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Solitude

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Solitude

Poésies de la collection solitude

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    Sandrine Davin

    @sandrineDavin

    Prisonnière A genoux Dans sa cellule de 8 m² Elle attend. Une poignée de secondes Entre les doigts Elle attend. Les lèvres Cousues de silence Et la chair Rongée par l’hier Elle attend. Derrière le verrou Le froid inonde Son corps Son être – Tic-Tac – A genoux Seule son ombre Résiste A la grâce de Dieu.

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    Sandrine Davin

    @sandrineDavin

    Regard d’EHPAD Assise derrière la fenêtre Elle attend. Un moineau picore Les dernières miettes De son déjeuner. Elle lui sourit. Les jours ne comptent plus. Les nuits ne sont plus nuits. Le silence hurle A ses oreilles sourdes. Elle attend. D’en bas de la fenêtre Je te vois. Tu es toujours aussi belle Grand-mère. Ton sourire ricoche à mes pupilles Et j’envoie valser Ma main jusqu’à toi. Le désir de te serrer dans mes bras, De caresser ton visage. Un rêve, une illusion. Bientôt, je te le promets …

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    Stanislas Rodanski

    @stanislasRodanski

    Connais-toi ta solitude Ma main de gloire joue sur les fils de la vierge La nuit est une grande lyre mélodieuse Ma musique brûle l'ombrage des arbres mortels Ma musique brûle d'accord avec l'eau J'apporte ma flamme au cœur de la glace Cristal silencieux de ma solitude Libéré mon ombre mon reflet morts avec les feuillages Je suis seul Au bord d'une mer de lait où nagent des poissons fraternels Mon sang perpétuel connaît sa profondeur Pour aimer il faut être deux L'amour est une grande solitude Etoile de mer la femme est une eau méditative Prisonnier des places des plaines multiples J'ai fui en moi le monde Bel espace restauré grandeur nature Le monde lieu commun Lieu humain Chacun son centre intime égal à l'un à l'autre Du pareil au même on va on vient Tels qu'en nous-mêmes en fin de quête La vérité nous baigne tout nus dans notre nudité rayonnante Mille fois plus seul de se regarder dans les yeux Et de s'y retrouver au fond du puits Puits de science intime Je suis si vaste d'être seul Je me croirai multiple Femme ton corps est une lune rousse Ta nuit une gelée blanche Ton corps de tous les jours est un matin Mais tu es toutes les pluies de la mer Et pour cela je t'aime Aimant la nuit.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Angoisse Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser Dans tes cheveux impurs une triste tempête Sous l'incurable ennui que verse mon baiser : Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes Planant sous les rideaux inconnus du remords, Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges, Toi qui sur le néant en sais plus que les morts : Car le Vice, rongeant ma native noblesse, M'a comme toi marqué de sa stérilité, Mais tandis que ton sein de pierre est habité Par un cœur que la dent d'aucun crime ne blesse, Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul, Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Quelconque une solitude Petit air. I. Quelconque une solitude Sans le cygne ni le quai Mire sa désuétude Au regard que j'abdiquai Ici de la gloriole Haute à ne la pas toucher Dont maint ciel se bariole Avec les ors de coucher Mais langoureusement longe Comme de blanc linge ôté Tel fugace oiseau si plonge Exultatrice à côté Dans l'onde toi devenue Ta jubilation nue II. Indomptablement a dû Comme mon espoir s'y lance Éclater là-haut perdu Avec furie et silence, Voix étrangère au bosquet Ou par nul écho suivie, L'oiseau qu'on n'ouït jamais Une autre fois en la vie. Le hagard musicien, Cela dans le doute expire Si de mon sein pas du sien A jailli le sanglot pire Déchiré va-t-il entier Rester sur quelque sentier !

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Salut Rien, cette écume, vierge vers À ne désigner que la coupe; Telle loin se noie une troupe De sirènes mainte à l’envers. Nous naviguons, ô mes divers Amis, moi déjà sur la poupe Vous l’avant fastueux qui coupe Le flot de foudres et d’hivers; Une ivresse belle m’engage Sans craindre même son tangage De porter debout ce salut Solitude, récif, étoile À n’importe ce qui valut Le blanc souci de notre toile.

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    Susy Desrosiers

    @susyDesrosiers

    Amertume j’ai épluché nos aventures nos matins sur la grève nos insomnies encadré nos visages tes yeux tes soupirs autant de paradis pillés tes joues réminiscences coups de peur coups de fête ta bouche un lambeau de ciel débordant de tes lèvres un brin d’éternité fragile où je dépose nos cendres j’ai voulu te retenir te cloîtrer faire un chantier de nos paysages hélas nous sommes zone sinistrée

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    Susy Desrosiers

    @susyDesrosiers

    Langueur J’ai épuisé ma plume jusqu’au bout de moi jusqu’à plus rien la gorge pleine de roches ma voix s’étrangle mes mains deviennent muettes je m’égare dans mes silences *** j’erre dans des ailleurs habite des espaces qui ne m’appartiennent pas j’incarne des chairs inconnues respire une autre vie me perds dans de nouveaux visages je meurs une fois de plus

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    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Artichaut de l’espoir Patauger dans une mare noire, fine Suivant le chant du corbeau Qui nous ronge au plus profond de notre âme Rouge Comme un éclat rubis d’une mouette blessée Je t’ai cueilli le jour de tes rubicondes solitudes Comme un soupir qui s’éparpille dans la lenteur Jaune La vie débute au chant du coq Désormais je ne suis plus seule. Bleu

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    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Aube rétrécie Je ne voulais pas fragmenter ton soupir Je l’ai fait Je fais tout ce que je veux Insouciante dans ma jeunesse Etourdie par une déferlante de pensées divinatoires jubilatoires rafraîchissantes Conquête d’un absolu ricanant derrière le soleil de cette aurore de l’esprit Les palmiers sont encore là aujourd’hui Tu n’es que passé dans ma vie Tu es le passé Moi je suis le présent Je suis l’aube rétrécie

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    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Bonheur homothétique L’aboutissement empirique de notre vertu n’est qu’une destinée harmonie entre le moi et les autres La morale laissée seule virevolte sur son destin La plénitude de notre essence se peint fidèle à sa propre image sans synonymes sans cage soudainement réveillée émerveillée fustigée par la fureur du verbe Le plaisir coule et découle de la chair Il est là, il faut juste le vendanger Image raisonnée ou raisonnement imagé Soliloques

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    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Identité Questions récurrentes aux pensées interdites Malchance suprême, amitié délaissée Ma revanche est infinie Mon amour est pris Présence de tout le temps Fraises dans les champs Je, moi, moi-même, moi aussi Moi et seulement moi au centre Du magma se rivant dans la petitesse des autres. Identité retrouvée Je suis.

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    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Maladie des peuples Pourquoi contraindre vos vies et vos rêves aux idées d’un autre ? Pensée figée, glaciale Reine rigide Marbre de l’esprit Lobotomisation d’un futur déjà écrit Impossible ascension vers un demain qui n’existe pas, Et n’existera jamais ! Fin des rêves, fin des espoirs, fin des désirs Fins décidées par les autres. Liberté revient dans notre Eden Laisse l’homme éclore Dans la beauté de son âme. Naissance inaltérée. Solitude

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    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Mille-pattes dyscalculique Animal aux milles facettes esprit libre des comptes parsemés de doutes Le chiffre tu ne le connais pas moi oui mais je ne te l’infligerai jamais Ignorance de la grandeur de l’infini tu vis dans ton règne étrange règne autre, sans résultats d’un comptage qui ne nous revient pas Ta supériorité est directement proportionnelle Racine carrée Tu es mille fois mieux que nous

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    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Terres inconnues Aux frontières de la folie le cerveau déploie ses facultés tatouages étranges âme daltonienne ironie du présent fable inquiétante Je regarde le monde avec les yeux d’un séraphin les couleurs se mélangent se blessent Je régurgite la douleur de mes aïeux J’erre parmi les autres en sursis une fine pluie dorée tombe sur mes rêves je suis le gouffre du monde sans fin

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    Thomas Chaline

    @thomasChaline

    L’écho de nos silences On s’enverra des cœurs A remplir nos solitudes Et des tulipes de couleurs Comme on n’a plus l’habitude On se réchauffera l’âme Depuis longtemps délaissée On s’attribuera des Palmes Pour chacune de nos qualités Dans le désert bleu ciel Nos sourires en souffrances Combleront de plus belle L’écho de nos silences

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    Théodore Agrippa d'Aubigné

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    @theodoreAgrippaDaubigne

    Miséricorde, ô cieux, ô cieux impitoyables III Miséricorde, ô Cieux, ô Dieux impitoyables, Espouvantables flots, o vous palles frayeurs Qui mesme avant la mort faites mourir les cœurs. En horreur, en pitié voyez ces misérables ! Ce navire se perd, desgarny de ses cables, Ces cables ses moyens, de ses espoirs menteurs ; La voile est mise à bas, les plus fermes rigueurs D’une fiere beauté sont les rocs imployables ; Les mortels changements sont les sables mouvant, Les sanglots sont esclairs, les souspirs font les vents, Les attentes sans fruict sont escumeuses rives Où aux bords de la mer les esplorés Amours Vogans de petits bras, las et foible secours, Aspirent en nageant à faces demivives.

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    T

    Théophile de Viau

    @theophileDeViau

    La solitude Dans ce val solitaire et sombre Le cerf qui brame au bruit de l'eau, Penchant ses yeux dans un ruisseau, S'amuse à regarder son ombre. De cette source une Naïade Tous les soirs ouvre le portail De sa demeure de cristal Et nous chante une sérénade. Les Nymphes que la chasse attire À l'ombrage de ces forêts Cherchent des cabinets secrets Loin de l'embûche du Satyre. Jadis au pied de ce grand chêne, Presque aussi vieux que le Soleil, Bacchus, l'Amour et le Sommeil Firent la fosse de Silène. Un froid et ténébreux silence Dort à l'ombre de ces ormeaux, Et les vents battent les rameaux D'une amoureuse violence.

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    Tristan Janco

    @tristanJanco

    Coureur solitaire Tu as marché dans les rues de Jassy Le mois de mai t'enivrait de la même odeur De pommiers en fleur et du lilas Tu t'es égaré dans les mêmes sentiers oubliés Dans la forêt des sources et des cloches en cuivre Où dansent les écureuils Tu as vécu le même départ des cigognes Leur retour au-dessus de Bahlui Pendant de vieilles années Tu as embrassé le vent d'automne vagabond Courant dans la même grande rue Avec des murmures sémites Tu as connu les mêmes visages, la même pluie Monotone, l'appel du crépuscule moldave Tant de Vendredis Tu as suivi les mêmes marches de l'école Toi en qui vécurent tant de générations Mer bleue d'innocence Tu es parti dans le même hiver occidental Eternel déraciné, lave volcanique Chantre de l'exil J'ai appris à t'aimer, j'ai appris la douleur Les lampadaires à gaz se sont éteints Les consciences sont mortes

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Aux arbres Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme! Au gré des envieux, la foule loue et blâme ; Vous me connaissez, vous! – vous m’avez vu souvent, Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant. Vous le savez, la pierre où court un scarabée, Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée, Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour. La contemplation m’emplit le coeur d’amour. Vous m’avez vu cent fois, dans la vallée obscure, Avec ces mots que dit l’esprit à la nature, Questionner tout bas vos rameaux palpitants, Et du même regard poursuivre en même temps, Pensif, le front baissé, l’oeil dans l’herbe profonde, L’étude d’un atome et l’étude du monde. Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu, Arbres, vous m’avez vu fuir l’homme et chercher Dieu! Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches, Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches, Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux, Vous savez que je suis calme et pur comme vous. Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s’élance, Et je suis plein d’oubli comme vous de silence! La haine sur mon nom répand en vain son fiel ; Toujours, – je vous atteste, ô bois aimés du ciel! – J’ai chassé loin de moi toute pensée amère, Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère! Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours, Je vous aime, et vous, lierre au seuil des antres sourds, Ravins où l’on entend filtrer les sources vives, Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives! Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois, Dans tout ce qui m’entoure et me cache à la fois, Dans votre solitude où je rentre en moi-même, Je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui m’aime! Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît, Arbres religieux, chênes, mousses, forêt, Forêt! c’est dans votre ombre et dans votre mystère, C’est sous votre branchage auguste et solitaire, Que je veux abriter mon sépulcre ignoré, Et que je veux dormir quand je m’endormirai.

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    Victor Segalen

    Victor Segalen

    @victorSegalen

    En l'honneur d'un sage solitaire Moi l'Empereur je suis venu. Je salue le Sage qui, soixante-dix années, a retourné et labouré nos Mutations anciennes et levé des savoirs nouveaux. J'attends du Vieux Père la leçon : et d'abord, s'il a trouvé la Panacée des Immortels ? Comment on prend place au milieu des génies ? o Le Sage dit : Faire monter au Ciel le Prince que voici serait un malheur pour l'Empire terrestre. o Moi l'Empereur interroge le Solitaire : a-t-il reçu dans sa caverne la visite des trente-six mille Esprits ou seulement de quelques-uns de ces Très-Hauts ? o Moi le Solitaire n'aime pas les visiteurs importuns. o Moi l'Empereur implore enfin le Sage le pouvoir d'être utile aux hommes : quelque chose pour le bien des hommes ! o Le Sage dit : Étant sage, je ne me suis jamais occupé des hommes.

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    Voltaire

    Voltaire

    @voltaire

    La Bastille Or ce fut donc par un matin, sans lune, En beau printemps, un jour de Pentecôte, Qu’un bruit étrange en sursaut m’éveilla. Un mien valet, qui du soir était ivre: « Maître, dit-il, le Saint-Esprit est là; C’est lui sans doute, et j’ai lu dans mon livre Qu’avec vacarme il entre chez les gens. » Et moi de dire alors entre mes dents: « Gentil puîné de l’essence suprême, Beau Paraclet, soyez le bienvenu; N’êtes-vous pas celui qui fait qu’on aime? En achevant ce discours ingénu, Je vois paraître au bout de ma ruelle, Non un pigeon, non une colombelle, De l’Esprit saint oiseau tendre et fidèle, Mais vingt corbeaux de rapine affamés, Monstres crochus que l’enfer a formés. L’un près de moi s’approche en sycophante: Un maintien doux, une démarche lente, Un ton cafard, un compliment flatteur, Cachent le fiel qui lui ronge le coeur. « Mon fils, dit-il, la cour sait vos mérites; On prise fort les bons mots que vous dites, Vos petits vers, et vos galants écrits; Et, comme ici tout travail a son prix, Le roi, mon fils, plein de reconnaissance, Veut de vos soins vous donner récompense, Et vous accorde, en dépit des rivaux, Un logement dans un de ses châteaux. Les gens de bien qui sont à votre porte Avec respect vous serviront d’escorte; Et moi, mon fils, je viens de par le roi Pour m’acquitter de mon petit emploi. ¾ Trigaud, lui dis-je, à moi point ne s’adresse Ce beau début; c’est me jouer d’un tour: Je ne suis point rimeur suivant la cour; Je ne connais roi, prince, ni princesse; Et, si tout bas je forme des souhaits, C’est que d’iceux ne sois connu jamais. Je les respecte, ils sont dieux sur la terre; Mais ne les faut de trop près regarder: Sage mortel doit toujours se garder De ces gens-là qui portent le tonnerre. Partant, vilain, retournez vers le roi; Dites-lui fort que je le remercie De son logis; c’est trop d’honneur pour moi; Il ne me faut tant de cérémonie: Je suis content de mon bouge; et les dieux Dans mon taudis m’ont fait un sort tranquille: Mes biens sont purs, mon sommeil est facile, J’ai le repos; les rois n’ont rien de mieux. J’eus beau prêcher, et j’eus beau m’en défendre, Tous ces messieurs, d’un air doux et bénin, Obligeamment me prirent par la main: « Allons, mon fils, marchons. » Fallut se rendre, Fallut partir. Je fus bientôt conduit En coche clos vers le royal réduit Que près Saint-Paul ont vu bâtir nos pères Par Charles Cinq. O gens de bien, mes frères, Que Dieu vous gard’ d’un pareil logement! J’arrive enfin dans mon appartement. Certain croquant avec douce manière Du nouveau gîte exaltait les beautés, Perfections, aises, commodités. « Jamais Phébus, dit-il, dans sa carrière, De ses rayons n’y porta la lumière: Voyez ces murs de dix pieds d’épaisseur, Vous y serez avec plus de fraîcheur. » Puis me faisant admirer la clôture, Triple la porte et triple la serrure, Grilles, verrous, barreaux de tout côté: « C’est, me dit-il, pour votre sûreté. » Midi sonnant, un chaudeau l’on m’apporte; La chère n’est délicate ni forte: De ce beau mets je n’étais point tenté; Mais on me dit: « C’est pour votre santé; Mangez en paix, ici rien ne vous presse. » Me voici donc en ce lieu de détresse, Embastillé, logé fort à l’étroit, Ne dormant point, buvant chaud, mangeant froid, Trahi de tous, même de ma maîtresse. O Marc-René, que Caton le Censeur Jadis dans Rome eût pris pour successeur, O Marc-René, de qui la faveur grande Fait ici-bas tant de gens murmurer, Vos beaux avis m’ont fait claquemurer: Que quelque jour le bon Dieu vous le rende!

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    Winston Perez

    @winstonPerez

    Avoir une idée d’ombre Avoir une idée d’ombre et d’absolu pardon comme l’Adolescent qui voit la fin du monde Errer dans l’océan du vide, âme vagabonde Devenir Ange noir au dernier échelon Avoir une idée d’ombre et d’étreinte éternelle au son du grand clocher, au son d’un violon Partir le soir venu, et sans raisons Quand l’égoût s’éclaircit, au fond de la ruelle Avoir une idée d’ombre, s’évaporer au loin comme une goutte acide et devenir quelqu’un d’autre

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    W

    Winston Perez

    @winstonPerez

    Etoiles solitaires Le ciel est parsemé d’étoiles solitaires Qui vivent dans l’oubli en ces temps bien obscurs Tristes sont les augures, quand vient le long sommeil, Quand l’horizon se perd, quand s’assombrit l’Azur, Ces étoiles sont pétries d’Angor et de douleurs Quand en se retournant elles voient le ciel briller Elles entendent siffler ces Symphonies d’Auteurs que l’amertume des sens a réussi à tuer Ô Vénus ton arôme est si bon quand il vient se poser sur l’Etoile. Et protéger la Fleur Que l’Ange et son Démon un jour ont partagé, D’une belle saison aux jardins enchanteurs que tout héros perdu parvient à museler Soleil brille, Ô Soleil brille Dans le coeur des gens tristes qu’on croyait inégaux Viens détruire l’astre fixe qu’au lendemain des nuits on abhorre en geignant Exécute ta tâche Ô Globe du firmament

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    Evariste de Parny

    Evariste de Parny

    @evaristeDeParny

    Projet de solitude Fuyons ces tristes lieux, ô maîtresse adorée ! Nous perdons en espoir la moitié de nos jours, Et la crainte importune y trouble nos amours. Non loin de ce rivage est une île ignorée, Interdite aux vaisseaux, et d'écueils entourée. Un zéphyr éternel y rafraîchit les airs. Libre et nouvelle encor, la prodigue nature Embellit de ses dons ce point de l'univers : Des ruisseaux argentés roulent sur la verdure, Et vont en serpentant se perdre au sein des mers ; Une main favorable y reproduit sans cesse L'ananas parfumé des plus douces odeurs ; Et l'oranger touffu courbé sous sa richesse, Se couvre en même temps et de fruits et de fleurs. Que nous faut-il de plus ? cette île fortunée Semble par la nature aux amants destinée. L'océan la resserre, et deux fois en un jour De cet asile étroit on achève le tour. Là je ne craindrai plus un père inexorable. C'est là qu'en liberté tu pourras être aimable, Et couronner l'amant qui t'a donné son cœur. Vous coulerez alors, mes paisibles journées, Par les nœuds du plaisir l'une et l'autre enchaînées : Laissez moi peu de gloire et beaucoup de bonheur. Viens ; la nuit est obscure et le ciel sans nuage ; D'un éternel adieu saluons ce rivage, Où par toi seule encore mes pas sont retenus. Je vois à l'horizon l'étoile de Vénus : Vénus dirigera notre course incertaine. Éole exprès pour nous vient d'enchaîner les vents ; Sur les flots aplanis Zéphyre souffle à peine ; Viens ; l'Amour jusqu'au port conduira deux amants.

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