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Evariste de Parny

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Évariste Désiré de Forges, chevalier puis vicomte de Parny, est un poète français né le 6 février 1753 à Saint-Paul de l'île Bourbon (actuelle île de La Réunion), et mort le 5 décembre 1814 à Paris.

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Poésies

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    Aimer est un destin charmant Élégie VIII. Aimer est un destin charmant ; C'est un bonheur qui nous enivre, Et qui produit l'enchantement. Avoir aimé, c'est ne plus vivre, Hélas ! c'est avoir acheté Cette accablante vérité, Que les serments sont un mensonge, Que l'amour trompe tôt ou tard, Que l'innocence n'est qu'un art, Et que le bonheur n'est qu'un songe.

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    L'infidélité Un bosquet, une jeune femme ; À ses genoux un séducteur Qui jure une éternelle flamme, Et qu'elle écoute sans rigueur ; C'est Valsin. Dans le même asile Justine, crédule et tranquille, Venait rêver a son amant : Elle entre : que le peintre habile Rende ce triple étonnement.

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    La nuit Toujours le malheureux t'appelle, Ô Nuit, favorable aux chagrins ! Viens donc, et porte sur ton aile L'oubli des perfides humains. Voile ma douleur solitaire ; Et lorsque la main du Sommeil Fermera ma triste paupière, Ô dieux ! reculez mon réveil ; Qu'à pas lents l'Aurore s'avance Pour ouvrir les portes du jour ; Importuns, gardez le silence, Et laissez dormir mon amour.

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    La rechute C'en est fait, j'ai brisé mes chaînes. Amis, je reviens dans vos bras. Les belles ne vous valent pas ; Leurs faveurs coûtent trop de peines. Jouet de leur volage humeur, J'ai rougi de ma dépendance : Je reprends mon indifférence, Et je retrouve le bonheur. Le dieu joufflu de la vendange Va m'inspirer d'autres chansons ; C'est le seul plaisir sans mélange ; Il est de toutes les saisons ; Lui seul nous console et nous venge Des maîtresses que nous perdons. Que dis-je, malheureux ! ah ! qu'il est difficile De feindre la gaîté dans le sein des douleurs ! La bouche sourit mal quand les yeux sont en pleurs. Repoussons loin de nous ce nectar inutile. Et toi, tendre Amitié, plaisir pur et divin, Non, tu ne suffis plus à mon âme égarée, Au cri des passions qui grondent dans mon sein En vain tu veux mêler ta voix douce et sacrée : Tu gémis de mes maux qu'il fallait prévenir ; Tu m'offres ton appui lorsque la chute est faite ; Et tu sondes ma plaie au lieu de la guérir. Va, ne m'apporte plus ta prudence inquiète : Laisse-moi m'étourdir sur la réalité ; Laisse-moi m'enfoncer dans le sein des chimères, Tout courbé sous les fers chanter la liberté, Saisir avec transport des ombres passagères, Et parler de félicité En versant des larmes amères. Ils viendront ces paisibles jours, Ces moments du réveil, où la raison sévère Dans la nuit des erreurs fait briller sa lumière, Et dissipe à nos yeux le songe des Amours. Le Temps, qui d'une aile légère Emporte en se jouant nos goûts et nos penchants, Mettra bientôt le terme à mes égarements. Ô mes amis ! alors échappé de ses chaînes, Et guéri de ses longues peines, Ce cœur qui vous trahit revolera vers vous. Sur votre expérience appuyant ma faiblesse, Peut-être je pourrai d'une folle tendresse Prévenir les retours jaloux, Sur les plaisirs de mon aurore Vous me verrez tourner des yeux mouillés de pleurs, Soupirer malgré moi,rougir de mes erreurs, Et, même en rougissant, les regretter encore.

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    Réflexion amoureuse Je vais la voir, la presser dans mes bras. Mon cœur ému palpite avec vitesse ; Des voluptés je sens déjà l'ivresse ; Et le désir précipite mes pas. Sachons pourtant, près de celle que j'aime, Donner un frein aux transports du désir ; Sa folle ardeur abrège le plaisir, Et trop d'amour peut nuire à l'amour même.

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    Souvenir Déjà la nuit s'avance, et du sombre Orient Ses voiles par degrés dans les airs se déploient. Sommeil, doux abandon, image du néant, Des maux de l'existence heureux délassement, Tranquille oubli des soins où les hommes se noient ; Et vous, qui nous rendez à nos plaisirs passés, Touchante illusion, Déesse des mensonges, Venez dans mon asile, et sur mes yeux lassés Secouez les pavots et les aimables songes. Voici l'heure où trompant les surveillants jaloux, Je pressais dans mes bras ma maîtresse timide. Voici l'alcôve sombre où d'une aile rapide L'essain des voluptés volait au rendez-vous. Voici le lit commode où l'heureuse licence Remplaçait par degrés la mourante pudeur. Importune vertu, fable de notre enfance, Et toi, vain préjugé, fantôme de l'honneur, Combien peu votre voix se fait entendre au cœur ! La nature aisément vous réduit au silence ; Et vous vous dissipez au flambeau de l'amour Comme un léger brouillard aux premiers feux du jour. Moments délicieux, où nos baisers de flamme, Mollement égarés, se cherchent pour s'unir ! Où de douces fureurs s'emparant de notre âme Laissent un libre cours au bizarre désir ! Moments plus enchanteurs, mais prompts à disparaître, Où l'esprit échauffé, les sens, et tout notre être Semblent se concentrer pour hâter le plaisir ! Vous portez avec vous trop de fougue et d'ivresse ; Vous fatiguez mon cœur qui ne peut vous saisir, Et vous fuyez sur-tout avec trop de vitesse ; Hélas ! on vous regrette, avant de vous sentir ! Mais, non ; l'instant qui suit est bien plus doux encore. Un long calme succède au tumulte des sens ; Le feu qui nous brûlait par degrés s'évapore ; La volupté survit aux pénibles élans ; Sur sa félicité l'âme appuie en silence ; Et la réflexion, fixant la jouissance, S'amuse à lui prêter un charme plus flatteur. Amour, à ces plaisirs l'effort de ta puissance Ne saurait ajouter qu'un peu plus de lenteur.

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    Au gazon foulé par Éléonore Trône de fleurs, lit de verdure, Gazon planté par les amours, Recevez l'onde fraîche et pure Que ma main vous doit tous les jours. Couronnez-vous d'herbes nouvelles ; Croissez, gazon voluptueux. Qu'à midi, Zéphyre amoureux Vous porte le frais sur ses ailes. Que ces lilas entrelacés Dont la fleur s'arrondit en voûte, Sur vous mollement renversés, Laissent échapper goutte à goutte Les pleurs que l'aurore a versés. Sous les appas de ma maîtresse Ployez toujours avec souplesse, Mais sur le champ relevez-vous ; De notre amoureux badinage Ne gardez point le témoignage ; Vous me feriez trop de jaloux.

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    Aux infidèles À vous qui savez être belles, Favorites du dieu d'amour ; À vous, maîtresses infidèles, Qu'on cherche et qu'on fuit tour à tour ; Salut, tendre hommage, heureux jour, Et surtout voluptés nouvelles ! Écoutez. Chacun à l'envi Vous craint, vous adore, et vous gronde ; Pour moi, je vous dis grand merci. Vous seules de ce triste monde Avez l'art d'égayer l'ennui ; Vous seules variez la scène De nos goûts et de nos erreurs : Vous piquez au jeu les acteurs ; Vous agacez les spectateurs Que la nouveauté vous amène ; Le tourbillon qui vous entraîne Vous prête des appas plus doux ; Le lendemain d'un rendez-vous L'amant vous reconnaît à peine ; Tous les yeux sont fixés sur vous, Et n'aperçoivent que vos charmes ; Près de vous naissent les alarmes ; Les plaintes, jamais les dégoûts ; En passant Caton vous encense ; Heureux même par vos rigueurs, Chacun poursuit votre inconstance ; Et, s'il n'obtient pas des faveurs, Il obtient toujours l'espérance.

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    Bel arbre, pourquoi conserver Élégie III. Bel arbre, pourquoi conserver Ces deux noms qu'une main trop chère Sur ton écorce solitaire Voulut elle-même graver ? Ne parle plus d'Eléonore ; Rejette ces chiffres menteurs : Le temps a désuni les cœurs Que ton écorce unit encore.

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    Dieu des amours Élégie IV. Dieu des amours, le plus puissant des dieux, Le seul du moins qu'adora ma jeunesse ; Il m'en souvient, dans ce moment heureux Où je fléchis mon ingrate maîtresse, Mon cœur crédule et trompé par vous deux Mon faible cœur jura d'aimer sans cesse. Mais je révoque un serment indiscret. Assez longtemps tu tourmentas ma vie, Amour, amour, séduisante folie ! Je t'abandonne, et même sans regret. Loin de Paphos la raison me rappelle, Je veux la suivre et ne veux suivre qu'elle. Pour t'obéir je semblais être né : Vers tes autels dès l'enfance entraîné, Je me soumis sans peine à ta puissance. Ton injustice a lassé ma constance : Tu m'as puni de ma fidélité. Ah ! j'aurais dû, moins tendre et plus volage, User des droits accordés au jeune âge. Oui, moins soumis, tu m'aurais mieux traité. Bien insensé celui qui près des belles Perd en soupirs de précieux instants ! Tous les chagrins sont pour les cœurs fidèles ; Tous les plaisirs sont pour les inconstants.

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    Dieu vous bénisse Quand je vous dis, Dieu vous bénisse ! Je n'entends pas le créateur, Dont la main féconde et propice Vous donna tout pour mon bonheur ; Encor moins le dieu d'hyménée, Dont l'eau bénite infortunée Change le plaisir en devoir : S'il fait des heureux, l'on peut dire Qu'ils ne sont pas sous son empire, Et qu'il les fait sans le savoir. Mais j'entends ce dieu du bel âge, Qui sans vous serait à Paphos. Or apprenez en peu de mots Comme il bénit, ce dieu volage. Le Désir, dont l'air éveillé Annonce assez l'impatience, Lui présente un bouquet mouillé Dans la fontaine de Jouvence ; Les yeux s'humectent de langueur, Le rouge monte au front des belles, Et l'eau bénite avec douceur Tombe dans l'âme des fidèles. Soyez dévote à ce dieu-là, Vous, qui nous prouvez sa puissance. Eternuez en assurance ; Le tendre Amour vous bénira.

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    Du plus malheureux des amants Du plus malheureux des amants Elle avait essuyé les larmes, Sur la foi des nouveaux serments Ma tendresse était sans alarmes ; J'en ai cru son dernier baiser ; Mon aveuglement fut extrême. Qu'il est facile d'abuser L'amant qui s'abuse lui-même ! Des yeux timides et baissés, Une voix naïve et qui touche, Des bras autour du cou passés, Un baiser donné sur la bouche, Tout cela n'est point de l'amour. J'y fus trompé jusqu'à ce jour. Je divinisais les faiblesses ; Et ma sotte crédulité N'osait des plus folles promesses Soupçonner la sincérité ; Je croyais surtout aux caresses. Hélas ! en perdant mon erreur, Je perds le charme de la vie. J'ai partout cherché la candeur, Partout j'ai vu la perfidie. Le dégoût a flétri mon cœur. Je renonce au plaisir trompeur, Je renonce à mon infidèle ; Et, dans ma tristesse mortelle, Je me repens de mon bonheur.

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    L'absence Huit jours sont écoulés depuis que dans ces plaines Un devoir importun a retenu mes pas. Croyez à ma douleur, mais ne l'éprouvez pas. Puissiez-vous de l'amour ne point sentir les peines ! Le bonheur m'environne en ce riant séjour. De mes jeunes amis la bruyante allégresse Ne peut un seul moment distraire ma tristesse ; Et mon cœur aux plaisirs est fermé sans retour. Mêlant à leur gaîté ma voix plaintive et tendre, Je demande à la nuit, je redemande au jour Cet objet adoré qui ne peut plus m'entendre. Loin de vous autrefois je supportais l'ennui ; L'espoir me consolait : mon amour aujourd'hui Ne sait plus endurer les plus courtes absences ; Tout ce qui n'est pas vous me devient odieux. Ah ! vous m'avez ôté toutes mes jouissances ; J'ai perdu tous les goûts qui me rendaient heureux. Vous seule me restez, ô mon Éléonore ! Mais vous me suffirez, j'en atteste les dieux ; Et je n'ai rien perdu, si vous m'aimez encore.

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    Le baiser Ah ! Justine, qu'avez-vous fait ? Quel nouveau trouble et quelle ivresse ! Quoi ! cette extase enchanteresse D'un simple baiser est l'effet ! Le baiser de celui qu'on aime A son attrait et sa douceur ; Mais le prélude du bonheur Peut-il être le bonheur même ? Oui, sans doute, ce baiser là Est le premier, belle Justine ; Sa puissance est toujours divine, Et votre cœur s'en souviendra. Votre ami murmure et s'étonne Qu'il ait sur lui moins de pouvoir : Mais il jouit de ce qu'il donne ; C'est beaucoup plus que recevoir.

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    Le bouquet de l'amour Dans ce moment les politesses, Les souhaits vingt fois répétés, Et les ennuyeuses caresses, Pleuvent sans doute à tes côtés. Après ces compliments sans nombre, L'amour fidèle aura son tour : Car dès qu'il verra la nuit sombre Remplacer la clarté du jour, Il s'en ira, sans autre escorte Que le plaisir tendre et discret, Frappant doucement à ta porte, T'offrir ses vœux et son bouquet. Quand l'âge aura blanchi ma tête, Réduit tristement à glaner, J'irai te souhaiter ta fête, Ne pouvant plus te la donner.

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    Le refroidissement Ils ne sont plus ces jours délicieux, Où mon amour respectueux et tendre À votre cœur savait se faire entendre, Où vous m'aimiez, où nous étions heureux. Vous adorer, vous le dire, et vous plaire, Sur vos désirs régler tous mes désirs, C'était mon sort ; j'y bornais mes plaisirs. Aimé de vous, quels vœux pouvais-je faire ? Tout est changé : quand je suis près de vous, Triste et sans voix, vous n'avez rien à dire ; Si quelquefois je tombe à vos genoux, Vous m'arrêtez avec un froid sourire, Et dans vos yeux s'allume le courroux. Il fut un temps, vous l'oubliez peut-être ? Où j'y trouvais cette molle langueur, Ce tendre feu que le désir fait naître, Et qui survit au moment du bonheur. Tout est changé, tout, excepté mon cœur !

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    Le songe Le sommeil a touché ses yeux ; Sous des pavots délicieux Ils se ferment, et son cœur veille, À l'erreur ses sens sont livrés. Sur son visage, par degrés, La rose devient plus vermeille ; Sa main semble éloigner quelqu'un ; Sur le duvet elle s'agite ; Son sein impatient palpite, Et repousse un voile importun. Enfin, plus calme et plus paisible, Elle retombe mollement ; Et de sa bouche lentement S'échappe un murmure insensible. Ce murmure plein de douceur Ressemble au souffle de Zéphyre, Quand il passe de fleur en fleur ; C'est la volupté qui soupire ; Oui, ce sont les gémissements D'une vierge de quatorze ans, Qui, dans un songe involontaire, Voit une bouche téméraire Effleurer ses appas naissants, Et qui dans ses bras caressants, Presse un époux imaginaire. Le sommeil doit être charmant, Justine, avec un tel mensonge ; Mais plus heureux encor l'amant Qui peut causer un pareil songe !

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    Le songe (I) Corrigé par tes beaux discours J'avais résolu d'être sage, Et dans un accès de courage Je congédiais les amours Et les chimères du bel âge. La nuit vint ; un profond sommeil Ferma mes paupières tranquilles ; Tous mes songes étaient faciles ; Je ne craignais point le réveil. Mais quand l'aurore impatiente, Blanchissant l'ombre de la nuit, À la nature renaissante Annonça le jour qui la suit : L'amour vint s'offrir à ma vue ; Le sourire le plus charmant Errait sur sa bouche ingénue ; Je le reconnus aisément. Il s'approcha de mon oreille. Tu dors, me dit-il doucement, Et tandis que ton cœur sommeille, L'heure s'écoule incessamment. Ici bas tout se renouvelle, L'homme seul vieillit sans retour ; Son existence n'est qu'un jour Suivi d'une nuit éternelle, Mais encor trop long sans amour. À ces mots j'ouvris la paupière ; Adieu sagesse, adieu projets ; Revenez, enfants de Cythère, Je suis plus faible que jamais.

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    Les adieux Séjour triste, asile champêtre, Qu'un charme embellit à mes yeux, Je vous fuis, pour jamais peut-être ! Recevez mes derniers adieux. En vous quittant, mon cœur soupire. Ah ! plus de chansons, plus d'amours. Eléonore !... Oui, pour toujours Près de toi je suspends ma lyre.

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    Les regrets Justine est seule et gémissante, Et mes yeux avec intérêt La suivent dans ce lieu secret Où sa chute fut si touchante. D'abord son tranquille chagrin Garde un morne et profond silence : Mais des pleurs s'échappent enfin, Et coulent avec abondance De son visage sur son sein ; Et ce sein formé par les Grâces, Dont le voluptueux satin Du baiser conserve les traces, Palpite encore pour Valsin. Dans sa douleur elle contemple Ce réduit ignoré du jour, Cette alcôve, qui fut un temple, Et redit : Voilà donc l'Amour !

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    Ma mort De mes pensers confidente chérie, Toi, dont les chants faciles et flatteurs Viennent parfois suspendre les douleurs Dont les Amours ont parsemé ma vie, Lyre fidèle, où mes doigts paresseux Trouvent sans art des sons mélodieux, Prends aujourd'hui ta voix la plus touchante, Et parle-moi de ma maîtresse absente. Objet chéri, pourvu que dans tes bras De mes accords j'amuse ton oreille, Et qu'animé par le jus de la treille, En les chantant, je baise tes appas ; Si tes regards, dans un tendre délire, Sur ton ami tombent languissamment ; À mes accents si tu daignes sourire ; Si tu fais plus, et si mon humble lyre Sur tes genoux repose mollement ; Qu'importe à moi le reste de la terre ? Des beaux esprits qu'importe la rumeur, Et du public la sentence sévère ? Je suis amant, et ne suis point auteur. Je ne veux point d'une gloire pénible ; Trop de clarté fait peur au doux plaisir. Je ne suis rien, et ma muse paisible Brave en riant son siècle et l'avenir. Je n'irai pas sacrifier ma vie Au fol espoir de vivre après ma mort. Ô ma maîtresse ! un jour l'arrêt du sort Viendra fermer ma paupière affaiblie. Lorsque tes bras, entourant ton ami, Soulageront sa tête languissante, Et que ses yeux soulevés à demi Seront remplis d'une flamme mourante ; Lorsque mes doigts tâcheront d'essuyer Tes yeux fixés sur ma paisible couche, Et que mon cœur, s'échappant sur ma bouche De tes baisers recevra le dernier ; Je ne veux point qu'une pompe indiscrète Vienne trahir ma douce obscurité, Ni qu'un airain à grand bruit agité Annonce à tous le convoi qui s'apprête. Dans mon asile, heureux et méconnu, Indifférent au reste de la terre, De mes plaisirs je lui fais un mystère : Je veux mourir comme j'aurai vécu.

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    Palinodie Jadis, trahi par ma maîtresse, J'osais calomnier l'Amour ; J'ai dit qu'à ses plaisirs d'un jour Succède un siècle de tristesse. Alors, dans un accès d'humeur, Je voulus prêcher l'inconstance. J'étais démenti par mon cœur ; L'esprit seul a commis l'offense. Une amante m'avait quitté ; Ma douleur s'en prit aux amantes. Pour consoler ma vanité, Je les crus toutes inconstantes. Le dépit m'avait égaré. Loin de moi le plus grand des crimes, Celui de noircir par mes rimes Un sexe toujours adoré, Que l'amour a fait notre maître, Qui seul peut donner le bonheur, Qui sans notre exemple peut-être N'aurait jamais été trompeur. Malheur à toi, lyre fidèle, Où j'ai modulé tous mes airs, Si jamais un seul de mes vers Avait offensé quelque belle ! Sexe léger, sexe charmant, Vos défauts sont votre parure. Remerciez bien la nature, Qui vous ébaucha seulement. Sa main bizarre et favorable Vous orne mieux que tous vos soins ; Et vous plairiez peut-être moins, Si vous étiez toujours aimable.

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    Projet de solitude Fuyons ces tristes lieux, ô maîtresse adorée ! Nous perdons en espoir la moitié de nos jours, Et la crainte importune y trouble nos amours. Non loin de ce rivage est une île ignorée, Interdite aux vaisseaux, et d'écueils entourée. Un zéphyr éternel y rafraîchit les airs. Libre et nouvelle encor, la prodigue nature Embellit de ses dons ce point de l'univers : Des ruisseaux argentés roulent sur la verdure, Et vont en serpentant se perdre au sein des mers ; Une main favorable y reproduit sans cesse L'ananas parfumé des plus douces odeurs ; Et l'oranger touffu courbé sous sa richesse, Se couvre en même temps et de fruits et de fleurs. Que nous faut-il de plus ? cette île fortunée Semble par la nature aux amants destinée. L'océan la resserre, et deux fois en un jour De cet asile étroit on achève le tour. Là je ne craindrai plus un père inexorable. C'est là qu'en liberté tu pourras être aimable, Et couronner l'amant qui t'a donné son cœur. Vous coulerez alors, mes paisibles journées, Par les nœuds du plaisir l'une et l'autre enchaînées : Laissez moi peu de gloire et beaucoup de bonheur. Viens ; la nuit est obscure et le ciel sans nuage ; D'un éternel adieu saluons ce rivage, Où par toi seule encore mes pas sont retenus. Je vois à l'horizon l'étoile de Vénus : Vénus dirigera notre course incertaine. Éole exprès pour nous vient d'enchaîner les vents ; Sur les flots aplanis Zéphyre souffle à peine ; Viens ; l'Amour jusqu'au port conduira deux amants.

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    Raccommodement Nous renaissons, ma chère Éléonore ; Car c'est mourir que de cesser d'aimer. Puisse le nœud qui vient de se former Avec le temps se resserrer encore ! Devions-nous croire à ce bruit imposteur Qui nous peignit l'un à l'autre infidèle ? Notre imprudence a fait notre malheur. Je te revois plus constante et plus belle. Règne sur moi ; mais règne pour toujours. Jouis en paix de l'heureux don de plaire. Que notre vie, obscure et solitaire, Coule en secret sous l'aile des Amours ; Comme un ruisseau qui, murmurant à peine, Et dans son lit resserrant tous ses flots, Cherche avec soin l'ombre des arbrisseaux, Et n'ose pas se montrer dans la plaine. Du vrai bonheur les sentiers peu connus Nous cacheront aux regards de l'envie ; Et l'on dira, quand nous ne serons plus, Ils ont aimé, voilà toute leur vie.

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    T'aimer est le bonheur suprême Oui, j'en atteste la nuit sombre Confidente de nos plaisirs, Et qui verra toujours son ombre Disparaître avant mes désirs ; J'atteste l'étoile amoureuse Qui pour voler au rendez-vous Me prête sa clarté douteuse ; Je prends à témoin ce verrou Qui souvent réveilla ta mère, Et cette parure étrangère Qui trompe les regards jaloux ; Enfin, j'en jure par toi-même, Je veux dire par tous mes Dieux, T'aimer est le bonheur suprême, Il n'en est point d'autre à mes yeux. Viens donc, ô ma belle maîtresse, Perdre tes soupçons dans mes bras. Viens t'assurer de ma tendresse, Et du pouvoir de tes appas. Cherchons des voluptés nouvelles ; Inventons de plus doux désirs ; L'amour cachera sous ses ailes Notre fureur et nos plaisirs. Aimons, ma chère Éléonore : Aimons au moment du réveil ; Aimons au lever de l'aurore ; Aimons au coucher du soleil ; Durant la nuit aimons encore.

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    T'en souviens-tu, mon aimable maîtresse T'en souviens-tu, mon aimable maîtresse, De cette nuit où nos brûlants désirs Et de nos goûts la libertine adresse À chaque instant variaient nos plaisirs ? De ces plaisirs le docile théâtre Favorisait nos rapides élans ; Mais tout-à-coup les suppôts chancelants Furent brisés dans ce combat folâtre, Et succombant à nos tendres ébats, Sur le parquet tombèrent en éclats. Des voluptés tu passas à la crainte ; L'étonnement fit palpiter soudain Ton faible cœur pressé contre le mien ; Tu murmurais, je riais de ta plainte ; Je savais trop que le Dieu des Amants Sur nos plaisirs veillait dans ces moments. Il vit tes pleurs ; Morphée, à sa prière, Du vieil Argus que réveillaient nos jeux Ferma bientôt et l'oreille et les yeux, Et de son aile enveloppa ta mère. L'aurore vint, plutôt qu'à l'ordinaire, De nos baisers interrompre le cours ; Elle chassa les timides amours ; Mais ton souris, peut-être involontaire, Leur accorda le rendez-vous du soir. Ah ! si les dieux me laissaient le pouvoir De dispenser la nuit et la lumière, Du jour naissant la jeune avant-courrière Viendrait bien tard annoncer le soleil ; Et celui-ci, dans sa course légère, Ne ferait voir au haut de l'hémisphère Qu'une heure ou deux son visage vermeil. L'ombre des nuits durerait davantage, Et les Amants auraient plus de loisir. De mes instants l'agréable partage Serait toujours au profit des plaisirs. Dans un accord réglé par la sagesse, Au doux sommeil j'en donnerais un quart ; Le Dieu du vin aurait semblable part ; Et la moitié serait pour ma maîtresse.

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    À mes amis Rions, chantons, ô mes amis, Occupons-nous à ne rien faire, Laissons murmurer le vulgaire, Le plaisir est toujours permis. Que notre existence légère S'évanouisse dans les jeux. Vivons pour nous, soyons heureux, N'importe de quelle manière. Un jour il faudra nous courber Sous la main du temps qui nous presse ; Mais jouissons dans la jeunesse, Et dérobons à la vieillesse Tout ce qu'on peut lui dérober.

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    À un ami trahi par sa maîtresse Quoi ! tu gémis d'une inconstance ? Tu pleures, nouveau Céladon ? Ah ! le trouble de ta raison Fait honte à ton expérience. Es-tu donc assez imprudent Pour vouloir fixer une femme ? Trop simple et trop crédule amant, Quelle erreur aveugle ton âme ! Plus aisément tu fixerais Des arbres le tremblant feuillage, Les flots agités par l'orage, Et l'or ondoyant des guérets Que balance un zéphyr volage. Elle t'aimait de bonne foi ; Mais pouvait-elle aimer sans cesse ? Un rival obtient sa tendresse ; Un autre l'avait avant toi ; Et dès demain, je le parie, Un troisième, plus insensé, Remplacera dans sa folie L'imprudent qui t'a remplacé. Il faut au pays de Cythère À fripon fripon et demi. Trahis, pour n'être point trahi ; Préviens même la plus légère ; Que ta tendresse passagère S'arrête où commence l'ennui. Mais que fais-je ? et dans ta faiblesse Devrais-je ainsi te secourir ? Ami, garde-toi d'en guérir : L'erreur sied bien à la jeunesse. Va, l'on se console aisément De ses disgrâces amoureuses. Les amours sont un jeu d'enfant ; Et, crois-moi, dans ce jeu charmant, Les dupes mêmes sont heureuses.

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    À un homme bienfaisant Cesse de chercher sur la terre Des cœurs sensibles aux bienfaits ; L'homme ne pardonne jamais Le bien que l'on ose lui faire. N'importe, ne te lasse pas ; Ne suis la vertu que pour elle ; L'humanité serait moins belle, Si l'on ne trouvait point d'ingrats.

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    Evariste de Parny

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    À Éléonore (III) Ah ! si jamais on aima sur la terre, Si d'un mortel on vit les dieux jaloux, C'est dans le temps où, crédule et sincère, J'étais heureux, et l'étais avec vous. Ce doux lien n'avait point de modèle : Moins tendrement le frère aime sa sœur, Le jeune époux son épouse nouvelle, L'ami sensible un ami de son cœur. Ô toi, qui fus ma maîtresse fidèle, Tu ne l'es plus ! Voilà donc ces amours Que ta promesse éternisait d'avance ! Ils sont passés ; déjà ton inconstance En tristes nuits a changé mes beaux jours. N'est-ce pas moi de qui l'heureuse adresse Aux voluptés instruisit ta jeunesse ? Pour le donner, ton cœur est-il à toi ? De ses soupirs le premier fut pour moi, Et je reçus ta première promesse. Tu me disais : « Le devoir et l'honneur Ne veulent point que je sois votre amante. N'espérez rien ; si je donnais mon cœur, Vous tromperiez ma jeunesse imprudente On me l'a dit, votre sexe est trompeur. » Ainsi parlait ta sagesse craintive ; Et cependant tu ne me fuyais pas ; Et cependant une rougeur plus vive Embellissait tes modestes appas ; Et cependant tu prononçais sans cesse Le mot d'amour qui causait ton effroi ; Et dans ma main la tienne avec mollesse Venait tomber pour demander ma foi. Je la donnais, je te la donne encore. J'en fais serment au seul dieu que j'adore, Au dieu chéri par toi-même adoré ; De tes erreurs j'ai causé la première ; De mes erreurs tu seras la dernière. Et si jamais ton amant égaré Pouvait changer, s'il voyait sur la terre D'autre bonheur que celui de te plaire, Ah ! puisse alors le ciel, pour me punir, De tes faveurs m'ôter le souvenir ! Bientôt après, dans ta paisible couche Par le plaisir conduit furtivement, J'ai malgré toi recueilli de ta bouche Ce premier cri si doux pour un amant ! Tu combattais, timide Eléonore ; Mais le combat fut bientôt terminé : Ton cœur ainsi te l'avait ordonné. Ta main pourtant me refusait encore Ce que ton cœur m'avait déjà donné. Tu sais alors combien je fus coupable ! Tu sais comment j'étonnai ta pudeur ! Avec quels soins au terme du bonheur Je conduisis ton ignorance aimable ! Tu souriais, tu pleurais à la fois ; Tu m'arrêtais dans mon impatience ; Tu me nommais, tu gardais le silence : Dans les baisers mourut ta faible voix. Rappelle-toi nos heureuses folies. Tu médisais en tombant dans mes bras : Aimons toujours, aimons jusqu'au trépas. Tu le disais ! je t'aime, et tu m'oublies.

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