Le Bloy qui transparaît dans cette correspondance est moins l'imprécateur, l'écrivain tonitruant que les lecteurs de son Journal gardent à l'esprit, que le chrétien fervent, et souvent mystique, qui influença par exemple Jacques Maritain. Raoux, présenté à Bloy par Pierre Termier, l'amène sur le terrain de la douceur dans cette correspondance aussi intéressante que singulière.

Lettres à Philippe Raoux

"Il sertit d'or l'excrément ; il monte sur des métaux précieux, précieusement ouvrés, la perle noire de la bave. Quand il en arrive à ce point d'orfèvrerie et de ciselure, l'excrément lui-même devient un joyau", écrivait Octave Mirbeau à propos de Léon Bloy. Ecrivain intransigeant, pamphlétaire exaspéré, catholique fervent et farouche anticlérical, absolu en tout, Léon Bloy (1846-1917) fut l'une des plumes les plus atypiques de la langue française et effraya ses contemporains, dont il attaqua inlassablement les réputations, par sa terrible éloquence. Initialement publié en 1894, le recueil des Histoires désobligeantes, dont la cruauté s'avère enracinée dans l'angoisse religieuse de leur auteur, donne la mesure de la remarquable puissance verbale de ce dernier.

Histoires désobligeantes

Trop de porchers, hélas ! et pas assez de belluaires.A GEORGES ROUAULT Les imaginations mélancoliques ont toujours adoré les ruines. Les employés de la Tristesse et les Comptables de. la Douleur ont à peine, quelquefois, d'autres domiciles pour se repaître, pour se propager et pour s'assoupir.C'est là, surtout, qu'en des songes de suie ou de lumière, leur viennent les péremptoires suggestions d'un Infini persistant, quoique mal famé, dans l'auberge de l'existence où l'on s'accoutume, de plus en plus, à bafouer les éternités.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Belluaires et Porchers

En 1922, lors de la parution des Lettres de Léon Bloy à sa fiancée, plusieurs voix s'étaient élevées pour demander qui pouvait bien être cette fameuse fiancée à laquelle des lettres aussi brûlantes qu'inspirées étaient adressées. Cette édition présente pour la première fois la correspondance croisée de Léon Bloy et de sa fiancée, Johanne Molbech, dans une version intégrale, sans coupure, établie d'après les manuscrits.

Correspondance (1889-1890)

Sans doute, elle est reine du monde entier, mais elle est plus spécialement reine de france.
 D'ailleurs c'est la france qu'elle a choisie pour se manifester trois fois en trente-trois ans.  la saiette (1846).  lourdes (1858) et pontmain (1876) sont la triple affirmation de cette mystérieuse et persistante prédilection.

Le symbolisme de l'apparition ou celle qui pleure

Les Décadents

Les colères, les peurs et les exaltations du grand pèlerin de l'absolu. Des mots qui font sursauter. L'auteur du mot qui frappe.
Léon Bloy (1846-1917) est un bloc erratique dans la littérature fin-de-siècle. Il récuse les langues mordorées de son époque pour se lancer, avec véhémence, dans le déchiffrement du mystère qu'est l'homme. Il le fouille sans complaisance, mettant à nu ses faiblesses et ses souffrances. Pamphlétaire corruscant, il combat la société bourgeoise de son temps, mais aussi ses ennemis, comme Zola et les naturalistes. La plupart de ses romans ont un caractère autobiographique et prennent leur essor dans un Journal tenu sans relâche pendant un quart de siècle (1892-1917). C'est ce document que Bloy destinait lui-même à la publication qui est donné ici, entouré pour la première fois des clefs qui permettent au lecteur moderne de déchiffrer les nombreuses allusions à la vie et à l'époque de l'auteur. Pierre Glaudes est professeur à l'université de Toulouse-Le Mirail ; il a publié de nombreux travaux sur la littérature française du XIXe et du XXe siècle (notamment sur Balzac, Barbey d'Aurevilly et Huysmans).

Journal - tome 1 - Léon Bloy

Lettres à sa fiancée

Léon Bloy, né le 11 juillet 1846 à Périgueux et mort le 3 novembre 1917 à Bourg-la-Reine, est un romancier et essayiste français.
Connu pour son roman Le Désespéré, largement inspiré de sa relation avec Anne-Marie Roulé, il est aussi un polémiste célèbre.

On devrait fonder une chaire pour l'enseignement de la lecture entre les lignes.

Le manque d'argent est tellement le mystère de ma vie que, même lorsque je n'en ai pas du tout, il a l'air de diminuer.

Les histoires vraisemblables ne méritent plus d'être racontées.

Le mauvais riche, c'est celui qui donne, parce qu'il gâche le métier.

Les plaisirs de ce monde pourraient bien être les supplices de l'enfer, vus à l'envers, dans un miroir.

Celui qui peut se permettre de payer des intérêts ne devrait pas avoir besoin d'emprunter.

Le bonheur des uns ne fait pas le bonheur des autres.

“L'absolu est un voyage sans retour.”

On dirait que la douleur donne à certaines âmes une espèce de conscience. C'est comme aux huîtres le citron.

Le cimetière est un jardin où l'on vient apporter des fleurs une fois par an.

Plus on est semblable à tout le monde, plus on est comme il faut. C'est le sacre de la multitude.

Mon existence est une campagne triste où il pleut toujours.

On ne voit bien le mal de ce monde qu'à condition de l'exagérer.

Le travail est la prière des esclaves ; la prière est le travail des hommes libres.

Tout chrétien qui n'est pas un héros est un cochon.

Les événements ont ceci de commun avec les oies qu'ils vont en troupe.

J'ai fait mes plus beaux voyages sur des routes mal éclairées.

Les animaux sont entre nos mains le gage du paradis perdu.

Un homme couvert de crimes est toujours intéressant. C'est une cible pour la miséricorde.

Le monde moderne : une Atlantide submergée dans un dépotoir.

Dans les questions d'honneur, il n'y a de vrai et de décisif que les coups de pied au cul !

La seule vraie tristesse, le seul véritable échec, la seule grande tragédie de la vie, n'est pas de devenir un saint.

Le Sang du Pauvre, c'est l'argent. On en vit et on en meurt depuis des siècles. Il résume expressivement toute souffrance.

Il n'y a qu'une seule tragédie à la fin, pour ne pas être un saint.

On dit d'un homme qu'il est raisonnable, comme les putains disent d'un client qu'il est sérieux.

Avez-vous besoin de bons conseils ? Essayez d'emprunter à un ami. Plus votre ami sera riche, plus les conseils seront excellents.

Une preuve bien certaine de l'infirmité de notre mémoire, c'est notre ignorance de l'avenir.

Je prie comme un voleur demandant l'aumône à la porte d'une ferme à laquelle il est prêt à mettre le feu.

Le pire mal n'est pas de commettre des crimes, mais de ne pas faire le bien aurait pu le faire.

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Bloy

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