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Jean Cayrol

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Jean Cayrol, né le 6 juin 1910 à Bordeaux et mort le 10 février 2005 dans la même ville, est un écrivain (poète, romancier et essayiste), éditeur et résistant français.

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Poésies

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    Jean Cayrol

    @jeanCayrol

    Glissante glycine Glissante glycine tape à la fenêtre ; l’enfant lui fait signe quand ses murs vont naître. Puis, les grappes dissoutes, le feuillage vient ; le long de la route, la glycine est bien. Glycine rapide adieu les beaux murs les prisons se vident à son vieux murmure.

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    Jean Cayrol

    @jeanCayrol

    Moi je Notre amour est biscornu quand on a pris de l’âge. Je songe à ma jeunesse où je fus passager, je prenais au hasard des routes et m’engageais ; ma page s‘imprégnait de l’air salin des plages. J’arrachais à l’Espagne son frêle coquelicot. Derteano était mon restaurant choisi. J’entendais au-dedans un très ancien écho, je me croyais soudain proche d’une oasis. Ce n’était que ruelles, églises obscurcies. On buvait en parlant sur un comptoir en bois : Pasajes, San Juan, Saint-Sébastien et puis un rire épais et gras faisait la loi. Où êtes-vous charmeurs de toros andalous, les marchands de poisson frits, un dictateur à l’agonie ? Je n’avais dans les mains qu’un bizarre caillou. Un morceau de filet, un fromage piquant. Je m’arrangeais pour me croire un adulte, et, sur le ciel, j’ouvrais des yeux de pélican ; je n’avais sur ma langue que de brèves insultes. Espagne au vrai visage de poisson frais, je repartais, la mort dans l’âme, vers mon fortin où les sardines se mouraient ; c’était la fin et les bateaux de pêche suivaient chaque marée. Au loin, la mer et ses voix monotones, la guitare étonnée de se trouver si seule, je sombrais dans un sommeil d’épagneul, lorsque surgit brusquement mon automne, et l’hiver abattu par des fusils vengeurs. J’aimais ce vieux pays, l’approche de la nuit, et le chant de Lorca et ses doux vers songeurs. Ma mémoire endormie en hiver m’attendait. Adieu mon froid pays, tu ne vis qu’une fois ! Je suis d’une saison où les pinsons sont rois, où les amours ne se jouaient plus sur un coup de dés.

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    Jean Cayrol

    @jeanCayrol

    On est violent quand on est doux On est violent quand on est doux, le sourire à l'étouffée, je voudrais bien retrouver mon bagout et cette façon de prendre les mots pour des faits. Le tendre graffiti a disparu dans les bois, voici le temps où les armures ont laissé retomber leur épi dans le froid. Franco s'en va doucement dans ses décombres ; où trouver l'homme qui marche à côté de son ombre ? La mère-patrie pousse un landau sans enfant. Je parle de l'Espagne avec l'accent tonique, le Pardo demande pardon, et toute une famille dans un grand drame antique l'entoure comme autant de chardons sur une nuit de trente-six ans. Franco entouré d'une affection cardiaque ronge l'os de sa vie, les docteurs se promènent, une montre à la main. Les bandelettes de l'Histoire se défont dans la survie : « Madrid en coma politique »

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    Jean Cayrol

    @jeanCayrol

    Requiescat in pace La paix grasse dans le monde la paix ronflant dans la nuit, le va-et-vient de son monde la langue épaisse du vent. On la prend toute endormie ses cheveux luisent en plein ciel mais son épée est si frêle qu'elle frappe avec l'étui. Paix ronde comme la lune, monnaie de jour et de nuit, tu chavires d'une plume tes sanglots nous ont pâlis. Paix fainéante, mains si molles patience comme un fruit trop mûr qui portera ta blessure quand tu hausses les épaules ?

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