Le Chalet de la mémoire est un recueil de réflexions fulgurantes, publiées à partir de janvier 2010 dans la New York Review of Books, alors que Tony Judt approchait de la fin de ses jours. Ces Mémoires hors du commun, à la manière d'un feuilleton selon Judt lui-même, constituent une traversée par la tangente du XXe siècle et une analyse lumineuse de la société occidentale contemporaine.
En regard de sa grande oeuvre Retour sur le XX e siècle, Le Chalet de la mémoire est un voyage qui, à travers les anecdotes du quotidien, aborde de manière didactique les lignes de force de l'histoire contemporaine. Un texte bouleversant à la beauté élégiaque.

Le chalet de la mémoire

Cet ouvrage réunit les articles de Tony Judt parus de 1994 à 2006 dans The New Republic et The New York Review of Books. Tony Judt aborde les principaux événements de l'histoire contemporaine et convoque les grandes figures intellectuelles du XXe siècle (Arthur Koestler, Primo Levi, Hannah Arendt, Albert Camus...). Deux lignes de force se dégagent de ses textes : le rôle des idées et la responsabilité des intellectuels dans l'histoire, et la difficulté que nous avons à dégager un sens et à tirer des leçons du siècle dernier. "Nous sommes aujourd'hui prédisposés à voir dans le XXe siècle une ère d'extrêmes politiques, d'erreurs tragiques et de choix malencontreux ; une ère d'illusions dont nous serions aujourd'hui sortis. Mais ne nous abusons-nous pas ? Avec notre nouveau culte du secteur privé et du marché, n'avons nous pas purement et simplement inversé la foi d'une génération antérieure dans la "propriété publique" et "l'Etat" ou la "planification" ?"

Retour sur le XXe siècle - Une histoire de la pensée contemporaine

Livre-manifeste incontournable, Contre le vide moral fournit les outils indispensables â l'élaboration d'une nouvelle forme de gouvernante. Fervent défenseur de l'héritage de la social-démocratie, Tony Judt y clame la nécessité de repenser l'Etat et en prône un rôle accru, qui ne menacerait pas nos libertés. En déplorant l'absence de considérations éthiques dans le débat public, il incite les prochaines générations â retrouver le sens du politique. Un testament intellectuel fulgurant et optimiste.

Contre le vide moral - Restaurons la social-démocratie

Des marxistes français à l'économie de la mondialisation, de Primo Levi à Albert Camus, de la Grande-Bretagne à Israël, les essais réunis ici couvrent un éventail remarquable de sujets et un large espace géographique. Deux préoccupations dominantes sous-tendent le recueil: le rôle des idées et la responsabilité des intellectuels, et la place de l'histoire récente dans une ère d'oubli. Car, pour avancer hardiment dans le suivant, il s'agit d'abord de ne pas tourner le dos au XXe siècle troublé qui vient de s'achever, mais d'en donner un sens et d'en tirer des leçons. Liberté de ton, critiques acerbes, analyses fulgurantes ponctuent la pensée rigoureuse et lumineuse de Tony Judt, qui ouvre des perspectives infinies.

Ill fares the land

Au sortir de la dernière guerre, l'Europe était prostrée. Dévastée, livrée au chaos, elle a vu ses régions orientales passer du joug nazi à l'Empire soviétique. Aujourd'hui, l'effondrement de l'URSS appartient au passé et l'Union européenne s'étend de l'Atlantique à l'Ukraine. Comment notre continent a-t-il su renaître des ravages inimaginables de la pire guerre qu'il ait connue ? Comment a-t-il pu supporter, puis surmonter, la déchirure que la guerre froide lui infligea de part en part ? Comment l'Europe a-t-elle vécu l'effrondrement du monde soviétique et incorporé l'héritage du communisme ? Comment, enfin, la lente acceptation de la responsabilité de l'Holocauste a-t-elle, paradoxalement, renforcé notre identité européenne ? Fresque magistrale du tournant d'un monde, des ruines de la guerre à la construction de la nouvelle Europe, Après-guerre ne peut se réduire à une thèse : ce livre est un jaillissement continu d'idées, de rapprochements brillants et de mises en perspectives inspirées. D'un souffle rare, son récit est ponctué d'analyses éblouissantes qui nous entraînent dans un voyage, unique par sa richesse et sa profondeur, à travers notre passé. Un grand livre d'histoire.

Après-guerre ; une histoire de l'Europe depuis 1945

On sait le rôle des intellectuels au XVe siècle, particulièrement en France. On sait de quel poids a pesé l'irresponsabilité de plusieurs d'entre eux, cautionnant envers et contre tout des régimes injustifiables.
Tony Judt s'intéresse ici à trois de ces grands personnages - Blum, Camus, Aron -, dont la particularité est au contraire d'avoir pensé à contre-courant de l'idéologie ambiante et d'avoir incarné la " responsabilité des intellectuels ".
Le combat de Blum contre le Parti communiste, le douloureux divorce de Camus d'avec l'équipe des Temps modernes groupée autour de Sartre, la solitude amère d'Aron méprisé par la gauche et apprécié par une droite dont lui-même désapprouve les orientations, tout cela est analysé par Judt dans cet essai brillant qui remet en perspective ces trois grandes figures françaises. Les plus importantes pages de l'histoire du XXe siècle, les plus notoires des polémiques entre intellectuels, constituent le cadre de ce livre, depuis le Congrès de Tours de 1920, qui voit la scission des socialistes et des communistes, jusqu'aux démêlés dAron avec De Gaulle en 1967, en passant par le Front populaire, la guerre d'Espagne, Londres, la guerre d'Algérie, etc.

La Responsabilite Des Intellectuels. Blum, Camus, Aron

La reconstruction du parti socialiste, 1921-1926

Vous n'avez pas besoin d'être juif pour comprendre l'histoire de l'Europe au 20e siècle, mais cela aide.

Les années 60 étaient une continuation des années 50 beaucoup plus que les gens ne le réalisaient. Certes, dans certains pays, comme la Grande-Bretagne, il y avait encore une culture de déférence, alors que dans les années 70, nous sommes vraiment en période de transition en colère. La génération qui est entrée à l'âge adulte dans les années 70 n'a pas pu trouver d'emplois; Ce n'était pas vrai dans ma génération. Ils sont entrés à un moment où deux choses déprimantes les ont frappées en même temps.

Ce serait un suicide à l'American Academy de montrer un intérêt trop précoce au-delà de votre spécialisation doctorale: les accusations de tout, de la charlatanry à l'ambition seraient prélevées et rejetées par la permanence. J'ai vu cette première main.

Lorsque vous êtes dans ma classe, vous obtenez tout de moi. Mais vous mieux vous donner mieux de tout donner aussi.

La Seconde Guerre mondiale a eu un effet précipitant en ce qu'il discrédite les empires, ainsi que les faillite. Non seulement vous ne pourriez plus, si vous étiez un sujet colonial de la France en Afrique, considérez la France comme un modèle de pouvoir et d'influence et de civilité après ce qui s'était passé pendant la guerre. Les Français ne pouvaient plus se permettre de gérer leur empire. Et les Britanniques, bien qu'ils n'étaient pas discrédités de la manière que les Français.

Il est important de se rappeler que la Seconde Guerre mondiale a été expérimentée comme une continuité dans ce sens. La majeure partie de la Seconde Guerre mondiale dans la majeure partie de l'Europe n'était pas une guerre; C'était une occupation. La guerre était au début et à la fin, sauf en Allemagne et en Union soviétique, et même là-bas seulement à la fin. Donc, le reste du temps, c'est une occupation qui, à certains égards, a été vécu comme une extension de l'entre-deux-guerres. La Seconde Guerre mondiale était simplement une forme extrême, dans une toute nouvelle clé, de la perturbation de la vie normale qui a commencé en 1914.

L'amour, me semble-t-il, est cette condition dans laquelle on est le plus satisfaisant soi-même.

La pourriture de la politique en Yougoslavie n'a pas été une surprise. La principale leçon est qu'il s'agit d'une guerre qui aurait pu facilement être arrêtée par l'Europe. Ce qui manquait, c'était la volonté de le faire. C'est une ironie de la réalisation de l'Europe qu'elle a vécu pendant 40 ans sous l'hypothèse de l'inimaginabilité des guerres internes, donc elle ne savait pas quoi en faire lorsqu'elle était confrontée à un gros plan.

Pas plus récemment que les années 1970, l'idée que le point de vie était de devenir riche et que les gouvernements existaient pour faciliter cela aurait été ridiculisé: non seulement par les critiques traditionnels du capitalisme mais aussi par beaucoup de ses défenseurs les plus fineurs.

Je dirais que je suis devenu plus radical en vieillissant. J'ai commencé très radical quand j'étais jeune, comme la plupart des gens, mais je suis devenu moins activement engagé politiquement au milieu de ma vie.

Je ne suis pas sûr d'avoir appris quelque chose de nouveau sur la vie; Mais j'ai dû réfléchir plus dur à la mort et à ce qui vient après les autres.

Le judaïsme pour moi est une sensibilité de l'auto-interrogation collective et de la vérité inconfortable. Je ressens une dette de responsabilité envers ce passé. C'est pourquoi je suis juif.

Nous devons recommencer à parler d'inégalité; Nous devons commencer à parler des inégalités et des injustes et des injustices d'une société excessivement divisée, divisée par la richesse, par l'opportunité, par résultat, par des actifs, etc.

Contrairement à la mémoire, qui confirme et se renforce, l'histoire contribue au désenchantement du monde.

Je suis allé vivre sur un kibboutz, et j'avais idéalisé le monde du travail collectif et agraire, où tout le monde était égal, tout le monde a contribué, que tous ces horribles trucs intellectuels européens venaient de tomber.

Je ne crois pas à une vie après la mort. Je ne crois pas à une divinité unique ou multiple. Je respecte les gens qui le font, mais je ne le crois pas moi-même.

Les mots peuvent faire de la maladie un sujet que je peux maîtriser, et pas celui que l'on émote simplement.

Surtout, l'emprise d'une idéologie sur un peuple se mesure au mieux à son incapacité collective à imaginer des alternatives.

À un certain moment, rester légèrement tangentiel à partout où je suis devenu un moyen «d'être Tony»: en n'étant rien que tout le monde était.

Les plaisirs de l'agilité mentale sont très surestimés, inévitablement - comme il me semble maintenant - par ceux qui ne dépendent pas exclusivement d'eux.

Je ne pense pas que l'on devrait avoir des règles morales uniques pour l'action politique internationale.

Cela ne me dérange pas beaucoup d'être expulsé des communautés.

Si nous restons grotesquement inégaux, nous perdrons tout sentiment de fraternité: et la fraternité, pour toute sa morte comme objectif politique, se révèle être la condition nécessaire de la politique elle-même.

Je crains que nous ayons oublié que l'espace public désoologisé, dé-politisé et incontestable des 50 dernières années, comme les Européens l'ont connu, ce n'est pas la condition humaine normale. Nous serons désolés d'avoir abandonné un peu trop rapidement les institutions qui ont été créées par nos parents et grands-parents pour se protéger contre un retour du mauvais vieux monde. Parce que le mauvais vieux monde peut encore revenir vous hanter.

Si les citoyens actifs ou inquiets perdent la politique, ils abandonnent ainsi leur société à ses fonctionnaires les plus médiocres et vénaux

On pourrait penser que la hauteur d'un mauvais goût pour attribuer une bonne fortune à un homme en bonne santé avec une jeune famille a frappé à l'âge de soixante ans par un trouble dégénératif incurable dont il doit bientôt mourir. Mais il y a plus d'une sorte de chance. Tomber la proie d'une maladie des motoneurones, c'est sûrement avoir offensé les dieux à un moment donné, et il n'y a plus rien à dire. Mais si vous devez souffrir ainsi, mieux vaut avoir une tête bien approvisionnée.

Il n'y a rien à dire pour être paralysé. Vous ne voyez pas le monde meilleur ou plus clair, et vous ne développez pas un ensemble spécial de compétences par compensation.

En tant que citoyens d'une société libre, nous avons le devoir de porter un regard critique sur notre monde. Mais si nous pensons savoir ce qui ne va pas, nous devons agir en fonction de cette connaissance.

Je suis né accidentellement. J'ai vécu accidentellement à Londres. Nous avons presque migré en Nouvelle-Zélande. Une grande partie de ma vie a été un produit du hasard, je ne peux pas du tout voir un sens.

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