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Julien Gracq

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Julien Gracq, nom de plume de Louis Poirier, né le 27 juillet 1910 à Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire) et mort le 22 décembre 2007 à Angers, est un écrivain français. Si Au château d'Argol, son premier roman, fortement influencé par le romantisme noir et par le surréalisme, avait attiré l'attention d'André Breton, c'est avec Le Rivage des Syrtes, et surtout le spectaculaire refus de son auteur de recevoir le prix Goncourt en 1951, que Julien Gracq s'est fait connaître du public. Reconnaissance paradoxale pour cet écrivain discret qui s'est effacé derrière une œuvre protéiforme et originale, en marge des courants dominants de la littérature de son époque (voire en opposition avec eux), qu'il s'agisse de l'existentialisme ou du nouveau roman. Après avoir abandonné l'écriture de fiction, Julien Gracq publie à partir de 1970 des livres qui mélangent bribes d'autobiographie, réflexions sur la littérature et méditations géographiques. Traduites dans vingt-six langues, étudiées dans des thèses et des colloques, proposées aux concours de l'agrégation, publiées de son vivant dans la bibliothèque de la Pléiade, les œuvres de Julien Gracq ont valu à leur auteur une consécration critique presque sans équivalent à son époque.

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Poésies

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    Julien Gracq

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    @julienGracq

    Au bord du beau bendème J'avais longtemps erré, aux heures déclinantes de l'après-midi, par les ruelles fraîches du quartier de cimetières et d'émeutes qui borde la cathédrale mixte. Une nonchalance appuyée, comme de doigts bagués qui tambourinent discrètement un coffre à bijoux dans la pénombre des beaux salons mérovingiens des antiquaires, à chaque spire de ce colimaçon aveugle de bâtisses alourdissait ma démarche. La prison d'air transparente colportait la sonorité des gongs. Le seul répit qui me fût accordé çà et là était celui de bancs vermoulus qui soulignaient les stations funèbres d'un chemin de croix blasonné d'enseignes romaines et de phalères, compliqué comme le canevas du métropolitain. De quel Calvaire borgne, de quelle Babel suburbaine ce labyrinthe était-il le piédestal ? Des portes parfois battaient avec mystère, mais c'était toujours au delà d'un coude de la rue, et la poursuite décevante de ce sésame crapuleux des faubourgs m'excitait jusqu'à la démangeaison. Ces appels graves comme des cors, cette anxieuse poursuite à travers des clairières de gravats, des échafaudages d'échelles, tout un Hoggar calciné de boutiques aveugles m'amenèrent soudain, derrière les tamis d'une pluie fine, en présence de l'abside du bâtiment le plus ambigu qu'il m'ait été donné de voir, — me glissèrent le mot de passe qui neutralisait la sentinelle de la poterne, et sous les gros fanaux lisses et glauques des vitraux, les larmes aux yeux je me sentis fondre jusqu'à mi-corps dans l'herbe musculeuse et chevelue d'une prairie océanique.

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    Julien Gracq

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    La vie de Voyage Nous quittions la ville vers trois heures du matin, quand les maisons ténébreuses des avenues se relancent de façade en façade les oiseaux de nuit, comme un tir aux pigeons de coussins de soie. L'aube se levait en ruban de lumière bleue sur les rails d'un tramway des faubourgs, — mais, dès avant la terre promise, le ciel change ! c'est la pluie sur les vitrages d'un hôtel désaffecté de la plage, le déjeuner de pain gris sur lequel la mer fait le bruit des larmes. A qui s'en prendre ? tout désorientés, perplexes, nous faisons les cent pas sur l'estacade, en jetant nos morceaux de pain dans la mer. Voici : maintenant j'ai jeté sur mes épaules la pèlerine des pauvres, rattaché mes chaussures au coin amer d'une borne, et, tout seul maintenant sous la gargoulette des gouttières, j'attends l'heure de l'ouverture des épiceries.

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