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Léon Dierx

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Marais Victor Léon Dierx, né à Saint-Denis de La Réunion le 31 mars 1838 et mort à Paris le 11 juin 1912, est un poète parnassien et peintre français.

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Poésies

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    Léon Dierx

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    @leonDierx

    Chanson Le ciel est loin ; les dieux sont sourds. Mais nos âmes sont immortelles ! La terre s'ouvre ; où s'en vont-elles ? Souffrirons-nous encor, toujours ? L'amour est doux ; l'amour s'émousse. Un serment, combien dure-t-il ? Le coeur est faux, l'ennui, subtil. Sur la tombe en paix croît la mousse ! La vie est courte et le jour long. Mais nos âmes, que cherchent-elles ? Ah ! leurs douleurs sont immortelles ! Et rien n'y fait, trou noir, ni plomb !

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    Léon Dierx

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    @leonDierx

    La nuit de Juin La nuit glisse à pas lents sous les feuillages lourds ; Sur les nappes d'eau morte aux reflets métalliques, Ce soir traîne là-bas sa robe de velours ; Et du riche tapis des fleurs mélancoliques, Vers les massifs baignés d'une fine vapeur, Partent de chauds parfums dans l'air pris de torpeur. Avec l'obsession rythmique de la houle, Tout chargés de vertige, ils passent, emportés Dans l'indolent soupir qui les berce et les roule. Les gazons bleus sont pleins de féeriques clartés ; Sur la forêt au loin pèse un sommeil étrange ; On voit chaque rameau pendre comme une frange, Et l'on n'entend monter au ciel pur aucun bruit. Mais une âme dans l'air flotte sur toutes choses, Et, docile au désir sans fin qui la poursuit, D'elle-même s'essaye à ses métempsycoses. Elle palpite et tremble, et comme un papillon, A chaque instant, l'on voit naître dans un rayon Une forme inconnue et faite de lumière, Qui luit, s'évanouit, revient et disparaît. Des appels étouffés traversent la clairière Et meurent longuement comme expire un regret. Une langueur morbide étreint partout les sèves ; Tout repose immobile, et s'endort ; mais les rêves Qui dans l'illusion tournent désespérés, Voltigent par essaims sur les corps léthargiques Et s'en vont bourdonnant par les bois, par les prés, Et rayant l'air du bout de leurs ailes magiques. - Droite, grande, le front hautain et rayonnant, Majestueuse ainsi qu'une reine, traînant Le somptueux manteau de ses cheveux sur l'herbe, Sous les arbres, là-bas, une femme à pas lents Glisse. Rigidement, comme une sombre gerbe, Sa robe en plis serrés tombe autour de ses flancs. C'est la nuit ! Elle étend la main sur les feuillages, Et tranquille, poursuit, sans valets et sans pages, Son chemin tout jonché de fleurs et de parfums. Comme sort du satin une épaule charnue, La lune à l'horizon sort des nuages bruns, Et plus languissamment s'élève large et nue. Sa lueur filtre et joue à travers le treillis Des feuilles ; et, par jets de rosée aux taillis, Caresse, en la sculptant dans sa beauté splendide, Cette femme aux yeux noirs qui se tourne vers moi. Enveloppée alors d'une auréole humide, Elle approche, elle arrive : et, plein d'un vague effroi, Je sens dans ces grands yeux, dans ces orbes sans flamme, Avec des sanglots sourds aller toute mon âme. Doucement sur mon cœur elle pose la main. Son immobilité me fascine et m'obsède, Et roidit tous mes nerfs d'un effort surhumain. Moi qui ne sais rien d'elle, elle qui me possède, Tous deux nous restons là, spectres silencieux, Et nous nous contemplons fixement dans les yeux.

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    Léon Dierx

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    @leonDierx

    Soir d'Octobre Un long frisson descend des coteaux aux vallées ; Des coteaux et des bois, dans la plaine et les champs, Le frisson de la nuit passe vers les allées. - Oh ! l'angelus du soir dans les soleils couchants ! - Sous une haleine froide au loin meurent les chants, Les rires et les chants dans les brumes épaisses. Dans la brume qui monte ondule un souffle lent ; Un souffle lent répand ses dernières caresses, Sa caresse attristée au fond du bois tremblant ; Les bois tremblent ; la feuille en flocon sec tournoie, Tournoie et tombe au bord des sentiers désertés. Sur la route déserte un brouillard qui la noie, Un brouillard jaune étend ses blafardes clartés ; Vers l'occident blafard traîne une rose trace, Et les bleus horizons roulent comme des flots, Roulent comme une mer dont le flot nous embrasse, Nous enlace, et remplit la gorge de sanglots. Plein du pressentiment des saisons pluviales, Le premier vent d'octobre épanche ses adieux, Ses adieux frémissants sous les feuillages pâles, Nostalgiques enfants des soleils radieux. Les jours frileux et courts arrivent. C'est l'automne. - Comme elle vibre en nous, la cloche qui bourdonne ! - L'automne, avec la pluie et les neiges, demain Versera les regrets et l'ennui monotone ; Le monotone ennui de vivre est en chemin ! Plus de joyeux appels sous les voûtes ombreuses ; Plus d'hymnes à l'aurore, ou de voix dans le soir Peuplant l'air embaumé de chansons amoureuses ! Voici l'automne ! Adieu, le splendide encensoir Des prés en fleurs fumant dans le chaud crépuscule ! Dans l'or du crépuscule, adieu, les yeux baissés, Les couples chuchotants dont le cœur bat et brûle, Qui vont la joue en feu, les bras entrelacés, Les bras entrelacés quand le soleil décline ! - La cloche lentement tinte sur la colline. - Adieu, la ronde ardente, et les rires d'enfants, Et les vierges, le long du sentier qui chemine, Rêvant d'amour tout bas sous les cieux étouffants ! - Âme de l'homme, écoute en frémissant comme elle L'âme immense du monde autour de toi frémir ! Ensemble frémissez d'une douleur jumelle. Vois les pâles reflets des bois qui vont jaunir ; Savoure leur tristesse et leurs senteurs dernières, Les dernières senteurs de l'été disparu ; - Et le son de la cloche au milieu des chaumières ! - L'été meurt ; son soupir glisse dans les lisières. Sous le dôme éclairci des chênes a couru Leur râle entre-choquant les ramures livides. Elle est flétrie aussi, ta riche floraison, L'orgueil de ta jeunesse ! et bien des nids sont vides, Âme humaine, où chantaient dans ta jeune saison Les désirs gazouillants de tes aurores brèves. Âme crédule ! écoute en toi frémir encor, Avec ces tintements douloureux et sans trêves, Frémir depuis longtemps l'automne dans tes rêves, Dans tes rêves tombés dès leur premier essor. Tandis que l'homme va, le front bas, toi, son âme, Écoute le passé qui gémit dans les bois ! Écoute, écoute en toi, sous leur cendre et sans flamme, Tous tes chers souvenirs tressaillir à la fois Avec le glas mourant de la cloche lointaine ! Une autre maintenant lui répond à voix pleine. Écoute à travers l'ombre, entends avec langueur Ces cloches tristement qui sonnent dans la plaine, Qui vibrent tristement, longuement, dans ton cœur !

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