Saadat Hasan Manto, né en 1912 dans le Pendjab indien, mort en 1953 à Lahore, au Pakistan, est le maître indo-pakistanais de la nouvelle, et l'auteur ourdou le plus lu aujourd'hui de part et d'autre de la frontière entre le Pakistan et l'Inde. Qu'elles soient inspirées par la riche mais violente histoire du sous-continent indien, par les mouvements de désobéissance civile prônés par Gandhi contre la domination britannique, par les tueries sauvages entre hindous et musulmans lors de la partition catastrophique de 1947, par le destin tragique des courtisanes, par la sensualité inépuisable des femmes ou par le cinéma de Bollywood, les nouvelles de Manto confinent à de véritables mises en scène de la cruauté comme de la compassion dont l'homme peut être capable. Ces nouvelles admirables, aiguisées comme la lame d'un poignard, sont autant de traversées d'une humanité dont on ne sort pas tout à fait indemne. Réunies pour la première fois en France par les éditions Buchet / Chastel, elles constituent un événement littéraire exceptionnel. Avant de mourir alcoolique quelques mois précédant son quarante-troisième anniversaire, Manto a pris le temps de rédiger sa propre épitaphe : Ci-gît Hasan Manto et dans son coeur l'art et le mystère de la Nouvelle. Il est couché sous une tonne de terre se demandant toujours qui de Dieu ou de lui en est le maître.

Toba tek singh et autres nouvelles

À quatre heures et quart passées, la chaleur était aussi intense qu'à midi. En sortant sur le balcon, il vit dehors une fille assise en tailleur qui se protégeait du soleil à l'ombre d'un grand arbre. Elle avait le teint tellement foncé qu'elle se fondait dans l'ombre. Surinder eut immédiatement envie d'être près d'elle, même si, par un temps pareil, on ne pouvait désirer la proximité de personne.

Cette fille-là

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Kulwant Kaur resta un moment silencieuse, avant de sursauter : " Mais je ne comprends pas ce qui t'est arrivé cette nuit-là. Tu étais bien, là, couché avec moi, tu m'avais parée de tous les bijoux que tu avais rapportés de tes pillages en ville, tu étais en train de m'embrasser et d'un coup - qui sait ce qui t'a pris ? - tu as enfilé tes vêtements et tu es sorti. " 
lshar Singh pâlit.

Viande froide

Mais l'amour, que ce soit à Multan ou sur la toundra glacée de la Sibérie, que ce soit en hiver ou en été, que ce soit parmi les riches ou les pauvres, que ce soit parmi les beaux ou les laids, que ce soit parmi le brut ou le raffiné, l'amour est toujours juste l'amour. Il n'y a pas de différence.

Je me demandais pourquoi les gens considèrent que l'évasion est si mauvaise, même l'évasion affichée à ce moment-là. Au début, cela peut sembler inconvenant, mais à la fin, son manque de prétention lui donne sa propre beauté.

Si vous ne pouvez pas supporter ces histoires, la société est insupportable. Qui suis-je pour retirer les vêtements de cette société, qui est nue elle-même. Je n'essaye même pas de le couvrir, car ce n'est pas mon travail, c'est le travail des coutures.

Si un homme doit faire d'une femme le centre de son amour, pourquoi devrait-il intégrer l'animalité dans cette émotion humaine sacrée? ... L'amour est-il incompété sans lui? ... est-il le nom de l'exercice physique?

Ici, selon les propres paroles de Manto avec lesquelles il voulait marquer sa tombe: "Au nom de Dieu, le compatissant, le miséricordieux ici se trouve saadat Hasan Manto et avec lui se trouvent tous les secrets et les mystères de l'art de l'écriture de nouvelles. ... Sous des tonnes de terre, il ment, se demandant toujours qui parmi les deux est un plus grand écrivain de première histoire: Dieu ou lui.

Certaines personnes s'embrassent comme s'ils mangeaient de la pastèque

J'ai l'impression que je suis toujours celui qui déchire tout et à la coudre à jamais.

...et il est également possible que Saadat Hasan meure, mais que Manto reste en vie.

Hindustan était devenu libre. Le Pakistan était devenu indépendant peu de temps après sa création, mais l'homme était encore esclave dans ces deux pays - esclave de préjugés… esclave du fanatisme religieux… esclave de la barbarie et de l'inhumanité.

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