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Voeux

7 poésies en cours de vérification
Voeux

Poésies de la collection voeux

    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Les vœux stériles Puisque c'est ton métier, misérable poète, Même en ces temps d'orage, où la bouche est muette, Tandis que le bras parle, et que la fiction Disparaît comme un songe au bruit de l'action ; Puisque c'est ton métier de faire de ton âme Une prostituée, et que, joie ou douleur, Tout demande sans cesse à sortir de ton coeur ; Que du moins l'histrion, couvert d'un masque infâme, N'aille pas, dégradant ta pensée avec lui, Sur d'ignobles tréteaux la mettre au pilori ; Que nul plan, nul détour, nul voile ne l'ombrage. Abandonne aux vieillards sans force et sans courage Ce travail d'araignée, et tous ces fils honteux Dont s'entoure en tremblant l'orgueil qui craint les yeux. Point d'autel, de trépied, point d'arrière aux profanes ! Que ta muse, brisant le luth des courtisanes, Fasse vibrer sans peur l'air de la liberté ; Qu'elle marche pieds nus, comme la vérité. O Machiavel ! tes pas retentissent encore Dans les sentiers déserts de San Casciano. Là, sous des cieux ardents dont l'air sèche et dévore, Tu cultivais en vain un sol maigre et sans eau. Ta main, lasse le soir d'avoir creusé la terre, Frappait ton pâle front dans le calme des nuits. Là, tu fus sans espoir, sans proches, sans amis ; La vile oisiveté, fille de la misère, A ton ombre en tous lieux se traînait lentement, Et buvait dans ton coeur les flots purs de ton sang : "Qui suis-je ? écrivais-tu; qu'on me donne une pierre, "Une roche à rouler ; c'est la paix des tombeaux "Que je fuis, et je tends des bras las du repos." C'est ainsi, Machiavel, qu'avec toi je m'écrie : O médiocre, celui qui pour tout bien T'apporte à ce tripot dégoûtant de la vie, Est bien poltron au jeu, s'il ne dit : Tout ou rien. Je suis jeune; j'arrive. A moitié de ma route, Déjà las de marcher, je me suis retourné. La science de l'homme est le mépris sans doute ; C'est un droit de vieillard qui ne m'est pas donné. Mais qu'en dois-je penser ? Il n'existe qu'un être Que je puisse en entier et constamment connaître Sur qui mon jugement puisse au moins faire foi, Un seul !... Je le méprise. - Et cet être, c'est moi. Qu'ai-je fait ? qu'ai-je appris ? Le temps est si rapide ! L'enfant marche joyeux, sans songer au chemin ; Il le croit infini, n'en voyant pas la fin. Tout à coup il rencontre une source limpide, Il s'arrête, il se penche, il y voit un vieillard. Que me dirai-je alors ? Quand j'aurai fait mes peines, Quand on m'entendra dire : Hélas ! il est trop tard ; Quand ce sang, qui bouillonne aujourd'hui dans mes veines Et s'irrite en criant contre un lâche repos, S'arrêtera, glacé jusqu'au fond de mes os... O vieillesse ! à quoi donc sert ton expérience ? Que te sert, spectre vain, de te courber d'avance Vers le commun tombeau des hommes, si la mort Se tait en y rentrant, lorsque la vie en sort ? N'existait-il donc pas à cette loterie Un joueur par le sort assez bien abattu Pour que, me rencontrant sur le seuil de la vie, Il me dît en sortant : N'entrez pas, j'ai perdu ! Grèce, ô mère des arts, terre d'idolâtrie, De mes voeux insensés éternelle patrie, J'étais né pour ces temps où les fleurs de ton front Couronnaient dans les mers l'azur de l'Hellespont. Je suis un citoyen de tes siècles antiques ; Mon âme avec l'abeille erre sous tes portiques. La langue de ton peuple, ô Grèce, peut mourir ; Nous pouvons oublier le nom de tes montagnes ; Mais qu'en fouillant le sein de tes blondes campagnes Nos regards tout à coup viennent à découvrir Quelque dieu de tes bois, quelque Vénus perdue... La langue que parlait le coeur de Phidias Sera toujours vivante et toujours entendue ; Les marbres l'ont apprise, et ne l'oublieront pas. Et toi, vieille Italie, où sont ces jours tranquilles Où sous le toit des cours Rome avait abrité Les arts, ces dieux amis, fils de l'oisiveté ? Quand tes peintres alors s'en allaient par les villes, Elevant des palais, des tombeaux, des autels, Triomphants, honorés, dieux parmi les mortels ; Quand tout, à leur parole, enfantait des merveilles, Quand Rome combattait Venise et les Lombards, Alors c'étaient des temps bienheureux pour les arts ! Là, c'était Michel-Ange, affaibli par les veilles, Pâle au milieu des morts, un scalpel à la main, Cherchant la vie au fond de ce néant humain, Levant de temps en temps sa tête appesantie, Pour jeter un regard de colère et d'envie Sur les palais de Rome, où, du pied de l'autel, A ses rivaux de loin souriait Raphaël. Là, c'était le Corrège, homme pauvre et modeste, Travaillant pour son coeur, laissant à Dieu le reste ; Le Giorgione, superbe, au jeune Titien Montrant du sein des mers son beau ciel vénitien ; Bartholomé, pensif, le front dans la poussière, Brisant son jeune coeur sur un autel de pierre, Interrogé tout bas sur l'art par Raphaël, Et bornant sa réponse à lui montrer le ciel... Temps heureux, temps aimés ! Mes mains alors peut-être, Mes lâches mains, pour vous auraient pu s'occuper ; Mais aujourd'hui pour qui ? dans quel but ? sous quel maître ? L'artiste est un marchand, et l'art est un métier. Un pâle simulacre, une vile copie, Naissent sous le soleil ardent de l'Italie... Nos oeuvres ont un an, nos gloires ont un jour ; Tout est mort en Europe, - oui, tout, - jusqu'à l'amour. Ah ! qui que vous soyez, vous qu'un fatal génie Pousse à ce malheureux métier de poésie Rejetez loin de vous, chassez-moi hardiment Toute sincérité; gardez que l'on ne voie Tomber de votre coeur quelques gouttes de sang ; Sinon, vous apprendrez que la plus courte joie Coûte cher, que le sage est ami du repos, Que les indifférents sont d'excellents bourreaux. Heureux, trois fois heureux, l'homme dont la pensée Peut s'écrire au tranchant du sabre ou de l'épée ! Ah ! qu'il doit mépriser ces rêveurs insensés Qui, lorsqu'ils ont pétri d'une fange sans vie Un vil fantôme, un songe, une froide effigie, S'arrêtent pleins d'orgueil, et disent : C'est assez ! Qu'est la pensée, hélas ! quand l'action commence ? L'une recule où l'autre intrépide s'avance. Au redoutable aspect de la réalité, Celle-ci prend le fer, et s'apprête à combattre ; Celle-là, frêle idole, et qu'un rien peut abattre, Se détourne, en voilant son front inanimé. Meurs, Weber ! meurs courbé sur ta harpe muette ; Mozart t'attend. - Et toi, misérable poète, Qui que tu sois, enfant, homme, si ton coeur bat, Agis ! jette ta lyre; au combat, au combat ! Ombre des temps passés, tu n'es pas de cet âge. Entend-on le nocher chanter pendant l'orage ? A l'action ! au mal ! Le bien reste ignoré. Allons ! cherche un égal à des maux sans remède. Malheur à qui nous fit ce sens dénaturé ! Le mal cherche le mal, et qui souffre nous aide. L'homme peut haïr l'homme, et fuir; mais malgré lui, Sa douleur tend la main à la douleur d'autrui. C'est tout. Pour la pitié, ce mot dont on nous leurre, Et pour tous ces discours prostitués sans fin, Que l'homme au coeur joyeux jette à celui qui pleure, Comme le riche jette au mendiant son pain, Qui pourrait en vouloir ? et comment le vulgaire, Quand c'est vous qui souffrez, pourrait-il le sentir, Lui que Dieu n'a pas fait capable de souffrir ? Allez sur une place, étalez sur la terre Un corps plus mutilé que celui d'un martyr, Informe, dégoûtant, traîné sur une claie, Et soulevant déjà l'âme prête à partir ; La foule vous suivra. Quand la douleur est vraie, Elle l'aime. Vos maux, dont on vous saura gré, Feront horreur à tous, à quelques-uns pitié. Mais changez de façon : découvrez-leur une âme Par le chagrin brisée, une douleur sans fard, Et dans un jeune coeur des regrets de vieillard ; Dites-leur que sans mère, et sans soeur, et sans femme, Sans savoir où verser, avant que de mourir, Les pleurs que votre sein peut encor contenir, Jusqu'au soleil couchant vous n'irez point peut-être... Qui trouvera le temps d'écouter vos malheurs ? On croit au sang qui coule, et l'on doute des pleurs. Votre ami passera, mais sans vous reconnaître. Tu te gonfles, mon coeur?... Des pleurs, le croirais-tu, Tandis que j'écrivais ont baigné mon visage. Le fer me manque-t-il, ou ma main sans courage A-t-elle lâchement glissé sur mon sein nu ? Non, rien de tout cela. Mais si loin que la haine De cette destinée aveugle et sans pudeur Ira, j'y veux aller. - J'aurai du moins le coeur De la mener si bas que la honte l'en prenne.

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    Le dernier vœu Vierge longtemps rêvée, amante, épouse, amie. Charmant fantôme, à qui mon enfance endormie Dut son premier réveil ; Qui bien des fois mêlas, jeune et vive Inconnue, À nos jeux innocents la caresse ingénue De ton baiser vermeil ; Qui depuis, moins folâtre et plus belle avec l'âge, De loin me souriais dans l'onde de la plage, Dans le nuage errant ; Dont j'entendais la voix, de nuit, quand tout repose, Et dont je respirais sur le sein de la rose Le soupir odorant ; Étoile fugitive et toujours poursuivie ; Ange mystérieux, qui marchais dans ma vie, Me montrant le chemin, Et qui, d'en haut, penchant ton cou frais de rosée, Un doigt vers l'avenir, à mon âme épuisée Semblais dire : Demain ! — Demain n'est pas venu ; je n'ose plus l'attendre. Mais si pourtant encor, fantôme doux et tendre, Demain pouvait venir ; Si je pouvais atteindre ici-bas ton image, D'un cœur rempli de toi mettre à tes pieds l'hommage, Ô vierge, et t'obtenir !... Ah ! ne l'espère point ;... ne crains point que je veuille Entre tes doigts fleuris sécher la verte feuille Du bouton que tu tiens, Verser un souffle froid sur tes destins rapides, Un poison dans ton miel, et dans tes jours limpides L'amertume des miens. Un mal longtemps souffert me consume et me tue ; Le chêne, dont toujours l'enfance fut battue Par d'affreux ouragans, Le tronc nu, les rameaux tout noircis, n'est pas digne D'enlacer en ses bras et d'épouser la vigne Aux festons élégants. Non ; c'en est fait, jamais ! ni son regard timide, Où de l'astre d'amour tremble un rayon humide, Ni son chaste entretien, Propos doux comme une onde, ardents comme une flamme, Serments, soupirs, baisers, son beau corps, sa belle âme, Non, rien, je ne veux rien ! Rien, excepté l'aimer, l'adorer en silence ; Le soir, quand le zéphir plus mollement balance Les rameaux dans les bois, Suivre de loin ses pas sur l'herbe défleurie, Épier les détours où fuit sa rêverie, L'entrevoir quelquefois ; Et puis la saluer, lui sourire au passage, Et, par elle chargé d'un frivole message, Obéir en volant ; Dans un mouchoir perdu retrouver son haleine, Baiser son gant si fin ou l'amoureuse laine Qui toucha son cou blanc ; Mais surtout, cher objet d'une plainte éternelle, Autour de toi veiller, te couvrir de mon aile, Prier pour ton bonheur, Comme, auprès du berceau d'une fille chérie, Une veuve à genoux veille dans l'ombre et prie La mère du Seigneur ! Ce sont là tous mes vœux, et j'en fais un encore : Qu'un jeune homme, à l'œil noir, dont le front se décore D'une mâle beauté ; Qui rougit en parlant ; au cœur noble et fidèle ; Le même que souvent j'ai vu s'asseoir près d'elle Et lire à son côté ; Qu'un soir il la rencontre au détour d'une allée, Surprise, et cachant mal l'émotion voilée De son sein palpitant ; Qu'alors un regard vienne au regard se confondre, Écho parti d'une âme et pressé de répondre À l'âme qui l'attend ! Aimez-vous, couple heureux, et profitez de l'heure ; Pour plus d'un affligé qui souffre seul et pleure Ce soir semblera long ; Allez ; l'ombre épaissie a voilé la charmille, Et les sons de l'archet appellent la famille Aux danses du salon. Confiez vos soupirs aux forêts murmurantes, Et, la main dans la main, avec des voix mourantes Parlez longtemps d'amour ; Que d'ineffables mots, mille ardeurs empressées, Mille refus charmants gravent dans vos pensées L'aveu du premier jour ! Et moi, qui la verrai revenir solitaire, Passer près de sa mère, et rougir, et se taire, Et n'oser regarder ; Qui verrai son beau sein nager dans les délices, Et de ses yeux brillants les humides calices Tout prêts à déborder ; Comme un vieillard, témoin des plaisirs d'un autre âge, Qui sourit en pleurant et ressent moins l'outrage De la caducité, Me laissant, un instant, ravir à son ivresse, J'adoucirai ma peine et noierai ma tristesse En sa félicité.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Vœu à Vénus Belle Déesse, amoureuse Chyprine, Mère du Jeu, des Grâces et d'Amour, Qui fais sortir tout ce qui vit au jour, Comme du Tout le germe et la racine ; Idalienne, Amathonte, Erycine, Défends des Turcs Chypre ton beau séjour ; Baise ton Mars, et tes bras à l'entour De son col plie, et serre sa poitrine. Ne permets point qu'un barbare Seigneur Perde ton Île et souille ton honneur ; De ton berceau, chasse autre-part la guerre. Tu le feras : car, d'un trait de tes yeux, Tu peux fléchir les hommes et les Dieux, Le Ciel, la Mer, les Enfers et la Terre.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Il y a longtemps Vous me donniez le bras, nous causions seuls tous deux, Et les cœurs de vingt ans se font signe bien vite ; J'en suis encore ému, fille blonde aux yeux bleus ; Mais vous souviendrez-vous de ma courte visite ? Hélas ! se souvient-on d'un souffle parasite Qui n'a fait que passer pour baiser les cheveux, Du flot où l'on se mire, et de la marguerite Confidente éphémère où s'effeuillent les vœux ? Une image en mon cœur peut périr effacée, Mais non pas tout entière ; elle y devient pensée. Je garde la douceur de vos traits disparus. Que je me suis souvent éloigné, l'œil humide, Avec l'adieu glacé d'une vierge timide Que je chéris toujours et ne reverrai plus !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Vœu Quand je vois des vivants la multitude croître Sur ce globe mauvais de fléaux infesté, Parfois je m'abandonne à des pensers de cloître, Et j'ose prononcer un vœu de chasteté. Du plus aveugle instinct je me veux rendre maître, Hélas ! Non par vertu, mais par compassion ; Dans l'invisible essaim des condamnés à naître, Je fais grâce à celui dont je sens l'aiguillon. Demeure dans l'empire innommé du possible, Ô fils le plus aimé qui ne naîtra jamais ! Mieux sauvé que les morts et plus inaccessible, Tu ne sortiras pas de l'ombre où je dormais ! Le zélé recruteur des larmes par la joie, L'amour, guette en mon sang une postérité. Je fais vœu d'arracher au malheur cette proie ; Nul n'aura de mon cœur faible et sombre hérité. Celui qui ne saurait se rappeler l'enfance, Ses pleurs, ses désespoirs méconnus, sans trembler, Au bon sens comme au droit ne fera point l'offense D'y condamner un fils qui lui peut ressembler. Celui qui n'a pas vu triompher sa jeunesse Et traîne endoloris ses désirs de vingt ans, Ne permettra jamais que leur flamme renaisse Et coure inextinguible en tous ses descendants ! L'homme à qui son pain blanc maudit des populaces Pèse comme un remords des misères d'autrui, À l'inégal banquet où se serrent les places N'élargira jamais la sienne autour de lui ! Non ! Pour léguer son souffle et sa chair sans scrupule, Il faut être enhardi par un espoir puissant, Pressentir une aurore au lieu d'un crépuscule Dans les rougeurs que font l'incendie et le sang ; Croire qu'enfin va luire un âge sans batailles, Que la terre s'épure, et que la puberté Doit aux moissons du fer d'incessantes semailles Pour que son dernier fruit mûrisse en liberté ! Je ne peux ; j'ai souci des présentes victimes ; Quels que soient les vainqueurs, je plains les combattants, Et je suis moins touché des songes magnanimes Que des pleurs que je vois et des cris que j'entends. Puisqu'elle est à ce prix, la victoire future Qui doit fonder si tard la justice et la paix, Ne vis que dans mon cœur, ô ma progéniture, Ignore ma tendresse et n'en pâtis jamais ; Que ta mère demeure imaginaire encore, Que, vierge, ayant conçu hors de l'hymen banal, Sans avoir à souffrir plus qu'un lis pour éclore, Elle enfante à l'abri de l'épreuve et du mal. Sa beauté que j'ai faite et n'ai pas possédée (car les yeux de mon corps n'ont rien vu de pareil) Vêt la splendeur pudique et fière de l'idée Qui fuit l'argile et peut se passer du soleil ! Ainsi, je garderai ma compagne et ma race Soustraites, en moi-même, aux cruautés du sort, Et, s'il est vain d'aimer pour qui jamais n'embrasse, Du moins, exempts du deuil, nous n'aurons qu'une mort !

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Dernier vœu Voilà longtemps que je vous aime : - L'aveu remonte à dix-huit ans ! - Vous êtes rose, je suis blême ; J'ai les hivers, vous les printemps. Des lilas blancs de cimetière Prés de mes tempes ont fleuri ; J'aurai bientôt la touffe entière Pour ombrager mon front flétri. Mon soleil pâli qui décline Va disparaître à l'horizon, Et sur la funèbre colline Je vois ma dernière maison. Oh ! que de votre lèvre il tombe Sur ma lèvre un tardif baiser, Pour que je puisse dans ma tombe, Le coeur tranquille, reposer !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Voeu Si j'étais la feuille que roule L'aile tournoyante du vent, Qui flotte sur l'eau qui s'écoule, Et qu'on suit de l'oeil en rêvant ; Je me livrerais, fraîche encore, De la branche me détachant, Au zéphyr qui souffle à l'aurore, Au ruisseau qui vient du couchant. Plus loin que le fleuve, qui gronde, Plus loin que les vastes forêts, Plus loin que la gorge profonde, Je fuirais, je courrais, j'irais ! Plus loin que l'antre de la louve, Plus loin que le bois des ramiers, Plus loin que la plaine où l'on trouve Une fontaine et trois palmiers ; Par delà ces rocs qui répandent L'orage en torrent dans les blés, Par delà ce lac morne, où pendent Tant de buissons échevelés ; Plus loin que les terres arides Du chef maure au large ataghan, Dont le front pâle a plus de rides Que la mer un jour d'ouragan. Je franchirais comme la flèche L'étang d'Arta, mouvant miroir, Et le mont dont la cime empêche Corinthe et Mykos de se voir. Comme par un charme attirée, Je m'arrêterais au matin Sur Mykos, la ville carrée, La ville aux coupoles d'étain. J'irais chez la fille du prêtre, Chez la blanche fille à l'oeil noir, Qui le jour chante à sa fenêtre, Et joue à sa porte le soir. Enfin, pauvre feuille envolée, Je viendrais, au gré de mes voeux, Me poser sur son front, mêlée Aux boucles de ses blonds cheveux ; Comme une perruche au pied leste Dans le blé jaune, ou bien encor Comme, dans un jardin céleste, Un fruit vert sur un arbre d'or. Et là, sur sa tête qui penche, Je serais, fût-ce peu d'instants, Plus fière que l'aigrette blanche Au front étoilé des sultans.

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