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Gaston Couté

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Poésies

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    Gaston Couté

    @gastonCoute

    La dernière bouteille Les gas ! apportez la darniér’ bouteille Qui nous rest’ du vin que j’faisions dans l’temps, Varsez à grands flots la liqueur varmeille Pour fêter ensembl’ mes quat’er vingts ans… Du vin coumm’ c’ti-là, on n’en voit pus guère, Les vign’s d’aujord’hui dounn’nt que du varjus, Approchez, les gas, remplissez mon verre, J’ai coumm’ dans l’idé’ que j’en r’boirai pus ! Ah ! j’en r’boirai pus ! c’est ben triste à dire Pour un vieux pésan qu’a tant vu coumm’ moué Le vin des vendang’s, en un clair sourire Pisser du perssoué coumme l’ieau du touet ; On aura bieau dire, on aura bieau faire, Faura pus d’un jour pour rempli’ nos fûts De ce sang des vign’s qui’rougit mon verre. J’ai coumm’ dans l’idé’ que j’en r’boirai pus ! A pesant, cheu nous, tout l’mond’ gueul’ misère, On va-t-à la ville où l’on crév’ la faim, On vend poure ren le bien d’son grand-père Et l’on brûl’ ses vign’s qui n’amén’nt pus d’vin ; A l’av’nir le vin, le vrai jus d’la treille Ça s’ra pour c’ti-là qu’aura des écus, Moué que j’viens d’vider nout’ dargnier’ bouteille J’ai coumm’ dans l’idé’ que j’en r’boirai pus.

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    Les bohémiens Les Bohémiens, les mauvais gas Se sont am’nés dans leu’ roulotte Qui geint d’vieillesse et qui cahotte A la queu’ d’un ch’val qui n’ va pas ; Et, pour fair’ bouilli’ leu’ popote, Nos biens ont subi leu’s dégâts. Ah ! mes bonn’s gens ! J’ai ben grand’peine ! Ces gueux d’ Bohémiens m’ont volé : Un tas d’ bourré’s dans mon bois d’ chêne, Un baiscieau d’ gerb’s dans mon champ d’blé, Mais c’est pas tout ça qui m’ caus’ si grand’ peine ! … Au mitan de c’tte band’ de loups S’ trouvait eun’ garce si jolie Avec sa longu’ criniér’ fleurie Comme un bouquet de soucis roux ; Si joli’ que je vous défie D’en trouver eun’ pareill’ cheu nous. Ah ! mes bonn’s gens ! J’ai ben grand’peine ! Pasque ces Bohémiens d’ malheur Qu’ont pillé mon bois et ma plaine Ont encore emporté mon coeur. Et c’est surtout ça qui m’ caus’ si grand’peine ! Les Bohémiens, les mauvais gas, Sont repartis dans leu’ roulotte Qui geint d’ vieillesse et qui cahotte Au derriér’ d’un ch’val qui n’ va pas ; Et la bell’ qui fait leu’ popotte F’ra p’têt’ cuir’ mon coeur pour leu’ r’pas. Ah ! mes bonn’s gens ! J’ai ben grand’peine ! J’ veux qu’i’s m’ volent tout les Bohémiens Mais qu’i’s dis’nt à la Bohémienne Qu’à m’ rend’ mon coeur qu’i’ y’ appartient, Ou sans ça j’mourrai d’avoir si grand’ peine ! …

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    Les cailloux Lorsque nous passions sur le bord du fleuve Au temps où l’Amour murmurait pour nous Sa chanson si frêle encore et si neuve, Et si douce alors en les soirs si doux Sans songer à rien, trouvant ça très drôle, De la berge en fleurs où mourait le flot, Comme des gamins au sortir d’école, Nous jetions tous deux des cailloux dans l’eau. Mais j’ai vite appris le couplet qui pleure Dans la chanson douce en les soirs si doux Et connu le trouble angoissant de l’heure Quand tu ne vins plus à mes rendez-vous ; En vain vers ton cœur monta ma prière Que lui murmurait mon cœur en sanglots Car ton cœur était dur comme une pierre Comme les cailloux qu’on jetait à l’eau. Je suis revenu sur le bord du fleuve, Et la berge en fleurs qui nous vit tous deux Me voit seul, meurtri, plié sous l’épreuve, Gravir son chemin de croix douloureux. Et, me souvenant des clairs soirs de joie Où nos cailloux blancs roulaient dans le flot, Je songe que c’est ton cœur que je noie A chaque caillou que je jette à l’eau.

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    Dans vos yeux Dans vos yeux J’ai lu l’aveu de votre âme En caractères de flamme Et je m’en suis allé joyeux Bornant alors mon espace Au coin d’horizon qui passe Dans vos yeux. Dans vos yeux J’ai vu s’amasser l’ivresse Et d’une longue caresse J’ai clos vos grands cils soyeux. Mais cette ivresse fut brève Et s’envola comme un rêve De vos yeux. Dans vos yeux Profonds comme des abîmes J’ai souvent cherché des rimes Aux lacs bleus et spacieux Et comme en leurs eaux sereines J’ai souvent noyé mes peines Dans vos yeux. Dans vos yeux J’ai vu rouler bien des larmes Qui m’ont mis dans les alarmes Et m’ont rendu malheureux. J’ai vu la trace des songes Et tous vos petits mensonges Dans vos yeux. Dans vos yeux Je ne vois rien à cette heure Hors que l’Amour est un leurre Et qu’il n’est plus sous les cieux D’amante qui soit fidèle A sa promesse… éternelle Dans vos yeux.

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    Jour de lessive Je suis parti ce matin même, Encor soûl de la nuit mais pris Comme d’écœurement suprême, Crachant mes adieux à Paris… Et me voilà, ma bonne femme, Oui, foutu comme quatre sous… Mon linge est sale aussi mon âme… Me voilà chez nous ! Ma pauvre mère est en lessive… Maman, Maman, Maman, ton mauvais gâs arrive Au bon moment !… Voici ce linge où goutta maintes Et maintes fois un vin amer, Où des garces aux lèvres peintes Ont torché leurs bouches d’enfer… Et voici mon âme, plus grise Des mêmes souillures – hélas ! Que le plastron de ma chemise Gris, rose et lilas… Au fond du cuvier, où l’on sème, Parmi l’eau, la cendre du four, Que tout mon linge de bohème Repose durant tout un jour… Et qu’enfin mon âme, pareille A ce déballage attristant, Parmi ton âme – à bonne vieille ! Repose un instant… Tout comme le linge confie Sa honte à la douceur de l’eau, Quand je t’aurai conté ma vie Malheureuse d’affreux salaud, Ainsi qu’on rince à la fontaine Le linge au sortir du cuvier, Mère, arrose mon âme en peine D’un peu de pitié ! Et, lorsque tu viendras étendre Le linge d’iris parfumé, Tout blanc parmi la blancheur tendre De la haie où fleurit le Mai, Je veux voir mon âme, encor pure En dépit de son long sommeil Dans la douleur et dans l’ordure, Revivre au Soleil !…

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    La cigarette Aujourd’hui le temps est épouvantable : Il pleut et mon coeur s’embête à pleurer. J’ai pris, d’un paquet traînant sur ma table, Une cigarette au fin bout doré ; Et j’ai cru te voir en toilette claire Avec tous tes ors passés à tes doigts, Traînant par la vie, élégante et fière Sous les yeux charmés du monde et de moi. Ah ! la bonne cigarette Que j’ai fumée… Pourtant mon coeur la regrette, O bien-aimée ! Ah ! la bonne cigarette Que j’ai fumée… Pourtant mon coeur la regrette, O bien-aimée ! J’ai pris une braise au milieu des cendres Et je me suis mis alors à fumer En m’entortillant dans les bleus méandres De ma cigarette au goût parfumé ; Et j’ai cru sentir passer sur mes lèvres Un baiser pareil aux baisers brûlants De ta bouche en feu, par les nuits de fièvres Où je m’entortille entre tes bras blancs. J’ai jeté ce soir parmi la chaussée Cigarette morte au feu du tantôt ; Un petit voyou qui l’a ramassée Part en resuçant son maigre mégot ; Et, devant cela, maintenant je pense Que ton corps n’est pas à moi tout entier, Que ta chair connaît d’autres jouissances Et que je te prends comme un mégottier.

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    La paix Des gâteux qu’on dit immortels, Des louftingues en redingote L’adorent au pied des autels De leur ligue de patriotes : Des écrivassiers de mon cul En touchants mélos d’ambigu Ou romances pour maisons closes Nous chantent cette horrible chose : La Guerre ! Oui mais, si nous avions la guerre, Devant le feu, qui donc filerait comme un pet ? Voyons les cabots de la guerre, Foutez-nous la Paix ! . Notre faux n’abat plus moisson Sous nos marteaux plus rien ne vibre Et nos coeurs gardent la chanson Que lance au vent tout homme libre Car nos mains dociles ont pris Les divers outils de carnage Pour au même plus bas prix Même sale et stupide ouvrage Un sou par jour ! Ohé ! Sur tout le chantier de la guerre C’est pour un sou que l’on tuerait son frère Un sou par jour ! … En grève, en grève !… en grève et pour toujours.

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    La rose de l’absent Le beau chevalier était à la guerre… Le beau chevalier avait dit adieu A sa dame aimée, Anne de Beaucaire Aux yeux plus profonds que le grand ciel bleu. Le beau chevalier, à genoux près d’elle, Avait soupiré, lui baisant la main :  » Je suis tout à vous ! soyez-moi fidèle ; A bientôt !… je vais me mettre en chemin.  » Anne répondit avec un sourire :  » Toujours, sur le Christ ! je vous aimerai, Emportez mon coeur ! allez, mon beau sire, Il vous appartient tant que je vivrai.  » Alors, le vaillant, tendant à sa dame Une rose blanche en gage d’amour, S’en était allé près de l’oriflamme De son Suzerain, duc de Rocamour. Le beau chevalier était à la guerre… Anne, la perfide aux yeux de velours, Foulant son naÏf serment de naguère, Reniait celui qui l’aimait toujours ; Et, sa blanche main dans les boucles folles D’un page mignard, elle murmurait Doucement, tout bas, de tendres paroles A l’éphèbe blond qui s’abandonnait. Mais, soudain, voulant respirer la rose Du fier paladin oublié depuis, Elle eut peur et vit perler quelque chose De brillant avec des tons de rubis. Cela s’étendait en tache rougeâtre Sur la fleur soyeuse aux pétales blancs Comme ceux des lis et comme l’albâtre… La rose échappa de ses doigts tremblants ; La rose roula tristement par terre… Une voix alors sortit de son coeur ; Cette voix était la voix du mystère, La voix du reproche et de la douleur.  » Il est mort, méchante, il est mort en brave ! Et songeant à toi, le beau chevalier ; Son âme est au ciel, chez le bon Dieu grave Et doux, où jamais tu n’iras veiller ; Où tu n’iras pas, même une seconde, Car ta lèvre doit éternellement Souffrir et brûler, par dans l’autre monde, Au feu des baisers d’un démon méchant…  » Et la voix se tut sous le coup du charme, La fleur se flétrit, Anne, se baissant N’aperçut plus rien, plus rien qu’une larme Avec une goutte épaisse de sang.

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    Le petit qui pleura Un gosse qui n’a pas sept ans Chiale au sortir du vieux faubourg Où ça serti la peine et l’amour Et je m’arrête, là longtemps : Moi, dont le coeur saigne ce soir Tout rouge, en un silence atroce. Je m’arrête sur le trottoir A regarder chialer ce gosse… Refrain Pleure, pleure mon petit gâs Dis, pourquoi pleures-tu ? Pour rien ! Mais pleure : ça me fait du bien ! Pleure pour moi, qui ne peux pas !

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    Les oies inquiètes Les oies qui traînent dans le bourg Ainsi que des commères grasses Colportant les potins du jour, En troupeaux inquiets s’amassent. Un gros jars qui marche devant Allonge le cou dans la brume Et frissonne au souffle du vent De Noël qui gonfle ses plumes… Noël ! Noël ! Est-ce au ciel Neige folle Qui dégringole, Ou fin duvet d’oie Qui vole. Leur petit œil rond hébété A beau s’ouvrir sans trop comprendre Sur la très blanche immensité D’où le bon Noël va descendre, A la tournure du ciel froid, Aux allures des gens qui causent, Les oies sentent, pleines d’effroi, Qu’il doit se passer quelque chose. Les flocons pâles de Noël – Papillons de l’Hiver qui trône – Comme des présages cruels S’agitent devant leur bec jaune, Et, sous leur plume, un frisson court Qui, jusque dans leur chair se coule. L’heure n’est guère aux calembours, Mais les oies ont la chair de poule.

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    Les saisons Printemps Le printemps va bientôt naître. Les hirondelles Pour que l’azur s’en vienne égayer son berceau Fendent le crêpe du brouillard à grands coups Prestes et nets ainsi que des coups de ciseaux. Des rustres stupides et des corbeaux voraces Qui s’engraissaient parmi les horreurs de l’hiver En voyant les oiseaux d’espoir traverser l’air Se liguent aussitôt pour leur donner la chasse. Les hirondelles agonisent en des cages, Leur aile saigne sous la serre des corbeaux, Mais parmi l’azur qui crève enfin les nuages Voici l’Avril ! Voici le printemps jeune et beau. O gouvernants bourgeois à la poigne cruelle Emprisonnez les gens, faites en des martyrs, Tuez si ça vous plaît toutes les hirondelles, Vous n’empêcherez pas le printemps de venir. Eté Pour emblaver ces champs, quelques sas ont suffi Ils n’ont jeté que quelques poignées de semence Mais le miracle blond de l’Eté s’accomplit Cent faucheurs sont penchés sur la moisson immense. De chaque grain tombé dans la nuit du sillon Un bel épi s’est élancé vers la lumière Et nul ne peut, sous le vol bleu des faucillons Compter tous les épis de la récolte entière. O vous, plus isolés encor que les semeurs Qui sont passés dans la plaine au temps des emblaves, En la nuit des cerveaux et l’intensité des cœurs Jetez votre bon grain sur Je champ des Esclaves. Fiers semeurs de l’Ida, jetez votre bon grain. il dormira comme le blé dort dans la terre. Mais innombrable, aux beaux jours de l’Eté prochain, Votre moisson resplendira dans la lumière1 Automne Comme un monde qui meurt écrasé sous son Or, La Forêt automnale en son faste agonise Et ses feuilles, comme les pièces d’un trésor, S’amoncellent sous le râteau fou de la bise. Parmi la langueur des sous-bois, on sent flotter La même odeur de lente mort et de luxure Qui vous accable au cœur des trop riches cités : Tout l’Or de la Forêt s’exhale en pourriture ! Mais nous savons que de l’amas de ce fumier Doit fleurir, en l’élan de la sève prochaine, La gaieté des coucous, la grâce des aubiers, La douceur de la mousse et la beauté des chênes. Notre Société ressemble à la Forêt, Nous sommes en Novembre, et l’Automne est en elle. O fumier d’aujourd’hui ! plus ton lit est épais Plus l’Avril sera vert dans la Forêt nouvelle ! Hiver Tristes, mornes, muets, voûtés comme une échine De malheureux tâcherons , les vieux monts ont l’air D’un peuple d’ouvriers sur un chemin d’usine, Et leur long défilé semble entrer dans l’hiver. En un effeuillement lent de pétales sombres La neige tombe comme tombe la Douleur Et la Misère sur le dos des travailleurs. La neige tombe sur les monts. La neige tombe. Emprisonnant leur flanc, écrasant leur sommet, Sous un suaire dont la froideur s’accumule Encor ! Toujours ! plus fort ! la neige tombe. Mais Au simple bruit d’un pas heurtant le crépuscule, Les vieux monts impassibles travaillent soudain Et leur révolte gronde en avalanche blanche Qui renverse et qui brise tout sur son chemin… Sur notre monde un jour, quelle horrible avalanche !

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    L’aveu A ma dame. Ton âme avait alors la blancheur des grands lys Que berce la chanson des vents rasant la terre ; L’Amour était encor pour toi tout un mystère, Et la sainte candeur te drapait dans les plis De sa robe… Ce fut par les bois reverdis, A l’heure où dans le ciel perce la lune austère. Je te vis, je t’aimai, je ne pus te le taire Et tout naïvement alors je te le dis. Tu fixas sur mes yeux tes yeux de jeune vierge, Brillants de la clarté douce et pure d’un cierge, Ton front rougit… tu n’osas pas me repousser. Et l’aveu tremblotant, dans un soupir de fièvre, S’exhala de ton coeur pour errer sur ta lèvre, Où je le recueillis dans un premier baiser.

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    L’odeur du fumier C’est eun’ volé’ d’môssieux d’Paris Et d’ péquit’s dam’s en grand’s touélettes Qui me r’gard’nt curer l’écurie Et les « téts » ousque gît’nt les bêtes : Hein ?… de quoué qu’c’est, les villotiers, Vous faisez pouah ! en r’grichant l’nez Au-d’ssus d’la litière embernée?… Vous trouvez qu’i’ pu’, mon feumier? Ah ! bon guieu, oui, l’ sacré cochon ! J’en prends pus avec mes narines Qu’avec les deux dents d’ mon fourchon Par oùsque l’ jus i’ dégouline, – I’ pu’ franch’ment, les villotiers ! Mais vous comprendrez ben eun’ chouse, C’est qu’ i’ peut pas senti’ la rouse ! … C’est du feumier… i’ sent l’ feumier ! Pourtant, j’en laiss’ pas pard’e un brin, J’ râtle l’ pus p’tit fêtu qu’enrrouse La pus michant’ goutt’ de purin, Et j’ râcle à net la moind’er bouse ! – Ah ! dam itou, les villotiers, Malgré qu’on seye en pein’ d’avouer Un « bien » pas pus grand qu’un mouchouer, On n’en a jamais d’ trop d’ feumier ! C’est sous sa chaleur que l’ blé lève En hivar, dans les tarr’s gelives ; I’ dounn’ de la force à la sève En avri’, quand la pousse est vive ! Et quand ej’ fauch’ – les villotiers ! Au mois d’Août les épis pleins Qui tout’ l’anné’ m’ dounn’ront du pain, Je n’ trouv’ pas qu’i’ pu’, mon feumier ! C’est d’ l’ordur’ que tout vient à nait’e : Bieauté des chous’s, bounheur du monde, Ainsi qu’ s’étal’ su’ l’ fient d’mes bêtes La glorieus’té d’la mouésson blonde… Et vous, tenez, grous villotiers Qu’êt’s pus rich’s que tout la coummeune, Pour fair’ veni’ pareill’ forteune En a-t-y fallu du feumier ! !! Dam’ oui, l’ feumier des capitales Est ben pus gras que c’ti des champs : Ramas de honte et de scandales… Y a d’la boue et, des foués, du sang !… – Ah ! disez donc, les villotiers, Avec tous vos micmacs infâmes Ousque tremp’nt jusqu’aux culs d’vos femmes… I’ sent p’tét’ bon, vous, vout’ feumier?… Aussi, quand ej’ songe à tout ça En décrottant l’ dedans des « téts » J’ trouv’ que la baugé’ des verrats A ‘cor comme un goût d’ properté ! Et, croyez-moué, les villotiers, C’est pas la pein’ de fèr’ des magnes D’vant les tas d’feumier d’ la campagne : I’ pu’ moins que l’vout’… nout’ feumier !

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    L’école Les p’tiots matineux sont ’jà par les ch’mins Et, dans leu’ malett’ de grousse touél’ blue Qui danse et berlance en leu’ tapant l’cul, I’s portent des liv’s à coûté d’leu pain. L’matin est joli coumm’ trent’-six sourires, Le souleil est doux coumm’ les yeux des bêtes… La vie ouvre aux p’tiots son grand liv’ sans lett’es Oùsqu’on peut apprend’ sans la pein’ de lire : Ah ! les pauv’s ch’tiots liv’s que ceuss’ des malettes ! La mouésson est mûre et les blés sont blonds ; I’ s’ pench’nt vars la terr’ coumm’ les tâcherons . Qui les ont fait v’ni’ et les abattront : Ça sent la galette au fournil des riches Et, su’la rout’, pass’nt des tireux d’pieds d’biche. Les chiens d’ deux troupets qui vont aux pâtis, Les moutons itou et les mé’s barbis Fray’nt et s’ent’erlich’nt au long des brémailles Malgré qu’les bargers se soyin bouquis Un souér d’assemblé’, pour eune garçaille. Dans les ha’s d’aubier qu’en sont ros’s et blanches, Les moignieaux s’accoupl’nt, à tout bout de branches, Sans s’douter qu’les houmm’s se mari’nt d’vant l’maire, Et i’s s’égosill’nt à quérrier aux drôles L’Amour que l’on r’jitt’ des liv’s’de l’école Quasi coumme eun’ chous’ qui s’rait pas à faire. A l’oré’ du boués, i’ s’trouve eun’ grand crouéx, Mais les peupéiers sont pus grands dans l’boués. L’fosséyeux encave un mort sous eun’ pierre, On baptise au bourg : les cloches sont claires Et les vign’s pouss’ vart’s, sur l’ancien cim’tiére ! Ah ! Les pauv’s ch’tiots liv’s que ceuss’ des malettes ! Sont s’ment pas foutus d’vous entrer en tète Et, dans c’ti qu’est là, y a d’quoué s’empli l’coeur ! A s’en empli l’coeur, on d’vienrait des hoummes, Ou méchants ou bons – n’importe ben coumme! – Mais, vrais coumm’ la terre en friche ou en fleurs, L’souleil qui fait viv’e ou la foud’ qui tue. Et francs, aussi francs que la franch’ Nature, Les p’tiots ont marché d’leu’s p’tit’s patt’s, si ben Qu’au-d’ssus des lopins de seigle et d’luzarne, Gris’ coumme eun’ prison, haut’ coumme eun’ casarne L’Ecole est d’vant eux qui leu’ bouch’ le ch’min. L’mét’ d’école les fait mett’e en rangs d’ougnons Et vire à leu’têt’ coumme un général :  » En r’tenu’, là-bas !… c’ti qui pivott’ mal !… » Ça c’est pou’ l’cougner au méquier d’troufion. On rent’ dans la classe oùsqu’y a pus bon d’Guieu : On l’a remplacé par la République ! De d’ssus soun estrad’ le met’ leu-z-explique C’qu’on y a expliqué quand il ‘tait coumme eux. I’leu’ conte en bieau les tu’ri’s d’ l’Histouére, Et les p’tiots n’entend’nt que glouère et victouére : I’ dit que l’travail c’est la libarté, Que l’Peuple est souv’rain pisqu’i’ peut voter, Qu’les loués qu’instrument’nt nous bons députés Sont respectab’s et doiv’nt êt respectées, Qu’faut payer l’impôt…  » Môssieu, j’ai envie ! … – Non ! .., pasque ça vous arriv’ trop souvent ! » I veut démontrer par là aux enfants Qu’y a des régu’s pour tout, mêm’ pou’la vessie Et qu’i’ faut les suiv’déjà, dret l’école. I’pétrit à mêm’ les p’tits çarvell’s molles, I’rabat les fronts têtus d’eun’ calotte, I’ varse soun’ encr’ su’ les fraîch’s menottes Et, menteux, fouéreux, au sortu’ d’ses bancs Les p’tiots sont pus bons qu’â c’qu’i’ les attend: Ça f’ra des conscrits des jours de r’vision Traînant leu’ drapieau par tous les bordels, Des soldats à fout’e aux goul’s des canons Pour si peu qu’les grous ayin d’la querelle, Des bûcheux en grippe aux dents des machines, Des bons citoyens à jugeotte d’ouée : Pousseux d’bull’tins d’vote et cracheux d’impôts, Des cocus devant l’Eglise et la Loué Qui bav’ront aux lév’s des pauv’s gourgandines, Des hounnètes gens, des gens coumme i’faut Qui querv’ront, sarrant l’magot d’un bas d’laine, Sans vouer les étouel’s qui fleuriss’nt au ciel Et l’Avri’ en fleurs aux quat’ coins d’la plaine !… Li ! l’vieux met’ d’école, au fin bout d’ses jours Aura les ch’veux blancs d’un déclin d’âg’ pur ; I’ s’ra ensarré d’l’estime d’tout l’bourg Et touch’ra les rent’s du gouvernement… Le vieux maît’ d’écol’ ne sera pourtant Qu’un grand malfaiseux devant la Nature !..

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    L’épicier V’là trois ans qu’je m’sés marié Pasqu’i’ fallait ben qu’je m’marie : Faut eun’ femme à tout épicier Pour teni’ son fonds d’épic’rie ; J’en ai pris eun’ qu’avait quéq’ssous Mais vieille à pouvoir êt’ ma mère. Songeant qu’bouchett’ rose et z-yeux doux Val’nt moins qu’vieux bas plein, en affaire. Va chemineux, va, lidéra ! Suis ton coeur oùs qu’i t’mén’ra ! A c’t’heure, après la r’cett’ du jour Quand ej’ me couch’ comme m’incombe Auprès d’ma femm’ qu’a pus d’amour, Mon lit me fait l’effet d’eun’ tombe ; Et dir’ que j’me bute à chaqu’ pas Dans joli’ brune et belle blonde Mais ren qu’ de m’voir leu causer bas Ça pourrait fair’ clabauder l’monde. Va chemineux, va, lidéra ! Suis ton coeur oùs qu’i t’mén’ra ! Quant à c’tte vieill’ qui m’fait horreur, Pas possibl’ de m’séparer d’elle : C’est comme eun’ pierr’ que j’ai su l’coeur Et qui yempéch’ de bouger l’aile ; La fair’ cornette, en vérité F’rait ben mal aux yeux d’la « pratique » Et, si j’venions à nous quitter, Ça s’rait la mort de ma boutique. Va chemineux, va, lidéra ! Suis ton coeur oùs qu’i t’mén’ra !

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    Requiescat in pace Comme s’effeuille une rose L’amante dolente aux traits Ravagés par la chlorose Est morte au soir des regrets Et sur le bord de sa fosse Le vieux prêtre au dos cassé A glapi de sa voix fausse Requiescat in pace !… Et maintenant pauvre chère Elle git loin du soleil Sous le grand champ en jachère Où tout est paix et sommeil Défunts tous les jours d’ivresse Et les nuits de l’an passé Défunts comme ma maîtresse Requiescat in pace !… Plus n’ai la force de vivre Et par les tristes hivers Sertis de larmes de givre J’erre en sanglotant mes vers Dans le vent qui les emporte Mon pauvre coeur trépassé Dort sur celui de la morte Requiescat in pace !…

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    Sur le pressoir Sous les étoiles de septembre Notre cour a l’air d’une chambre Et le pressoir d’un lit ancien ; Grisé par l’odeur des vendanges Je suis pris d’un désir Né du souvenir des païens. Couchons ce soir Tous les deux, sur le pressoir ! Dis, faisons cette folie ?… Couchons ce soir Tous les deux sur le pressoir, Margot, Margot, ma jolie ! Parmi les grappes qui s’étalent Comme une jonchée de pétales, Ô ma bacchante ! roulons-nous. J’aurai l’étreinte rude et franche Et les tressauts de ta chair blanche Ecraseront les raisins doux. Sous les baisers et les morsures, Nos bouches et les grappes mûres Mêleront leur sang généreux ; Et le vin nouveau de l’Automne Ruissellera jusqu’en la tonne, D’autant plus qu’on s’aimera mieux ! Au petit jour, dans la cour close, Nous boirons la part de vin rose Oeuvrée de nuit par notre amour ; Et, dans ce cas, tu peux m’en croire, Nous aurons pleine tonne à boire Lorsque viendra le petit jour.

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    Gaston Couté

    @gastonCoute

    Un bon métier Pas ça, vieux gâs ! V’là qu’tu prends d’l’âge, Faudrait vouèr à vouèr à t’caser ; Tant qu’à faire, aut’ part qu’au village, Pasqu’au villag’ faut trop masser Pour gangner sa bouguer’ de vie ! Dis donc, ça n’te fait point envie ?… Si j’étais que d’toué, j’me mettrais Curé ! Tu f’rais tes class’s au séminaire Où qu’nout’ chât’tain, qu’est ben dévot, T’entertiendrait à ne rien n’faire ; Et tu briff’rais d’la tête d’vieau, Du poulet roûti tout’ la s’maine, En songeant qu’d’aucuns mang’nt à peine… Si j’étais que d’toué, j’me mettrais Curé ! Et pis, quand t’aurais la tonsure, Tu rabed’rais vouèr au pat’lin Où qu’l’existenc’ nous est si dure, Où qu’all’ t’s’rait agréable à plein… Tu fourr’rais du foin dans tes bottes, Avec les sous des vieill’s bigottes… Si j’étais que d’toué, j’me mettrais Curé ! Tu prêch’rais l’abstinence en chaire, Et tu f’rais maigr’ les venterdis… Tout’s les fois qu’la viand’ s’rait trop chère ; Tu confess’rais l’mond’ du pays Et, dans l’tas des fill’s brun’s ou blondes, Gn’en a pas mal qui sont girondes Si j’étais que d’toué, j’me mettrais Curé ! Tu s’rais queuqu’un dans la commune ; Monsieu l’Maire s’rait ben avec toué, Et j’profit’rais d’cette bonn’ fortune Pour am’ner un ch’min d’vant cheu moué… Dam, fais c’que tu veux, j’forc’ parsonne ! Mais v’là l’bon conseil que j’te dounne : si j’étais que d’toué, j’me mettrais Curé !

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