiers lui feroient oultraige. Qui sera Roy entr’eux est grant desbat ; Pource, France, que veulx tu que te dye ? De sa verge Dieu les punist et bat Et t’a rendu Guyenne et Normendie. ENVOI AU PRINCE Roy des Françoys, gaigné as l’advantaige, Parfaiz ton jeu, comme vaillant et saige, Maintenant l’as plus belle qu’au rabat. De ton bon eur, France, Dieu remercie ; Fortune en bien avecques toi s’embat Et t’a rendu Guyenne et Normandie.

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    Charles d'Orléans

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    Ballade IV On parle de religion Qui est d’estroicte gouvernance, Et par ardant devocion, Portent mainte dure penance ; Mais, ainsi que j’ay congnoissance, Et selon mon entencion. Entre tous j’ay compassion Des amoureux de l’observance. Tousjours par contemplacion Tiennent leurs cueurs raviz en transe, Pour venir par perfection Au hault Paradis de Plaisance ; Chault, froit, soif et fain d’esperance Seuffient en mainte nacion ; Telle est la conversacion Des amoureux de l’observance. Piez nuz, de Consolacion Quierent l’aumosne ; d’alegance Or ne veulent ne pension, Fors de Pitié ; povre pitance, En bissacs plains de Souvenance, Pour leur simple provision ! N’est ce saincte condicion Des amoureux de l’observance ? ENVOI Des bigotz ne quiers l’accointance, Ne loue leur oppinion, Mais me tiens, par affection, Des amoureux de l’observance.

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    Bien moustrez, Printemps gracieux Bien moustrez, Printemps gracieux, De quel mestier savez servir, Car Yver fait cueurs ennuieux, Et vous les faictes resjouir. Si tost comme il vous voit venir, Lui et sa meschant retenue Sont contrains et prestz de fuir A vostre joyeuse venue. Yver fait champs et arbres vieulx, Leurs barbes de neige blanchir, Et est si froit, ort (1) et pluieux Qu'emprés le feu couvient croupir ; On ne peut hors des huis yssir (2) Comme un oisel qui est en mue. Mais vous faittes tout rajeunir A vostre joyeuse venue. Yver fait le souleil es cieulx Du mantel des nues couvrir ; Or maintenant, loué soit Dieux, Vous estes venu esclersir Toutes choses et embellir. Yver a sa peine perdue, Car l'an nouvel l'a fait bannir A vostre joyeuse venue. 1. Ort : Sale. 2. Yssir : Sortir de sa maison.

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    Dedans mon livre de pensée Dedans mon Livre de Pensée, J'ai trouvé écrivant mon cœur La vraie histoire de douleur, De larmes toute enluminée, En effaçant la très aimée Image de plaisante douceur, Dedans mon Livre de Pensée, J'ai trouvé écrivant mon cœur. Hélas ! où l'a mon cœur trouvée ? Les grosses gouttes de sueur Lui saillent, de peine et labeur Qu'il y prend, de nuit et journée, Dedans mon Livre de Pensée !

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    Charles d'Orléans

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    Dieu, qu'il la fait bon regarder Dieu, qu'il la fait bon regarder, La gracieuse, bonne et belle ! Pour les grans biens qui sont en elle, Chacun est prest de la louer. Qui se pourroit d'elle lasser ? Toujours sa beauté renouvelle, Dieu, qu'il la fait bon regarder, La gracieuse, bonne et belle ! Par deça ne dela la mer Ne sçay dame ne damoiselle Qui soit en tous biens parfais telle ; Dieu, qu'il la fait bon regarder, La gracieuse, bonne et belle ! Pour les grans biens qui sont en elle, Chacun est prest de la louer. Qui se pourroit d'elle lasser ? Toujours sa beauté renouvelle, Dieu, qu'il la fait bon regarder, La gracieuse, bonne et belle ! Par deça ne dela la mer Ne sçay dame ne damoiselle Qui soit en tous biens parfais telle ; C'est un songe que d'y penser. Dieu, qu'il la fait bon regarder !

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    En acquittant nostre temps vers jeunesse En acquittant nostre temps vers jeunesse, Le nouvel an et la saison jolie, Plains de plaisir et de toute liesse Qui chascun d'eulx chierement nous en prie, Venuz sommes en ceste mommerie (1), Belles, bonnes, plaisans et gracieuses, Prestz de dancer et faire chiere lie Pour resveillier voz pensees joieuses. Or bannissiez de vous toute peresse, Ennuy, soussy, avec merencolie, Car froit yver, qui ne veult que rudesse, Est desconfit et couvient qu'il s'en fuye ! Avril et may amainent doulce vie Avecques eulx ; pource soyez soingneuses De recevoir leur plaisant compaignie Pour resveillier voz pensees joieuses ! Venus aussi, la tres noble deesse, Qui sur femmes doit avoir la maistrie, Vous envoye de confort a largesse Et plaisance de grans biens enrichie, En vous chargeant que de vostre partie Vous acquittiés sans estre dangereuses ; Aidier vous veult, sans que point vous oublie, Pour resveillier voz pensees joieuses. 1. Mommerie : Mascarade.

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    En faites-vous doute En faites-vous doute Que vôtre ne soie? Ce Dieu me doint joie Au cœur, si suis toute. Rien ne m'en déboute Pour chose que j'oye : En faites-vous doute Que vôtre ne soie? Danger et sa route S'en voisent leur voie, Sans que plus les voie; Toujours il m'écoute, En faites-vous doute?

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    En Hiver, du feu, du feu ! En yver, du feu, du feu ! Et en esté, boire, boire ! C'est de quoy on fait memoire, Quant on vient en aucun lieu. Ce n'est ne bourde, ne jeu, Qui mon conseil vouldra croire : En yver, du feu, du feu ! Et en esté, boire, boire ! Chaulx morceaulx faiz de bon queu (1) Fault en froit temps, voire, voire ; En chault, froide pomme ou poire C'est l'ordonnance de Dieu : En yver, du feu, du feu ! 1. Queu : Cuisinier.

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    En la forest d'ennuyeuse tristesse En la forest d'Ennuyeuse Tristesse, Un jour m'avint qu'a par moy cheminoye, Si rencontray l'Amoureuse Deesse Qui m'appella, demandant ou j'aloye. Je respondy que, par Fortune, estoye Mis en exil en ce bois, long temps a, Et qu'a bon droit appeller me povoye L'omme esgaré qui ne scet ou il va. En sousriant, par sa tresgrant humblesse, Me respondy : « Amy, se je savoye Pourquoy tu es mis en ceste destresse, A mon povair voulentiers t'ayderoye ; Car, ja pieça, je mis ton cueur en voye De tout plaisir, ne sçay qui l'en osta ; Or me desplaist qu'a present je te voye L'omme esgaré qui ne scet ou il va. — Helas ! dis je, souverainne Princesse, Mon fait savés, pourquoy le vous diroye ? C'est par la Mort qui fait a tous rudesse, Qui m'a tollu celle que tant amoye, En qui estoit tout l'espoir que j'avoye, Qui me guidoit, si bien m'acompaigna En son vivant, que point ne me trouvoye L'omme esgaré qui ne scet ou il va. » ENVOI Aveugle suy, ne sçay ou aler doye ; De mon baston, affin que ne fervoye, Je vois tastant mon chemin ça et la ; C'est grant pitié qu'il couvient que je soye L'omme esgaré qui ne scet ou il va.

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    En la forêt de longue attente En la forêt de Longue Attente Chevauchant par divers sentiers M'en vais, cette année présente, Au voyage de Desiriers. Devant sont allés mes fourriers Pour appareiller mon logis En la cité de Destinée ; Et pour mon cœur et moi ont pris L'hôtellerie de Pensée. Je mène des chevaux quarante Et autant pour mes officiers, Voire, par Dieu, plus de soixante, Sans les bagages et sommiers. Loger nous faudra par quartiers, Si les hôtels sont trop petits ; Toutefois, pour une vêprée, En gré prendrai, soit mieux ou pis, L'hôtellerie de Pensée.

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    France, jadis on te soulait nommer France, jadis on te soulait nommer, En tous pays, le trésor de noblesse, Car un chacun pouvait en toi trouver Bonté, honneur, loyauté, gentillesse, Clergie, sens, courtoisie, prouesse. Tous étrangers aimaient te suivre. Et maintenant vois, dont j'ai déplaisance, Qu'il te convient maint grief mal soustenir, Très chrétien, franc royaume de France. Sais-tu d'où vient ton mal, à vrai parler ? Connais-tu point pourquoi es en tristesse ? Conter le veux, pour vers toi m'acquitter, Ecoute-moi et tu feras sagesse. Ton grand orgueil, glotonnie, paresse, Convoitise, sans justice tenir, Et luxure, dont as eu abondance, Ont pourchacié vers Dieu de te punir, Très chrétien, franc royaume de France.

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    Hiver, vous n'êtes qu'un vilain Hiver, vous n'êtes qu'un vilain, Été est plaisant et gentil, En témoin de Mai et d'Avril Qui l'accompagnent soir et matin. Été revêt champs, bois et fleurs, De sa livrée de verdure Et de maintes autres couleurs Par l'ordonnance de Nature. Mais vous, Hiver, trop êtes plein De neige, vent, pluie et grésil ; On vous doit bannir en exil. Sans point flatter, je parle plain : Hiver, vous n'êtes qu'un vilain.

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    J'aime qui m'aime J'aime qui m'aime, autrement non ; Et non pourtant, je ne hais rien, Mais voudrait que tout fut bien, À l'ordonnance de Raison. Je parle trop, las ! se fait mon ! Au fort, en ce propos me tient : J'aime qui m'aime, autrement non, Et non pourtant je ne hais rien. De pensées son chaperon A brodé le pauvre coeur mien ; Tout droit de devers lui je viens, Et ma baillé cette chanson : J'aime qui m'aime, autrement non.

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    Je fu en fleur ou temps passé d'enfance Je fu en fleur ou temps passé d'enfance Et puis après devins fruit en jeunesse ; Lors m'abaty de l'arbre de plaisance, Vert et non meur (1), Folie ma maistresse. Et pour cela Raison, qui tout redresse A son plaisir, sans tort ou mesprison (2), M'a a bon droit, par sa tresgrant sagesse. Mis pour meurir ou feurre de prison (3). En ce j'ay fait longue continuance, Sans estre mis a l'essor de largesse ; J'en suy contant et tiens que, sans doubtance, C'est pour le mieulx, combien que par peresse Deviens fletry et tire vers vieillesse. Assez estaint est en moy le tison De sot desir, puis qu'ay esté en presse (4) Mis pour meurir ou feurre de prison. Dieu nous doint paix, car c'est ma desirance ! Adonc seray en l'eaue de liesse Tost refreschi et, au souleil de France, Bien nettié du moisy de tristesse. J'attens bon temps, endurant en humblesse, Car j'ay espoir que Dieu ma guerison Ordonnera ; pource m'a sa haultesse Mis pour meurir ou feurre de prison. ENVOI Fruit suis d'yver qui a meins de tendresse Que fruit d'esté ; si suis en garnison Pour amolir ma trop verde duresse, Mis pour meurir ou feurre de prison. 1. Meur : Mûr. 2. Mesprison : Injustice. 3. Feurre de prison : Pour mûrir sur la paille de la prison. 4. En presse : Enfermé.

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    Las ! Mort, qui t'a fait si hardie Las ! Mort, qui t'a fait si hardie De prendre la noble Princesse Qui était mon confort, ma vie, Mon bien, mon plaisir, ma richesse ! Puisque tu as pris ma maîtresse, Prends-moi aussi son serviteur, Car j'aime mieux prochainement Mourir que languir en tourment, En peine, souci et douleur ! Las ! de tous biens était garnie Et en droite fleur de jeunesse ! Je prie à Dieu qu'il te maudie, Fausse Mort, pleine de rudesse ! Si prise l'eusses en vieillesse, Ce ne fût pas si grand rigueur ; Mais prise l'as hâtivement, Et m'as laissé piteusement En peine, souci et douleur ! Las ! je suis seul, sans compagnie ! Adieu ma Dame, ma liesse ! Or est notre amour departie, Non pourtant, je vous fais promesse Que de prières, à largesse, Morte vous servirai de cœur, Sans oublier aucunement ; Et vous regretterai souvent En peine, souci et douleur. Dieu, sur tout souverain Seigneur, Ordonnez, par grâce et douceur, De l'âme d'elle, tellement Qu'elle ne soit pas longuement En peine, souci et douleur !

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    Le temps a laissé son manteau Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s’est vêtu de broderie, De soleil luisant, clair et beau. Il n’y a bête ni oiseau Qu’en son jargon ne chante ou crie : Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie. Rivière, fontaine et ruisseau Portent en livrée jolie, Gouttes d’argent d’orfèvrerie ; Chacun s’habille de nouveau : Le temps a laissé son manteau.

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    Charles d'Orléans

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    Les fourriers d'été sont venus Les fourriers d'Eté sont venus Pour appareiller son logis, Et ont fait tendre ses tapis, De fleurs et verdure tissus. En étendant tapis velus, De vert herbe par le pays, Les fourriers d'Eté sont venus Pour appareiller son logis. Cœurs d'ennui piéça morfondus, Dieu merci, sont sains et jolis ; Allez-vous-en, prenez pays, Hiver, vous ne demeurez plus ; Les fourriers d'Eté sont venus.

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    Ma seule amour Ma seule amour, ma joie et ma maîtresse, Puisqu’il me faut loin de vous demeurer, Je n’ai plus rien, à me réconforter, Qu’un souvenir pour retenir liesse. En allégeant, par Espoir, ma détresse, Me conviendra le temps ainsi passer, Ma seule amour, ma joie et ma maîtresse, Puisqu’il me faut loin de vous demeurer. Car mon las cœur, bien garni de tristesse, S’en est voulu avecques vous aller, Ne je ne puis jamais le recouvrer, Jusque verrai votre belle jeunesse, Ma seule amour, ma joie et ma maîtresse.

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    Charles d'Orléans

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    Ma seule amour que tant désire Ma seule amour que tant désire, Mon réconfort, mon doux penser, Belle nonpareille, sans per, Il me déplaît de vous écrire. Car j'aimasse mieux à le dire De bouche, sans le vous mander, Ma seule amour que tant désire, Mon réconfort, mon doux penser ! Las ! or n'y puis-je contredire ; Mais Espoir me fait endurer, Qui m'a promis de retourner En liesse, mon grief martyre, Ma seule amour que tant désire !

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    Mon coeur m'a fait commandement Mon coeur m'a fait commandement De venir vers vostre jeunesse, Belle que j'ayme loyaument (1), Comme doy faire ma princesse. Se vous demandés Pourquoi esse ? C'est pour savoir quant vous plaira Alegier sa dure destresse Ma Dame, le sauray je ja (2) ? Dictez le par vostre serment ! Je vous fais leale (3) promesse Nul ne le saura, seulement Fors que lui pour avoir leesse. Or lui moustrés qu'estes maistresse Et lui mandez qu'il guerira, Ou s'il doit morir de destresse ! Ma Dame, le sauray je ja ? Penser ne porroit nullement Que la douleur, qui tant le blesse, Ne vous desplaise aucunement. Or faictes dont tant qu'elle cesse Et le remectez en l'adresse D'espoir, dont il party pieça (4) ! Respondez sans que plus vous presse ! Ma Dame le sauray je ja ? 1. Loyaument : Loyalement. 2. Ja : Bientôt. 3. Leale : Loyale. 4. Pieça : Il y a longtemps.

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    Mon coeur, estouppe tes oreilles Mon coeur, estouppe tes oreilles, Pour le vent de Merencolie ; S'il y entre, ne doubte mye, Il est dangereux à merveilles ; Soit que tu dormes ou tu veilles, Fays ainsi que dy, je t'en prie. Mon cueur, estouppe tes oreilles, Pour le vent de Merencolie ; Il cause doleurs nompareilles, Dont s'engendre la maladie Qui n'est pas de legier guerie ; Croy moy, s'a raison te conseilles. Mon cueur, estouppe tes oreilles.

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    Ne hurtez plus a l'Uis de ma pensée Ne hurtez plus a l'uis de ma pensée, Soing et Soussi, sans tant vous traveiller ! Car elle dort et ne veult s'esveiller ; Toute la nuyt en paine a despensee. En dangier est, s'elle n'est bien pensee. Cessez ! cessez ! Laissez la sommeiller ! Ne hurtez plus a l'uis de ma pensee, Soing et Soussi, sans tant vous traveiller ! Pour la guerir bon Espoir a pensee Medecine qu'a fait apareiller ; Lever ne peut son chief de l'oreiller, Tant qu'en repos se soit recompensee. Ne hurtez plus a l'uis de ma pensee !

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    Charles d'Orléans

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    Pourquoi m'as tu vendu, jeunesse Pourquoy m'as tu vendu, Jeunesse, A grant marchié, comme pour rien, Es mains de ma dame Viellesse Qui ne me fait gueres de bien ? A elle peu tenu me tien, Mais il convient que je l'endure, Puis que c'est le cours de nature. Son hostel de noir de tristesse Est tandu. Quant dedans je vien, J'y voy l'istoire de Destresse Qui me fait changer mon maintien, Quant la ly et maint mal soustien : Espargnee n'est créature, Puis que c'est le cours de nature. Prenant en gré ceste rudesse, Le mal d'aultruy compare au myen. Lors me tance dame Sagesse ; Adoncques en moy je revien Et croy de tout le conseil sien Qui est en ce plain de droiture, Puis que c'est le cours de nature. ENVOI Prince, dire ne saroye conbien Dedans mon coeur mal je retien, Serré d'une vielle sainture, Puis que c'est le cours de nature.

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    Que me conseillez-vous, mon coeur Que me conseillez-vous, mon coeur ? Irai-je par devers la belle Lui dire la peine mortelle Que souffrez pour elle en douleur ? Pour votre bien et son honneur, C'est droit que votre conseil celle. Que me conseillez-vous, mon coeur, Irai-je par devers la belle ? Si pleine la sais de douceur Que trouverai merci en elle, Tôt en aurez bonne nouvelle. J'y vais, n'est-ce pour le meilleur ? Que me conseillez-vous, mon coeur ?

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    Votre bouche dit : Baisez-moi Vostre bouche dit : Baisiez moi, Ce m'est avis quant la regarde ; Mais Dangier de trop prés la garde, Dont mainte doleur je reçoy. Laissiez m'avoir, par vostre foy, Un doulx baisier, sans que plus tarde ; Vostre bouche dit : Baisiez moy, Ce m'est avis quant la regarde. Dangier me heit, ne scay pourquoy, Et tousjours Destourbier me darde ; Je prie a Dieu que mal feu l'arde ! Il fust temps qu'il se tenist coy. Vostre bouche dit : Baisiez moy.

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