splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Peur

10 poésies en cours de vérification
Peur

Poésies de la collection peur

    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Viole Mon cœur, tremblant des lendemains, Est comme un oiseau dans tes mains Qui s'effarouche et qui frissonne. Il est si timide qu'il faut Ne lui parler que pas trop haut Pour que sans crainte il s'abandonne. Un mot suffit à le navrer, Un regard en lui fait vibrer Une inexprimable amertume. Et ton haleine seulement, Quand tu lui parles doucement, Le fait trembler comme une plume. Il t'environne ; il est partout. Il voltige autour de ton cou, Il palpite autour de ta robe, Mais si furtif, si passager, Et si subtil et si léger, Qu'à toute atteinte il se dérobe. Et quand tu le ferais souffrir Jusqu'à saigner, jusqu'à mourir, Tu pourrais en garder le doute, Et de sa peine ne savoir Qu'une larme tombée un soir Sur ton gant taché d'une goutte.

    en cours de vérification

    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Xanthis Au vent frais du matin frissonne l'herbe fine ; Une vapeur légère aux flancs de la colline Flotte ; et dans les taillis d'arbre en arbre croisés Brillent, encore intacts, de longs fils irisés. Près d'une onde ridée aux brises matinales, Xanthis, ayant quitté sa robe et ses sandales, D'un bras s'appuie au tronc flexible d'un bouleau, Et, penchée à demi, se regarde dans l'eau. Le flot de ses cheveux d'un seul côté s'épanche, Et, blanche, elle sourit à son image blanche... Elle admire sa taille droite, ses beaux bras, Et sa hanche polie, et ses seins délicats, Et d'une main, que guide une exquise décence, Fait un voile pudique à sa jeune innocence. Mais un grand cri soudain retentit dans les bois, Et Xanthis tremble ainsi que la biche aux abois, Car elle a vu surgir, dans l'onde trop fidèle, Les cornes du méchant satyre amoureux d'elle.

    en cours de vérification

    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Sonnet d'Oaristys Tu me fis d'imprévus et fantasques aveux Un soir que tu t'étais royalement parée, Haut coiffée, et ruban ponceau dans tes cheveux Qui couronnaient ton front de leur flamme dorée. Tu m'avais dit « Je suis à toi si tu me veux » ; Et, frémissante, à mes baisers tu t'es livrée. Sur ta gorge glacée et sur tes flancs nerveux Les frissons de Vénus perlaient ta peau nacrée. L'odeur de tes cheveux, la blancheur de tes dents, Tes souples soubresauts et tes soupirs grondants, Tes baisers inquiets de lionne joueuse M'ont, à la fois, donné la peur et le désir De voir finir, après l'éblouissant plaisir, Par l'éternelle mort, la nuit tumultueuse.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    A poor young shepherd J'ai peur d'un baiser Comme d'une abeille. Je souffre et je veille Sans me reposer : J'ai peur d'un baiser ! Pourtant j'aime Kate Et ses yeux jolis. Elle est délicate, Aux longs traits pâlis. Oh ! que j'aime Kate ! C'est Saint-Valentin ! Je dois et je n'ose Lui dire au matin... La terrible chose Que Saint-Valentin ! Elle m'est promise, Fort heureusement ! Mais quelle entreprise Que d'être un amant Près d'une promise ! J'ai peur d'un baiser Comme d'une abeille. Je souffre et je veille Sans me reposer : J'ai peur d'un baiser !

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    J'ai presque peur, en vérité J'ai presque peur, en vérité, Tant je sens ma vie enlacée À la radieuse pensée Qui m'a pris l'âme l'autre été, Tant votre image, à jamais chère, Habite en ce coeur tout à vous, Mon cœur uniquement jaloux De vous aimer et de vous plaire ; Et je tremble, pardonnez-moi D'aussi franchement vous le dire, À penser qu'un mot, un sourire De vous est désormais ma loi, Et qu'il vous suffirait d'un geste. D'une parole ou d'un clin d'oeil, Pour mettre tout mon être en deuil De son illusion céleste. Mais plutôt je ne veux vous voir, L'avenir dût-il m'être sombre Et fécond en peines sans nombre, Qu'à travers un immense espoir, Plongé dans ce bonheur suprême De me dire encore et toujours, En dépit des mornes retours, Que je vous aime, que je t'aime !

    en cours de vérification

    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Douceur d'Avril J'ai peur d'avril, peur de l'émoi Qu'éveille sa douceur touchante ; Vous qu'elle a troublés comme moi, C'est pour vous seuls que je la chante. En décembre, quand l'air est froid, Le temps brumeux, le jour livide, Le cœur, moins tendre et plus étroit, Semble mieux supporter son vide. Rien de joyeux dans la saison Ne lui fait sentir qu'il est triste ; Rien en haut, rien à l'horizon Ne révèle qu'un ciel existe. Mais, dès que l'azur se fait voir, Le cœur s'élargit et se creuse, Et s'ouvre pour le recevoir Dans sa profondeur douloureuse ; Et ce bleu qui lui rit de loin, L'attirant sans jamais descendre, Lui donne l'infini besoin D'un essor impossible à prendre. Le bonheur candide et serein Qui s'exhale de toutes choses, L'oppresse, et son premier chagrin Rajeunit à l'odeur des roses. Il sent, dans un réveil confus, Les anciennes ardeurs revivre, Et les mêmes anciens refus Le repousser dès qu'il s'y livre. J'ai peur d'avril, peur de l'émoi Qu'éveille sa douceur touchante ; Vous qu'elle a troublés comme moi, C'est pour vous seuls que je la chante.

    en cours de vérification

    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Peur d'avare Soudain je t'ai si fort pressée Pour sentir ton cœur bien à moi, Que je t'en ai presque blessée, Et tu m'as demandé pourquoi. Un mot, un rien, m'a tout à l'heure Fait étreindre ainsi mon trésor, Comme, au moindre vent qui l'effleure, L'avare en hâte étreint son or ; La porte de sa cave est sûre, Il en tient dans son poing la clé, Mais, par le trou de la serrure, Un filet d'air froid a soufflé ; Et pendant qu'il comptait dans l'ombre Son trésor écu par écu, Savourant le titre et le nombre, Il a senti le souffle aigu ! Il serre en vain sa clé chérie, Vainement il s'est verrouillé, Avant d'y réfléchir il crie Comme s'il était dépouillé ! C'est que l'instinct fait sentinelle, C'est que l'âme du possesseur N'ose jamais plier qu'une aile, Ô ma sainte amie, ô ma sœur ! C'est que ma richesse tardive, Fruit de mes soupirs quotidiens, Me semble encore fugitive Au moment même où je la tiens ! Et cette épargne que j'amasse A beau grandir en sûreté, Je crois, au moindre vent qui passe, Qu'un ravisseur a fureté... Et je fais aussitôt l'épreuve De tout le deuil qui peut tenir Dans une âme absolument veuve Où l'amour n'a plus d'avenir. Alors je tremble et te supplie D'un anxieux et long regard... Oh ! Pardonne-moi la folie De trembler encore ; si tard ! Hélas ! L'habitude en est prise : Tu n'as que si tard deviné Combien le doute martyrise, Impérissable une fois né. Dans l'âge (qui n'est plus le nôtre) Où bat le cœur à découvert, Le mien, plus exposé qu'un autre, Puisqu'il t'aimait, a plus souffert ; Ah ! Tout cœur où l'amour habite Recèle un pouvoir de souffrir Dont il ignore la limite, Tant qu'il souffre sans en mourir ; Et j'ignorais, naïf encore, Combien le calice est profond Que ta main douce emmielle et dore Sans jamais en montrer le fond ; Car tu savais, déjà coquette, Ménager longtemps la douleur En faisant, d'un coup de baguette, Naître un mirage dans un pleur. Que de froideurs instantanées Ont ébranlé longtemps ma foi ! Enfin la pente des années T'a fait pencher le front sur moi, Et j'ai cru que ma jalousie, Humble tigresse aux reins ployés, Bien rompue à ta fantaisie, Dormait de fatigue à tes pieds ; Voilà pourtant qu'une pensée, Moins qu'un soupçon, moins qu'une erreur, — Une rêverie insensée M'a fait tressaillir de terreur ; Cet éclair de peur indicible Tout à coup m'a fait entrevoir, Aux obscurs confins du possible, Un abîme de désespoir.

    en cours de vérification

    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Scrupule (I) Je veux lui dire quelque chose, Je ne peux pas ; Le mot dirait plus que je n'ose, Même tout bas. D'où vient que je suis plus timide Que je n'étais ? Il faut parler, je m'y décide... Et je me tais. Les aveux m'ont paru moins graves À dix-huit ans ; Mes lèvres ne sont plus si braves Depuis longtemps. J'ai peur, en sentant que je l'aime, De mal sentir ; Dans mes yeux une larme même Pourrait mentir, Car j'aurais beau l'y laisser naître De bonne foi, C'est quelque ancien amour peut-être Qui pleure en moi.

    en cours de vérification

    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Gare ! On a peur, tant elle est belle ! Fût-on don Juan ou Caton. On la redoute rebelle ; Tendre, que deviendrait-on ? Elle est joyeuse et céleste ! Elle vient de ce Brésil Si doré qu'il fait du reste De l'univers un exil. À quatorze ans épousée, Et veuve au bout de dix mois. Elle a toute la rosée De l'aurore au fond des bois. Elle est vierge ; à peine née. Son mari fut un vieillard ; Dieu brisa cet hyménée De Trop tôt avec Trop tard. Apprenez qu'elle se nomme Doña Rosita Rosa ; Dieu, la destinant à l'homme, Aux anges la refusa. Elle est ignorante et libre, Et sa candeur la défend. Elle a tout, accent qui vibre, Chanson triste et rire enfant, Tout, le caquet, le silence, Ces petits pieds familiers Créés pour l'invraisemblance Des romans et des souliers, Et cet air des jeunes Èves Qu'on nommait jadis fripon, Et le tourbillon des rêves Dans les plis de son jupon. Cet être qui nous attire, Agnès cousine d'Hébé, Enivrerait un satyre, Et griserait un abbé. Devant tant de beautés pures, Devant tant de frais rayons, La chair fait des conjectures Et l'âme des visions. Au temps présent l'eau saline, La blanche écume des mers S'appelle la mousseline ; On voit Vénus à travers. Le réel fait notre extase ; Et nous serions plus épris De voir Ninon sous la gaze Que sous la vague Cypris. Nous préférons la dentelle Au flot diaphane et frais ; Vénus n'est qu'une immortelle ; Une femme, c'est plus près. Celle-ci, vers nous conduite Comme un ange retrouvé, Semble à tous les coeurs la suite De leur songe inachevé. L'âme admire, enchantée Par tout ce qu'a de charmant La rêverie ajoutée Au vague éblouissement. Quel danger ! on la devine. Un nimbe à ce front vermeil ! Belle, on la rêve divine, Fleur, on la rêve soleil. Elle est lumière, elle est onde, On la contemple. On la croit Reine et fée, et mer profonde Pour les perles qu'on y voit. Gare, Arthur ! gare, Clitandre ! Malheur à qui se mettait À regarder d'un air tendre Ce mystérieux attrait ! L'amour, où glissent les âmes, Est un précipice ; on a Le vertige au bord des femmes Comme au penchant de l'Etna. On rit d'abord. Quel doux rire ! Un jour, dans ce jeu charmant, On s'aperçoit qu'on respire Un peu moins facilement. Ces feux-là troublent la tête. L'imprudent qui s'y chauffait S'éveille à moitié poète Et stupide tout à fait. Plus de joie. On est la chose Des tourments et des amours. Quoique le tyran soit rose, L'esclavage est noir toujours. On est jaloux ; travail rude ! On n'est plus libre et vivant, Et l'on a l'inquiétude D'une feuille dans le vent. On la suit, pauvre jeune homme ! Sous prétexte qu'il faut bien Qu'un astre ait un astronome Et qu'une femme ait un chien. On se pose en loup fidèle ; On est bête, on s'en aigrit, Tandis qu'un autre, auprès d'elle, Aimant moins, a plus d'esprit. Même aux bals et dans les fêtes, On souffre, fût-on vainqueur ; Et voilà comment sont faites Les aventures du coeur. Cette adolescente est sombre À cause de ses quinze ans Et de tout ce qu'on voit d'ombre Dans ses beaux yeux innocents. On donnerait un empire Pour tous ces chastes appas ; Elle est terrible ; et le pire, C'est qu'elle n'y pense pas.

    en cours de vérification

    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À la belle impérieuse L’amour, panique De la raison, Se communique Par le frisson. Laissez-moi dire, N’accordez rien. Si je soupire, Chantez, c’est bien. Si je demeure, Triste, à vos pieds, Et si je pleure, C’est bien, riez. Un homme semble Souvent trompeur. Mais si je tremble, Belle, ayez peur.

    en cours de vérification

  • 1