Mon cher Papa J'avais appris un compliment,
Et j'accourais pour célébrer ta fête,
On y parlait de sentiment
De tendre amour, d'ardeur parfaite ;
Mais j'ai tout oublié,
Lorsque je suis venu,
Je t'aime est le seul mot que j'ai bien retenu.
il y a 9 mois
A
Alfonso Gatto
@alfonsoGatto
A Mon Père Si tu revenais ce soir à mon côté
le long de la rue où l’ombre descend
bleue déjà comme si c’était le printemps,
pour te dire combien le monde est sombre et comment
sous nos rêves en liberté il s’illuminerait
d’espoirs, de pauvres, de ciel,
je trouverais des larmes d’enfant
et de grands yeux de sourire, noirs
noirs comme les hirondelles de mer.
Il suffirait que tu sois vivant,
un homme vivant avec ton cœur est un rêve.
Aujourd’hui est une ombre pour la terre le souvenir
de ta voix qui disait à tes enfants:
« Comme la nuit est belle et comme elle est bonne
de nous aimer ainsi, l’air en crue
jusqu’au cœur du sommeil. » Tu voyais le monde
à la pleine lune tendre vers le ciel,
les hommes en marche vers l’aube.
il y a 9 mois
F
François Fabié
@francoisFabie
A mon Père C'est à toi que je veux offrir mes premiers vers,
Père ! J'en ai cueilli les strophes un peu rudes,
Là haut, dans ton Rouergue aux âpres solitudes,
Parmi les bois touffus et les genêts amers.
Tu ne les liras point, je le sais, ô mon père ;
Car tu ne sais pas lire, hélas ! et toi qui fis
Tant d'efforts pour donner des maîtres à ton fils,
On ne te mit jamais à l'école primaire...
Eh bien ! avant le jour - lointain encor, j'espère, -
Où, jetant ta cognée et te croisant les bras,
Les yeux clos à jamais, tu te reposeras
Sous l'herbe haute et drue où repose ton père,
J'ai voulu de mes vers réunir les meilleurs,
Ceux qui gardent l'odeur de tes bruyères roses,
De tes genêts dorés et des tes houx moroses,
Et t'offrir ce bouquet de rimes et de fleurs.
Puis un soir, je viendrai peut-être, à la veillée,
Te lire ce recueil ; et, si mes vers sont bons,
Tu songeras, les yeux fixés sur les charbons,
A ta fière jeunesse en mon livre effeuillée...
il y a 9 mois
J
Jean Sioui
@jeanSioui
Mon Père cachait en lui Mon père cachait en lui
l’indien sauvage
Longtemps il a marché hors sentier
Dans sa chair de vieux
après des années de nuits blanches
il a repris ses rides d’homme des bois
Mon père a sorti de lui
ses jours de chasse
ses longues nuits en cabane
le sourire des enfants
qui mâchaient la gomme des sapins
Mon père s’est endormi
en rêvant qu’il n’avait pas triché.
il y a 9 mois
M
Maurice Carême
@mauriceCareme
Pour mon Papa J’écris le mot agneau
Et tout devient frisé :
La feuille du bouleau,
La lumière des prés.
J’écris le mot étang
Et mes lèvres se mouillent ;
J’entends une grenouille
Rire au milieu des champs.
J’écris le mot forêt
Et le vent devient branche.
Un écureuil se penche
Et me parle en secret.
Mais si j’écris papa,
Tout me devient caresse,
Et le monde me berce
En chantant dans ses bras.
il y a 9 mois
M
Maurice Carême
@mauriceCareme
Pour mon Père Mon père aimé, mon père à moi,
Toi qui me fais bondir
Sur tes genoux
Comme un chamois,
Que pourrais-je te dire
Que tu ne sais déjà?
Il fait si doux
Quand ton sourire
Eclaire tout
Sous notre toit.
Je me sens fort, je me sens roi,
Quand je marche à côté de toi.
il y a 9 mois
Sylvia Plath
@sylviaPlath
Papa Ne fais pas, ne fais pas,
plus jamais, chaussures noires
dans lesquelles j’ai vécu comme un pied
pendant trente ans, pauvre et blanche,
osant à peine respirer ou éternuer.
Papa, j’ai dû te tuer.
Tu es mort avant que j’en ai eu le temps —
Lourd comme marbre, un sac débordant de Dieu,
grand comme un phoque de Frisco
et une tête dans l’étrange Atlantique
où se déverse grain vert ou bleu
dans les eaux hors du si beau bateau Nauset
au se déverse grain vert ou bleu
J’ai souvent prié pour te retrouver
Ach, du.
Dans la langue allemande, dans la ville polonaise
nivelé à ras par les rouleaux
des guerres, guerres, guerres.
Mais le nom de la ville est commun.
Mon ami polonais
Me dit qu’il y en a une douzaine ou deux.
Aussi je ne pourrais jamais raconter
où tu avais mis les pieds, tes racines.
Jamais je ne pus te parler.
La langue était coincée dans ma mâchoire.
Cela coince dans le piège des fils de la barbe.
Ich, ich, ich, ich,
je peux difficilement parler.
Je pensais que tout Allemand était toi
et la langue obscène.
Une locomotive,une locomotive
me déportant comme un juif
Un juif de Dachau, Auschwitz, Belsen.
Je commence à parler comme un juif.
Je pense que je devrais bien être un juif.
La neige du Tyrol, la bière légère de Vienne
ne sont ni pures ni vraies.
avec mes ancêtres tziganes et ma chance bizarre
et mon sac de contrefaçon et mon sac de contrefaçon
je dois être un morceau de juif.
Toujours je t’ai vénéré
avec ta Luftwaffe, ton charabia
et ta moustache si soignée
et tes yeux d’aryen, d’un bleu d’acier
Panzer-man, panzer-man, O toi—
Pas Dieu mais une croix gammée
si noire qu’aucun ciel ne pouvait glapir au travers
Chaque femme adore un fasciste,
la botte sur le visage, la brute
le cœur de brute comme une brute comme toi.
Tu es devant le tableau noir, papa
dans cette image que je garde de toi,
une crevasse au menton au lieu de ton pied
Mais pas besoin du diable pour cela, non pas moins
que cet homme noir qui
déchire en deux mon joli cœur rouge
J’avais dix ans quand ils t’ont mis en terre.
À vingt ans j’ai tenté de mourir
et de revenir en ar
rière, en arrière, en arrière vers toi.
je pensais que les os le permettraient enfin.
Mais ils m’ont chassé du sac
et ils m’ont coincé en moi-même avec de la glue.
Alors j’ai su que faire.
J’ai fait un modèle de toi
un homme en noir avec l’apparence de Meinkampf
Et l’amour de la torture et de la baise
et je me suis dit je le dois, je le dois
Ainsi papa, je suis enfin au-delà.
le téléphone noir est hors des racines,
les voix ne peuvent plus se faufiler au travers.
Si j’avais tué un homme, j’en aurai tué deux
Le vampire qui dit qu’il est toi
et buvait toute l’année mon sang.
Sept ans, si tu veux vraiment savoir.
Papa tu peux te recoucher maintenant
Il y a un pieu dans ton cœur noir et gras
et les gens du village ne t’ont jamais aimé
Ils dansent sur toi et te piétinent .
Toujours ils ont su que c’était toi.
Papa, papa, toi salaud
je suis passé au travers.