splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Titre : Papa

Auteur : Sylvia Plath Recueil : Sylvia Plath, 2011

Ne fais pas, ne fais pas, plus jamais, chaussures noires dans lesquelles j’ai vécu comme un pied pendant trente ans, pauvre et blanche, osant à peine respirer ou éternuer. Papa, j’ai dû te tuer. Tu es mort avant que j’en ai eu le temps — Lourd comme marbre, un sac débordant de Dieu, grand comme un phoque de Frisco et une tête dans l’étrange Atlantique où se déverse grain vert ou bleu dans les eaux hors du si beau bateau Nauset au se déverse grain vert ou bleu J’ai souvent prié pour te retrouver Ach, du. Dans la langue allemande, dans la ville polonaise nivelé à ras par les rouleaux des guerres, guerres, guerres. Mais le nom de la ville est commun. Mon ami polonais Me dit qu’il y en a une douzaine ou deux. Aussi je ne pourrais jamais raconter où tu avais mis les pieds, tes racines. Jamais je ne pus te parler. La langue était coincée dans ma mâchoire. Cela coince dans le piège des fils de la barbe. Ich, ich, ich, ich, je peux difficilement parler. Je pensais que tout Allemand était toi et la langue obscène. Une locomotive,une locomotive me déportant comme un juif Un juif de Dachau, Auschwitz, Belsen. Je commence à parler comme un juif. Je pense que je devrais bien être un juif. La neige du Tyrol, la bière légère de Vienne ne sont ni pures ni vraies. avec mes ancêtres tziganes et ma chance bizarre et mon sac de contrefaçon et mon sac de contrefaçon je dois être un morceau de juif. Toujours je t’ai vénéré avec ta Luftwaffe, ton charabia et ta moustache si soignée et tes yeux d’aryen, d’un bleu d’acier Panzer-man, panzer-man, O toi— Pas Dieu mais une croix gammée si noire qu’aucun ciel ne pouvait glapir au travers Chaque femme adore un fasciste, la botte sur le visage, la brute le cœur de brute comme une brute comme toi. Tu es devant le tableau noir, papa dans cette image que je garde de toi, une crevasse au menton au lieu de ton pied Mais pas besoin du diable pour cela, non pas moins que cet homme noir qui déchire en deux mon joli cœur rouge J’avais dix ans quand ils t’ont mis en terre. À vingt ans j’ai tenté de mourir et de revenir en ar rière, en arrière, en arrière vers toi. je pensais que les os le permettraient enfin. Mais ils m’ont chassé du sac et ils m’ont coincé en moi-même avec de la glue. Alors j’ai su que faire. J’ai fait un modèle de toi un homme en noir avec l’apparence de Meinkampf Et l’amour de la torture et de la baise et je me suis dit je le dois, je le dois Ainsi papa, je suis enfin au-delà. le téléphone noir est hors des racines, les voix ne peuvent plus se faufiler au travers. Si j’avais tué un homme, j’en aurai tué deux Le vampire qui dit qu’il est toi et buvait toute l’année mon sang. Sept ans, si tu veux vraiment savoir. Papa tu peux te recoucher maintenant Il y a un pieu dans ton cœur noir et gras et les gens du village ne t’ont jamais aimé Ils dansent sur toi et te piétinent . Toujours ils ont su que c’était toi. Papa, papa, toi salaud je suis passé au travers.