Peter Brook trace en quelques articles et courts chapitres le profil de Jerzy Grotowski, un ami essentiel, grand metteur en scène contemporain qu'il admirait. Il décrit les éléments cosntitutifs de la pratique du théâtre de l'artiste polonais, sa vision du corps, de l'acteur et du rôle du public, ainsi que ce qui différenciait leur vision du théâtre.

Avec Grotowski

"Peter Brook n'est pas seulement un metteur en scène et pas seulement un théoricien, même pragmatique, du théâtre. Sans l'avouer, du moins dans ce livre, il a de plus grandes ambitions. Le théâtre est pour lui, à coup sûr, une fin. Mais il est aussi le moyen de fonder et d'entretenir une communauté d'hommes et de femmes capables de porter atteinte, par leur seul exemple, à un ordre établi, d'apporter une inquiétude et un bonheur que d'autres arts du spectacle, trop dépendants des forces économiques qu'ils pourraient dénoncer, ne peuvent faire éclore.
Voici un livre indispensable à ceux qui aiment le théâtre et à ceux qui ne l'aiment pas. A ceux qui en font et à ceux qui y assistent. Car il y est autant question du public que des interprètes, acteurs ou metteurs en scène, grâce auxquels le théâtre, écrit ou non écrit, peut vivre."
Extraits de la préface de Guy Dumur

L'Espace vide. Ecrits sur le théâtre

Shakespeare et Peter Brook se connaissent depuis longtemps. Ils ont très souvent travaillé ensemble, dans tous les pays du monde, et pour le meilleur. Tout au long de sa vie, Peter Brook a exploré les secrets de cette oeuvre incomparable, et constamment recommencée, comme si elle surgissait neuve et fraîche sous chaque regard. Dans ce livre, loin de toute théorie, de manière simple et concrète (et souvent drôle), il nous parle de son travail et de ses expériences, de ce qu'il a vu, senti, quelquefois compris, des abymes, des mystères, des visions, des détours étonnants du coeur et de la pensée que nous propose Shakespeare et - par-dessus tout - de cette force incomparable, qui surpasse toutes les autres, et qui est celle du pardon.
J.-C. C.
Traduit de l'anglais par Jean-Claude Carrière

La Qualité du pardon. Réflexions sur Shakespeare

Dès leur première rencontre, dans les années 1960, et jusqu'à la disparition de Jerry Grotowski (1933-1999), Peter Brook a saisi l'importance de cet homme extraordinaire et mis en valeur ses choix radicaux. Grâce h des textes, des prises de parole, des témoignages, nous suivons dans ce livre de l'amitié la trajectoire du metteur en scène polonais, de la quête d'une forme " parfaite " à " l'art comme véhicule ". Mais le metteur en scène anglais pointe aussi sa différence, son besoin du public et de l'impureté élisabéthaine. Il ne commente pas, il dialogue avec Grotowski. Toute une vie.

Directeur du Centre International de Création Théâtrale de Paris, Peter Brook puise à plusieurs pratiques et traditions théâtrales afin de lutter contre les stéréotypes sur scène et de donner vie et corps au texte dans son fameux espace vide. Associé à Shakespeare et au Mahâbhârata, ayant dirigé les plus grands acteurs, Peter Brook déclare pourtant : " Je ne suis pas amateur de théâtre. Je suis amateur d'autre chose qui est une certaine forme d'expérience qu'on peut avoir ensemble dans un lieu qui s'appelle théâtre. La différence est fondamentale." Chez lui, la curiosité est un état permanent, voire une morale. C'est cette ouverture d'esprit qui lui permet de considérer les directives précises et rigoureuses de mise en scène de Beckett, dans Oh les beaux jours, non pas comme une entrave, mais comme une invitation à la recherche

Climat de confiance

The empty space

Un homme traverse l'espace en silence tandis qu'on le regarde ; voilà le théâtre. Tout théâtre
commence par un silence. Mais entre le silence de plomb, sans vie, et le vrai silence du partage,
mille questions sont ouvertes. Pour Peter Brook,
le théâtre est toujours une rencontre, un échange qui aide à comprendre le cœur du vécu. Entre deux silences fait suite à deux journées de rencontres avec Peter Brook, en 1999, sur le campus de la Southern Methodist University de Dallas. Avec la simplicité qui le caractérise et la passion qui l'anime, Peter Brook répond aux questions sur ses choix artistiques, l'évolution de son travail, ses films, les textes, les acteurs.

Entre deux silences

Recueil de trois textes de Peter Brook autour de son travail sur Shakespeare.

Apprendre 8: Avec Shakespeare (Actes Sud-Papiers)

Peter Brook, né le 21 mars 1925 à Chiswick à Londres et mort le 2 juillet 2022 dans le 15e arrondissement de Paris, est un metteur en scène, acteur, réalisateur et écrivain britannico-français.
Artiste novateur dans ses interprétations des pièces du grand répertoire international, et plus particulièrement des classiques de Shakespeare, il est le théoricien de « l’espace vide ». Depuis le milieu des années 1970, sa compagnie est en résidence à Paris au Théâtre des Bouffes du Nord.

Il faut beaucoup de temps à un réalisateur pour cesser de penser en termes de résultat qu'il désire et se concentre plutôt sur la découverte de la source d'énergie chez l'acteur à partir de laquelle de véritables impulsions surgissent.

Il y a des prophètes, il y a des guides et il y a des personnes argumentatives avec des théories, et il faut veiller à la discrimination entre eux.

Vous devez vivre à la responsabilité de la personne qui a gagné, ce qui est encore supérieur à la responsabilité d'une personne qui a perdu.

N'importe quelle scène de Shakespeare peut être vulgarisée presque sans reconnaissance avec le souhait d'avoir un concept moderne.

J'ai toujours voulu essayer des choses par moi-même avant de leur porter un jugement.

Le temps, qui est si souvent un ennemi dans la vie, peut également devenir notre allié si nous voyons comment un moment pâle peut conduire à un moment élogieux, puis se tourner vers un moment de transparence parfaite, avant de redevenir à un moment de simplicité quotidienne.

Ne vous demandez jamais ce que vous avez appris ... Demandez-vous seulement quelles sont les circonstances qui sont différentes de l'année dernière. De cette façon, vous pouvez postuler les leçons de l'année dernière.

La tradition elle-même, en période de dogmatisme et de révolution dogmatique, est une force révolutionnaire qui doit être sauvegardée.

Le théâtre est parfois capable de moments de vérité.

Pour faire face à de nouveaux publics, nous devons tout d'abord être en mesure de faire face à des sièges vides.

Aucun acte de gouvernement ne peut sauver le monde.

Une vision de la photographie est qu'il s'agit d'un acte de type zen qui capture la réalité avec son pantalon - de sorte que le clic vital montre l'anatomie nue. En cela, le photographe est invisible mais essentiel. Un ordinateur libérant l'obturateur manquerait toujours le moment spécial que la sensibilité humaine peut s'inscrire. Pour ce travail, l'instinct du photographe est son aide, sa personnalité un obstacle.

Je peux prendre n'importe quel espace vide et l'appeler une scène nue.

Un mot ne commence pas comme un mot - c'est un produit final qui commence comme une impulsion, stimulé par une attitude et un comportement qui dictent le besoin d'expression.

Shakespeare n'appartient pas au passé. Si son matériel est valable, il est valable maintenant. C'est comme du charbon. La seule signification d'un morceau de charbon commence et se termine avec sa combustion, nous donnant léger et chaleur. Et c'est pour moi Shakespeare.

C'est facile à abandonner, et c'est la seule chose que nous ne pouvons pas faire. C'est ce qui me donne une raison de travailler: laisser les gens avec un peu plus de courage, avec un peu d'espoir qui a été nourri. Même si, bien sûr, ça va disparaître, tout ce qui se touche à ne pas perdre pour toujours.

Je peux prendre n'importe quel espace vide et l'appeler une scène nue. Un homme traverse cet espace vide tandis que quelqu'un d'autre le regarde, et c'est tout ce qui est nécessaire pour qu'un acte de théâtre soit engagé.

Nous sommes conscients que le chef d'orchestre ne fait pas vraiment la musique, cela le fait - s'il est détendu, ouvert et à l'écoute, alors l'invisible prendra possession de lui; À travers lui, cela nous atteindra.

Je trouve, à mon étonnement, que j'ai atteint l'âge de 90 ans!

Ce dont j'ai l'horreur, c'est le théâtre idéologique - Shakespeare ne nous a jamais dit comment penser.

Rien dans le théâtre n'a de sens avant ou après. Le sens est maintenant.

J'ai été élevé dans les écoles publiques, mais d'après le mot, je n'ai jamais cru ce que les écoles publiques m'apprenaient. Je n'ai pas non plus aimé le fait qu'ils se battaient pour la tradition historique de l'Angleterre.

Un acteur britannique savoure chaque syllabe d'un vers shakespearien, tandis qu'un acteur français va jusqu'au bout d'une phrase ou d'un discours avec un rythme entraînant : ce qu'on ne dit jamais à un acteur français, c'est : « Prends ton temps ».

De nombreux publics du monde entier répondront positivement de leur propre expérience qu'ils ont vu le visage de l'invisible à travers une expérience sur la scène qui a transcendé leur expérience dans la vie. Ils maintiendront que Œdipe ou Bérénice ou Hamlet ou les trois sœurs jouées avec la beauté et avec l'amour tire l'esprit et leur rappelle que la draposité quotidienne n'est pas nécessairement tout.

Le drame est une exposition; c'est la confrontation; C'est une contradiction et cela conduit à l'analyse, à la construction, à la reconnaissance et éventuellement à un réveil de la compréhension.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_Brook

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