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Poésies de la collection je t'aime

    A

    Achille Chavée

    @achilleChavee

    Pour mieux aimer a Irène Hamoir Dans la beauté menacée menaçante il y a place encore pour un duel désespéré et pour la fuite éperdue d'une gazelle dans les savanes du rêve Dans la beauté menacée menaçante il y a place toujours pour une femme prisonnière dans la cloche de cristal qui sonne son temps d'être perdue et d'être aimée chaque fois que ses seins se mettent à luire comme des cibles de phosphore Dans la beauté menacée menaçante il y a place pour un lit de corail toujours sanglant sous le baiser de l'œil et pour un échafaud de papier rouge il y a place encore pour les corolles de la solitude bouquet qui se fane dans un soleil d'arrière-saison Dans la beauté menacée menaçante il y a place pour une statue aux vaincus refusant de civiliser les vainqueurs et pour une grande avenue de marbre noir se perdant dans les sables de l'avenir Il y a place encore pour un musée qui n'ouvre que la nuit avec ses fantômes assermentés qui trichent au poker et des souris d'hôtel fuyant dans les galeries en maillot noir collant comme le vice Dans la beauté menacée menaçante il y a place encore et toujours pour un décor d'intempéries mentales comme la pluie rouge d'angoisse l'orage des prédestinations pour un trou mutilé faisant figure de symbole et pour quelques reproductions légères dans le goût triomphant du jour Dans la beauté menacée menaçante il y a place pour un alibi d'épave un cimetière de rire pour un faux timbre-poste un vrai clou un nénuphar il y a place enfin et toujours pour tous les cataclysmes naturels sexuels et sociaux qui font un levain de révolte de la sciure de cadavre 5 septembre 1941

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    Alain Bosquet

    Alain Bosquet

    @alainBosquet

    Aimer Je t'aime, et avec ça l'urine et les menstrues qui font ton corps sublime et détesté. Tu m'aimes, et avec ça mes dents pourries, mon sperme jaune et ma salive où flotte une odeur d'excrément. Je t'aime, et avec ça tu n'as jamais compris comment je refaisais, à ma folle mesure, l'univers répugnant. Aimes-tu cette verge ou cet esprit : la seule goutte que tu n'oses ni essuyer ni boire ? Intolérable amour qui a besoin, pour l'interrompre, d'un poème comme un bout de jambon avant que le coït ne recommence ! J'aime, et c'est toi, et c'est nous que j'aime dans ma peur de me donner. Tu aimes, dans notre coucherie, l'étreinte de la mort.

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    Alain Bosquet

    Alain Bosquet

    @alainBosquet

    Il faut aimer Il faut aimer, donc j'aime les érables, dans l'aube aux parfums de velours. Il faut aimer, donc j'aime l'impalpable et l'imprévu, sans le secours de la raison. Il faut aimer, donc j'aime ce qui ne saurait exister : l'île dansante et les pierres qu'on sème, avec l'espoir de récolter une âme douce et de guingois. Qu'il faille toujours aimer, je le comprends : l'astre boudeur, le feu, la paille et les colères du torrent. II faut aimer, donc j'aime les carrosses en or, qui ne vont nulle part. Verbe et vertu, je célèbre vos noces ; la rosée, forme d'art : cette sagesse me paraît aimable, dans mon amour universel. L'océan court, je dois être de sable, songe devenu sel. Il faut donc — c'est la loi — que je m'exprime sur les élans de mon vieux cœur : ne sachant pas si l'amour est un crime, il en tremble de peur.

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    Alain Bosquet

    Alain Bosquet

    @alainBosquet

    Il suffit de m'aimer J'ai dans ma poche — à cause de mes vers ? — un soleil de rechange. J'ai sur le cœur — tantôt bleu, tantôt vert — comme un profil d'archange. J'ai au fond de mes yeux l'autre raison, qui est déraisonnable et tire de la nuit cent horizons ; mille joyaux, du sable. J'ai dans mon livre — amour de l'orthographe — au lieu de mots décents, un okapi, un peuple de girafes, animaux caressants. J'ai sous la main, nourri de fantaisie, un arbre voyageur : quand il repart, les îles sont saisies d'une douce langueur. J'ai devant moi l'univers transformé, on dirait, en mirage : il suffit de me lire et de m'aimer sans fin, à chaque page.

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Blotti comme un Oiseau Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid, Les yeux sur ton profil, je songe à l'infini... Immobile sur les coussins brodés, j'évoque L'enchantement ancien, la radieuse époque, Et les rêves au ciel de tes yeux verts baignés ! Et je revis, parmi les objets imprégnés De ton parfum intime et cher, l'ancienne année Celle qui flotte encor dans ta robe fanée... Je t'aime ingénument. Je t'aime pour te voir. Ta voix me sonne au cœur comme un chant dans le soir. Et penché sur ton cou, doux comme les calices, J'épuise goutte à goutte, en amères délices, Pendant que mon soleil décroît à l'horizon Le charme douloureux de l'arrière-saison.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Chanson de Fortunio Si vous croyez que je vais dire Qui j'ose aimer, Je ne saurais, pour un empire, Vous la nommer. Nous allons chanter à la ronde, Si vous voulez, Que je l'adore et qu'elle est blonde Comme les blés. Je fais ce que sa fantaisie Veut m'ordonner, Et je puis, s'il lui faut ma vie, La lui donner. Du mal qu'une amour ignorée Nous fait souffrir, J'en porte l'âme déchirée Jusqu'à mourir. Mais j'aime trop pour que je die Qui j'ose aimer, Et je veux mourir pour ma mie Sans la nommer.

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    A

    Amélie Paris

    @amelieParis

    Il y a un an Toi & moi Moi & toi Il y a un an Nous nous aimions tant Je t’attendais, je te voyais, Tu arrivais Tu me regardais sans fin Et je rigolais pour un rien Nous nous imaginions Des rêves et des moments si bons J’essayais de te retenir Mais il te fallait partir Tu pars, je te vois t’en aller Une fois partie, mes larmes finissent par couler J’aurais voulu tout revivre rien qu’une fois Le temps que l’on se revoit Tu es cette douceur à mes yeux Rien n’est plus beau que tes yeux Je t’aimerais comme il y a un an Où tu étais avec moi, m’aimant Je ne t’oublierai jamais, Je ne t’abandonnerai jamais, Car je te l’ai promis Même si tout est fini…

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    Aimer, c'est de ne mentir plus Aimer, c'est de ne mentir plus. Nulle ruse, n'est nécessaire Quand le bras chaleureux enserre Le corps fuyant qui nous a plu. — Crois à ma voix qui rêve et chante Et qui construit ton paradis. Saurais-tu que je suis méchante Si je ne te l'avais pas dit ? — Faiblement méchante, en pensée, Et pour retrouver par moment Cette solitude sensée Que j'ai reniée en t'aimant !

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    Je t'aime et cependant... Je t'aime, et cependant, jamais tes ennemis Contre ton doux esprit ne se seraient permis La lucide, subtile et lâche violence Que mon amour pour toi exerçait en silence. Je t'aime et, dans mon cœur, je t'ai fait tant de tort Que tu fus un instant devant moi comme un mort, Comme un supplicié que la foule abandonne, A qui sa mère, enfin, ne veut pas qu'on pardonne... J'ai méprisé ta joie, ta peine, ton labeur, Ta tristesse, ta paix, ton courage et ta peur, Et jusqu'au sang charmant dont je vis par tes veines. Mes yeux ne voyaient pas où finirait ma haine ; Mais j'ai fait tout ce mal pour ne pas défaillir Du seul enchantement de ton clair souvenir ; Pour pouvoir vivre encor, sans gémir dans l'extase Que tu sois ce parfum et que tu sois ce vase ; Pour respirer un peu, sans que le jour et l'air M'assaillent de tes yeux plus brisants que la mer ; J'ai fait ce mal pour mieux pouvoir, dans mon refuge, Scruter le fond soumis de mon cœur qui te juge, Car moi qui te voulais enchaîné dans les rangs, Courbé comme un captif sous les yeux du tyran, Je presse dans mes mains, si hautaines, si graves, Tes pieds humbles et doux qui sont tes deux esclaves...

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    A

    Antoine de Rambouillet

    @antoineDeRambouillet

    Il est vrai, jeune iris, que vous savez aimer Il est vrai, jeune Iris, que vous savez aimer, Et vos regrets en sont d'illustres témoignages ; D'un exemple si beau l'on se sent animer, Et mille amants depuis vous offrent leurs hommages. De vos chagrins, de vos rigueurs, De vos soupirs, de vos langueurs, Chacun se fait de nouveaux charmes ; Puisqu'elle aimait, dit-on, peut-être elle aimera ; Heureux qui fit couler ses larmes ! Plus heureux qui les essuyera !

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    Benjamin Peret

    Benjamin Peret

    @benjaminPeret

    Clin d'Oeil Des vols de perroquets traversent ma tête quand je te vois de profil et le ciel de graisse se strie d’éclairs bleus qui tracent ton nom dans tous les sens Rosa coiffée d’une tribu nègre égarée sur un escalier où les seins aigus des femmes regardent par les yeux des hommes Aujourd’hui je regarde par tes cheveux Rosa d’opale du matin et je m’éveille par tes yeux Rosa d’armure et je pense par tes seins d’explosion Rosa d’étang verdi par les grenouilles et je dors dans ton nombril de mer Caspienne Rosa d’églantine pendant la grève générale et je m’égare entre tes épaules de voie lactée fécondée par des comètes Rosa de jasmin dans la nuit de lessive Rosa de maison hantée Rosa de forêt noire inondée de timbres poste bleus et verts Rosa de cerf-volant au-dessus d’un terrain vague où se battent des enfants Rosa de fumée de cigare Rosa d’écume de mer faite cristal Rosa

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    C

    Camelia Dinora

    @cameliaDinora

    Cet amour sera beau, délicat, passionne et secret J'aimerais juste une fois passer une nuit auprès de toi, être l'ange de ton sommeil, te protéger jusqu'au réveil, et tendrement en douceur, ouvrir les portes de ton coeur... ❤ Il est trop tard, vous m'aimez, j'ai vu vos peurs partir et revenir, vos timides mots qui ne demandaient qu'à caresser ma vie, vous tournez autour de mon coeur comme un ballon lâché à l'air libre qui n'ose pas encore frôler mon corps. Il est trop tard, je le sais, vous m'aimez, oui vous m'aimez même après mes blessures involontaires, vous me faites l'amour sur les mots que j'écris, vous m'aimez d'un amour qui n'a pas encore vu le jour et cet amour sera beau, délicat, passionné et secret.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne, Ô vase de tristesse, ô grande taciturne, Et t'aime d'autant plus, belle, que tu me fuis, Et que tu me parais, ornement de mes nuits, Plus ironiquement accumuler les lieues Qui séparent mes bras des immensités bleues. Je m'avance à l'attaque, et je grimpe aux assauts, Comme après un cadavre un chœur de vermisseaux, Et je chéris, ô bête implacable et cruelle ! Jusqu'à cette froideur par où tu m'es plus belle !

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    Ô laissez-vous aimer À Madame ***. Ô laissez-vous aimer !... ce n'est pas un retour, Ce n'est pas un aveu que mon ardeur réclame ; Ce n'est pas de verser mon âme dans votre âme, Ni de vous enivrer des langueurs de l'amour ; Ce n'est pas d'enlacer en mes bras le contour De ces bras, de ce sein ; d'embraser de ma flamme Ces lèvres de corail si fraîches ; non, madame, Mon feu pour vous est pur, aussi pur que le jour. Mais seulement, le soir, vous parler à la fête, Et tout bas, bien longtemps, vers vous penchant la tête, Murmurer de ces riens qui vous savent charmer ; Voir vos yeux indulgents plus mollement reluire ; Puis prendre votre main, et, courant, vous conduire À la danse légère... ô laissez-vous aimer !

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    Francis Jammes

    Francis Jammes

    @francisJammes

    Je t'aime... Je t'aime et je ne sais ce que je te voudrais. Hier mes jambes douces et claires ont tremblé quand ma gorge t'a touché, lorsque je courais. Moi, le sang a coulé plus fort comme une roue, jusqu'à ma gorge, en sentant tes bras ronds et doux luire à travers ta robe comme des feuilles de houx. Je t'aime et je ne sais pas ce que je voudrais. Je voudrais me coucher et je m'endormirais... La gentiane est bleue et noire à la forêt. Les troupeaux de l'Automne vont aux feuilles jaunes, la tanche d'or à l'eau et la beauté aux femmes et le corps va au corps et l'âme va à l'âme.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Orgueil d'aimer Hélas ! la chimère s'envole Et l'espoir ne m'est plus permis ; Mais je défends qu'on me console. Ne me plaignez pas, mes amis. J'aime ma peine intérieure Et l'accepte d'un cœur soumis. Ma part est encor la meilleure Puisque mon amour m'est resté ; Ne me plaignez pas si j'en pleure. À votre lampe, aux soirs d'été, Les papillons couleur de soufre Meurent pour avoir palpité. Ainsi mon amour, comme un gouffre, M'entraîne et je vais m'engloutir ; Ne me plaignez pas si j'en souffre. Car je ne puis me repentir, Et dans la torture subie J'ai la volupté du martyr ; Et s'il faut y laisser ma vie, Ce sera sans lâches clameurs. J'aime ! j'aime et veux qu'on m'envie ! Ne me plaignez pas si j'en meurs.

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    H

    Honoré Harmand

    @honoreHarmand

    Je t'aime Je t'aime pour tes jolis yeux Pour tes lèvres et tes cheveux Pour ton coeur abusé de rêve Quand souffle la bise du soir Je t'aime pour ton fol espoir Qui se rit d'une heure trop brève Je t'aime pour ta volupté Et pour ta troublante beauté Mes désirs sont sans retenue Quand le doute ami des jaloux Sème la discorde entre nous Je t'aime pour ta foi déçue Je t'aime pour ton grand amour Pour ta franchise sans détour Et pour ta douce voix de femme Tes baisers sont maîtres des pleurs Je t'aime quand de mes douleurs Je trouve l'image en ton âme Je t'aime pour tes jolis yeux Pour tes lèvres et tes cheveux Pour ton coeur frissonnant de rêve Quand souffle la brise du soir Je t'aime pour ton fol espoir Et pour ton mépris de la trêve. 12 avril 1907

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Ores, plus que jamais, me plaît d'aimer la muse Ores, plus que jamais, me plaît d'aimer la Muse Soit qu'en français j'écrive ou langage romain, Puisque le jugement d'un prince tant humain De si grande faveur envers les lettres usé. Donc le sacré métier où ton esprit s'amuse Ne sera désormais un exercice vain, Et le tardif labeur que nous promet ta main Désormais pour Francus n'aura plus nulle excuse. Cependant, mon Ronsard, pour tromper mes ennuis, Et non pour m'enrichir, je suivrai, si je puis, Les plus humbles chansons de ta Muse lassée. Ainsi chacun n'a pas mérité que d'un roi La libéralité lui fasse, comme à toi, Ou son archet doré, ou sa lyre crossée.

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    L

    Liliane Maxima Mignon

    @lilianeMaximaMignon

    Aimez-moi... Aimez-moi Sans entrave, sans préjugé, sans argument. Mais, pas sans sentiment ! Laissons la nuit capituler, Dans le regret de ne pas nous rapprocher.> Sans vous plier aux habitudes, Sans vous renier, prenez le temps de croire Que vos baisers, ne sont, que pour m'aimer !> Kidnappé dans un lieu secret, Mon cœur est entré en clandestinité Avec tentation, vous avez saisi l'instant.> Aimez-moi, sans parti pris. Pour la nuit, pour un moment, Au futur simple, Au passé décomposé, à l'infinitif, à l'impératif. Pour l’aventure ?...Pourquoi pas ! Prenons l'instant, si tentant ! Puisqu'on a pris la permission, de s'aimer de temps en temps.> Aimez-moi de mille façons Faites-moi la leçon, de l'amour, de la déraison En secret, dans un coin de votre corps, portez-moi au nu.> Nue, je serai, dans l'obscurité Sans omission, dans un jeu de cache tampon. Je soupire, je m'étire, Dans l'ombre de mes démons, sans dépression.> Epuisez vos tentations, démêlez mes contradictions. Parlez-moi sans rien dire. Chaque mot nous relie au désir Chaque geste nous rapproche du délire.> Faites-moi la leçon ! De l'amour secret. De l'amour, sans jalousie, sans a priori, sans souci Retirez de ma mémoire, tout soupçon, tout démon. Toute trahison. Inscrivez, sur mon corps, des dédicaces, pour arrêter le temps Aimez le hasard qui n'a pas compris, Pris au dépourvu, il a saisi un cœur assoupi.> Impuissant, dénoncé l’insolente, Qui vous a joué un tour, en vous laissant l'amour ! Aimez-moi, les yeux fermés, pour mieux me toucher ! Aimez-moi, sans parti pris, le jour, la nuit Sans compromis, sans vous plier, sans me lâcher. Aimez-moi dans l'ombre, dans la lumière, dans un lieu secret Aimez-moi de mille manières. Faites-moi la conversation. Sans promesse, sans omission, sans capitulation Aimez-moi, de toute façon !

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Le serment Idole de ma vie, Mon tourment, mon plaisir, Dis-moi si ton envie S’accorde à mon désir ? Comme je t’aime en mes beaux jours, Je veux t’aimer toujours. Donne-moi l’espérance ; Je te l’offre en retour. Apprends-moi la constance ; Je t’apprendrai l’amour. Comme je t’aime en mes beaux jours, Je veux t’aimer toujours. Sois d’un cœur qui t’adore L’unique souvenir ; Je te promets encore Ce que j’ai d’avenir. Comme je t’aime en mes beaux jours, Je veux t’aimer toujours. Vers ton âme attirée Par le plus doux transport, Sur ta bouche adorée Laisse-moi dire encor : Comme je t’aime en mes beaux jours, Je veux t’aimer toujours.

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    M

    Michel Deguy

    @michelDeguy

    Pour aimer Le plus proche étranger : toi-même. D'autres ne sont pas assez près pour paraître en toute étrangeté. C'est pourquoi tu préfères la connivence de ton silence. C'est pour attendre qu'y naisse l'espace inti-mior intimo meo, en l'absence duquel rien ne pourrait jamais être dit proche de ton cœur. Place au secret enfin Pour accueillir les prémices de l'échange Et que très près homme et femme Hermaphrodite dédoublé Soient à partir du même capables de s'aimer

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    Pablo Neruda

    Pablo Neruda

    @pabloNeruda

    Ici je t’aime Ici je t’aime. Dans les pins obscurs le vent se démêle. La lune resplendit sur les eaux vagabondes. Des jours égaux marchent et se poursuivent. Le brouillard en dansant qui dénoue sa ceinture. Une mouette d’argent du couchant se décroche. Une voile parfois. Haut, très haut, les étoiles. Ô la croix noire d’un bateau. Seul. Le jour parfois se lève en moi, et même mon âme est humide. La mer au loin sonne et résonne. Voici un port. Ici je t’aime. Ici je t’aime. En vain te cache l’horizon. Tu restes mon amour parmi ces froides choses. Parfois mes baisers vont sur ces graves bateaux Qui courent sur la mer au but jamais atteint. Suis-je oublié déjà comme ces vieilles ancres. Abordé par le soir le quai devient plus triste. Et ma vie est lassée de sa faim inutile. J’aime tout ce que je n’ai pas. Et toi comme tu es loin. Mon ennui se débat dans les lents crépuscules. Il vient pourtant la nuit qui chantera pour moi. La lune fait tourner ses rouages de songe. Avec tes yeux me voient les étoiles majeures. Pliés à mon amour, les pins dans le vent veulent Chanter ton nom avec leurs aiguilles de fer.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Je t'aime Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud Pour la neige qui fond pour les premières fleurs Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas Je t’aime pour aimer Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte Entre autrefois et aujourd’hui Il y a eu toutes ces morts que j’ai franchies sur de la paille Je n’ai pas pu percer le mur de mon miroir Il m’a fallu apprendre mot par mot la vie Comme on oublie Je t’aime pour ta sagesse qui n’est pas la mienne Pour la santé Je t’aime contre tout ce qui n’est qu’illusion Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas Tu crois être le doute et tu n’es que raison Tu es le grand soleil qui me monte à la tête Quand je suis sûr de moi.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    J'ai presque peur, en vérité J'ai presque peur, en vérité, Tant je sens ma vie enlacée À la radieuse pensée Qui m'a pris l'âme l'autre été, Tant votre image, à jamais chère, Habite en ce coeur tout à vous, Mon cœur uniquement jaloux De vous aimer et de vous plaire ; Et je tremble, pardonnez-moi D'aussi franchement vous le dire, À penser qu'un mot, un sourire De vous est désormais ma loi, Et qu'il vous suffirait d'un geste. D'une parole ou d'un clin d'oeil, Pour mettre tout mon être en deuil De son illusion céleste. Mais plutôt je ne veux vous voir, L'avenir dût-il m'être sombre Et fécond en peines sans nombre, Qu'à travers un immense espoir, Plongé dans ce bonheur suprême De me dire encore et toujours, En dépit des mornes retours, Que je vous aime, que je t'aime !

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    P

    Pernette du Guillet

    @pernetteDuGuillet

    A un sot rimeur, qui rrop l'importunait d'aimer Tu te plains que plus ne rimasse, Bien qu'un temps fut que plus aimasse À étendre vers rimassés, Que d'avoir biens sans rime assez : Mais je vois que qui trop rimoye Sus ses vieux jours enfin larmoye. Car qui s'amuse à rimacher À la fin n'a rien à mâcher. Et pource, donc, rime, rimache, Rimone tant et rime hache, Qu'avecques toute ta rimaille N'aies, dont tu sois marri, maille : Et tu verras qu'à ta rimasse Comme moi feras la grimace, Maudissant et blâmant la rime, Et le rimasseur qui la rime, Et le premier qui rimona Pour le grand bien qu'en rime on a. Et tu veux qu'à rimaillerie Celui qui n'aura maille rie ? Je te quitte, maître rimeur, Et qui plus a en sa rime heur, En rime lauds, en rime honneurs,

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Je ne puis aimer Stance. Que vous sert-il de me charmer ? Aminte, je ne puis aimer Où je ne vois rien à prétendre ; Je sens naître et mourir ma flamme à votre aspect, Et si pour la beauté j'ai toujours l'âme tendre, Jamais pour la vertu je n'ai que du respect. Vous me recevez sans mépris, Je vous parle, je vous écris, Je vous vois quand j'en ai l'envie ; Ces bonheurs sont pour moi des bonheurs superflus ; Et si quelque autre y trouve une assez douce vie, Il me faut pour aimer quelque chose de plus. Le plus grand amour sans faveur, Pour un homme de mon humeur, Est un assez triste partage ; Je cède à mes rivaux cet inutile bien, Et qui me donne un cœur, sans donner davantage, M'obligerait bien plus de ne me donner rien. Je suis de ces amants grossiers Qui n'aiment pas fort volontiers Sans aucun prix de leurs services, Et veux, pour m'en payer, un peu mieux qu'un regard ; Et l'union d'esprit est pour moi sans délices Si les charmes des sens n'y prennent quelque part.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Le mal d'aimer Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait déclose Sa robe de pourpre au soleil, A point perdu cette vêprée Les plis de sa robe pourprée Et son teint au vôtre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ! ses beautés laissé choir ! vraiment, marâtre Nature, Puisqu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir, Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que votre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur, la vieillesse Fera ternir votre beauté. Ciel, air et vents, plains et monts découverts, Tertres vineux et forêts verdoyantes, Rivages torts et sources ondoyantes, Taillis rasés et vous, bocages verts, Antres moussus à demi-front ouverts, Prés, boutons, fleurs et herbes roussoyantes, Vallons bossus et plages blondoyantes ; Et vous, rochers, les hôtes de mes vers : Puisqu'au partir, rongé de soin et d'ire, A ce bel œil l'adieu je n'ai su dire, Qui près et loin me détient en émoi : Je vous supplie, Ciel, air, vents, monts et plaines, Taillis, forêts, rivages et fontaines, Antres, prés, fleurs, dites-le lui pour moi. Quand au temple nous serons Agenouillés, nous ferons Les dévots, selon la guise De ceux qui pour louer Dieu, Humbles, se courbent au lieu Le plus secret de l'église. Mais quand au lit nous serons Entrelacés, nous ferons Les lascifs, selon les guises Des amants qui, librement, Pratiquent folâtrement Dans les draps cent mignardises. Pourquoi doncque, quand je veux, Ou mordre tes beaux cheveux, Ou baiser ta bouche aimée, Ou toucher à ton beau sein, Contrefais-tu la nonnain Dedans un cloître enfermée ? Pour qui gardes-tu tes yeux Et ton sein délicieux, Ton front, ta lèvre jumelle ? En veux-tu baiser Pluton Là-bas, après que Charon T'aura mise en sa nacelle ? Après ton dernier trépas, Grêle, tu n'auras là-bas Qu'une bouchette blêmie, Et quand mort je te verrais Aux Ombres je n'avouerais Que jadis tu fus m'amie. Ton test n'aura plus de peau, Ni ton visage si beau N'aura veines ni artères : Tu n'auras plus que les dents Telles qu'on les voit dedans Les têtes des cimetières. Doncque, tandis que tu vis, Change, maîtresse, d'avis Et ne m'épargne ta bouche : Incontinent tu mourras ; Lors, tu te repentiras De m'avoir été farouche. Ah ! je meurs ! Ah, baise-moi ! Ah ! maîtresse, approche-toi ! Tu fuis comme un faon qui tremble ; Au moins, souffre que ma main S'ébatte un peu dans ton sein Ou plus bas, si bon te semble. (Amours de Cassandre) Vous triomphez de moi, et pour ce je vous donne Ce lierre qui coule et se glisse à l'entour Des arbres et des murs, lesquels, tour dessus tour, Plis dessus plis il serre, embrasse et environne. A vous de ce lierre appartient la couronne : Je voudrais, comme il fait, et de nuit et de jour, Me plier contre vous et, languissant d'amour, D'un nœud ferme enlacer votre belle colonne. Ne viendra point le temps que, dessous les rameaux, Au matin où l'aurore éveille toutes choses, En un ciel bien tranquille, au caquet des oiseaux, Je vous puisse baiser à lèvres demi-closes Et vous conter mon mal, et, de mes bras jumeaux, Embrasser à souhait votre ivoire et vos roses ? Il ne faut s'ébahir, disaient ces bons vieillards, Dessus le mur troyen voyant passer Hélène, Si pour telle beauté nous souffrons tant de peine : Notre mal ne vaut pas un seul de ses regards. Toutefois il vaut mieux, pour n'irriter point Mars, La rendre à son époux, afin qu'il la remmène, Que voir de tant de sang notre campagne pleine, Notre havre gagné, l'assaut à nos remparts. Pères, il ne fallait (à qui la force tremble) Par un mauvais conseil les jeunes retarder : Mais, et jeunes et vieux vous deviez tous ensemble Pour elle corps et biens et ville hasarder. Ménélas fut bien sage, et Paris, ce me semble, L'un de la demander, l'autre de la garder. Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz, chantant mes vers en vous émerveillant : Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui, au bruit de mon nom, ne s'aille réveillant, Bénissant votre nom de louange immortelle. Je serai sous la terre et, fantôme sans os, Par les ombres myrteux je prendrai mon repos : Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. Maîtresse, embrasse-moi, baise-moi, serre-moi, Haleine contre haleine, échauffe-moi la vie, Mille et mille baisers donne-moi, je te prie : Amour veut tout sans nombre, Amour n'a point de loi. Baise et rebaise-moi ; belle bouche, pourquoi Te gardes-tu là-bas, quand tu seras blêmie, A baiser de Pluton ou la femme ou l'amie, N'ayant plus ni couleur, ni rien semblable à toi ? En vivant presse-moi de tes lèvres de rose, Bégaye, en me baisant, à lèvres demi-closes, Mille mots tronçonnés, mourant entre mes bras. Je mourrai dans les tiens, puis, toi ressuscitée, Je ressusciterai ; allons ainsi là-bas ; Le jour, tant soit-il court, vaut mieux que la nuitée. Rossignol, mon mignon, qui par cette saulaie, Vas seul de brariche en branche à ton gré voletant, Et chantes à Y envi de moi qui vais chantant Celle qu'il faut toujours que dans la bouche j'aie, Nous soupirons tous deux : ta douce voix s'essaie De sonner les amours d'une qui t'aime tant, Et moi, triste, je vais la beauté regrettant Qui m'a fait dans le cœur une si aigre plaie. Toutefois, rossignol, nous différons d'un point : C'est que tu es aimé, et je ne le suis point, Bien que tous deux ayons les musiques pareilles ; Car tu fléchis t'amie au doux bruit de tes sons, Mais la mienne, qui prend à dépit mes chansons, Pour ne les écouter, se bouche les oreilles. Je vous envoie un bouquet que ma main Vient de trier de ces fleurs épanies : Qui ne les eût à ce vespre cueillies, Chutes à terre elles fussent demain. Cela vous soit un exemple certain Que vos beautés, bien qu'elles soient fleuries, En peu de temps cherront toutes flétries Et, comme fleurs, périront tout soudain. Le temps s'en va, le temps s'en va, ma Dame : Las ! Le temps non, mais nous nous en allons Et tôt serons étendus sous la lame, Et des amours desquelles nous parlons, Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle : Pour ce aimez-moi, cependant qu'êtes belle. Nuit, des amours ministre, et ministre fidèle Des arrêts de Vénus et des saintes lois d'elle, Qui, secrète, accompagnes L'impatient ami de l'heure accoutumée, Ô mignonne des dieux, mais plus encore aimée Des étoiles compagnes, Nature de tes dons honore l'excellence, Tu caches les plaisirs dessous muet silence Que l'amour jouissante Donne, quand ton obscur étroitement assemble Les amants embrassés, et qu'ils tombent ensemble Sous l'ardeur languissante. Lorsque la main tâtonne ores la cuisse, et ores Le tétin pommelu qui ne s'égale encore A nul rubis qu'on voie, Et la langue, en errant sur la joue et la face, Plus d'odeurs et de fleurs d'un seul baiser amasse Que l'Orient n'envoie, C'est toi qui les soucis et les gênes mordantes, Et tout le soin enclos en nos âmes dolentes Par ton présent arraches. C'est toi qui rends la vie aux vergers qui languissent, Aux jardins la rosée et aux deux qui noircissent Les idoles attaches. Mets, s'il te plaît, Déesse, une fin à ma peine Et dompte sous mes bras celle qui m'est trop pleine De menaces cruelles, Afin que de ses yeux, yeux qui captif me tiennent, Les trop ardents flambeaux plus brûler ne me viennent Le fond de mes moelles.

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    Pierre Joseph Bernard

    @pierreJosephBernard

    L'art d'aimer J'ai vu Paphos, Amathonte, Cythère : Je l'ai ' suivi dans l'île du mystère. Viens, m'a-c-il dit ; entends ici ma voix ; Ecoute, écris, et peins ce que tu vois. Je cède. Amour, au trait dont tu m'enflammes ; Guide ma voix, dieu des sens et des âmes : Je chanterai ces rivages charmants, Ton Elysée et le ciel des amants. Dans le séjour d'une éternelle aurore, Les soins de l'art, les prodiges de Flore, Ont embelli ces jardins enchantés, Asile heureux des tendres voluptés. Dans chaque objet, l'expression nature De l'union rend la vive peinture. Des bois profonds, des porriques ouverts. Les chants d'amour de mille oiseaux divers. L'onde et ses jeux, la fraîcheur et l'ombrage, De la mollesse offrent partout l'image Et font sentir, aux sujets de l'Amour, L'esprit de feu qui règne en ce séjour. Là, figurés par des marbres fidèles. Les dieux amants sont offerts pour modèles. Sous mille aspects leurs couples amoureux De la tendresse expriment tous les jeux. J'y vois Léda sous un cygne étendue, Neptune au sein d'Amymone éperdue, Vénus aux bras d'Adonis enchanté. Tout est modèle, et pour être imité, Fait une loi : tout amant qu'il excite, Voit et jouit, plein du dieu qu'il imite, Et l'on entend, dans les bois d'alentour, La voix mourante ou le cri de l'amour, Et l'on entend ces concerts qui résonnent : Hymne aux plaisirs, gloire aux dieux qui les Suivons des lois dont l'empire est si doux. Adorons-les, ces dieux faits comme nous. Viens, dit l'amour, parcourons ces ombrages; Vois du plaisir les mobiles images Te retracer les plus riants tableaux, Au fond des bois, sur les prés, dans les eaux. Partout ici le dieu de la tendresse, Renouvelé, multiplié sans cesse, Se reproduit sous les formes qu'il prend. Toujours le même, et toujours différent. Loin de ses sœurs, une Grâce timide Suit dans les bois un faune qui la guide : Tendre et farouche, elle veut et défend, Contient le faune à demi triomphant. Sûr de l'attaque, il permet la défense, Pour mieux jouir, suspend la jouissance, Prépare, amène, augmente le désir Par ces baisers, précurseurs du plaisir. Vainqueur soudain de l'effort qu'elle oppose, Il ose tout, et peut tout ce qu'il ose. O changement ! ô puissance d'amour ! C'esr Aglaé qui, brûlanr à son tour. Ne rougit plus de parler et d'entendre, S'émeut, arrive»au transport le plus tendre. Connaît l'amour et pardonne à l'amant. Le possesseur, maître encor du moment. Nourrit un feu qui se consume en elle. Echo répond aux soupirs de la belle ; Sa voix se perd, celle d'Echo s'enfuit. Et le silence en dit plus que le bruit. Ces sombres lieux, dit le dieu du mystère, Marquent la loi que j'impose à Cythère. L'amant heureux, qui veut l'être longtemps, Fuit du soleil les rayons éclatants. Dans un jour doux, ni trop vif ni trop sombre, La nudité veut les gazes de l'ombre; L'œil qui voit moins en croit voir plus d'attraits ; La beauté même a toujours ses secrets. Du dieu du jour Vénus fur adorée, Mais trop d'éclat effraya Cythérée ; Et la déesse, évitant ses regards, Pour se cacher, prit les tentes de Mars. Couple amoureux, par cette loi prudente. Le péril cesse, et le plaisir augmente. Redoutez donc le coup d'œil hasardeux D'un examen fatal à tous les deux.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Ce qui dure Le présent se fait vide et triste, Ô mon amie, autour de nous ; Combien peu de passé subsiste ! Et ceux qui restent changent tous. Nous ne voyons plus sans envie Les yeux de vingt ans resplendir, Et combien sont déjà sans vie Des yeux qui nous ont vus grandir ! Que de jeunesse emporte l'heure, Qui n'en rapporte jamais rien ! Pourtant quelque chose demeure : Je t'aime avec mon cœur ancien, Mon vrai cœur, celui qui s'attache Et souffre depuis qu'il est né, Mon cœur d'enfant, le cœur sans tache Que ma mère m'avait donné ; Ce cœur où plus rien ne pénètre, D'où plus rien désormais ne sort ; Je t'aime avec ce que mon être A de plus fort contre la mort ; Et, s'il peut braver la mort même, Si le meilleur de l'homme est tel Que rien n'en périsse, je t'aime Avec ce que j'ai d'immortel.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Le meilleur moment des amours Le meilleur moment des amours N’est pas quand on a dit : « Je t’aime. » Il est dans le silence même À demi rompu tous les jours ; Il est dans les intelligences Promptes et furtives des coeurs ; Il est dans les feintes rigueurs Et les secrètes indulgences ; Il est dans le frisson du bras Où se pose la main qui tremble, Dans la page qu’on tourne ensemble Et que pourtant on ne lit pas. Heure unique où la bouche close Par sa pudeur seule en dit tant ; Où le coeur s’ouvre en éclatant Tout bas, comme un bouton de rose ; Où le parfum seul des cheveux Parait une faveur conquise ! Heure de la tendresse exquise Où les respects sont des aveux.

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