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Amour

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Amour

Poésies de la collection amour

    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    À ma mère (1) Madame Élisabeth-Zélie de Banville Ô ma mère, ce sont nos mères Dont les sourires triomphants Bercent nos premières chimères Dans nos premiers berceaux d’enfants. Donc reçois, comme une promesse, Ce livre où coulent de mes vers Tous les espoirs de ma jeunesse, Comme l’eau des lys entr’ouverts ! Reçois ce livre, qui peut-être Sera muet pour l’avenir, Mais où tu verras apparaître Le vague et lointain souvenir De mon enfance dépensée Dans un rêve triste ou moqueur, Fou, car il contient ma pensée, Chaste, car il contient mon cœur. Juillet 1842.

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    A

    Adélaïde Dufrenoy

    @adelaideDufrenoy

    La jalousie Dernier trésor d’une amie, Toi dont les chastes amours Aux jours sombres de ma vie Font succéder de beaux jours, Ah ! Pardonne à ma tendresse Le caprice et le soupçon ; Quand on aime avec ivresse On perd souvent la raison. Je sais que ton âme pure Méprise un art imposteur, Que je te fais une injure En soupçonnant ta candeur. J’abhorre la jalousie, Qui m’atteint de son poison ; Mais je t’aime à la folie ; Je perds souvent la raison. À mes injustes alarmes Loin d’opposer des froideurs, Lorsque tu verras mes larmes Presse ton cœur sur mon cœur ; Qu’un regard, un doux sourire, Bannissent mon noir soupçon ; Montre-moi plus de délire, Et j’aurai plus de raison.

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    A

    Adélaïde Dufrenoy

    @adelaideDufrenoy

    Le besoin d’aimer Pourquoi depuis un temps, inquiète et rêveuse, Suis-je triste au sein des plaisirs? Quand tout sourit à mes désirs, Pourquoi ne suis-je pas heureuse? Pourquoi ne vois-je plus venir à mon réveil La foule des riants mensonges? Pourquoi dans les bras du sommeil Ne trouvé-je plus de doux songes? Pourquoi, beaux-arts, pourquoi vos charmes souverains N’enflamment-ils plus mon délire? Pourquoi mon infidèle lyre S’échappe-t-elle de mes mains? Quel est ce poison lent qui pénètre mes veines, Et m’abreuve de ses langueurs? Quand mon âme n’a point de peines, Pourquoi mes yeux ont-ils des pleurs?

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    A

    Adélaïde Dufrenoy

    @adelaideDufrenoy

    Le bonheur d’aimer Il est auprès de moi, sa main presse ma main, Sa bouche s’embellit du plus charmant sourire, Son teint s’anime, je soupire, Sa tête mollement vient tomber sur mon sein ; Là je respire son haleine, Son haleine en parfum plus douce que la fleur. De ses bras l’amoureuse chaîne Rapproche mon cœur de son cœur ; Bientôt nos baisers se confondent, Ils sont purs comme nos amours : Nous demeurons sans voix ; Seuls nos yeux se répondent ; Ils se disent tout bas : Toujours, toujours, toujours !

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    A

    Adélaïde Dufrenoy

    @adelaideDufrenoy

    Le pouvoir d’un amant J’aime tout dans l’objet de ma fidèle ardeur, Le génie et le caractère ; J’aime son regard enchanteur, Son souris malin et flatteur, Et son humeur grave et légère. J’aime son esprit juste et fin ; J’aime encor les jaloux caprices Qui lui font haïr le matin Ce qui le soir fait ses délices ; J’aime son air noble et lutin. J’aime le pouvoir despotique Que son cœur orgueilleux exerce sur le mien ; Ses éloges adroits, son adroite critique, Me font chérir son entretien. Il n’a que plus de grâce alors qu’il est coupable : En vain se défend-on de vivre sous sa loi, On l’adore en dépit de soi ; Nul n’a plus de défaut, et nul n’est plus aimable. S’il est parfois un peu trompeur, Il sait par tant d’amour expier tant d’alarmes Qu’aux pleurs qu’il fait répandre on trouve encor des charmes. Son tendre repentir donne encor le bonheur. Sa flamme maintenant à la mienne est égale ; Mais, s’il pouvait changer un jour, Il me ferait, je crois, lui pardonner l’amour Qu’il sentirait pour ma rivale.

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    A

    Adélaïde Dufrenoy

    @adelaideDufrenoy

    Le répit C’est trop en des vœux superflus Perdre les jours de mon bel âge ; C’est trop par des soins assidus D’un ingrat mendier l’hommage : Dès ce moment ne l’aimons plus ; C’est le seul parti qui soit sage. Mais ce soir en secret il demande à me voir… Son cœur peut-être a su m’entendre ; Peut-être que ce soir l’entretien sera tendre… Aimons l’ingrat jusqu’à ce soir.

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Bacchante J’aime invinciblement. J’aime implacablement. Je sais qu’il est des coeurs de neige et de rosée ; Moi, l’amour sous son pied me tient nue et brisée ; Et je porte mes sens comme un mal infamant. Ma bouche est détendue, et mes hanches sont mûres ; Mes seins un peu tombants ont la lourdeur d’un fruit ; Comme l’impur miroir d’un restaurant de nuit, Mon corps est tout rayé d’ardentes meurtrissures. Telle et plus âpre ainsi, je dompte le troupeau. Les reins cambrés, je vais plus que jamais puissante ; Car je n’ai qu’à pencher ma nuque pour qu’on sente L’odeur de tout l’amour incrusté dans ma peau. Mon coeur aride est plein de cendre et de pierrailles ; Quand je rencontre un homme où ma chair sent un roi, Je frissonne, et son seul regard posé sur moi Ainsi qu’un grand éclair descend dans mes entrailles. Prince ou rustre, qu’importe, il sera dans mes bras. Simplement – car je hais les grâces puériles – Je collerai ma bouche à ses dents, et, fébriles, Mes mains l’entraîneront vers mon lit large et bas. La flamme, ouragan d’or, passe, et, toute, je brûle. Après, mon coeur n’est plus qu’un lambeau calciné ; Et du plus fol amour et du plus effréné Je m’éveille en stupeur comme une somnambule. Tout est fini ; sanglots, menaces, désespoirs, Rien n’émeut mes grands yeux cernés de larges bistres Oh ! Qui dira jamais quels cadavres sinistres Gisent sans sépulture au fond de mes yeux noirs ! … Vraiment, je suis l’amante, et n’ai point d’autre rôle. Dans mon coeur tout est mort, quand le temps est passé. Ma passion d’hier ? … c’est comme un fruit pressé Dont on jette la peau par-dessus son épaule. Mon désir dans les coeurs entre comme un couteau ; Et parmi mes amants je ne connais personne Qui, sur ma couche en feu, devant moi ne frissonne Comme devant la porte ouverte du tombeau. Je veux les longs transports où la chair épuisée S’abîme, et ressuscite, et meurt éperdument. C’est de tant de baisers, aigus jusqu’au tourment, Que je suis à jamais pâle et martyrisée. Je sais trop combien vaine est la rébellion. Raison, pudeur, qui donc entrerait en balance ? Quand mes sens ont parlé, tout en moi fait silence, Comme au désert la nuit quand gronde le lion. Oh ! Ce rêve tragique en moi toujours vivace, Que l’amour et la mort, vieux couple fraternel, Sur mon corps disputé, quelque soir solennel, Comme deux carnassiers, s’abordent face à face ! … Qu’importe j’irai ferme au destin qui m’attend. Sous les lustres en feu, dans la salle écarlate, Que mon parfum s’allume, et que mon rire éclate, Et que mes yeux tout nus s’offrent ! … Des soirs, pourtant Je tords mes pauvres bras sur ma couche de braise. Triste et repue enfin, j’écoute avec stupeur L’heure tomber au vide effrayant de mon coeur ; Et mon harnais de bête amoureuse me pèse. Mes sens dorment d’un air de félins au repos… Mais leur calme sournois couve déjà l’émeute. Déjà, déjà, j’entends les abois de la meute, Et je bondis avec mes cheveux sur mon dos ! Oh ! Fuir sans arrêter pour boire aux sources fraîches, Pour regarder le ciel comme un petit enfant… Le ciel ! … l’archer est là souriant, triomphant ; Et, folle, sous la pluie innombrable des flèches, Je tombe, en blasphémant la justice des dieux ! Aveugle et sourde, hélas ! Trône la destinée. Et mon âme au plaisir féroce condamnée Pleure, et pour ne point voir met ses mains sur ses yeux. Mais écoutez… voici la flûte et les cymbales ! Les torches dans la nuit jettent des feux sanglants ; Ce soir, les vents du sud ont embrasé mes flancs, Et, dans l’ombre, j’entends galoper les cavales… Malheur à celui-là qui passe en ce moment ! Demi-nue, et penchée hors de ma porte noire, Je l’appelle comme un mourant demande à boire… Il vient ! Malheur à lui ! Malheur à mon amant ! J’aime invinciblement ! J’aime implacablement !

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Blotti comme un Oiseau Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid, Les yeux sur ton profil, je songe à l'infini... Immobile sur les coussins brodés, j'évoque L'enchantement ancien, la radieuse époque, Et les rêves au ciel de tes yeux verts baignés ! Et je revis, parmi les objets imprégnés De ton parfum intime et cher, l'ancienne année Celle qui flotte encor dans ta robe fanée... Je t'aime ingénument. Je t'aime pour te voir. Ta voix me sonne au cœur comme un chant dans le soir. Et penché sur ton cou, doux comme les calices, J'épuise goutte à goutte, en amères délices, Pendant que mon soleil décroît à l'horizon Le charme douloureux de l'arrière-saison.

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Comme un père en ses bras Comme un père en ses bras tient une enfant bercée Et doucement la serre, et, loin des curieux, S'arrête au coin d'un mur pour lui baiser les yeux, Je te porte couvée au secret de mon âme, Ô toi que j'élus douce entre toutes les femmes, Et qui marches, suave, en tes parfums flottants. Les soirs fuyants et fins aux ciels inconsistants Où défaille et s'en va la lumière vaincue, Je n'en sens la douceur tout entière vécue Que si ton nom chanté sur un rite obsesseur Coule en tièdes frissons de ma bouche à mon cœur !... Ô longs doigts vaporeux qui font rêver la lyre !... C'est ta robe évoquée avec un long sourire Qui monte, qui s'étend dans la chute du jour Et, flottante, remplit le ciel entier d'amour... Ô femme, lac profond qui garde qui s'y plonge, Leurre ou piège, qu'importe ? ... ô chair tissée en songe, Qui jamais, qui jamais connaîtra sous les cieux D'où vient cet éternel sanglot délicieux Qui roule du profond de l'homme vers Tes Yeux !

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Comme une grande fleur Comme une grande fleur trop lourde qui défaille, Parfois, toute en mes bras, tu renverses ta taille Et plonges dans mes yeux tes beaux yeux verts ardents, Avec un long sourire où miroitent tes dents… Je t’enlace ; j’ai comme un peu de l’âpre joie Du fauve frémissant et fier qui tient sa proie. Tu souris… je te tiens pâle et l’âme perdue De se sentir au bord du bonheur suspendue, Et toujours le désir pareil au coeur me mord De t’emporter ainsi, vivante, dans la mort. Incliné sur tes yeux où palpite une flamme Je descends, je descends, on dirait, dans ton âme… De ta robe entr’ouverte aux larges plis flottants, Où des éclairs de peau reluisent par instants, Un arôme charnel où le désir s’allume Monte à longs flots vers moi comme un parfum qui fume. Et, lentement, les yeux clos, pour mieux m’en griser, Je cueille sur tes dents la fleur de ton baiser !

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Dans le parc… Dans le parc aux lointains voilés de brume, sous Les grands arbres d’où tombe avec un bruit très doux L’adieu des feuilles d’or parmi la solitude, Sous le ciel pâlissant comme de lassitude, Nous irons, si tu veux, jusqu’au soir, à pas lents, Bercer l’été qui meurt dans nos coeurs indolents. Nous marcherons parmi les muettes allées ; Et cet amer parfum qu’ont les herbes foulées, Et ce silence, et ce grand charme langoureux Que verse en nous l’automne exquis et douloureux Et qui sort des jardins, des bois, des eaux, des arbres Et des parterres nus où grelottent les marbres, Baignera doucement notre âme tout un jour, Comme un mouchoir ancien qui sent encor l’amour.

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Devant la mer, un soir Devant la mer, un soir, un beau soir d’Italie, Nous rêvions… toi, câline et d’amour amollie, Tu regardais, bercée au cœur de ton amant, Le ciel qui s’allumait d’astres splendidement. Les souffles qui flottaient parlaient de défaillance ; Là-bas, d’un bal lointain, à travers le silence, Douces comme un sanglot qu’on exhale à genoux, Des valses d’Allemagne arrivaient jusqu’à nous. Incliné sur ton cou, j’aspirais à pleine âme Ta vie intense et tes secrets parfums de femme, Et je posais, comme une extase, par instants, Ma lèvre au ciel voilé de tes yeux palpitants ! Des arbres parfumés encensaient la terrasse, Et la mer, comme un monstre apaisé par ta grâce, La mer jusqu’à tes pieds allongeait son velours, La mer… … Tu te taisais ; sous tes beaux cheveux lourds Ta tête à l’abandon, lasse, s’était penchée, Et l’indéfinissable douceur épanchée À travers le ciel tiède et le parfum amer De la grève noyait ton cœur d’une autre mer, Si bien que, lentement, sur ta main pâle et chaude Une larme tomba de tes yeux d’émeraude. Pauvre, comme une enfant tu te mis à pleurer, Souffrante de n’avoir nul mot à proférer. Or, dans le même instant, à travers les espaces Les étoiles tombaient, on eût dit, comme lasses, Et je sentis mon coeur, tout mon cœur fondre en moi Devant le ciel mourant qui pleurait comme toi… C’était devant la mer, un beau soir d’Italie, Un soir de volupté suprême, où tout s’oublie, Ô Ange de faiblesse et de mélancolie.

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Hyacinthe Pour la voir aussitôt m’apparaître, fidèle Je n’ai qu’à prononcer son nom mélodieux, Comme si quelque instinct miséricordieux D’avance lui disait l’heure où j’ai besoin d’elle. Je la trouve toujours, quand mon cœur contristé S’exile et se replie au fond de ses retraites, Et pansant à la nuit ses blessures secrètes, Reprend avec l’orgueil sa native beauté. C’est dans un parc illustre où la blancheur des marbres Dans l’ombre çà et là dresse un beau geste nu, Où ruisselle un bruit d’eau léger et continu, Où les chemins rayés par les ombres des arbres S’enfoncent comme on voit aux tableaux anciens. Aux noblesses du cœur le décor est propice, Et parmi les bosquets l’âme de Bérénice Semble encor sangloter des vers raciniens. Elle est là ; sous le dais des ténèbres soyeuses, Elle attend ; autour d’elle à chaque mouvement Ses ailes font d’un vague et lent frémissement De plumes onduler les fleurs harmonieuses. Ses lèvres par instants laissent tomber le mot Unique où se concentre en goutte le silence ; Le geste de ses mains pâles est l’indolence, Et sa voix musicale est fille du sanglot. Nous errons à travers les jardins taciturnes Émus en même temps de limpides frissons, Touchés de nous aimer dans ce que nous pensons Et nous penchant ensemble aux fontaines nocturnes. L’amour s’ouvre à ses doigts comme un lys infini, Tout en elle se donne et rien ne se dérobe. Ses bras savent surtout bercer et sous sa robe Son sein a la chaleur maternelle du nid. La pitié, la douceur, la paix sont ses servantes ; À sa ceinture pend le rosaire des soirs, Et c’est elle sans trêve et pourtant sans espoirs, Que je cherche à jamais à travers les vivantes. Elle est tout ce que j’aime au monde, le secret, L’amour aux longs cheveux, la pudeur aux longs voiles, Même elle me ressemble aux rayons des étoiles, Et c’est comme une sœur morte qui reviendrait. Hyacinthe est le nom mortel que je lui donne. Souvent au fond des ans par d’étranges détours Nous évoquons la même enfance aux mêmes jours, Et sa voix dont l’accent fatidique m’étonne Semble du plus profond de mon âme venir. Elle a le timbre ému des heures abolies, Et sonne l’angélus de mes mélancolies Dans la vallée au vieux clocher du souvenir. Et parfois elle dit, pâle en la nuit profonde, Pendant qu’au loin la lune argente un marbre nu Et qu’un ruissellement léger et continu Mêle au son de sa voix l’écoulement de l’onde, Pendant qu’aux profondeurs des grands espaces bleus Palpite une douceur grave et surnaturelle, Et que je vois comme un miracle fait pour elle Les astres scintiller à travers ses cheveux, Elle dit : quelque jour dans un pays suprême Ton désir cueillera les fruits puissants et beaux Dont la fleur blême ici languit sur les tombeaux. Et ton propre idéal sera ton diadème. Avec l’argile triste où chemine le ver Tu quitteras le mal, la honte, l’esclavage, Et je te sourirai dans les lys du rivage, Belle comme la lune, en été, sur la mer. Tes sens magnifiés vivront d’intenses fièvres, Ivres d’intensité dans un air immortel ; Alors s’accomplira ton rêve originel Et, penché sur mes yeux pleins d’un soir éternel, C’est ton âme que tu baiseras sur mes lèvres.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A George Sand (II) Telle de l’Angelus, la cloche matinale Fait dans les carrefours hurler les chiens errants, Tel ton luth chaste et pur, trempé dans l’eau lustrale, Ô George, a fait pousser de hideux aboiements, Mais quand les vents sifflaient sur ta muse au front pâle, Tu n’as pu renouer tes longs cheveux flottants ; Tu savais que Phébé, l’Étoile virginale Qui soulève les mers, fait baver les serpents. Tu n’as pas répondu, même par un sourire, A ceux qui s’épuisaient en tourments inconnus, Pour mettre un peu de fange autour de tes pieds nus. Comme Desdémona, t’inclinant sur ta lyre, Quand l’orage a passé tu n’as pas écouté, Et tes grands yeux rêveurs ne s’en sont pas douté.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A George Sand (III) Puisque votre moulin tourne avec tous les vents, Allez, braves humains, où le vent vous entraîne ; Jouez, en bons bouffons, la comédie humaine ; Je vous ai trop connus pour être de vos gens. Ne croyez pourtant pas qu’en quittant votre scène, Je garde contre vous ni colère ni haine, Vous qui m’avez fait vieux peut-être avant le temps ; Peu d’entre vous sont bons, moins encor sont méchants. Et nous, vivons à l’ombre, ô ma belle maîtresse ! Faisons-nous des amours qui n’aient pas de vieillesse ; Que l’on dise de nous, quand nous mourrons tous deux : Ils n’ont jamais connu la crainte ni l’envie ; Voilà le sentier vert où, durant cette vie, En se parlant tout bas, ils souriaient entre eux.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A George Sand (IV) Il faudra bien t’y faire à cette solitude, Pauvre coeur insensé, tout prêt à se rouvrir, Qui sait si mal aimer et sait si bien souffrir. Il faudra bien t’y faire ; et sois sûr que l’étude, La veille et le travail ne pourront te guérir. Tu vas, pendant longtemps, faire un métier bien rude, Toi, pauvre enfant gâté, qui n’as pas l’habitude D’attendre vainement et sans rien voir venir. Et pourtant, ô mon coeur, quand tu l’auras perdue, Si tu vas quelque part attendre sa venue, Sur la plage déserte en vain tu l’attendras. Car c’est toi qu’elle fuit de contrée en contrée, Cherchant sur cette terre une tombe ignorée, Dans quelque triste lieu qu’on ne te dira pas.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A George Sand (V) Toi qui me l’as appris, tu ne t’en souviens plus De tout ce que mon coeur renfermait de tendresse, Quand, dans nuit profonde, ô ma belle maîtresse, Je venais en pleurant tomber dans tes bras nus ! La mémoire en est morte, un jour te l’a ravie Et cet amour si doux, qui faisait sur la vie Glisser dans un baiser nos deux coeurs confondus, Toi qui me l’as appris, tu ne t’en souviens plus.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A George Sand (VI) Porte ta vie ailleurs, ô toi qui fus ma vie ; Verse ailleurs ce trésor que j’avais pour tout bien. Va chercher d’autres lieux, toi qui fus ma patrie, Va fleurir, ô soleil, ô ma belle chérie, Fais riche un autre amour et souviens-toi du mien. Laisse mon souvenir te suivre loin de France ; Qu’il parte sur ton coeur, pauvre bouquet fané, Lorsque tu l’as cueilli, j’ai connu l’Espérance, Je croyais au bonheur, et toute ma souffrance Est de l’avoir perdu sans te l’avoir donné.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    À George Sand (I) Te voilà revenu, dans mes nuits étoilées, Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées, Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu ! J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire, Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire, Au chevet de mon lit, te voilà revenu. Eh bien, deux mots de toi m'ont fait le roi du monde, Mets la main sur mon coeur, sa blessure est profonde ; Élargis-la, bel ange, et qu'il en soit brisé ! Jamais amant aimé, mourant sur sa maîtresse, N'a sur des yeux plus noirs bu la céleste ivresse, Nul sur un plus beau front ne t'a jamais baisé !

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A Julie On me demande, par les rues, Pourquoi je vais bayant aux grues, Fumant mon cigare au soleil, A quoi se passe ma jeunesse, Et depuis trois ans de paresse Ce qu’ont fait mes nuits sans sommeil. Donne-moi tes lèvres, Julie ; Les folles nuits qui t’ont pâlie Ont séché leur corail luisant. Parfume-les de ton haleine ; Donne-les-moi, mon Africaine, Tes belles lèvres de pur sang. Mon imprimeur crie à tue-tête Que sa machine est toujours prête, Et que la mienne n’en peut mais. D’honnêtes gens, qu’un club admire, N’ont pas dédaigné de prédire Que je n’en reviendrai jamais. Julie, as-tu du vin d’Espagne ? Hier, nous battions la campagne ; Va donc voir s’il en reste encor. Ta bouche est brûlante, Julie ; Inventons donc quelque folie Qui nous perde l’âme et le corps. On dit que ma gourme me rentre, Que je n’ai plus rien dans le ventre, Que je suis vide à faire peur ; Je crois, si j’en valais la peine, Qu’on m’enverrait à Sainte-Hélène, Avec un cancer dans le coeur. Allons, Julie, il faut t’attendre A me voir quelque jour en cendre, Comme Hercule sur son rocher. Puisque c’est par toi que j’expire, Ouvre ta robe, Déjanire, Que je monte sur mon bûcher.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A la mi-carême I Le carnaval s’en va, les roses vont éclore ; Sur les flancs des coteaux déjà court le gazon. Cependant du plaisir la frileuse saison Sous ses grelots légers rit et voltige encore, Tandis que, soulevant les voiles de l’aurore, Le Printemps inquiet paraît à l’horizon. II Du pauvre mois de mars il ne faut pas médire ; Bien que le laboureur le craigne justement, L’univers y renaît ; il est vrai que le vent, La pluie et le soleil s’y disputent l’empire. Qu’y faire ? Au temps des fleurs, le monde est un enfant ; C’est sa première larme et son premier sourire. III C’est dans le mois de mars que tente de s’ouvrir L’anémone sauvage aux corolles tremblantes. Les femmes et les fleurs appellent le zéphyr ; Et du fond des boudoirs les belles indolentes, Balançant mollement leurs tailles nonchalantes, Sous les vieux marronniers commencent à venir. IV C’est alors que les bals, plus joyeux et plus rares, Prolongent plus longtemps leurs dernières fanfares ; À ce bruit qui nous quitte, on court avec ardeur ; La valseuse se livre avec plus de langueur : Les yeux sont plus hardis, les lèvres moins avares, La lassitude enivre, et l’amour vient au coeur. V S’il est vrai qu’ici-bas l’adieu de ce qu’on aime Soit un si doux chagrin qu’on en voudrait mourir, C’est dans le mois de mars, c’est à la mi-carême, Qu’au sortir d’un souper un enfant du plaisir Sur la valse et l’amour devrait faire un poème, Et saluer gaiement ses dieux prêts à partir. VI Mais qui saura chanter tes pas pleins d’harmonie, Et tes secrets divins, du vulgaire ignorés, Belle Nymphe allemande aux brodequins dorés ? Ô Muse de la valse ! ô fleur de poésie ! Où sont, de notre temps, les buveurs d’ambroisie Dignes de s’étourdir dans tes bras adorés ? VII Quand, sur le Cithéron, la Bacchanale antique Des filles de Cadmus dénouait les cheveux, On laissait la beauté danser devant les dieux ; Et si quelque profane, au son de la musique, S’élançait dans les choeurs, la prêtresse impudique De son thyrse de fer frappait l’audacieux. VIII Il n’en est pas ainsi dans nos fêtes grossières ; Les vierges aujourd’hui se montrent moins sévères, Et se laissent toucher sans grâce et sans fierté. Nous ouvrons à qui veut nos quadrilles vulgaires ; Nous perdons le respect qu’on doit à la beauté, Et nos plaisirs bruyants font fuir la volupté. IX Tant que régna chez nous le menuet gothique, D’observer la mesure on se souvint encor. Nos pères la gardaient aux jours de thermidor, Lorsqu’au bruit des canons dansait la République, Lorsque la Tallien, soulevant sa tunique, Faisait de ses pieds nus claquer les anneaux d’or. X Autres temps, autres moeurs ; le rythme et la cadence Ont suivi les hasards et la commune loi. Pendant que l’univers, ligué contre la France, S’épuisait de fatigue à lui donner un roi, La valse d’un coup d’aile a détrôné la danse. Si quelqu’un s’en est plaint, certes, ce n’est pas moi. XI Je voudrais seulement, puisqu’elle est notre hôtesse, Qu’on sût mieux honorer cette jeune déesse. Je voudrais qu’à sa voix on pût régler nos pas, Ne pas voir profaner une si douce ivresse, Froisser d’un si beau sein les contours délicats, Et le premier venu l’emporter dans ses bras. XII C’est notre barbarie et notre indifférence Qu’il nous faut accuser ; notre esprit inconstant Se prend de fantaisie et vit de changement ; Mais le désordre même a besoin d’élégance ; Et je voudrais du moins qu’une duchesse, en France, Sût valser aussi bien qu’un bouvier allemand.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A Laure Si tu ne m’aimais pas, dis-moi, fille insensée, Que balbutiais-tu dans ces fatales nuits ? Exerçais-tu ta langue à railler ta pensée ? Que voulaient donc ces pleurs, cette gorge oppressée, Ces sanglots et ces cris ? Ah ! si le plaisir seul t’arrachait ces tendresses, Si ce n’était que lui qu’en ce triste moment Sur mes lèvres en feu tu couvrais de caresses Comme un unique amant ; Si l’esprit et les sens, les baisers et les larmes, Se tiennent par la main de ta bouche à ton coeur, Et s’il te faut ainsi, pour y trouver des charmes, Sur l’autel du plaisir profaner le bonheur : Ah ! Laurette ! ah ! Laurette, idole de ma vie, Si le sombre démon de tes nuits d’insomnie Sans ce masque de feu ne saurait faire un pas, Pourquoi l’évoquais-tu, si tu ne m’aimais pas ?

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    Alfred De Musset

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    @alfredDeMusset

    A Madame G (2) C’est mon avis qu’en route on s’expose à la pluie, Au vent, à la poussière, et qu’on peut, le matin, S’éveiller chiffonnée avec un mauvais teint, Et qu’à la longue, en poste, un tête-à-tête ennuie. C’est mon avis qu’au monde il n’est pire folie Que d’embarquer l’amour pour un pays lointain. Quoi qu’en dise Héloïse ou madame Cottin, Dans un miroir d’auberge on n’est jamais jolie. C’est mon avis qu’en somme un bas blanc bien tiré, Sur une robe blanche un beau ruban moiré, Et des ongles bien nets, sont le bonheur suprême.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    À Juana Ô ciel ! je vous revois, madame, De tous les amours de mon âme Vous le plus tendre et le premier. Vous souvient-il de notre histoire ? Moi, j'en ai gardé la mémoire : C'était, je crois, l'été dernier. Ah ! marquise, quand on y pense, Ce temps qu'en folie on dépense, Comme il nous échappe et nous fuit ! Sais-tu bien, ma vieille maîtresse, Qu'à l'hiver, sans qu'il y paraisse, J'aurai vingt ans, et toi dix-huit ? Eh bien ! m'amour, sans flatterie, Si ma rose est un peu pâlie, Elle a conservé sa beauté. Enfant ! jamais tête espagnole Ne fut si belle, ni si folle. Te souviens-tu de cet été ? De nos soirs, de notre querelle ? Tu me donnas, je me rappelle, Ton collier d'or pour m'apaiser, Et pendant trois nuits, que je meure, Je m'éveillai tous les quarts d'heure, Pour le voir et pour le baiser. Et ta duègne, ô duègne damnée ! Et la diabolique journée Où tu pensas faire mourir, O ma perle d'Andalousie, Ton vieux mari de jalousie, Et ton jeune amant de plaisir ! Ah ! prenez-y garde, marquise, Cet amour-là, quoi qu'on en dise, Se retrouvera quelque jour. Quand un coeur vous a contenue, Juana, la place est devenue Trop vaste pour un autre amour. Mais que dis-je ? ainsi va le monde. Comment lutterais-je avec l'onde Dont les flots ne reculent pas ? Ferme tes yeux, tes bras, ton âme ; Adieu, ma vie, adieu, madame, Ainsi va le monde ici-bas. Le temps emporte sur son aile Et le printemps et l'hirondelle, Et la vie et les jours perdus ; Tout s'en va comme la fumée, L'espérance et la renommée, Et moi qui vous ai tant aimée, Et toi qui ne t'en souviens plus !

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    Alfred De Musset

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    @alfredDeMusset

    À Madame A. T Qu'un jeune amour plein de mystère Pardonne à la vieille amitié D'avoir troublé son sanctuaire. D'une belle âme qui m'est chère Si j'ai jamais eu la moitié, Je vous la lègue tout entière.

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    Alfred De Musset

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    @alfredDeMusset

    À Mademoiselle *** Oui, femmes, quoi qu'on puisse dire, Vous avez le fatal pouvoir De nous jeter par un sourire Dans l'ivresse ou le désespoir. Oui, deux mots, le silence même, Un regard distrait ou moqueur, Peuvent donner à qui vous aime Un coup de poignard dans le coeur. Oui, votre orgueil doit être immense, Car, grâce à notre lâcheté, Rien n'égale votre puissance, Sinon votre fragilité. Mais toute puissance sur terre Meurt quand l'abus en est trop grand, Et qui sait souffrir et se taire S'éloigne de vous en pleurant. Quel que soit le mal qu'il endure, Son triste rôle est le plus beau. J'aime encor mieux notre torture Que votre métier de bourreau.

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    Alfred De Musset

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    @alfredDeMusset

    À Ninon Si je vous le disais pourtant, que je vous aime, Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ? L’amour, vous le savez, cause une peine extrême ; C’est un mal sans pitié que vous plaignez vous-même ; Peut-être cependant que vous m’en puniriez. Si je vous le disais, que six mois de silence Cachent de longs tourments et des voeux insensés : Ninon, vous êtes fine, et votre insouciance Se plaît, comme une fée, à deviner d’avance ; Vous me répondriez peut-être : Je le sais. Si je vous le disais, qu’une douce folie A fait de moi votre ombre, et m’attache à vos pas : Un petit air de doute et de mélancolie, Vous le savez, Ninon, vous rend bien plus jolie ; Peut-être diriez-vous que vous n’y croyez pas. Si je vous le disais, que j’emporte dans l’âme Jusques aux moindres mots de nos propos du soir : Un regard offensé, vous le savez, madame, Change deux yeux d’azur en deux éclairs de flamme ; Vous me défendriez peut-être de vous voir. Si je vous le disais, que chaque nuit je veille, Que chaque jour je pleure et je prie à genoux ; Ninon, quand vous riez, vous savez qu’une abeille Prendrait pour une fleur votre bouche vermeille ; Si je vous le disais, peut-être en ririez-vous. Mais vous ne saurez rien. – Je viens, sans rien en dire, M’asseoir sous votre lampe et causer avec vous ; Votre voix, je l’entends ; votre air, je le respire ; Et vous pouvez douter, deviner et sourire, Vos yeux ne verront pas de quoi m’être moins doux. Je récolte en secret des fleurs mystérieuses : Le soir, derrière vous, j’écoute au piano Chanter sur le clavier vos mains harmonieuses, Et, dans les tourbillons de nos valses joyeuses, Je vous sens, dans mes bras, plier comme un roseau. La nuit, quand de si loin le monde nous sépare, Quand je rentre chez moi pour tirer mes verrous, De mille souvenirs en jaloux je m’empare ; Et là, seul devant Dieu, plein d’une joie avare, J’ouvre, comme un trésor, mon cœur tout plein de vous. J’aime, et je sais répondre avec indifférence ; J’aime, et rien ne le dit ; j’aime, et seul je le sais ; Et mon secret m’est cher, et chère ma souffrance ; Et j’ai fait le serment d’aimer sans espérance, Mais non pas sans bonheur ; – je vous vois, c’est assez. Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême, De mourir dans vos bras et de vivre à vos pieds. Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même… Si je vous le disais pourtant, que je vous aime, Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?

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    Alfred De Musset

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    @alfredDeMusset

    L’Andalouse Avez-vous vu, dans Barcelone, Une Andalouse au sein bruni ? Pâle comme un beau soir d’automne ! C’est ma maîtresse, ma lionne ! La marquesa d’Amaëgui ! J’ai fait bien des chansons pour elle, Je me suis battu bien souvent. Bien souvent j’ai fait sentinelle, Pour voir le coin de sa prunelle, Quand son rideau tremblait au vent. Elle est à moi, moi seul au monde. Ses grands sourcils noirs sont à moi, Son corps souple et sa jambe ronde, Sa chevelure qui l’inonde, Plus longue qu’un manteau de roi ! C’est à moi son beau corps qui penche Quand elle dort dans son boudoir, Et sa basquina sur sa hanche, Son bras dans sa mitaine blanche, Son pied dans son brodequin noir. Vrai Dieu ! Lorsque son oeil pétille Sous la frange de ses réseaux, Rien que pour toucher sa mantille, De par tous les saints de Castille, On se ferait rompre les os. Qu’elle est superbe en son désordre, Quand elle tombe, les seins nus, Qu’on la voit, béante, se tordre Dans un baiser de rage, et mordre En criant des mots inconnus ! Et qu’elle est folle dans sa joie, Lorsqu’elle chante le matin, Lorsqu’en tirant son bas de soie, Elle fait, sur son flanc qui ploie, Craquer son corset de satin ! Allons, mon page, en embuscades ! Allons ! la belle nuit d’été ! Je veux ce soir des sérénades À faire damner les alcades De Tolose au Guadalété.

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    Alfred De Musset

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    @alfredDeMusset

    Madame la marquise Vous connaissez que j’ai pour mie Une Andalouse à l’oeil lutin, Et sur mon coeur, tout endormie, Je la berce jusqu’au matin. Voyez-la, quand son bras m’enlace, Comme le col d’un cygne blanc, S’enivrer, oublieuse et lasse, De quelque rêve nonchalant. Gais chérubins ! veillez sur elle. Planez, oiseaux, sur notre nid ; Dorez du reflet de votre aile Son doux sommeil, que Dieu bénit ! Car toute chose nous convie D’oublier tout, fors notre amour : Nos plaisirs, d’oublier la vie ; Nos rideaux, d’oublier le jour. Pose ton souffle sur ma bouche, Que ton âme y vienne passer ! Oh ! restons ainsi dans ma couche, Jusqu’à l’heure de trépasser ! Restons ! L’étoile vagabonde Dont les sages ont peur de loin Peut-être, en emportant le monde, Nous laissera dans notre coin. Oh ! viens ! dans mon âme froissée Qui saigne encor d’un mal bien grand, Viens verser ta blanche pensée, Comme un ruisseau dans un torrent ! Car sais-tu, seulement pour vivre, Combien il m’a fallu pleurer ? De cet ennui qui désenivre Combien en mon coeur dévorer ? Donne-moi, ma belle maîtresse, Un beau baiser, car je te veux Raconter ma longue détresse, En caressant tes beaux cheveux. Or voyez qui je suis, ma mie, Car je vous pardonne pourtant De vous être hier endormie Sur mes lèvres, en m’écoutant. Pour ce, madame la marquise, Dès qu’à la ville il fera noir, De par le roi sera requise De venir en notre manoir ; Et sur mon coeur, tout endormie, La bercerai jusqu’au matin, Car on connaît que j’ai pour mie Une Andalouse à l’oeil lutin.

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    Alfred De Musset

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    @alfredDeMusset

    Que j’aime le premier frisson d’hiver Que j'aime le premier frisson d'hiver ! le chaume, Sous le pied du chasseur, refusant de ployer ! Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume, Au fond du vieux château s'éveille le foyer ;

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