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Fénelon

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François de Salignac de La Mothe-Fénelon, dit couramment Fénelon, surnommé « le Cygne de Cambrai », est un homme d'Église, théologien, pédagogue et écrivain français, né le 6 août 1651 au château de Fénelon à Sainte-Mondane (Quercy, aujourd'hui la Dordogne) et mort le 7 janvier 1715 à Cambrai. Précepteur du duc de Bourgogne — petit-fils de Louis XIV —, archevêque de Cambrai (1695-1715), il s'opposa à Bossuet et tomba en disgrâce lors de la querelle du quiétisme, et surtout, après la publication de son roman, Les Aventures de Télémaque (1699), considéré comme une critique de la politique de Louis XIV et dont l'influence littéraire fut considérable pendant plus de deux siècles. Fénelon a également écrit plusieurs autres ouvrages concernant la pédagogie ou bien didactiques (Traité de l'éducation des filles, Recueil des fables, Dialogues des morts, notamment).

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Poésies

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    L'abeille et la mouche Un jour une abeille aperçut une mouche auprès de sa ruche. « Que viens-tu faire ici ? lui dit-elle d’un ton furieux. Vraiment, c’est bien à toi, vil animal, à te mêler avec les reines de l’air! — Tu as raison, répondit froidement la mouche, on a toujours tort de s’approcher d’une nation aussi fougueuse que la vôtre. — Rien n’est plus sage que nous, dit l’abeille ; nous seules avons des lois et une république bien policée ; nous ne cueillons que des fleurs odoriférantes ; nous ne faisons que du miel délicieux, qui égale le nectar. Ôte-toi de ma présence, vilaine mouche importune, qui ne fait que bourdonner et chercher ta vie sur les ordures. — Nous vivons comme nous pouvons, répondit la mouche ; la pauvreté n’est pas un vice, mais la colère en est un grand. Vous faites du miel qui est doux, mais votre cœur est toujours amer : vous êtes sages dans vos lois, mais emportées dans votre conduite. Votre colère, qui pique vos ennemis, vous donne la mort, et votre folle cruauté vous fait plus de mal qu’à personne. Il vaut mieux avoir des qualités moins écrasantes, avec plus de modération. »

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    Le chat et les lapins Un chat, qui faisait le modeste, était entré dans une garenne peuplée de lapins. Aussitôt toute la république alarmée ne songea qu’à s’enfoncer dans ses trous. Comme le nouveau venu était au guet auprès d’un terrier, les députés de la nation lapine, qui avaient vu ses terribles griffes, comparurent dans l’endroit le plus étroit de l’entrée du terrier, pour lui demander ce qu’il prétendait. Il protesta d’une voix douce qu’il voulait seulement étudier les mœurs de la nation, qu’en qualité de philosophe il allait dans tous les pays pour s’informer des coutumes de chaque espèce d’animaux. Les députés, simples et crédules, retournèrent dire à leurs frères que cet étranger, si vénérable par son maintien modeste et par sa majestueuse fourrure, était un philosophe, sobre, désintéressé, pacifique, qui voulait seulement rechercher la sagesse de pays en pays, qu’il venait de beaucoup d’autres lieux où il avait vu de grandes merveilles, qu’il y aurait bien du plaisir à l’entendre, et qu’il n’avait garde de croquer les lapins, puisqu’il croyait en bon Bramin la métempsycose, et ne mangeait d’aucun aliment qui eût eu vie. Ce beau discours toucha l’assemblée. En vain un vieux lapin rusé, qui était le docteur de la troupe, représenta combien ce grave philosophe lui était suspect : malgré lui on va saluer le Bramin, qui étrangla du premier salut sept ou huit de ces pauvres gens. Les autres regaignent leurs trous, bien effrayés et bien honteux de leur faute. Alors dom Mitis revint à l’entrée du terrier, protestant, d’un ton plein de cordialité, qu’il n’avait fait ce meurtre que malgré lui, pour son pressant besoin, que désormais il vivrait d’autres animaux et ferait avec eux une alliance éternelle. Aussitôt les lapins entrent en négociation avec lui, sans se mettre néanmoins à la portée de sa griffe. La négociation dure, on l’amuse. Cependant un lapin des plus agiles sort par les derrières du terrier, et va avertir un berger voisin, qui aimait à prendre dans un lacs de ces lapins nourris de genièvre. Le berger, irrité contre ce chat exterminateur d’un peuple si utile, accourt au terrier avec un arc et des flèches. Il aperçoit le chat qui n’était attentif qu’à sa proie. Il le perce d’une de ses flèches, et le chat expirant dit ces dernières paroles : « Quand on a une fois trompé, on ne peut plus être cru de personne ; on est haï, craint, détesté, et on est enfin attrapé par ses propres finesses. »

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    Le lièvre qui fait le brave Un Lièvre, qui était honteux d’être poltron, cherchait quelque occasion de s’aguerrir. Il allait quelquefois par un trou d’une haie dans les choux du jardin d’un paysan, pour s’accoutumer au bruit du village. Souvent même il passait assez près de quelques mâtins, qui se contentaient d’aboyer après lui. Au retour de ces grandes expéditions, il se croyait plus redoutable qu’Alcide après tous ses travaux. On dit même qu’il ne rentrait dans son gîte qu’avec des feuilles de laurier, et faisait l’ovation. Il vantait ses prouesses à ses compères les Lièvres voisins. Il représentait les dangers qu’il avait courus, les alarmes qu’il avait données aux ennemis, les ruses de guerre qu’il avait faites en expérimenté capitaine, et surtout son intrépidité héroïque. Chaque matin, il remerciait Mars et Bellone de lui avoir donné des talents et un courage pour dompter toutes les nations à longues oreilles. Jean Lapin, discourant un jour avec lui, lui dit d’un ton moqueur : « Mon ami, je te voudrais voir avec cette belle fierté au milieu d’une meute de chiens courants. Hercule fuirait bien vite, et ferait une laide contenance. — Moi, répondit notre preux chevalier, je ne reculerais pas quand toute la gent chienne viendrait m’attaquer. » À peine eût-il parlé, qu’il entendit un petit tournebroche d’un fermier voisin, qui glapissait dans les buissons assez loin de lui. Aussitôt il tremble, il frissonne. il a la fièvre, ses yeux se troublent, comme ceux de Paris quand il vit Ménélas qui venait ardemment contre lui. Il se précipite d’un rocher escarpé dans une profonde vallée, où il pensa se noyer dans un ruisseau. Jean Lapin, le voyant faire le saut, s’écria de son terrier : « Le voilà, ce foudre de guerre! Le voilà, cet Hercule qui doit purger la terre de tous les monstres dont elle est pleine ! »

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