La lune de miel En négligé galant, trônant dans son boudoir,
La nouvelle épousée (elle est au moins marquise),
Avec ses traits mutins et d'une grâce exquise,
Regarde le mari qui vaque à son devoir.
Aux pieds de son Omphale Hercule a dû s'asseoir.
Omphale exerce en plein l'autorité conquise,
Et l'Alcide à jabot qu'elle mène à sa guise,
Préparant fil, aiguille, atteste son pouvoir.
La rose est fraîche encore. Les désirs que fait naître
Ce corsage entr'ouvert où le regard pénètre
Rendent jusqu'à présent vos ordres absolus.
Mais le temps fuit, madame ; on n'est pas toujours belle.
Dans peu, sachez-le bien, votre esclave rebelle,
Même quand vous prieriez, ne travaillera plus.
il y a 8 mois
A
Antoine de Latour
@antoineDeLatour
La vieille d'un mariage Il dormait, si l'on dort en ces nuits enflammées
Où l'âme se repait d'un si divin espoir,
Et devant lui, dans l'ombre, un magique miroir
Évoquait tout le chœur des femmes trop aimées.
Le regret entrouvrait leurs lèvres embaumées,
Et dans leurs yeux pensifs il croyait entrevoir
Ces rêves qui pour lui naguère, chaque soir,
S'animaient à l'appel des charmantes Aimées.
Mais calme et dédaigneux : « Passez, ô visions,
Du poème des sens folles illusions,
Doux noms, regards plus doux, voix plus douces encore,
Passez, de ce matin qui se lève si pur,
Fugitives clartés, vous n'étiez que l'aurore,
Étoiles de la nuit, perdez-vous dans l'azur ! »
il y a 8 mois
C
Claude Mermet
@claudeMermet
L'avis de mariage Toi qui veux femme choisir,
À plaisir,
Si ta belle te demeure,
Des amis de ses beaux yeux
Curieux,
Te viendront voir à toute heure.
Si tu mets en ta maison,
Sans raison,
La laide et mal gracieuse,
Elle qui rechignera,
Te sera
Toute sa vie ennuyeuse.
Si de force dépourvu,
Tu as eu
La femme jeune et féconde,
C'est un cheval, pour soudain,
Comme un daim,
Te porter en l'autre monde.
Si tu veux par fol désir
Te saisir
De la vieille jà chenue,
Tu regretteras toujours
Les beaux jours
De ta jeunesse perdue.
Si tu veux la riche avoir,
Son avoir
La rendra bien si rebelle,
Qu'elle te méprisera
Et dira
Que tu ne vivrais sans elle.
Si la pauvre tu attends,
Le bon temps,
Chez-toi, n'arrêtera guère ;
Pauvreté par désarroi,
Tire à soi
Toute sorte de misère.
Si d'avarice surpris,
Tu as pris
Une femme fausse et fière
Tu t'es mis la corde au col,
Comme un fol,
Qui se noie en la rivière.
Mais toi qui par ton savoir,
Dis avoir
Femme belle et bonne ensemble ;
Ô beau Phénix devenu,
Cher tenu,
Heureux est qui te ressemble !
il y a 8 mois
Clément Marot
@clementMarot
Chant nuptial du mariage de Madame Renée Qui est ce duc venu nouvellement
En si bel ordre et riche à l'avantage ?
On juge bien à le voir seulement,
Qu'il est issu d'excellent parentage.
N'est-ce celui, qui en fleurissant âge
Doit épouser la princesse
Renée ?
Elle en sera (ce pensé-je) estrenée :
Car les hautbois l'ont bien chanté anuit,
Et d'un accord, et tous d'une aliénée
Ont appelé la bienheureuse nuit.
O nuit, pour vrai si es-tu bien cruelle,
Et tes excès nous sont tous apparents,
Tu viens ravir la royale pucelle
Entre les bras de ses propres parents,
Et qui plus est, tu la livres et rends
Entre les mains d'un ardent et jeune homme ;
Que firent pis les ennemis à
Rome,
N'a pas longtemps par pillage empirée ?
Or derechef, cruelle je te nomme ;
Pourquoi es-tu donques nuit désirée ?
Je me desdis, tu n'es point nuit cruelle.
Tes doux effets nous sont tous apparents.
Tu prends d'Amour et de gré la pucelle
Entre les mains de ses nobles parents,
Et qui plus est, deux cœurs en un tu rends
En chaste lit fous nuptial affaire :
Ce qu'autre nuit jamais n'aurait sut faire.
Bref, ta puissance est grande et point ne nuit ;
Ce que tu fais on ne saurait défaire ; Ô très puissante et bienheureuse nuit !
Fille de roi, adieu ton pucellage ;
Et toutefois tu n'en dois faire pleurs.
Car le pommier, qui porte bon fruitage,
Vaut mieux que celui qui ne porte que fleurs.
Roses aussi de diverses couleurs.
Si on ne les cueille, sans profiter périssent,
Et si on les cueille, les cueillant, les chérissent.
Prisant l'odeur qui d'elles est tirée,
Si de toi veux, que fruits odorants issent,
Fuir ne faut la nuit tant désirée.
Et d'autre part ta virginité toute
Ne t'appartient, en quatre elle est partie :
La part première elle est au roi (sans doute)
L'autre à
Madame est part droit départie,
La sceur du roi a la tierce partie.
Toi, la quatrième.
Or ils donnent leurs droits
A ton mari, veux-tu combattre à trois.
Trois (pour certain) qui en valent bien huit ?
Certes je crois que plutôt tu voudrais
Que déjà fut la bienheureuse nuit.
Ta douce nuit ne sera point obscure
Car
Phébé lors plus que
Phébus luira.
Et si
Phébé a de te voir grand cure.
Jusqu'à ton lit par les vitres ira,
Vénus aussi la nuit éclaircira,
Et
Vesperus qui sur le soir s'enflamme,
Hymeneus, qui fait la fille femme.
Et chaste
Amour, aux noces préférée,
Te fourniront tant d'amoureuse flamme.
Qu'ils feront jour de la nuit désirée.
Vous qui soupez, laissez ces tables grasses ;
Le manger peu vaut mieux pour bien danser.
Sus aumôniers, dites vitement grâces,
Le mari dit qu'il se faut avancer ;
Le jour lui fâche, on le peut bien penser.
Dames, dansez, et que l'on se déporte (Si m'en croyez) d'écouter à la porte,
S'il donnera l'assaut sur la minuit ;
Chaut appétit en tel lieu se transporte ;
Dangereuse est la bienheureuse nuit.
Dansez, ballez, solennisez la fête
De celle en qui votre amour gît si fort.
Las qu'ai-je dit ?
Qu'est-ce que j'admoneste ?
Ne dansez point, soyez en déconfort.
Elle s'en va,
Amour par son effort
Lui fait laisser le lieu de sa naissance,
Parents, amis et longue connaissance.
Pour son époux suivre jour et ferée.
O noble duc, pourquoi t'en vas de
France,
Où tu as eu la nuit tant désirée ?
Duchesse (hélas) que fais-tu ?
Tu délaisses
Un peuple entier pour l'amour d'un seul prince.
Et au partir en ta place nous laisses
Triste regret, qui nos cœurs, mord et pince.
Or va donc voir ta ducale province,
Ton peuple déjà de dresser se soucie
Arc triomphal, théâtre et facétie
Pour t'accueillir en honneur et en bruit.
Bientôt y fait ta ceinture accourcie
Par une bonne et bienheureuse nuit.
il y a 8 mois
D
David Bunel
@davidBunel
Au bout de la jetée Au bout de la jetée je me suis avancé .
Par la mer caressée, le ciel émerveillé,
Pour la remercier se mit a irradier
Et pour bel apanage se parât de nuages .
J'allais au mariage, mirage des âges,
D'Océane Rivages avec Azur Orages .
il y a 8 mois
Fabre d'Eglantine
@fabreDeglantine
L'hospitalité Il pleut, il pleut, bergère.
Presse tes blancs moutons ;
Allons sous ma chaumière,
Bergère, vite, allons :
J'entends sur le feuillage
L'eau qui tombe à grand bruit ;
Voici, voici l'orage ;
Voilà l'éclair qui luit.
Entends-tu le tonnerre ?
Il roule en approchant ;
Prends un abri, bergère, À ma droite en marchant ;
Je vois notre cabane...
Et, tiens, voici venir
Ma mère et ma sœur
Anne
Qui vont
Pétable ouvrir.
Bonsoir, bonsoir ma mère ;
Ma sœur
Anne, bonsoir ;
J'amène ma bergère.
Près de vous pour ce soir.
Va te sécher, ma mie.
Auprès de nos tisons ;
Sceur, fais-lui compagnie,
Entrez, petits moutons.
Soignons bien, ô ma mère!
Son tant joli troupeau ;
Dorme?, plus de litière À son petit agneau.
C'est fait : allons près d'elle.
Eh bien donc, te voilà ?
En corset, qu'elle est belle!
Ma mère, voyez-la !
Soupons : prends cette chaise ;
Tu seras près de moi ;
Ce flambeau de mélèze
Brûlera devant toi.
Goûte de ce laitage;
Mais, tu ne manges pas ?
Tu te sens de l'orage ;
Il a lassé tes pas.
Eh bien ! voilà ta couche,
Dors-y jusques au jour ;
Laisse-moi sur ta bouche
Prendre un baiser d'amour.
Ne rougis pas, bergère ;
Ma mère et moi, demain.
Nous irons chez ton père
Lui demander ta main.
il y a 8 mois
Francis Jammes
@francisJammes
Pour son mariage Dans le petit jardin d'amour de votre vie,
avec vos lauriers doux faites une tonnelle
où vous reposerez pareil à l'air, et elle
comme l'eau de cet air que l'on voit dans le puits.
La campagne prie pour vous sa naïveté.
Nous vivons orgueilleux loin des choses savantes, mais dans nos pays tristes les vieilles servantes ont le chapelet des chaînes des puits rouillées.
Elles l'égrèneront sur l'eau de vos bonheurs.
Dans mon royaume je ferai prier pour vous les cris secs des grillons et les poules qui gloussent, gonflées et en cachant leurs petits sur leur cœur.
Ainsi,
Gide, cachons nos pensées les plus sages comme la poule cache ses petits poussins; et, n'en laissons voir, pour amuser les voisins, qu'une multitude de très petites
pattes.
Mais toujours dans l'ombre d'amour de la tonnelle, et que vous aurez faite avec vos doux lauriers, la pensée que vous eûtes de vous marier sera dans ces lauriers la rose simple et
belle.
il y a 8 mois
Jean Lorrain
@jeanLorrain
Mariage « Maintenant, mon ami, conte-moi ma future.
« Tu veux me marier.
Pour arrêter les frais
« Des emprunts, (les amis son parfois indiscrets),
« Tu m’enterres, c’est bien… Elle a de la figure ?
— « Très blonde… »
— « De la taille ? »
— « Une bonne tournure »
— « Mal faite… et dix huit ans ? »
— « Dix huit ans… à peu près «
— « Vingt-cinq ans. La dot est ? »
— « De cinq cent mille ?
— « Après ?
— « Le double. »
— « Et là bien vrai, rien, aucune aventure ?
— « Aucune. »
— « Alors, mon cher, je ne l’épouse pas.
« La fille au million, qui prend le vieux panas,
« L’homme enfin que je suis, sans faute, est une grouse. »
— « C’est-à-dire… on a dit… dans le monde on jalouse
« Bien vite une héritière. »
— « Allons, pas d’embarras.
« Qu’on double son apport, mon cher, et je l’épouse. »
il y a 8 mois
Jean Lorrain
@jeanLorrain
À quoi rêve l’amour Ils reviennent tous deux dans le chaud crépuscule
Par les bois de Clamart.
Le mari jeune et fort
Travaille au Ministère : alerte et sans effort,
Il porte sur son dos mademoiselle Ursule.
Mademoiselle Ursule a cinq ans : elle dort.
La mère, blonde et mince, en grand chapeau de tulle,
Pas trop coûteux, les suit : un vol de libellule
Luit dans l’air et le ciel est au loin d’ambre et d’or.
L’homme sourit, heureux : la brise est embaumée.
La femme, elle, est pensive et rêve d’un camée
Si joli, le profil d’un César, mais si cher.
Le voisin d’en dessous, le gros qu’on dit si riche,
La regarde toujours avec un œil si clair
Mais ouiche… un vieux garçon, pas plan, roublard et chiche !
il y a 8 mois
Jules Laforgue
@julesLaforgue
Complainte de l'époux outragé Qu'alliez-vous faire à la
Mad'leine,
Corbleu, ma moitié,
—
Qu'alliez-vous faire à la
Mad'leine ?
—
J'allais prier pour qu'un fils nous vienne,
Mon
Dieu, mon ami ;
J'allais prier pour qu'un fils nous vienne.
—
Vous vous teniez dans un coin, debout,
Corbleu, ma moitié !
Vous vous teniez dans un coin debout.
—
Pas d'ehaise économis' trois sous,
Mon
Dieu, mon ami ;
Pas d'ehaise économis' trois sous.
—
D'un officier, j'ai vu la tournure,
Corbleu, ma moitié !
D'un officier, j'ai vu la tournure.
—
C'était ce
Christ grandeur nature.
Mon
Dieu, mon ami ;
C'était ce
Christ grandeur nature.
—
Les
Christs n'ont pas la croix d'honneur,
Corbleu, ma moitié !
Les
Christs n'ont pas la croix d'honneur.
—
C'était la plaie du
Calvaire, au cœur.
Mon
Dieu, mon ami ;
C'était la plaie du calvaire au cœur.
—
Les
Christs n'ont qu'au flanc seul la plaie
Corbleu, ma moitié !
Les
Christs n'ont qu'au flanc seul la plaie !
—
C'était une goutte envolée,
Mon
Dieu, mon ami ;
C'était une goutte envolée.
—
Aux
Crucifix on n'parl' jamais,
Corbleu, ma moitié !
Aux
Crucifix on n'parl' jamais ?
—
C'était du trop d'amour qu'j'avais.
Mon
Dieu, mon ami,
C'était du trop d'amour qu'j'avais !
Et moi j'te brûl'rai la cervelle,
Corbleu, ma moitié.
Et moi j'te brûl'rai la cervelle !
—
Lui, il aura mon âme immortelle.
Mon
Dieu, mon ami.
Lui, il aura mon âme immortelle !
il y a 8 mois
K
Khalil Gibran
@khalilGibran
Du mariage Al-Mitra reprit la parole. Elle demanda : Maître, que dire du Mariage?
Il répondit:
Ensemble êtes-vous nés et ensemble resterez-vous pour toujours.
Quand les blanches ailes de la mort éparpilleront vos jours, vous serez ensemble.
Oui, vous serez ensemble dans la mémoire silencieuse de Dieu.
Mais qu'il y ait des espaces dans votre entente.
Que les vents des cieux puissent danser entre vous.
Aimez-vous, l'un l'autre, mais ne faites pas de l'amour un carcan:
Qu'il soit plutôt mer mouvante entre les rives de vos âmes.
Remplissez, chacun, la coupe de l'autre, mais ne buvez pas à la même.
Donnez-vous l'un à l'autre de votre pain, mais ne partagez pas le même morceau.
Chantez et dansez ensemble, et soyez joyeux, mais que chacun demeure isolé,
Comme sont isolées les cordes du luth, bien que frémissantes de la même musique.
Donnez vos coeurs, mais pas à la garde de l'autre,
Car vos coeurs, seule la main de Dieu peut les contenir.
Et dressez-vous ensemble, mais pas trop près l'un de l'autre:
Car les piliers du temple se dressent séparément,
Et le chêne et le cyprès ne peuvent croître dans leur ombre mutuelle.
il y a 8 mois
Louis-Honoré Fréchette
@louisHonoreFrechette
Cinquieme anniversaire de mariage A Mme J.R. Thibaudeau
Madame, dans la longue et brillante série
Des bonheurs radieux que Dieu vous a donnés,
Vous avez, comme nous, des moments fortunés,
Plus ou moins caressants pour votre âme attendrie.
Or l'instant le plus beau - minute, heure fleurie ! -
Dont vos jours si sereins se soient illuminés,
C'est sans doute celui dont ---vous me devinez -
Nous venons célébrer la mémoire chérie.
A cette occasion acceptez ce bouquet. -
De roses l'on devrait couvrir votre parquet ;
Mais s'il fallait, ce soir, que l'on vous fît l'offrande
D'une fleur pour chacun des dons qu'on aime en vous,
Madame, nos bouquets, pour les contenir tous,
Jamais votre maison ne serait assez grande.
il y a 8 mois
Louise Colet
@louiseColet
L'hymen Ne rêves-tu jamais à ces heures d'extase
Qui précèdent l'hymen de deux jeunes époux ?
Quand l'amour, de leur cœur, comme ronde d'un vase,
Déborde en sentiments mystérieux et doux !
Dis, n'est-ce rien pour toi qu'une vierge qui pleure
En recevant l'aveu d'un amour désiré ?
Qu'un front pur qui rougit, si ta lèvre l'effleure ;
Qu'un céleste regard vers toi seul attiré ?
N'est-ce rien, quand tu lis dans sa chaste pensée,
D'y découvrir empreinte en sentiments de feu
Cette foi que le monde encore n'a pas glacée,
Et qui croit au bonheur, comme elle croit à Dieu !
Les pudiques secrets de son âme candide
De leur voile à tes yeux sont alors dépouillés ;
De ses jours sans amour elle te peint le vide,
Puis ses désirs naissants par toi seul éveillés.
Après ces doux accents viennent de longs silences ;
Sa tête sur ton sein semble s'abandonner :
Mais soudain elle fuit ; vers elle tu t'élances.
Et tu prends un baiser qu'elle n'osait donner ;
A ce larcin d'amour un jeu naïf succède :
Ce sont ses longs cheveux que tu veux détacher ;
Elle retient ta main ; tu souris, elle cède,
Et sous leur blond tissu ton front va se cacher.
Ce sont sur tes yeux noirs ses petites mains blanches,
Dont folâtre et rieuse elle aime à te couvrir ;
C'est, lorsque sans parler vers elle tu le penches,
Un maintien languissant à te faire mourir !
Puis l'air manque à son cœur dévoré par la fièvre ;
Elle échappe à tes bras : tu la suis dans les champs,
Et cette volupté dont sa pudeur te sèvre
Tu la trouves encore dans ses regards touchants.
Elle revient à toi plus douce, plus aimante ;
S'accuse d'avoir fui ; met sa main dans ta main ;
Courbe sur ton épaule une tête charmante,
Et vous marchez tous deux sans suivre de chemin...
Quand tu la vois si belle à ton bras suspendue
Répondre aux mots d'amour qu'en tremblant tu lui dis,
Alors, qu'est l'univers pour ton âme éperdue,
Et la gloire et l'éclat qui t'enivraient jadis ?
La terre disparait, mais le ciel se révèle ;
A votre immense amour il faut l'immensité ;
Il faut à votre espoir une sphère nouvelle
Où vous aimiez ainsi durant l'éternité !
Le doute qui luttait dans votre âme orgueilleuse
Dans la félicité deviendrait un remords :
La foi naît du bonheur : Quand la vie est heureuse.
On voudrait l'assurer au-delà de la mort.
Et tous les deux alors mêlant votre prière
Vous unissez vos cœurs ; et dans un même vœu,
Le regard vers le ciel, à genoux sur la pierre,
De vous avoir créés vous remerciez Dieu !
il y a 8 mois
Max Jacob
@maxJacob
Demande en mariage «
Voulez-vous que je vous aide à plumer les deux poulets ?
—
Valet de pied, vous m'obsédez.
—
Devant prêtre et mairie voulez-vous vous marier?
—
Que n'avez-vous perdu la langue
Comme vous perdez la raison
—
Si j'avais perdu la langue j'aurais toujours le menton.
Pas besoin d'une harangue quand l'amour se correspond.
—
L'amour rougit vos oreilles et votre nez, la bouteille !
Si l'amour vous reste aux nerfs le diable est vétérinaire !
A la cuisine videz le pot le receveur pour l'impôt à l'église pour le cercueil quand vous aurez tourné l'œil.
il y a 8 mois
Max Jacob
@maxJacob
Le mariage Comme blanche bruyère est la jeune fille
La fille mariée est une barque qui fait eau
qui fait eau les jours de tempête.
Bien bête celle qui promet à un homme
qui se promet à un homme.
Chapeau sur l'oreille et fleur dans la bouche
doux sourire et engagements
lorsque l'affection les prend.
Lorsque le gars a sa satisfaction
un ménage il l'a sur le dos.
La nichée veut du pain blanc
Femme, domestique tu seras.
Marie lève-toi de là pour changer la litière des bêtes
Marie lève-toi de là pour ouvrir la boutique en bas.
Au couvent je serai vierge
et pour monter à l'Empyrée
Dieu me tiendra la courte échelle
belle comme fleur de lait.
François, voici votre parole !
allez à la flotte pour la
France ou n'importe...
Pour quelques plaisirs d'amour une vie d'enfant et de désolation !
A la mairie à deux je n'irai pas.
Si je suis plante d'aubépine c'est l'ombre qui me cueillera.
il y a 8 mois
Max Jacob
@maxJacob
Mariage I
—
C'est le plus riche que je prendrai disait un jour la plus belle
—
Avec lui vous en découdrez regret aurez de votre écuelle
—
C'est la plus belle que j'aurai dit le riche, paysanne fût-elle
— mais la beauté rend infidèle
—
Fille de vilain n'oserait.
II
—
Je vous ai tiré de la boue
—
Des sous vous n'avez pas beaucoup
—
C'est vous qui m'avez mangé tout
—
Vous avez l'air d'un vieux hibou
—
Dans le miroir regardez-vous
Vos seins tombent jusqu'aux genoux
Plus de sourcils, des rides au cou et rustaude comme un égout —
Pourtant vous êtes jaloux vous m'enfermez sous les verrous
il y a 8 mois
N
Nérée Beauchemin
@nereeBeauchemin
Épithalame À M. et Mme Alide Lacerte
Quand on s'aime on se marie :
Il prend fin, l'enchantement
D'une vague rêverie.
Quand on s'aime on se marie :
La vie à deux, c'est charmant.
Longtemps on hésite, on n'ose ;
La voix, les lèvres, les yeux,
Malgré soi disent la chose.
Longtemps on hésite, on n'ose.
Silence délicieux !
On se comprend sans rien dire.
Le plus fin pinceau de l'Art
Ne peut rendre ni décrire
Tout ce qu'exprime un sourire,
Tout ce qu'exprime un regard.
Bref, il faut dire, à l'église,
Le cher secret inouï.
Peur naïve ! gêne exquise !
Pour que nul ne s'en dédise,
Au prêtre il faut dire oui.
Au mot sacré qu'on prononce,
Dans les cœurs, comme un duo,
Vibre une même réponse.
Au clair oui franc qu'on prononce,
Les cœurs tout bas font écho.
Quand on s'aime, on se marie :
La vie à deux, c'est si doux.
Mon cher, aime ta chérie :
Bon cœur jamais ne varie.
Cher tendre couple, aimez-vous.
il y a 8 mois
Sully Prudhomme
@sullyPrudhomme
L'épousée Elle est fragile à caresser,
L'épousée au front diaphane,
Lis pur qu'un rien ternit et fane,
Lis tendre qu'un rien peut froisser,
Que nul homme ne peut presser,
Sans remords sur son cœur profane.
La main digne de l'approcher
N'est pas la main rude qui brise
L'innocence qu'elle a surprise
Et se fait jeu d'effaroucher,
Mais la main qui semble toucher
Au blanc voile comme une brise ;
La lèvre qui la doit baiser
N'est pas la lèvre véhémente,
Effroi d'une novice amante
Qui veut le respect pour oser,
Mais celle qui se vient poser
Comme une ombre d'abeille errante ;
Et les bras faits pour l'embrasser
Ne sont pas les bras dont l'étreinte
Laisse une impérieuse empreinte
Au corps qu'ils aiment à lasser,
Mais ceux qui savent l'enlacer
Comme une onde où l'on dort sans crainte.
L'hymen doit la discipliner
Sans lire sur son front un blâme,
Et les prémices qu'il réclame
Les faire à son cœur deviner :
Elle est fleur, il doit l'incliner,
La chérir sans lui troubler l'âme.
il y a 8 mois
Robert Desnos
@robertDesnos
La dame pavot nouvelle épousée La dame pavot nouvelle épousée
a demandé à son mari
Quelle est l'année?
Quel est le mois?
Quelle est la semaine?
Quel est le jour?
Quelle est l'heure?
Et son mari a répondu
—
Nous sommes en l'an
nous sommes au mois de
Juillobre
semaine des quatre jeudis _
jour de gloire
midi sonné
Belle année, agréable mois,
charmante semaine, jour merveilleux
Heure délicieuse
il y a 8 mois
R
Rutebeuf
@rutebeuf
Le mariage de Rutebeuf Même le sot me traite de sot.
Maintenant, n'ayant plus de trame, je n'ai plus qu'à filer,
et j'ai fort à faire.
Dieu n'a pas créé d'âme si insensible qui, à considérer mon martyre, n'oublie que je lui ai causé du tort
et du tourment, et n'accepte de dire sans arrière-pensée :
«
J'oublie tout. »
Car envoyer un homme en
Egypte est un châtiment moins rude que celui que je subis.
Rien que d'y penser, je ne puis m'empêcher de trembler.
On dit qu'un fou qui ne commet pas de folies
perd son temps : me suis-je marié sans raison ?
En tout cas, je n'ai plus ni masure ni maison,
mais voilà encore mieux : pour combler de joie
les gens qui me haïssent à mort,
j'ai épousé une femme que je suis seul capable d'aimer et d'apprécier, et qui était pauvre et misérable
quand je l'ai épousée.
Quel beau mariage,
car je suis maintenant aussi pauvre et misérable qu'elle !
Elle n'est même pas avenante ni belle,
elle a cinquante ans sur les épaules,
elle est maigre et sèche : je n'ai pas peur qu'elle me trompe
Depuis que
Marie dans la crèche
mit
Dieu au monde, on ne vit un tel ménage.
il y a 8 mois
Victor Hugo
@victorHugo
Le mariage de Roland Ils se battent — combat terrible ! — corps à corps.
Voilà déjà longtemps que leurs chevaux sont morts ;
Ils sont là seuls tous deux dans une île du
Rhône.
Le fleuve à grand bruit roule un flot rapide et jaune,
Le vent trempe en sifflant les brins d'herbe dans l'eau.
L'archange saint
Michel attaquant
Apollo
Ne ferait pas un choc plus étrange et plus sombre.
Déjà, bien avant l'aube, ils combattaient dans l'ombre.
Qui, cette nuit, eût vu s'habiller ces barons,
Avant que la visière eût dérobé leurs fronts,
Eût vu deux pages blonds, roses commes des filles.
Hier, c'étaient deux enfants riant à leurs familles,
Beaux, charmants ; — aujourd'hui, sur ce fatal terrain,
C'est le duel effrayant de deux spectres d'airain,
Deux fantômes auxquels le démon prête une âme,
Deux masques dont les trous laissent voir de la flamme.
Ils luttent, noirs, muets, furieux, acharnés.
Les bateliers pensifs qui les ont amenés
Ont raison d'avoir peur et de fuir dans la plaine,
Et d'oser, de bien loin, les épier à peine :
Car de ces deux enfants, qu'on regarde en tremblant,
L'un s'appelle
Olivier et l'autre a nom
Roland :
Et, depuis qu'ils sont là, sombres, ardents, farouches,
Un mot n'est pas encor sorti de ces deux bouches.
Olivier, sieur de
Vienne et comte souverain,
A pour père
Gérard et pour aïeul
Garin.
Il fut pour ce combat habillé par son père.
Sur sa targe est sculpté
Bacchus faisant la guerre
Aux normands,
Rollon ivre, et
Rouen consterné,
Et le dieu souriant par des tigres traîné,
Chassant, buveur de vin, tous ces buveurs de cidre ;
Son casque est enfoui sous les ailes d'une hydre ;
Il porte le haubert que portait
Salomon ;
Son estoc resplendit comme l'œil d'un démon ;
Il y grava son nom afin qu'on s'en souvienne ;
Au moment du départ, l'archevêque de
Vienne
A béni son cimier de prince féodal.
Roland a son habit de fer, et
Durandal.
Ils luttent de si près avec de sourds murmures,
Que leur souffle âpre et chaud s'empreint sur leurs
[armures ;
Le pied presse le pied ; l'île à leurs noirs assauts
Tressaille au loin ; l'acier mord le fer ; des morceaux
De heaume et de haubert, sans que pas un s'émeuve,
Sautent à chaque instant dans l'herbe et dans le fleuve ;
Leurs brassards sont rayés de longs filets de sang
Qui coule de leur crâne et dans leurs yeux descend.
Soudain, sire
Olivier, qu'un coup affreux démasque,
Voit tomber à la fois son épée et son casque.
Main vide et tête nue, et
Roland l'œil en feu !
L'enfant songe à son père et se tourne vers
Dieu.
Durandal sur son front brille.
Plus d'espérance ! — Çà, dit
Roland, je suis neveu du roi de
France,
Je dois me comporter en franc neveu de roi.
Quand j'ai mon ennemi désarmé devant moi,
Je m'arrête.
Va donc chercher une autre épée,
Et tâche, cette fois, qu'elle soit bien trempée.
Tu feras apporter à boire en même temps,
Car j'ai soif.
—
Fils, merci, dit
Olivier.
—
J'attends,
Dit
Roland, hâte-toi.
Sire
Olivier appelle
Un batelier caché derrière une chapelle.
—
Cours à la ville, et dis à mon père qu'il faut
Une autre épée à l'un de nous, et qu'il fait chaud.
Cependant les héros, assis dans les broussailles,
S'aident à délacer leurs capuchons de mailles,
Se lavent le visage, et causent un moment.
Le batelier revient, il a fait promptement ;
L'homme a vu le vieux comte ; il rapporte une épée
Et du vin, de ce vin qu'aimait le grand
Pompée
Et que
Tournon récolte au flanc de son vieux mont.
L'épée est cette illustre et fière
Closamont,
Que d'autres quelquefois appellent
Haute-Claire.
L'homme a fui.
Les héros achèvent sans colère
Ce qu'ils disaient, le ciel rayonne au-dessus d'eux ;
Olivier verse à boire à
Roland ; puis tous deux
Marchent droit l'un vers l'autre, et le duel
recommence.
Voilà que par degrés de sa sombre démence
Le combat les enivre, il leur revient au cœur
Ce je ne sais quel dieu qui veut qu'on soit vainqueur,
Et qui, s'exaspérant aux armures frappées,
Mêle l'éclair des yeux aux lueurs des épées.
Ils combattent, versant à flots leur sang vermeil.
Le jour entier se passe ainsi.
Mais le soleil
Baisse vers l'horizon.
La nuit vient.
—
Camarade,
Dit
Roland, je ne sais, mais je me sens malade.
Je ne me soutiens plus, et je voudrais un peu
De repos.
—
Je prétends, avec l'aide de
Dieu,
Dit le bel
Olivier, le sourire à la lèvre,
Vous vaincre par l'épée et non point par la fièvre.
Dormez sur l'herbe verte ; et, cette nuit,
Roland,
Je vous éventerai de mon panache blanc.
Couchez-vous et dormez.
—
Vassal, ton âme est neuve,
Dit
Roland.
Je riais, je faisais une épreuve.
Sans m'arrêter et sans me reposer, je puis
Combattre quatre jours encore, et quatre nuits.
Le duel reprend.
La mort plane, le sang ruisselle.
Durandal heurte et suit
Closamont ; l'étincelle
Jaillit de toutes parts sous leurs coups répétés.
L'ombre autour d'eux s'emplit de sinistres clartés.
Ils frappent ; le brouillard du fleuve monte et fume ;
Le voyageur s'effraie et croit voir dans la brume
D'étranges bûcherons qui travaillent la nuit.
Le jour naît, le combat continue à grand bruit ;
La pâle nuit revient, ils combattent ; l'aurore
Reparaît dans les cieux, ils combattent encore.
Nul repos.
Seulement, vers le troisième soir,
Sous un arbre, en causant, ils sont allés s'asseoir ;
Puis ont recommencé.
Le vieux
Gérard dans
Vienne
Attend depuis trois jours que son enfant revienne.
Il envoie un devin regarder sur les tours ;
Le devin dit :
Seigneur, ils combattent toujours.
Quatre jours sont passés, et l'île et le rivage
Tremblent sous ce fracas monstrueux et sauvage.
Ils vont, viennent, jamais fuyant, jamais lassés,
Froissent le glaive au glaive et sautent les fossés,
Et passent, au milieu des ronces remuées,
Comme deux tourbillons et comme deux nuées. Ô chocs affreux ! terreur ! tumulte étincelant !
Mais enfin
Olivier saisit au corps
Roland,
Qui de son propre sang en combattant s'abreuve,
Et jette d'un revers
Durandal dans le fleuve.
—
C'est mon tour maintenant, et je vais envoyer
Chercher un autre estoc pour vous, dit
Olivier.
Le sabre du géant
Sinnagog est à
Vienne.
C'est, après
Durandal, le seul qui vous convienne.
Mon père le lui prit alors qu'il le défit.
Acceptez-le.
Roland sourit. —
Il me suffit
De ce bâton.
Il dit, et déracine un chêne.
Sire
Olivier arrache un orme dans la plaine
Et jette son épée, et
Roland, plein d'ennui,
L'attaque.
Il n'aimait pas qu'on vînt faire après lui
Les générosités qu'il avait déjà faites.
Plus d'épée en leurs mains, plus de casque à leurs têtes.
Ils luttent maintenant, sourds, effarés, béants,
A grands coups de troncs d'arbre, ainsi que des géants.
Pour la cinquième fois, voici que la nuit tombe.
Tout à coup
Olivier, aigle aux yeux de colombe,
S'arrête et dit :
—
Roland, nous n'en finirons point.
Tant qu'il nous restera quelque tronçon au poing,
Nous lutterons ainsi que lions et panthères.
Ne vaudrait-il pas mieux que nous devinssions frères ?
Ecoute, j'ai ma sœur, la belle
Aude au bras blanc,
Epouse-la.
—
Pardieu ! je veux bien, dit
Roland.
Et maintenant buvons, car l'affaire était chaude.
C'est ainsi que
Roland épousa la belle
Aude.
il y a 8 mois
Voltaire
@voltaire
A Mademoiselle de guise Vous possédez fort inutilement
Esprit, beauté, grâce, vertu, franchise ;
Qu’y manque-t-il ? quelqu’un qui vous le dise
Et quelque ami dont on en dise autant.
il y a 8 mois
É
Étienne Eggis
@etienneEggis
Ce que c’est qu’un Mari Quand Christophe Colomb eut enfin découvert
Ce continent lointain qu’on croyait chimérique,
Il mourut loin du sol qu’il avait entr’ouvert,
Et Vespuce donna son nom à l’Amérique.
Si la femme portait le nom doux et chéri
De son premier amant, Anglais, Français ou Russe,
Ce serait rarement celui de son mari.
— Un mari n’est jamais qu’un Améric Vespuce.