Récits poétiques, contes fantastiques, pérégrinations oniriques autour de l'amour, la solitude, la famille et la mort : il émane de ces textes une atmosphère prenante, dérangeante. À la fois dépaysé et envoûté, le lecteur reste suspendu à la voix inoubliable de Jenny Erpenbeck.

« Extraordinaire et remarquable. Des phrases merveilleuses qui ne ressemblent à rien de ce que l'on a déjà lu. » Der Spiegel « Des nouvelles troublantes qui donnent à la jeune littérature allemande ses lettres de noblesse. » Die Zeit

Bagatelles

Dans une étrange société, régie par une discipline stricte et collective, une fillette cherche en vain un miroir. La société est un foyer pour enfants, la fillette veut s'assurer que le temps n'a pas de prise sur elle. Étrange décor, drôle de personnage : le récit de Jenny Erpenbeck, hanté par l'ombre d'une Allemagne hier encore " coupée " d'une partie de son Histoire, distille savamment un malaise auquel le lecteur se laisse prendre. " L'enfant sans âge ", elle, trouvera dans cette atmosphère étouffante les conditions idéales pour manifester son refus de grandir, opposant à la réalité du monde une résistance passive et opaque. Avec L'enfant sans âge, Jenny Erpenbeck s'est imposée en Allemagne comme une figure emblématique de cette nouvelle littérature d'outre-Rhin. Fable singulière et dérangeante, ce premier roman en est incontestablement une des manifestations les plus originales et remarquables.

L'Enfant Sans Age

Rien n'est plus agréable que de plonger les yeux ouverts. Plongez jusqu'à ce que les jambes chatoyantes de votre mère et de votre père qui viennent de revenir de la natation et qui pataugent maintenant pour le rivage dans les eaux peu profondes. Rien de plus amusant que de les chatouiller et d'entendre, étouffé par l'eau, comment ils hurlent parce qu'ils savent que cela rendra leur enfant heureux.

Maison. Quand il pleut, vous pouvez sentir les feuilles de la forêt et du sable. Tout est si petit et doux, le paysage entourant le lac, si gérable. Les feuilles et le sable sont si proches, c'est comme si vous le vouliez, si vous le vouliez, tirez-les sur votre tête. Et le lac s'allume toujours sur le rivage si doucement, léchant la main que vous y plongez comme un jeune chien, et l'eau est douce et peu profonde.

Tout avait continué à devenir moins, ils devaient laisser de plus en plus de bagages, sinon cela leur a été retiré, comme s'ils étaient maintenant trop faibles pour transporter toutes ces choses qui font partie de la vie, comme si quelqu'un essayait de Forcez-les dans la vieillesse en les soulageant de tout cela.

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