splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Premier amour

8 poésies en cours de vérification
Premier amour

Poésies de la collection premier amour

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    Premier amour Printemps, que me veux-tu ? pourquoi ce doux sourire, Ces fleurs dans tes cheveux et ces boutons naissants ? Pourquoi dans les bosquets cette voix qui soupire, Et du soleil d'avril ces rayons caressants ? Printemps si beau, ta vue attriste ma jeunesse ; De biens évanouis tu parles à mon coeur ; Et d'un bonheur prochain ta riante promesse M'apporte un long regret de mon premier bonheur. Un seul être pour moi remplissait la nature ; En ses yeux je puisais la vie et l'avenir ; Au souffle harmonieux de sa voix calme et pure, Vers un plus frais matin je croyais rajeunir. Ô combien je l'aimais ! et c'était en silence ! De son front virginal arrosé de pudeur, De sa bouche où nageait tant d'heureuse indolence, Mon souffle aurait terni l'éclatante candeur. Par instants j'espérais. Bonne autant qu'ingénue, Elle me consolait du sort trop inhumain ; Je l'avais vue un jour rougir à ma venue, Et sa main par hasard avait touché ma main.

    en cours de vérification

    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Romance Ah ! sous une feinte allégresse Ne nous cache pas ta douleur ! Tu plais autant par ta tristesse Que par ton sourire enchanteur À travers la vapeur légère L'Aurore ainsi charme les yeux ; Et, belle en sa pâle lumière, La nuit, Phœbé charme les cieux. Qui te voit, muette et pensive, Seule rêver le long du jour, Te prend pour la vierge naïve Qui soupire un premier amour ; Oubliant l'auguste couronne Qui ceint tes superbes cheveux, À ses transports il s'abandonne, Et sent d'amour les premiers feux !

    en cours de vérification

    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Le premier amour Vous souvient-il de cette jeune amie, Au regard tendre, au maintien sage et doux ? À peine, hélas ! au printemps de sa vie, Son cœur sentit qu'il était fait pour vous. Point de serment, point de vaine promesse : Si jeune encore, on ne les connaît pas ; Son âme pure aimait avec ivresse, Et se livrait sans honte et sans combats. Elle a perdu son idole chérie ; Bonheur si doux a duré moins qu'un jour ! Elle n'est plus au printemps de sa vie : Elle est encore à son premier amour.

    en cours de vérification

    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Un présage J'ai vu dans l'air passer deux ailes blanches : Est-ce pour moi que ce présage a lui ? J'entends chanter tout un nid dans les branches : Trop de bonheur me menace aujourd'hui ! Pour le braver je suis trop faible encore. Arrêtez-vous, ambassadeurs des cieux ! L'épi fléchit, que trop de soleil dore : Bonheur, bonheur, ne venez pas encore ; Éclairez-moi, ne brûlez pas mes yeux ! Tournée au nord une cage est si sombre ! Dieu l'ouvre-t-il aux plaintes de l'oiseau, L'aile incertaine, avant de quitter l'ombre, Hésite et plane au-dessus du réseau. La liberté cause un brillant vertige, L'anneau tombé gêne encor pour courir. Survivra-t-on si ce n'est qu'un prestige ? L'âme recule à l'aspect du prodige : Fût-ce de joie, on a peur de mourir ! Mais ce bouquet apparu sur ma porte Dit-il assez ce que j'entends tout bas ? Dernier rayon d'une âme presque morte, Premier amour, vous ne mourez donc pas ? Ces fleurs toujours m'annonçaient sa présence, C'était son nom quand il allait venir. Comme on s'aimait dans ce temps d'innocence ! Comme un rameau rouvre toute l'absence ! Que de parfums sortent du souvenir ! Je ne sais pas d'où souffle l'espérance, Mais je l'entends rire au fond de mes pleurs. Dieu ! Qu'elle est fraîche où brûlait la souffrance ! Que son haleine étanche de douleurs ! Passante ailée au coin du toit blottie, Y rattachant ses fils longs et dorés, Grâce à son vol, ma force est avertie : Bonheur ! Bonheur ! Je ne suis pas sortie ; J'attends le ciel ; c'est vous, bonheur : entrez !

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    À Madame X Au temps où vous m'aimiez (bien sûr ?), Vous m'envoyâtes, fraîche éclose, Une chère petite rose, Frais emblème, message pur. Elle disait en son langage Les " serments du premier amour ", Votre coeur à moi pour toujours Et toutes les choses d'usage. Trois ans sont passés. Nous voilà ! Mais moi j'ai gardé la mémoire De votre rose, et c'est ma gloire De penser encore à cela. Hélas ! si j'ai la souvenance, Je n'ai plus la fleur, ni le coeur ! Elle est aux quatre vents, la fleur. Le coeur ? mais, voici que j'y pense, Fut-il mien jamais ? entre nous ? Moi, le mien bat toujours de même, Il est toujours simple. Un emblème A mon tour. Dites, voulez-vous Que, tout pesé, je vous envoie, Triste sélam, mais c'est ainsi, Cette pauvre négresse-ci ? Elle n'est pas couleur de joie, Mais elle est couleur de mon coeur ; Je l'ai cueillie à quelque fente Du pavé captif que j'arpente En ce lieu de juste douleur. A-t-elle besoin d'autres preuves ? Acceptez-la pour le plaisir. J'ai tant fait que de la cueillir, Et c'est presque une fleur-des-veuves.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    L'amour de la patrie L'amour de la Patrie est le premier amour Et le dernier amour après l'amour de Dieu. C'est un feu qui s'allume alors que luit le jour Où notre regard luit comme un céleste feu ; C'est le jour baptismal aux paupières divines De l'enfant, la rumeur de l'aurore aux oreilles Frais écloses, c'est l'air emplissant les poitrines En fleur, l'air printanier rempli d'odeurs vermeilles. L'enfant grandit, il sent la terre sous ses pas Qui le porte, le berce, et, bonne, le nourrit, Et douce, désaltère encore ses repas D'une liqueur, délice et gloire de l'esprit. Puis l'enfant se fait homme ou devient jeune fille Et cependant que croît sa chair pleine de grâce, Son âme se répand par-delà la famille Et cherche une âme soeur, une chair qu'il enlace ; Et quand il a trouvé cette âme et cette chair, Il naît d'autres enfants encore, fleurs de fleurs Qui germeront aussi le jardin jeune et cher Des générations d'ici, non pas d'ailleurs. L'homme et la femme ayant l'un et l'autre leur tâche S'en vont un peu chacun de son coté. La femme, Gardienne du foyer tout le jour sans relâche, La nuit garde l'honneur comme une chaste femme ; L'homme vaque aux durs soins du dehors ; les travaux, La parole à porter - sûr ce qu'il vaut - Sévère et probe et douce, et rude aux discours faux, Et la nuit le ramène entre les bras qu'il faut. Tout deux, si pacifique est leur course terrestre, Mourront bénis de fils et vieux dans la patrie ; Mais que le noir démon, la guerre, essore l'oestre, Que l'air natal s'empourpre aux fleurs de tuerie, Que l'étranger mette son pied sur le vieux sol Nourricier, - imitant les peuples de tous bords. Saragosse, Moscou, le Russe, l'Espagnol, La France de quatre-vingt-treize, l'homme alors, Magnifié soudain, à son oeuvre se hausse, Et tragique, et classique, et très fort, et très calme, Lutte pour sa maison ou combat pour sa fosse, Meurt en pensant aux siens ou leur conquiert la palme S'il survit il reprend le train de tous les jours, Élève ses enfants dans la crainte de Dieu Des ancêtres, et va refleurir ses amours Aux flancs de l'épousée éprise du fier jeu. L'âge mûr est celui des sévères pensées, Des espoirs soucieux, des amitiés jalouses, C'est l'heure aussi des justes haines amassées, Et quand sur la place publique, habits et blouses, Les citoyens discords dans d'honnêtes combats (Et combien douloureux à leur fraternité !) S'arrachent les devoirs et les droits, et non pas Pour le lucre, mais pour une stricte équité, Il prend parti, pleurant de tuer, mais terrible Et tuant sans merci comme en d'autres batailles, Le sang autour de lui giclant comme d'un crible, Une atroce fureur, pourtant sainte, aux entrailles. Tué, son nom, célèbre ou non, reste honoré. Proscrit ou non, il meurt heureux, dans tous les cas D'avoir voué sa vie et tout au lieu sacré Qui le fit homme et tout, de joyeux petit gas.

    en cours de vérification

    Tristan Corbière

    Tristan Corbière

    @tristanCorbiere

    À une demoiselle Pour Piano et Chant. La dent de ton Érard, râtelier osanore, Et scie et broie à crû, sous son tic-tac nerveux, La gamme de tes dents, autre clavier sonore... Touches qui ne vont pas aux cordes des cheveux ! – Cauchemar de meunier, ta : Rêverie agile ! – Grattage, ton : Premier amour à quatre mains ! Ô femme transposée en Morceau difficile, Tes croches sans douleur n'ont pas d'accents humains ! Déchiffre au clavecin cet accord de ma lyre ; Télégraphe à musique, il pourra le traduire : Cri d'os, dur, sec, qui plaque et casse – Plangorer... Jamais ! – La clef-de-Sol n'est pas la clef de l'âme, La clef-de-Fa n'est pas la syllabe de Femme, Et deux demi-soupirs... ce n'est pas soupirer.

    en cours de vérification

    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Égalité Dans un grand jardin en cinq actes, Conforme aux préceptes du goût, Où les branches étaient exactes, Où les fleurs se tenaient debout, Quelques clématites sauvages Poussaient, pauvres bourgeons pensifs, Parmi les nobles esclavages Des buis, des myrtes et des ifs. Tout près, croissait, sur la terrasse Pleine de dieux bien copiés, Un rosier de si grande race Qu'il avait du marbre à ses pieds. La rose sur les clématites Fixait ce regard un peu sec Que Rachel jette à ces petites Qui font le choeur du drame grec. Ces fleurs, tremblantes et pendantes, Dont Zéphyre tenait le fil, Avaient des airs de confidentes Autour de la reine d'avril. La haie, où s'ouvraient leurs calices Et d'où sortaient ces humbles fleurs, Écoutait du bord des coulisses Le rire des bouvreuils siffleurs. Parmi les brises murmurantes Elle n'osait lever le front ; Cette mère de figurantes Était un peu honteuse au fond. Et je m'écriai : — Fleurs éparses Près de la rose en ce beau lieu, Non, vous n'êtes pas les comparses Du grand théâtre du bon Dieu. Tout est de Dieu l'oeuvre visible. La rose, en ce drame fécond, Dit le premier vers, c'est possible, Mais le bleuet dit le second. Les esprits vrais, que l'aube arrose, Ne donnent point dans ce travers Que les campagnes sont en prose Et que les jardins sont en vers. Avril dans les ronces se vautre, Le faux art que l'ennui couva Lâche le critique Lenôtre Sur le poète Jéhovah. Mais cela ne fait pas grand-chose À l'immense sérénité, Au ciel, au calme grandiose Du philosophe et de l'été. Qu'importe ! croissez, fleurs vermeilles ! Soeurs, couvrez la terre aux flancs bruns, L'hésitation des abeilles Dit l'égalité des parfums. Croissez, plantes, tiges sans nombre ! Du verbe vous êtes les mots. Les immenses frissons de l'ombre Ont besoin de tous vos rameaux. Laissez, broussailles étoilées, Bougonner le vieux goût boudeur ; Croissez, et sentez-vous mêlées À l'inexprimable grandeur ! Rien n'est haut et rien n'est infime. Une goutte d'eau pèse un ciel ; Et le mont Blanc n'a pas de cime Sous le pouce de l'Éternel. Toute fleur est un premier rôle ; Un ver peut être une clarté ; L'homme et l'astre ont le même pôle ; L'infini, c'est l'égalité. L'incommensurable harmonie, Si tout n'avait pas sa beauté, Serait insultée et punie Dans tout être déshérité. Dieu, dont les cieux sont les pilastres, Dans son grand regard jamais las Confond l'éternité des astres Avec la saison des lilas. Les prés, où chantent les cigales, Et l'Ombre ont le même cadran. Ô fleurs, vous êtes les égales Du formidable Aldébaran. L'intervalle n'est qu'apparence. Ô bouton d'or tremblant d'émoi, Dieu ne fait pas de différence Entre le zodiaque et toi. L'être insondable est sans frontière. Il est juste, étant l'unité. La création tout entière Attendrit sa paternité. Dieu, qui fit le souffle et la roche, Oeil de feu qui voit nos combats, Oreille d'ombre qui s'approche De tous les murmures d'en bas, Dieu, le père qui mit dans les fêtes Dans les éthers, dans les sillons, Qui fit pour l'azur les comètes Et pour l'herbe les papillons, Et qui veut qu'une âme accompagne Les êtres de son flanc sortis, Que l'éclair vole à la montagne Et la mouche au myosotis, Dieu, parmi les mondes en fuite, Sourit, dans les gouffres du jour, Quand une fleur toute petite Lui conte son premier amour.

    en cours de vérification

  • 1