«Quatre jours après l'arrivée du roi, Bétisac fut donc convoqué devant le conseil royal, enfermé dans une pièce, puis questionné : «Bétisac, regardez et répondez des documents que vous voyez là.» On lui montra un nombre incalculable de lettres, de plaintes apportées à Béziers et remises au roi comme des supplications. Toutes relevaient le gouvernement complètement fou de Bétisac, des intimidations et des extorsions qu'il avait imposées aux gens. Toutes furent lues en sa présence, l'une après l'autre. A certaines, il répondit avec sagesse, se défendant bien, à d'autres, il disait ceci : «J'ignore de quoi nous parlons ; demandez aux sénéchaux de Beaucaire et de Carcassonne, ainsi qu'au chancelier de Berry.»

Chroniques - Tome 15, Les Affaires du duc de Berry (1388-1389)

"Le duc de Bourbon prit le chemin du retour après avoir fait ses adieux au roi, à la reine, aux hérauts et aux barons de Castille. Il fut escorté jusqu'à Logrogno puis entra en Navarre. Il fut le bienvenu partout où il se présenta : ce duc en effet avait la grâce d'être aimable, et de jouir d'une très bonne réputation. Le roi de Navarre le reçut avec solennité et ne lui montra rien du ressentiment ou de la haine qu'il pouvait avoir contre le roi de France, lequel l'avait privé du comté d'Evreux en Normandie. Il savait en effet que le roi actuel, le seigneur du duc de Bourbon et aussi son neveu, n'avait aucune responsabilité dans ce fait puisqu'il était trop jeune à l'époque. Le roi de Navarre lui rappela simplement cette affaire en le suppliant de bien vouloir en parler au roi de France, en son nom et de sa part ; il lui en saurait grand gré. Le duc de Bourbon l'assura de sa bonne volonté, prit congé de lui et, traversa tranquillement le royaume de Navarre".

Chroniques - Tome 13, Charles le Mauvais, roi de Navarre (1386-1388)

Le roi se taisait et les regardait méchamment car il haïssait férocement les habitants de Calais pour les dommages qu'ils lui avaient infligés au temps où il était en mer.
Les six bourgeois s'agenouillèrent humblement devant lui et lui dirent en joignant les mains : " Gentil seigneur et gentil roi, vous nous voyez devant vous, six bourgeois et marchands de la ville de Calais. Nous vous apportons les clefs de la ville et du château, nous vous les remettons pour que vous en fassiez votre plaisir ; nous nous mettons en votre volonté pour sauver le reste du peuple de Calais, veuillez avoir pitié de nous dans votre haute noblesse. " Sur la place, il n'y eut pas un écuyer, chevalier ou seigneur qui ne pleura de pitié devant les requêtes de ces hommes. Le roi les regarda très en colère car il avait le c?ur dur et envahi de courroux, il ne pouvait parler. Lorsqu'il put prononcer quelques mots, il ordonna que les bourgeois aient la tête coupée.

Chroniques Tome 2 (1342-1356) ; les bourgeois de Calais

Secrétaire de la reine Philippa de Hainaut à la cour d'Angleterre entre 1361 et 1369, chapelain de Beaumont, chanoine de Chimay, Jean Froissart se passionne pour l'histoire de son temps : soutenu par des mécènes (Robert de Namur, Guy de Châtillon), il entreprend d'écrire vers 1370 une Chronique de France, d Angleterre et des pays voisins, qui complète celle du chanoine liégeois Jean le Bel. Multipliant les voyages de documentation, il n'hésite pas à pousser ses recherches en Ecosse, en Belgique et en Hollande. Il écrit également un roman de chevalerie, Méliador, et des textes d'inspiration courtoise L'Espinette amoureuse, Le joli Buisson de Jonece.

Chroniques - Tome 3, Le Prince Noir (1356-1360)

L'espinette amoureuse

Ce texte est l'un des "dits" de Jean Froissart, le célèbre auteur des chroniques du XIVe siècle. Cette oeuvre enchâsse dans des vers narratifs des poèmes lyriques à forme fixe. Le récit se présente comme la suite de l'Espinette Amoureuse : dix ans après la fin malheureuse de son amour, le poète rêve que Vénus le conduit à nouveau vers le Buisson de Jeunesse, où il retrouve la dame qui l'avait autrefois repoussé. Les intérêts de ce joli texte sont multiples, puisqu'il se prête, bien sûr, à une et même plusieurs lectures allégoriques, et qu'il se caractérise par une utilisation très originale de la mythologie, mais également il est un écho très net de la réflexion des écrivains du XIVe siècle sur les différentes façons d'écrire : il n'est pas négligeable que l'historien Froissart, auteur par ailleurs du roman arthurien Méliador se soit essayé à la poésie — narrative aussi bien que lyrique. Plus simplement aussi il parle de l'amour, de la fuite du temps, de la peur de vieillir, de la nostalgie du passé, thèmes éternels et de tout temps générateurs de poésie. Et quand bien même on ne le lirait qu'au premier degré, on ferait avec lui un bien charmant voyage.

Le joli buisson de jeunesse

L'idée première de la disposition, c'est-à-dire l'invention du procédé qui consiste à reproduire dans leur teneur et leur succession les documents d'un échange épistolaire et à rapporter dans le détails les circonstances qui ont présidé à leur rédaction, n'appartient par à Froissart. On a indiqué depuis longtemps le modèle dont il s'inspire : le Voir Dit de Machaut, que l'on date de 1364-1365 et qui jouissait encore, à l'époque où écrivait notre auteur, du plein éclat de la nouveauté.

La prison amoureuse

Édition du manuscrit de Rome Reg. lat. 1972

Chroniques - Début du premier livre

Cela signifie qu'ils sont liés par la loi et la coutume pour labourer les champs de leurs maîtres, récolter le maïs, le rassembler dans des granges, et battre et vaincre le grain; Ils doivent également tondre et transporter à la maison le foin, couper et collecter du bois, et effectuer toutes sortes de tâches de ce genre.

Encore une fois, je suis entré dans ma forge pour travailler et forger quelque chose à partir du matériau noble du passé.

Ils [les Anglais] s'amusent tristement comme dans la coutume de leur pays. [Fr., Ils s'amusaïent tristement Selon la contume de Leur paye.]

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