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Éphraïm Mikhaël

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Poésies

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    Éphraïm Mikhaël

    @ephraimMikhael

    Infidélités Tu parlais de choses anciennes, De riches jardins somnolents Que de nobles musiciennes Troublent, le soir, d’échos dolents; Et de chapelles où s’attardent Les princesses en oraison; Et de lits féodaux que gardent Toutes les bêtes du blason. Hélas! tes paroles amies Pour mon coeur avide et lassé Ont réveillé ces endormies: Les amoureuses du passé. Et chacune à présent se lève Devant moi dans le calme soir, Émergeant à demi du rêve Comme un corps blanc d’un fleuve noir. Oh! les invincibles rivales Que vous-mêmes vous appelez; par ces visions triomphales Nos pâles amours sont troublés. Entre vos seins de soeur clémente Vous caches vainement mon front: C’est vers quelque lointaine amante Que mes désirs cruels iront. Je sais bien, vos yeux d’améthyste S’emplissent de reproches doux... Et je suis mortellement triste De n’avoir plus d’amour pour vous.

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    Éphraïm Mikhaël

    @ephraimMikhael

    Le magasin de jouets Je ne me rappelle plus à présent ni le temps, ni le lieu, ni si c'était en rêve... Des hommes et des femmes allaient et venaient sur une longue promenade triste; j'allais et je venais dans la foule, une foule riche, d'où montaient des parfums de femmes. Et malgré la splendeur douce des fourrures et des velours qui me frôlaient, malgré les rouges sourires des lèvres fraîches, entrevus sous les fines voilettes, un ennui vague me prit de voir ainsi, à ma droite, à ma gauche, défiler lentement les promeneurs monotones. Or, sur un banc, un homme regardait la foule avec d'étranges yeux, et, comme je m'approchais de lui, je l'entendis sangloter. Alors je lui demandai ce qu'il avait à se plaindre ainsi, et, levant vers moi ses grands yeux enfiévrés, celui qui pleurait me dit: « Je suis triste, voyez-vous, parce que depuis bien des jours je suis enfermé ici dans ce Magasin de jouets. Depuis bien des jours et bien des années, je n'ai vu que des Fantoches et je m'ennuie d'être tout seul vivant. Ils sont en bois, mais si merveilleusement façonnés qu'ils se meuvent et parlent comme moi. Pourtant, je le sais, ils ne peuvent que faire toujours les mêmes mouvements et que dire toujours les mêmes paroles. « Ces belles Poupées, vêtues de velours et de fourrures et qui laissent traîner dans l'air, derrière elles, une énamourante odeur d'iris, celles-là sont bien mieux articulées encore. Leurs ressorts sont bien plus délicats que les autres, et, quand on sait les faire jouer, on a l'illusion de la Vie. » Il se tut un moment; puis, avec la voix grave de ceux qui se souviennent: « Autrefois, j'en avais pris une, délicieusement frêle, et je la tenais souvent dans mes bras, le soir. Je lui avais tant dit de choses très douces, que j'avais fini par croire qu'elle les comprenait; et j'avais tant essayé de la réchauffer avec des baisers que je la croyais vivante. Mais j'ai bien vu après qu'elle était aussi, comme les autres, une Poupée pleine de son. « Longtemps j'ai espéré que quelque Fantoche ferait un geste nouveau, dirait une parole que les autres n'eussent point dite. Maintenant, je suis fatigué de leur souffler mes rêves. Je m'ennuie et je voudrais bien m'en aller de ce Magasin de jouets où ils m'ont enfermé. Je vous en supplie, si vous le pouvez, emmenezmoi dehors, dehors, là où il y a des Etres vivants ».

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    Éphraïm Mikhaël

    @ephraimMikhael

    Tristesse de Septembre Quand le vent automnal sonne le deuil des chênes, Je sens en moi, non le regret du clair été, Mais l'ineffable horreur des floraisons prochaines. C'est par l'avril futur que je suis attristé ; Et je plains les forêts puissantes, condamnées A verdir tous les ans pendant l'éternité. Car, depuis des milliers innombrables d'années, Ce sont des blés pareils et de pareilles fleurs, Invariablement écloses et fanées ; Ce sont les mêmes vents susurrants ou hurleurs, La même odeur parmi les herbes reverdies, Et les mêmes baisers et les mêmes douleurs. Maintenant les forêts vont s'endormir, raidies Par les givres, pour leur sommeil de peu d'instants. Puis, sur l'immensité des plaines engourdies, Sur la rigidité blanche des grands étangs, Je verrai reparaître à l'heure convenue - Comme un fantôme impitoyable - le printemps ; Ô les soleils nouveaux ! la saison inconnue !

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