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Saisons

55 poésies en cours de vérification
Saisons

Poésies de la collection saisons

    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Hiver Le ciel pleure ses larmes blanches Sur les jours roses trépassés ; Et les amours nus et gercés Avec leurs ailerons cassés Se sauvent, frileux, sous les branches. Ils sont finis les soirs tombants, Rêvés au bord des cascatelles. Les Angéliques, où sont-elles ! Et leurs âmes de bagatelles, Et leurs coeurs noués de rubans ?… Le vent dépouille les bocages, Les bocages où les amants Sans trêve enroulaient leurs serments Aux langoureux roucoulements Des tourterelles dans les cages. Les tourterelles ne sont plus, Ni les flûtes, ni les violes Qui soupiraient sous les corolles Des sons plus doux que des paroles. Le long des soirs irrésolus. Cette chanson – là-bas – écoute, Cette chanson au fond du bois… C’est l’adieu du dernier hautbois, C’est comme si tout l’autrefois Tombait dans l’âme goutte à goutte. Satins changeants, cheveux poudrés, Mousselines et mandolines, O Mirandas ! O Roselines ! Sous les étoiles cristallines, O Songe des soirs bleu-cendrés ! Comme le vent brutal heurte en passant les portes ! Toutes, – va ! toutes les bergères sont bien mortes. Morte la galante folie, Morte la Belle-au-bois-jolie, Mortes les fleurs aux chers parfums ! Et toi, soeur rêveuse et pâlie, Monte, monte, ô Mélancolie, Lune des ciels roses défunts.

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Octobre est doux Octobre est doux. — L'hiver pèlerin s'achemine Au ciel où la dernière hirondelle s'étonne. Rêvons... le feu s'allume et la bise chantonne. Rêvons... le feu s'endort sous sa cendre d'hermine. L'abat-jour transparent de rose s'illumine. La vitre est noire sous l'averse monotone. Oh ! le doux « remember » en la chambre d'automne, Où des trumeaux défunts l'âme se dissémine. La ville est loin. Plus rien qu'un bruit sourd de voitures Qui meurt, mélancolique, aux plis lourds des tentures... Formons des rêves fins sur des miniatures. Vers de mauves lointains d'une douceur fanée Mon âme s'est perdue ; et l'Heure enrubannée Sonne cent ans à la pendule surannée...

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Que j’aime le premier frisson d’hiver Que j'aime le premier frisson d'hiver ! le chaume, Sous le pied du chasseur, refusant de ployer ! Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume, Au fond du vieux château s'éveille le foyer ;

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    L'automne Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards !

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Pensée des morts Voilà les feuilles sans sève Qui tombent sur le gazon, Voilà le vent qui s’élève Et gémit dans le vallon, Voilà l’errante hirondelle . Qui rase du bout de l’aile : L’eau dormante des marais, Voilà l’enfant des chaumières Qui glane sur les bruyères Le bois tombé des forêts. L’onde n’a plus le murmure , Dont elle enchantait les bois ; Sous des rameaux sans verdure. Les oiseaux n’ont plus de voix ; Le soir est près de l’aurore, L’astre à peine vient d’éclore Qu’il va terminer son tour, Il jette par intervalle Une heure de clarté pâle Qu’on appelle encore un jour. L’aube n’a plus de zéphire Sous ses nuages dorés, La pourpre du soir expire Sur les flots décolorés, La mer solitaire et vide N’est plus qu’un désert aride Où l’oeil cherche en vain l’esquif, Et sur la grève plus sourde La vague orageuse et lourde N’a qu’un murmure plaintif. La brebis sur les collines Ne trouve plus le gazon, Son agneau laisse aux épines Les débris de sa toison, La flûte aux accords champêtres Ne réjouit plus les hêtres Des airs de joie ou d’amour, Toute herbe aux champs est glanée : Ainsi finit une année, Ainsi finissent nos jours ! C’est la saison où tout tombe Aux coups redoublés des vents ; Un vent qui vient de la tombe Moissonne aussi les vivants : Ils tombent alors par mille, Comme la plume inutile Que l’aigle abandonne aux airs, Lorsque des plumes nouvelles Viennent réchauffer ses ailes A l’approche des hivers. C’est alors que ma paupière Vous vit pâlir et mourir, Tendres fruits qu’à la lumière Dieu n’a pas laissé mûrir ! Quoique jeune sur la terre, Je suis déjà solitaire Parmi ceux de ma saison, Et quand je dis en moi-même : Où sont ceux que ton coeur aime ? Je regarde le gazon. Leur tombe est sur la colline, Mon pied la sait ; la voilà ! Mais leur essence divine, Mais eux, Seigneur, sont-ils là ? Jusqu’à l’indien rivage Le ramier porte un message Qu’il rapporte à nos climats ; La voile passe et repasse, Mais de son étroit espace Leur âme ne revient pas. Ah ! quand les vents de l’automne Sifflent dans les rameaux morts, Quand le brin d’herbe frissonne, Quand le pin rend ses accords, Quand la cloche des ténèbres Balance ses glas funèbres, La nuit, à travers les bois, A chaque vent qui s’élève, A chaque flot sur la grève, Je dis : N’es-tu pas leur voix? Du moins si leur voix si pure Est trop vague pour nos sens, Leur âme en secret murmure De plus intimes accents ; Au fond des coeurs qui sommeillent, Leurs souvenirs qui s’éveillent Se pressent de tous côtés, Comme d’arides feuillages Que rapportent les orages Au tronc qui les a portés ! C’est une mère ravie A ses enfants dispersés, Qui leur tend de l’autre vie Ces bras qui les ont bercés ; Des baisers sont sur sa bouche, Sur ce sein qui fut leur couche Son coeur les rappelle à soi ; Des pleurs voilent son sourire, Et son regard semble dire : Vous aime-t-on comme moi ? C’est une jeune fiancée Qui, le front ceint du bandeau, N’emporta qu’une pensée De sa jeunesse au tombeau ; Triste, hélas ! dans le ciel même, Pour revoir celui qu’elle aime Elle revient sur ses pas, Et lui dit : Ma tombe est verte ! Sur cette terre déserte Qu’attends-tu ? Je n’y suis pas ! C’est un ami de l’enfance, Qu’aux jours sombres du malheur Nous prêta la Providence Pour appuyer notre cœur ; Il n’est plus ; notre âme est veuve, Il nous suit dans notre épreuve Et nous dit avec pitié : Ami, si ton âme est pleine, De ta joie ou de ta peine Qui portera la moitié ? C’est l’ombre pâle d’un père Qui mourut en nous nommant ; C’est une soeur, c’est un frère, Qui nous devance un moment ; Sous notre heureuse demeure, Avec celui qui les pleure, Hélas ! ils dormaient hier ! Et notre coeur doute encore, Que le ver déjà dévore Cette chair de notre chair ! L’enfant dont la mort cruelle Vient de vider le berceau, Qui tomba de la mamelle Au lit glacé du tombeau ; Tous ceux enfin dont la vie Un jour ou l’autre ravie, Emporte une part de nous, Murmurent sous la poussière : Vous qui voyez la lumière, Vous souvenez-vous de nous ? Ah ! vous pleurer est le bonheur suprême Mânes chéris de quiconque a des pleurs ! Vous oublier c’est s’oublier soi-même : N’êtes-vous pas un débris de nos coeurs ? En avançant dans notre obscur voyage, Du doux passé l’horizon est plus beau, En deux moitiés notre âme se partage, Et la meilleure appartient au tombeau ! Dieu du pardon ! leur Dieu ! Dieu de leurs pères ! Toi que leur bouche a si souvent nommé ! Entends pour eux les larmes de leurs frères ! Prions pour eux, nous qu’ils ont tant aimé ! Ils t’ont prié pendant leur courte vie, Ils ont souri quand tu les as frappés ! Ils ont crié : Que ta main soit bénie ! Dieu, tout espoir ! les aurais-tu trompés ? Et cependant pourquoi ce long silence ? Nous auraient-ils oubliés sans retour ? N’aiment-ils plus ? Ah ! ce doute t’offense ! Et toi, mon Dieu, n’es-tu pas tout amour ? Mais, s’ils parlaient à l’ami qui les pleure, S’ils nous disaient comment ils sont heureux, De tes desseins nous devancerions l’heure, Avant ton jour nous volerions vers eux. Où vivent-ils ? Quel astre, à leur paupière Répand un jour plus durable et plus doux ? Vont-ils peupler ces îles de lumière ? Ou planent-ils entre le ciel et nous ? Sont-ils noyés dans l’éternelle flamme ? Ont-ils perdu ces doux noms d’ici-bas, Ces noms de soeur et d’amante et de femme ? A ces appels ne répondront-ils pas ? Non, non, mon Dieu, si la céleste gloire Leur eût ravi tout souvenir humain, Tu nous aurais enlevé leur mémoire ; Nos pleurs sur eux couleraient-ils en vain ? Ah ! dans ton sein que leur âme se noie ! Mais garde-nous nos places dans leur cœur ; Eux qui jadis ont goûté notre joie, Pouvons-nous être heureux sans leur bonheur ? Etends sur eux la main de ta clémence, Ils ont péché; mais le ciel est un don ! Ils ont souffert; c’est une autre innocence ! Ils ont aimé; c’est le sceau du pardon ! Ils furent ce que nous sommes, Poussière, jouet du vent ! Fragiles comme des hommes, Faibles comme le néant ! Si leurs pieds souvent glissèrent, Si leurs lèvres transgressèrent Quelque lettre de ta loi, Ô Père! ô juge suprême ! Ah ! ne les vois pas eux-mêmes, Ne regarde en eux que toi ! Si tu scrutes la poussière, Elle s’enfuit à ta voix ! Si tu touches la lumière, Elle ternira tes doigts ! Si ton oeil divin les sonde, Les colonnes de ce monde Et des cieux chancelleront : Si tu dis à l’innocence : Monte et plaide en ma présence ! Tes vertus se voileront. Mais toi, Seigneur, tu possèdes Ta propre immortalité ! Tout le bonheur que tu cèdes Accroît ta félicité ! Tu dis au soleil d’éclore, Et le jour ruisselle encore ! Tu dis au temps d’enfanter, Et l’éternité docile, Jetant les siècles par mille, Les répand sans les compter ! Les mondes que tu répares Devant toi vont rajeunir, Et jamais tu ne sépares Le passé de l’avenir ; Tu vis ! et tu vis ! les âges, Inégaux pour tes ouvrages, Sont tous égaux sous ta main ; Et jamais ta voix ne nomme, Hélas ! ces trois mots de l’homme : Hier, aujourd’hui, demain ! Ô Père de la nature, Source, abîme de tout bien, Rien à toi ne se mesure, Ah ! ne te mesure à rien ! Mets, à divine clémence, Mets ton poids dans la balance, Si tu pèses le néant ! Triomphe, à vertu suprême ! En te contemplant toi-même, Triomphe en nous pardonnant !

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    A

    Amable Tastu

    @amableTastu

    Le printemps Viens, charmante saison, jeunesse de l’année, Viens animer encore le luth des Troubadours, Des fleurs que tu fais naître accours environnée, Elles seront le prix de nos chansons d’amours. Voici venir le jour où la Reine des anges, Seule, au pied de la croix, répandit tant de pleurs, Qu’elle entende aujourd’hui l’hymne de nos louanges Redire aux saints autels ses sublimes douleurs. Cité de mes aïeux, Toulouse tant chérie, Sois à jamais l’orgueil, l’amour de tes enfants ; Qu’ils trouvent dans les murs de leur belle patrie Le sujet et le prix de leurs nobles accents ! Poètes orgueilleux, caressez l’espérance De laisser après vous un renom immortel ; Le mien s’éteindra vite ; et le nom de Clémence Ne sera point connu du jeune Ménestrel. La rose du matin le soir jonche la terre ; Avec indifférence on la voit se flétrir ; Et le vent de la nuit, de son aile légère, Disperse dans les airs son dernier souvenir.

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    A

    Amable Tastu

    @amableTastu

    Les saisons du Nord Connaissez-vous ces bords qu'arrose la Baltique, Et dont les souvenirs, aimés du Barde antique, Ont réveillé la harpe amante des torrents ? Connaissez-vous ces champs qu'un long hiver assiège, L'orgueil des noirs sapins que respecte la neige, Ces rocs couverts de mousse et ces lacs transparents ? D'un rapide printemps la fugitive haleine Y ranime en passant et les monts et la plaine ; Un prompt été le suit, et, prodigue de feux, Se hâte de mûrir les trésors qu'il nous donne ; Car l'hiver menaçant laisse à peine à l'automne Le temps de recueillir ses présents savoureux. Mais ces rares beaux jours, quel charme les décore ! La nuit demi-voilée y ressemble à l'aurore : Une molle douceur se répand dans les airs ; Et cette heure rapide où le soleil repose, Clisse avec le murmure et les parfums de rose Des bouleaux agités par la brise des mers. Hâtez-vous de goûter d'éphémères délices ; L'hiver qui vous poursuit de ses tristes prémices, D'un givre étincelant a blanchi ces climats : Bientôt l'onde s'arrête à sa voix redoutable, Et sur les champs muets que son empire accable D'une haleine puissante il souffle les frimas. Mais aux natals plaisirs lui seul offre un théâtre, Ses chemins de cristal et ses tapis d'albâtre Ouvrent leur blanche arène aux traîneaux triomphants ; Et malgré ses rigueurs et sa morne durée, Lui seul prête ses traits à l'image sacrée Qui grave la patrie au cœur de ses enfants. Beaux climats du Midi, terres du ciel aimées ! Que sont au fils du Nord vos brises embaumées ? Les jasmins de Grenade et leurs parfums si doux Ne pourraient l'arracher à sa mélancolie, Sous vos rameaux en fleurs, citronniers d'Italie, Il rêve un sol de glace et des cieux en courroux.

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    André Chénier

    André Chénier

    @andreChenier

    Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose, A votre fuite en vain un long regret s'oppose. Beaux jours, quoique, souvent obscurcis de mes pleurs, Vous dont j'ai su jouir même au sein des douleurs, Sur ma tête bientôt vos fleurs seront fanées ; Hélas ! bientôt le flux des rapides années Vous aura loin de moi fait voler sans retour. Oh ! si du moins alors je pouvais à mon tour ; Champêtre possesseur, dans mon humble chaumière Offrir à mes amis une ombre hospitalière ; Voir mes lares charmés, pour les bien recevoir, A de joyeux banquets la nuit les faire asseoir ; Et là nous souvenir, au milieu de nos fêtes, Combien chez eux longtemps, dans leurs belles retraites, Soit sur ces bords heureux, opulents avec choix, Où Montigny s'enfonce en ses antiques bois, Soit où la Marne lente, en un long cercle d'îles, Ombrage de bosquets l'herbe et les prés fertiles, J'ai su, pauvre et content, savourer à longs traits Les muses, les plaisirs, et l'étude et la paix. Qui ne sait être pauvre est né pour l'esclavage. Qu'il serve donc les grands, les flatte, les ménage ; Qu'il plie, en approchant de ces superbes fronts, Sa tête à la prière, et son âme aux affronts, Pour qu'il puisse, enrichi de ces affronts utiles, Enrichir à son tour quelques têtes serviles. De ses honteux trésors je ne suis point jaloux. Une pauvreté libre est un trésor si doux ! Il est si doux, si beau, de s'être fait soi-même, De devoir tout à soi, tout aux beaux-arts qu'on aime ; Vraie abeille en ses dons, en ses soins, en ses mœurs, D'avoir su se bâtir, des dépouilles des fleurs, Sa cellule de cire, industrieux asile Où l'on coule une vie innocente et facile ; De ne point vendre aux grands ses hymnes avilis ; De n'offrir qu'aux talents de vertus ennoblis, Et qu'à l'amitié douce et qu'aux douces faiblesses, D'un encens libre et pur les honnêtes caresses ! Ainsi l'on dort tranquille, et, dans son saint loisir, Devant son propre cœur on n'a point à rougir. Si le sort ennemi m'assiège et me désole, On pleure : mais bientôt la tristesse s'envole ; Et les arts, dans un cœur de leur amour rempli, Versent de tous les maux l'indifférent oubli. Les délices des arts ont nourri mon enfance. Tantôt, quand d'un ruisseau, suivi dès sa naissance, La nymphe aux pieds d'argent a sous de longs berceaux Fait serpenter ensemble et mes pas et ses eaux, Ma main donne au papier, sans travail, sans étude, Des vers fils de l'amour et de la solitude ; Tantôt de mon pinceau les timides essais Avec d'autres couleurs cherchent d'autres succès Ma toile avec Sappho s'attendrit et soupire ; Elle rit et s'égaye aux danses du satyre ; Ou l'aveugle Ossian y vient pleurer ses yeux, Et pense voir et voit ses antiques aïeux Qui dans l'air, appelés à ses hymnes sauvages, Arrêtent près de lui leurs palais de nuages. Beaux-arts, ô de la vie aimables enchanteurs, Des plus sombres ennuis riants consolateurs, Amis sûrs dans la peine et constantes maîtresses, Dont l'or n'achète point l'amour ni les caresses, Beaux-arts, dieux bienfaisants, vous que vos favoris Par un indigne usage ont tant de fois flétris, Je n'ai point partagé leur honte trop commune ; Sur le front des époux de l'aveugle Fortune Je n'ai point fait ramper vos lauriers trop jaloux : J'ai respecté les dons que j'ai reçus de vous. Je ne vais point, à prix de mensonges serviles, Vous marchander au loin des récompenses viles, Et partout, de mes vers ambitieux lecteur, Faire trouver charmant mon luth adulateur. Abel, mon jeune Abel, et Trudaine et son frère, Ces vieilles amitiés de l'enfance première, Quand tous quatre, muets, sous un maître inhumain, Jadis au châtiment nous présentions la main ; Et mon frère, et Le Brun, les Muses elles-mêmes De Pange, fugitif de ces neuf Sœurs qu'il aime : Voilà le cercle entier qui, le soir quelquefois, A des vers non sans peine obtenus de ma voix, Prête une oreille amie et cependant sévère. Puissé-je ainsi toujours dans cette troupe chère Me revoir, chaque fois que mes avides yeux Auront porté longtemps mes pas de lieux en lieux, Amant des nouveautés compagnes de voyage ; Courant partout, partout cherchant à mon passage Quelque ange aux yeux divins qui veuille me charmer, Qui m'écoute ou qui m'aime, ou qui se laisse aimer !

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Crépuscule d'hiver À Madame François Wells. En se couchant au fond de la grande avenue, Le soleil disparaît dans un ciel pourpre et noir ; Et, de la tête aux pieds, la haute forêt nue Profondément tressaille au premier vent du soir. Déjà tout est bien mort : plus une feuille aux branches, Plus un chant dans les bois, plus un vol dans les airs ; Seul, le gui parasite avec ses perles blanches Jette un peu de verdure autour des nids déserts. Le bûcheron se dit que l'hiver sera rude. Il regagne à pas lents son gîte pour la nuit. Le silence envahit la froide solitude... Mais un dernier écho parfois répand son bruit. Un bruit vague, un bruit sourd, montant des marécages... Quelle est donc cette grave et lointaine rumeur ? Ce sont de grands troupeaux qui rentrent des pacages, Saluant d'un adieu triste le jour qui meurt.

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    L’automne Voici venu le froid radieux de septembre : Le vent voudrait entrer et jouer dans les chambres ; Mais la maison a l’air sévère, ce matin, Et le laisse dehors qui sanglote au jardin. Comme toutes les voix de l’été se sont tues ! Pourquoi ne met-on pas de mantes aux statues ? Tout est transi, tout tremble et tout a peur ; je crois Que la bise grelotte et que l’eau même a froid. Les feuilles dans le vent courent comme des folles ; Elles voudraient aller où les oiseaux s’envolent, Mais le vent les reprend et barre leur chemin Elles iront mourir sur les étangs demain. Le silence est léger et calme ; par minute Le vent passe au travers comme un joueur de flûte, Et puis tout redevient encor silencieux, Et l’Amour qui jouait sous la bonté des cieux S’en revient pour chauffer devant le feu qui flambe Ses mains pleines de froid et ses frileuses jambes, Et la vieille maison qu’il va transfigurer Tressaille et s’attendrit de le sentir entrer.

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    Les saisons et l'amour Le gazon soleilleux est plein De campanules violettes, Le jour las et brûlé halette Et pend aux ailes des moulins. La nature, comme une abeille, Est lourde de miel et d'odeur, Le vent se berce dans les fleurs Et tout l'été luisant sommeille. — Ô gaieté claire du matin Où l'âme, simple dans sa course, Est dansante comme une source Qu'ombragent des brins de plantain ! De lumineuses araignées Glissent au long d'un fil vermeil, Le cœur dévide du soleil Dans la chaleur d'ombre baignée. — Ivresse des midis profonds, Coteaux roux où grimpent des chèvres, Vertige d'appuyer les lèvres Au vent qui vient de l'horizon ; Chaumières debout dans l'espace Au milieu des seigles ployés, Ayant des plants de groseilliers Devant la porte large et basse... — Soirs lourds où l'air est assoupi, Où la moisson pleine est penchante, Où l'âme, chaude et désirante, Est lasse comme les épis. Plaisir des aubes de l'automne, Où, bondissant d'élans naïfs, Le cœur est comme un buisson vif Dont toutes les feuilles frissonnent ! Nuits molles de désirs humains, Corps qui pliez comme des saules, Mains qui s'attachent aux épaules, Yeux qui pleurent au creux des mains. — Ô rêves des saisons heureuses, Temps où la lune et le soleil Écument en rayons vermeils Au bord des âmes amoureuses...

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    A

    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    Au printemps qui ne vient pas Où donc est le printemps ? Endormi sous la nue Le soleil ne luit pas ou brille sans chaleur, Et dans les champs, la neige, aux arbres suspendue, Tient la sève captive et dévore la fleur. Tout frissonne et se tait ; le pauvre laboureur S'assied morne et pensif sur quelque roche nue ; Le pain pour ses enfants va manquer, et son cœur Maudira l'heure sainte où leur mère est venue. Il est aussi des temps où du soleil divin L'homme attend le retour et le demande en vain ; Qui de nous, une fois, et de l'âme et du monde N'a cru voir les destins confondus et flottants, Et des esprits troublés sondant la nuit profonde Ne s'écria jamais : — Où donc est le printemps ?

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Sensation Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme, Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, – heureux comme avec une femme. Mars 1870

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Ô saisons, ô châteaux Ô saisons ô châteaux, Quelle âme est sans défauts ? Ô saisons, ô châteaux, J'ai fait la magique étude Du Bonheur, que nul n'élude. Ô vive lui, chaque fois Que chante son coq gaulois. Mais ! je n'aurai plus d'envie, Il s'est chargé de ma vie. Ce Charme ! il prit âme et corps. Et dispersa tous efforts. Que comprendre à ma parole ? Il fait qu'elle fuie et vole ! Ô saisons, ô châteaux ! Et, si le malheur m'entraîne, Sa disgrâce m'est certaine. Il faut que son dédain, las ! Me livre au plus prompt trépas ! - Ô Saisons, ô Châteaux !

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Brumes et pluies Ô fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue, Endormeuses saisons ! je vous aime et vous loue D'envelopper ainsi mon cœur et mon cerveau D'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Chant d'automne Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours. Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe; L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd. Il me semble, bercé par ce choc monotone, Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. Pour qui? — C'était hier l'été; voici l'automne! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ. J'aime de vos longs yeux la lumière verdàtre, Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer, Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre. Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer. Et pourtant aimez-moi, tendre cœur! soyez mère Même pour un ingrat, même pour un méchant; Amante ou sœur, soyez la douceur éphémère D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant. Courte tâche! La tombe attend; elle est avide! Ah! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux, Goûter, en regrettant l'été blanc et torride, De l'arrière-saison le rayon jaune et doux!

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le goût du néant Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte, L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur, Ne veut plus t'enfourcher ! Couche-toi sans pudeur, Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Paysage Je veux, pour composer chastement mes églogues, Coucher auprès du ciel, comme les astrologues, Et, voisin des clochers, écouter en rêvant Leurs hymnes solennels emportés par le vent. Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde, Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ; Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité, Et les grands ciels qui font rêver d'éternité. Il est doux, à travers les brumes, de voir naître L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre, Les fleuves de charbon monter au firmament Et la lune verser son pâle enchantement. Je verrai les printemps, les étés, les automnes ; Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones, Je fermerai partout portières et volets Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais. Alors je rêverai des horizons bleuâtres, Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres, Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin, Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin. L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre, Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ; Car je serai plongé dans cette volupté D'évoquer le Printemps avec ma volonté, De tirer un soleil de mon cœur, et de faire De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Sonnet d'automne Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal : " Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon mérite ? " - Sois charmante et tais-toi ! Mon coeur, que tout irrite, Excepté la candeur de l'antique animal, Ne veut pas te montrer son secret infernal, Berceuse dont la main aux longs sommeils m'invite, Ni sa noire légende avec la flamme écrite. Je hais la passion et l'esprit me fait mal ! Aimons-nous doucement. L'Amour dans sa guérite, Ténébreux, embusqué, bande son arc fatal. Je connais les engins de son vieil arsenal : Crime, horreur et folie ! - Ô pâle marguerite ! Comme moi n'es-tu pas un soleil automnal, Ô ma si blanche, ô ma si froide Marguerite ?

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Les quatre saisons - l'automne L'automne fait les bruits froissés De nos tumultueux baisers. Dans l'eau tombent les feuilles sèches Et sur ses yeux, les folles mèches. Voici les pèches, les raisins, J'aime mieux sa joue et ses seins. Que me fait le soir triste et rouge, Quand sa lèvre boudeuse bouge ? Le vin qui coule des pressoirs Est moins traître que ses yeux noirs.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Les quatre saisons - l'hiver C'est l'hiver. Le charbon de terre Flambe en ma chambre solitaire. La neige tombe sur les toits. Blanche ! Oh, ses beaux seins blancs et froids ! Même sillage aux cheminées Qu'en ses tresses disséminées. Au bal, chacun jette, poli, Les mots féroces de l'oubli, L'eau qui chantait s'est prise en glace, Amour, quel ennui te remplace !

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Les quatre saisons - l'été En été les lis et les roses Jalousaient ses tons et ses poses, La nuit, par l'odeur des tilleuls Nous nous en sommes allés seuls. L'odeur de son corps, sur la mousse, Est plus enivrante et plus douce. En revenant le long des blés, Nous étions tous deux bien troublés. Comme les blés que le vent frôle, Elle ployait sur mon épaule.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Les quatre saisons - le printemps Au printemps, c'est dans les bois nus Qu'un jour nous nous sommes connus. Les bourgeons poussaient vapeur verte. L'amour fut une découverte. Grâce aux lilas, grâce aux muguets, De rêveurs nous devînmes gais. Sous la glycine et le cytise, Tous deux seuls, que faut-il qu'on dise ? Nous n'aurions rien dit, réséda, Sans ton parfum qui nous aida.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Novembre Je te rencontre un soir d'automne, Un soir frais, rose et monotone. Dans le parc oublié, personne. Toutes les chansons se sont tues : J'ai vu grelotter les statues, Sous tant de feuilles abattues. Tu es perverse. Mais qu'importe La complainte pauvre qu'apporte Le vent froid par-dessous la porte. Fille d'automne tu t'étonnes De mes paroles monotones... Il nous reste à vider les tonnes.

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    Hiver, vous n'êtes qu'un vilain Hiver, vous n'êtes qu'un vilain, Été est plaisant et gentil, En témoin de Mai et d'Avril Qui l'accompagnent soir et matin. Été revêt champs, bois et fleurs, De sa livrée de verdure Et de maintes autres couleurs Par l'ordonnance de Nature. Mais vous, Hiver, trop êtes plein De neige, vent, pluie et grésil ; On vous doit bannir en exil. Sans point flatter, je parle plain : Hiver, vous n'êtes qu'un vilain.

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    Le temps a laissé son manteau Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s’est vêtu de broderie, De soleil luisant, clair et beau. Il n’y a bête ni oiseau Qu’en son jargon ne chante ou crie : Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie. Rivière, fontaine et ruisseau Portent en livrée jolie, Gouttes d’argent d’orfèvrerie ; Chacun s’habille de nouveau : Le temps a laissé son manteau.

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    Les fourriers d'été sont venus Les fourriers d'Eté sont venus Pour appareiller son logis, Et ont fait tendre ses tapis, De fleurs et verdure tissus. En étendant tapis velus, De vert herbe par le pays, Les fourriers d'Eté sont venus Pour appareiller son logis. Cœurs d'ennui piéça morfondus, Dieu merci, sont sains et jolis ; Allez-vous-en, prenez pays, Hiver, vous ne demeurez plus ; Les fourriers d'Eté sont venus.

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    C

    Charles Marie René Leconte de Lisle

    @charlesMarieReneLeconteDeLisle

    Midi Midi, Roi des étés, épandu sur la plaine, Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu. Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine ; La Terre est assoupie en sa robe de feu.

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    Francis Jammes

    Francis Jammes

    @francisJammes

    Il va neiger Il va neiger dans quelques jours. Je me souviens de l’an dernier. Je me souviens de mes tristesses au coin du feu. Si l’on m’avait demandé : qu’est-ce? J’aurais dit : laissez-moi tranquille. Ce n’est rien. J’ai bien réfléchi, l’année avant, dans ma chambre, pendant que la neige lourde tombait dehors. J’ai réfléchi pour rien. À présent comme alors je fume une pipe en bois avec un bout d’ambre. Ma vieille commode en chêne sent toujours bon. Mais moi j’étais bête parce que ces choses ne pouvaient pas changer et que c’est une pose de vouloir chasser les choses que nous savons. Pourquoi donc pensons-nous et parlons-nous? C’est drôle; nos larmes et nos baisers, eux, ne parlent pas et cependant nous les comprenons, et les pas d’un ami sont plus doux que de douces paroles. On a baptisé les étoiles sans penser qu’elles n’avaient pas besoin de nom, et les nombres qui prouvent que les belles comètes dans l’ombre passeront, ne les forceront pas à passer. Et maintenant même, où sont mes vieilles tristesses de l’an dernier? À peine si je m’en souviens. Je dirais : laissez-moi tranquille, ce n’est rien, si dans ma chambre on venait me demander : qu’est-ce?

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Automne Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux Et son boeuf lentement dans le brouillard d’automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux Et s’en allant là-bas le paysan chantonne Une chanson d’amour et d’infidélité Qui parle d’une bague et d’un coeur que l’on brise Oh! l’automne l’automne a fait mourir l’été Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises

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