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Oiseaux

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Oiseaux

Poésies de la collection oiseaux

    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    La tourterelle d'Amymone Amymone en ses bras a pris sa tourterelle, Et, la serrant toujours plus doucement contre elle, Se plaît à voir l'oiseau, docile à son désir, Entre ses jeunes seins roucouler de plaisir. Même elle veut encor que son bec moins farouche Cueille les grains posés sur le bord de sa bouche, Puis, inclinant la joue au plumage neigeux, Et, toujours plus câline et plus tendre en ses jeux, Elle caresse au long des plumes son visage, Et sourit, en frôlant son épaule au passage, De sentir, rougissant chaque fois d'y penser, Son épaule plus douce encore à caresser.

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Les oiseaux Orchestre du Très-Haut, bardes de ses louanges, Ils chantent à l'été des notes de bonheur ; Ils parcourent les airs avec des ailes d'anges Échappés tout joyeux des jardins du Seigneur. Tant que durent les fleurs, tant que l'épi qu'on coupe Laisse tomber un grain sur les sillons jaunis, Tant que le rude hiver n'a pas gelé la coupe Où leurs pieds vont poser comme aux bords de leurs nids, Ils remplissent le ciel de musique et de joie : La jeune fille embaume et verdit leur prison, L'enfant passe la main sur leur duvet de soie, Le vieillard les nourrit au seuil de sa maison. Mais dans les mois d'hiver, quand la neige et le givre Ont remplacé la feuille et le fruit, où vont-ils ? Ont-ils cessé d'aimer ? Ont-ils cessé de vivre ? Nul ne sait le secret de leurs lointains exils. On trouve au pied de l'arbre une plume souillée, Comme une feuille morte où rampe un ver rongeur, Que la brume des nuits a jaunie et mouillée, Et qui n'a plus, hélas! ni parfum ni couleur. On voit pendre à la branche un nid rempli d'écailles, Dont le vent pluvieux balance un noir débris ; Pauvre maison en deuil et vieux pan de murailles Que les petits, hier, réjouissaient de cris. Ô mes charmants oiseaux, vous si joyeux d'éclore ! La vie est donc un piége où le bon Dieu vous prend ? Hélas ! c'est comme nous. Et nous chantons encore ! Que Dieu serait cruel, s'il n'était pas si grand !

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    Anatole France

    Anatole France

    @anatoleFrance

    La perdrix Hélas ! celle qui, jeune en la belle saison, Causa dans les blés verts une ardente querelle Et suivit le vainqueur ensanglanté pour elle, La compagne au bon cœur qui bâtit la maison Et nourrit les petits aux jours de la moisson, Vois : les chiens ont forcé sa retraite infidèle. C'est en vain qu'elle fuit dans l'air à tire-d'aile, Le plomb fait dans sa chair passer le grand frisson. Son sang pur de couveuse à la chaleur divine Sur son corps déchiré mouille sa plume fine. Elle tournoie et tombe entre les joncs épais. Dans les joncs, à l'abri de l'épagneul qui flaire, Triste, s'enveloppant de silence et de paix, Ayant fini d'aimer, elle meurt sans colère.

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Amours d'oiseaux À Philippe Gille. I. Deux ramiers voyageurs, emperlés de rosée, Ont abattu leur vol au bord de ma croisée Ouverte à l'orient... Je les ai reconnus, Car chez moi, l'an passé, tous deux étaient venus. Ces deux beaux pèlerins m'arrivent de Bohême, À l'époque où fleurit le petit maïanthème, Et dans les bras noueux de mon grand châtaignier Bercent leur nid d'amour comme au printemps dernier. Dans leur farouche instinct de liberté sauvage, Trop fiers pour jamais vivre en honteux esclavage, Ils reviennent pourtant sous mon toit familier, La queue en éventail et gonflant leur collier. S'ils ont pris le chemin de ma haute fenêtre, C'est qu'un coup d'œil d'oiseau suffit pour me connaître, C'est qu'ils sont là chez eux, que tout leur est permis ; C'est qu'ils n'ont trouvé là que des regards amis. L'amoureux au col blanc profondément salue L'heureuse bien-aimée, avec grâce évolue Et, roucoulant près d'elle, en fait dix fois le tour, Comme la croyant sourde à ses phrases d'amour. Riche de souvenirs, le cœur chaud d'espérances, Multipliant très bas ses graves révérences, S'il la voit, comme en rêve, ouvrant des yeux troublés, Dans un rapide éclair tous ses vœux sont comblés. II. Ne s'inquiétant pas de moi, qui les regarde, Ils m'ont dit sans parler : « Ami, que Dieu te garde, Après ton âge mûr, de vivre trop longtemps. Nous restons dans nos bois au plus quinze ou vingt ans ; « Quand nous cessons d'aimer, à quoi bon nous survivre ? N'attends pas la saison des vents froids et du givre Pour t'en aller dormir sous les hauts gazons verts, Car plus tard, sans amour, tristes sont les hivers.

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Rêve d'oiseau À Mademoiselle Bertbe Wells. Sous les fleurs d'églantier nouvellement écloses, Près d'un nid embaumé dans le parfum des roses, Quand la forêt dormait immobile et sans bruit, Le rossignol avait chanté toute la nuit. Quand les bois s'éclairaient au réveil de l'aurore, Le fortuné chanteur vocalisait encore. Sous les grands hêtres verts qui lui filtraient le jour, La reine de son cœur veillait au nid d'amour. Dans le berceau de mousse il revint d'un coup d'aile, Impatient alors de se rapprocher d'elle. Puis le maître divin dormit profondément... Mais parfois il chantait dans son rêve en dormant. « Les yeux fermés, il pense encore à moi, » dit-elle, Heureuse d'être aimée, heureuse d'être belle.

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Vol d'oiseaux À David Sauvageot I. Les cygnes migrateurs qui passent dans les airs, Pèlerins de haut vol, fiers de leurs ailes grandes, Sont tout surpris de voir tant d'espaces déserts : Des steppes, des marais, des grèves et des landes. « C'est triste, pensent-ils... Ne croit-on pas rêver Quand, à perte de vue, on trouve abandonnées D'immenses régions qu'on devrait cultiver, Et qui dorment sans fruit depuis nombre d'années. « Ceux qui rampent en bas nous semblent bien petits, Quand nous apercevons la fourmilière humaine. Les blancs, comme les noirs, sont fort mal répartis, Eparpillés sans ordre où le hasard les mène. « Ils se croisent les bras au bord des océans. Infimes héritiers des races disparues, Tous voudraient vivre ainsi que des rois fainéants, En laissant aux sillons se rouiller les charrues ; « Boire les meilleurs vins et manger tous les fruits, S'enliser à plein corps dans les plaisirs terrestres, Et dans un frais sommeil passer toutes les nuits, Au murmure des flots et des grands pins sylvestres ; « Manger, boire et dormir sur un bon oreiller, Jouir de tous les biens en tranquilles apôtres, Trop indolents d'ailleurs pour jamais travailler ; Ceux qui n'ont rien chez eux prenant ce qu'ont les autres. « Devant eux, sans rien voir, en cheminant tout droit, Jusqu'aux pointes des caps où la mer les arrête, Comme troupeaux bloqués dans un bercail étroit, Ils vont... ne sachant plus où donner de la tète. II. « Nous, qui sommes contraints de changer de climats, Nous avons à subir de bien rudes épreuves. Nous saluons au vol de grands panoramas, Monts blancs, déserts de sable et rubans verts des fleuves. « Mais, quand nous dominons l'immensité des flots, En mer, sous l'équinoxe au temps des hivernages. Sans trouver pour abri quelques rares Ilots, Il nous faut accomplir de longs pèlerinages. « À l'exil, tous les ans, nous sommes condamnés. Par tempêtes de neige et tourbillons de givre, Souvent nos chers petits, les derniers qui sont nés, D'une aile fatiguée ont grand'peine à nous suivre. « Du froid et des brouillards, de la grêle et des vents, Par les chemins du ciel, nous avons tout à craindre. Paix à nos morts... l'espoir reste au cœur des vivants, Et nous ne perdons pas notre temps à nous plaindre. » III. Tout s'agite à l'envers, se mêle et se confond Chez l'homme... qui d'en bas laisse monter sa lie, Comme un lac dont l'orage a remué le fond... Sur le monde effaré souffle un vent de folie.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Larme Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises, Je buvais, accroupi dans quelque bruyère Entourée de tendres bois de noisetiers, Par un brouillard d’après-midi tiède et vert. Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise, Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert. Que tirais-je à la gourde de colocase ? Quelque liqueur d’or, fade et qui fait suer. Tel, j’eusse été mauvaise enseigne d’auberge. Puis l’orage changea le ciel, jusqu’au soir. Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches, Des colonnades sous la nuit bleue, des gares. L’eau des bois se perdait sur des sables vierges, Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mares… Or ! tel qu’un pêcheur d’or ou de coquillages, Dire que je n’ai pas eu souci de boire ! Mai 1872

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    A

    Auguste Angellier

    @augusteAngellier

    Le faisan doré Quand le Faisan doré courtise sa femelle, Et fait, pour l'éblouir, la roue, il étincelle De feux plus chatoyants qu'un oiseau de vitrail. Dressant sa huppe d'or, hérissant son camail Couleur d'aube et zébré de rayures d'ébène, Gonflant suri plastron rouge ardent, il se promène, Chaque aile soulevée, en hautaines allures ; Son plumage s'emplit de lueurs, les marbrures De son col vert bronzé, l'ourlet d'or de ses pennes, L'incarnat de son dos, les splendeurs incertaines De sa queue où des grains serrés de vermillon Sont alternés avec des traits noirs sur un fond De riche, somptueuse et lucide améthyste, Tout s'allume, tout luit... ... Et, sur ces yeux muants de claires pierreries S'unissant, se brisant en des joailleries Que sertissent le bronze et l'acier, et l'argent, Court encore un frisson d'or mobile et changeant, Qui naît, s'étale, fuit, se rétrécit, tressaille, Éclate, glisse, meurt, coule, ondule, s'écaille, S'écarte en lacis d'or, en plaques d'or s'éploie, Palpite, s'alanguit, se disperse, poudroie, Et d'un insaisissable et féerique réseau Enveloppe le corps enflammé de l'oiseau.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Les hiboux Sous les ifs noirs qui les abritent, Les hiboux se tiennent rangés, Ainsi que des dieux étrangers, Dardant leur oeil rouge. Ils méditent. Sans remuer ils se tiendront Jusqu'à l'heure mélancolique Où, poussant le soleil oblique, Les ténèbres s'établiront. Leur attitude au sage enseigne Qu'il faut en ce monde qu'il craigne Le tumulte et le mouvement, L'homme ivre d'une ombre qui passe Porte toujours le châtiment D'avoir voulu changer de place.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Les trois oiseaux J’ai dit au ramier : – Pars et va quand même, Au delà des champs d’avoine et de foin, Me chercher la fleur qui fera qu’on m’aime. Le ramier m’a dit : – C’est trop loin ! Et j’ai dit à l’aigle : – Aide-moi, j’y compte, Et, si c’est le feu du ciel qu’il me faut, Pour l’aller ravir prends ton vol et monte. Et l’aigle m’a dit : – C’est trop haut ! Et j’ai dit enfin au vautour : – Dévore Ce coeur trop plein d’elle et prends-en ta part. Laisse ce qui peut être intact encore. Le vautour m’a dit : – C’est trop tard !

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Dans les bois Au printemps l'oiseau naît et chante : N'avez-vous pas ouï sa voix ?... Elle est pure, simple et touchante, La voix de l'oiseau — dans les bois ! L'été, l'oiseau cherche l'oiselle ; Il aime — et n'aime qu'une fois ! Qu'il est doux, paisible et fidèle, Le nid de l'oiseau — dans les bois ! Puis quand vient l'automne brumeuse, Il se tait... avant les temps froids. Hélas ! qu'elle doit être heureuse La mort de l'oiseau — dans les bois !

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    L'aigle et le hibou L'aigle et le chat-huant leurs querelles cessèrent, Et firent tant qu'ils s'embrassèrent. L'un jura foi de roi, l'autre foi de hibou, Qu'ils ne se goberaient leurs petits peu ni prou. « Connaissez-vous les miens ? dit l'oiseau de Minerve. - Non, dit l'aigle. - Tant pis, reprit le triste oiseau ; Je crains en ce cas pour leur peau ; C'est hasard si je les conserve. Comme vous êtes roi, vous ne considérez Qui ni quoi ; rois et dieux mettent, quoi qu'on leur dit, Tout en même catégorie. Adieu mes nourrissons, si vous les rencontrez. - Peignez-les-moi, dit l'aigle, ou bien me les montrez ; Je n'y toucherai de ma vie. » Le hibou repartit ; « Mes petits sont mignons, Beaux, bien faits, et jolis sur tous leurs compagnons : Vous les reconnaîtrez sans peine à cette marque. N'allez pas l'oublier ; retenez-la si bien Que chez moi la maudite Parque N'entre point par votre moyen. » Il advint qu'au hibou Dieu donna géniture. De façon qu'un beau soir qu'il était en pâture, Notre aigle aperçut d'aventure, Dans les coins d'une roche dure, Ou dans les trous d'une masure (Je ne sais pas lequel des deux), De petits monstres fort hideux, Rechignés, un air triste, une voix de Mégère. « Ces enfants ne sont pas, dit l'aigle, à notre ami. Croquons-les. » Le galant n'en fit pas à demi ; Ses repas ne sont point repas à la légère. Le hibou, de retour, ne trouve que les pieds De ses chers nourrissons, hélas ! pour toute chose. Il se plaint ; et les dieux sont par lui suppliés De punir le brigand qui de son deuil est cause. Quelqu'un lui dit alors ; « N'en accuse que toi, Ou plutôt la commune loi Qui veut qu'on trouve son semblable Beau, bien fait, et sur tous aimable. xx Tu fis de tes enfants à l'aigle ce portrait : En avaient-ils le moindre trait ? »

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    L'hirondelle et les petits oiseaux Une Hirondelle en ses voyages Avait beaucoup appris. Quiconque a beaucoup vu Peut avoir beaucoup retenu. Celle-ci prévoyait jusqu'aux moindres orages, Et devant qu'ils fussent éclos, Les annonçait aux Matelots. Il arriva qu'au temps que le chanvre se sème, Elle vit un manant en couvrir maints sillons. "Ceci ne me plaît pas, dit-elle aux Oisillons : Je vous plains ; car pour moi, dans ce péril extrême, Je saurai m'éloigner, ou vivre en quelque coin. Voyez-vous cette main qui par les airs chemine ? Un jour viendra, qui n'est pas loin, Que ce qu'elle répand sera votre ruine. De là naîtront engins à vous envelopper, Et lacets pour vous attraper, Enfin mainte et mainte machine Qui causera dans la saison Votre mort ou votre prison : Gare la cage ou le chaudron ! C'est pourquoi, leur dit l'Hirondelle, Mangez ce grain; et croyez-moi. " Les Oiseaux se moquèrent d'elle : Ils trouvaient aux champs trop de quoi. Quand la chènevière fut verte, L'Hirondelle leur dit : "Arrachez brin à brin Ce qu'a produit ce maudit grain, Ou soyez sûrs de votre perte. - Prophète de malheur, babillarde, dit-on, Le bel emploi que tu nous donnes ! Il nous faudrait mille personnes Pour éplucher tout ce canton. " La chanvre étant tout à fait crue, L'Hirondelle ajouta : "Ceci ne va pas bien ; Mauvaise graine est tôt venue. Mais puisque jusqu'ici l'on ne m'a crue en rien, Dès que vous verrez que la terre Sera couverte, et qu'à leurs blés Les gens n'étant plus occupés Feront aux oisillons la guerre ; Quand reginglettes et réseaux Attraperont petits Oiseaux, Ne volez plus de place en place, Demeurez au logis, ou changez de climat : Imitez le Canard, la Grue, et la Bécasse. Mais vous n'êtes pas en état De passer, comme nous, les déserts et les ondes, Ni d'aller chercher d'autres mondes ; C'est pourquoi vous n'avez qu'un parti qui soit sûr : C'est de vous renfermer aux trous de quelque mur. " Les Oisillons, las de l'entendre, Se mirent à jaser aussi confusément Que faisaient les Troyens quand la pauvre Cassandre Ouvrait la bouche seulement. Il en prit aux uns comme aux autres : Maint oisillon se vit esclave retenu. Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui sont les nôtres, Et ne croyons le mal que quand il est venu.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le coq et la perle Un jour un coq détourna Une perle, qu'il donna Au beau premier lapidaire. " Je la crois fine, dit-il; Mais le moindre grain de mil Serait bien mieux mon affaire. " Un ignorant hérita D'un manuscrit, qu'il porta Chez son voisin le libraire. " Je crois, dit-il, qu'il est bon ; Mais le moindre ducaton Serait bien mieux mon affaire. "

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le corbeau voulant imiter l'aigle L'Oiseau de Jupiter enlevant un Mouton, Un Corbeau témoin de l'affaire, Et plus faible de reins, mais non pas moins glouton, En voulut sur l'heure autant faire. Il tourne à l'entour du troupeau, Marque entre cent Moutons le plus gras, le plus beau, Un vrai Mouton de sacrifice : On l'avait réservé pour la bouche des Dieux. Gaillard Corbeau disait, en le couvant des yeux : Je ne sais qui fut ta nourrice ; Mais ton corps me paraît en merveilleux état : Tu me serviras de pâture. Sur l'animal bêlant, à ces mots, il s'abat. La moutonnière créature Pesait plus qu'un fromage ; outre que sa toison Etait d'une épaisseur extrême, Et mêlée à peu près de la même façon Que la barbe de Polyphème. Elle empêtra si bien les serres du Corbeau, Que le pauvre Animal ne put faire retraite. Le Berger vient, le prend, l'encage bien et beau Le donne à ses enfants pour servir d'amusette. Il faut se mesurer ; la conséquence est nette : Mal prend aux volereaux de faire les voleurs. L'exemple est un dangereux leurre. Tous les mangeurs de gens ne sont pas grands Seigneurs : Où la Guêpe a passé, le Moucheron demeure.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le cygne et le cuisinier Dans une ménagerie De volatiles remplie Vivaient le Cygne et l'Oison : Celui-là destiné pour les regards du Maître, Celui-ci pour son goût ; l'un qui se piquait d'être Commensal du jardin, l'autre de la maison. Des fossés du château faisant leurs galeries, Tantôt on les eût vus côte à côte nager, Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger, Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies. Un jour le Cuisinier, ayant trop bu d'un coup, Prit pour Oison le Cygne ; et le tenant au cou, Il allait l'égorger, puis le mettre en potage. L'Oiseau, prêt à mourir, se plaint en son ramage. Le Cuisinier fut fort surpris, Et vit bien qu'il s'était mépris. Quoi ? je mettrais, dit-il, un tel Chanteur en soupe ! Non, non, ne plaise aux Dieux que jamais ma main coupe La gorge à qui s'en sert si bien. Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe Le doux parler ne nuit de rien.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le geai paré des plumes du paon Un paon muait : un geai prit son plumage ; Puis après se l'accommoda ; Puis parmi d'autres paons tout fier se panada, Croyant être un beau personnage. Quelqu'un le reconnut : il se vit bafoué, Berné, sifflé, moqué, joué, Et par messieurs les paons plumé d'étrange sorte ; Même vers ses pareils s'étant réfugié, Il fut par eux mis à la porte. Il est assez de geais à deux pieds comme lui, Qui se parent souvent des dépouilles d'autrui, Et que l'on nomme plagiaires. Je m'en tais, et ne veux leur causer nul ennui : Ce ne sont pas là mes affaires.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le lièvre et la perdrix Il ne se faut jamais moquer des misérables, Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ? Le sage Ésope dans ses fables Nous en donne un exemple ou deux. Celui qu'en ces vers je propose, Et les siens, ce sont même chose. Le lièvre et la perdrix, concitoyens d'un champ, Vivaient dans un état, ce semble, assez tranquille, Quand une meute s'approchant Oblige le premier à chercher un asile : Il s'enfuit dans son fort, met les chiens en défaut, Sans même en excepter Brifaut. Enfin il se trahit lui-même Par les esprits sortants de son corps échauffé. Miraut, sur leur odeur ayant philosophé, Conclut que c'est son lièvre, et d'une ardeur extrême Il le pousse ; et Rustaut, qui n'a jamais menti, Dit que le lièvre est reparti. Le pauvre malheureux vient mourir à son gîte. La perdrix le raille et lui dit : « Tu te vantais d'être si vite ! Qu'as-tu fait de tes pieds ? » Au moment qu'elle rit, Son tour vient ; on la trouve. Elle croit que ses ailes La sauront garantir à toute extrémité ; Mais la pauvrette avait compté Sans l'autour aux serres cruelles.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le renard et la cigogne Compère le Renard se mit un jour en frais, Et retint à dîner commère la Cigogne. Le régal fut petit et sans beaucoup d'apprêts : Le Galant, pour toute besogne Avait un brouet clair (il vivait chichement). Ce brouet fut par lui servi sur une assiette. La Cigogne au long bec n'en put attraper miette ; Et le Drôle eut lapé le tout en un moment. Pour se venger de cette tromperie, À quelque temps de là, la Cigogne le prie. " Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis Je ne fais point cérémonie. " À l'heure dite, il courut au logis De la Cigogne son hôtesse ; Loua très fort sa politesse, Trouva le dîner cuit à point. Bon appétit surtout ; Renards n'en manquent point. Il se réjouissait à l'odeur de la viande Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande. On servit, pour l'embarrasser En un vase à long col, et d'étroite embouchure. Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer, Mais le museau du Sire était d'autre mesure. Il lui fallut à jeun retourner au logis, Honteux comme un Renard qu'une Poule aurait pris, Serrant la queue, et portant bas l'oreille. Trompeurs, c'est pour vous que j'écris, Attendez-vous à la pareille.

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    J

    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    La fauvette et le rossignol Une fauvette dont la voix Enchantait les échos par sa douceur extrême Espéra surpasser le rossignol lui-même, Et lui fit un défi. L'on choisit dans le bois Un lieu propre au combat. Les juges se placèrent : C'étaient le linot, le serin, Le rouge-gorge et le tarin. Tous les autres oiseaux derrière eux se perchèrent. Deux vieux chardonnerets et deux jeunes pinsons Furent gardes du camp, le merle était trompette. Il donne le signal : aussitôt la fauvette Fait entendre les plus doux sons ; Avec adresse elle varie De ses accents filés la touchante harmonie, Et ravit tous les cœurs par ses tendres chansons. L'assemblée applaudit. Bientôt on fait silence : Alors le rossignol commence. Trois accords purs, égaux, brillants, Que termine une juste et parfaite cadence, Sont le prélude de ses chants ; Ensuite son gosier flexible, Parcourant sans effort tous les tons de sa voix, Tantôt vif et pressé, tantôt lent et sensible, Étonne et ravit à la fois. Les juges cependant demeuraient en balance. Le linot, le serin, de la fauvette amis, Ne voulaient point donner de prix : Les autres disputaient. L'assemblée en silence Écoutait leurs doctes avis, Lorsqu'un geai s'écria : victoire à la fauvette ! Ce mot décida sa défaite : Pour le rossignol aussitôt L'aréopage ailé tout d'une voix s'explique. Ainsi le suffrage d'un sot Fait plus de mal que sa critique.

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    J

    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Le chat et le moineau La prudence est bonne de soi, Mais la pousser trop loin est une duperie : L'exemple suivant en fait foi. Des moineaux habitaient dans une métairie : Un beau champ de millet, voisin de la maison, Leur donnait du grain à foison. Ces moineaux dans le champ passaient toute leur vie, Occupés de gruger les épis de millet Le vieux chat du logis les guettait d'ordinaire, Tournait et retournait ; mais il avait beau faire, Sitôt qu'il paraissait la bande s'envolait. Comment les attraper ? Notre vieux chat y songe, Médite, fouille en son cerveau, Et trouve un tour tout neuf. II va tremper dans l'eau Sa patte dont il fait éponge. Dans du millet en grain aussitôt il la plonge ; Le grain s'attache tout autour. Alors à cloche-pied, sans bruit, par un détour, II va gagner le champ, s'y couche La patte en l'air et sur le dos, Ne bougeant non plus qu'une souche : Sa patte ressemblait à l'épi le plus gros. L'oiseau s'y méprenait, il approchait sans crainte, Venait pour becqueter ; de l'autre patte, crac, Voilà mon oiseau dans le sac. Il en prit vingt par cette feinte. Un moineau s'aperçoit du piège scélérat, Et prudemment fuit la machine ; Mais dès ce jour il s'imagine Que chaque épi de grain était patte de chat. Au fond de son trou solitaire II se retire, et plus n'en sort, Supporte la faim, la misère, Et meurt pour éviter la mort.

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    J

    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Le dervis, la corneille et le faucon Un de ces pieux solitaires Qui, détachant leur cœur des choses d'ici bas, Font vœu de renoncer à des biens qu'ils n'ont pas. Pour vivre du bien de leurs frères, Un dervis en un mot, s'en allait mendiant Et priant, Lorsque les cris plaintifs d'une jeune corneille Par des parents cruels laissée en son berceau, Presque sans plume encor, vinrent à son oreille. Notre dervis regarde, et voit le pauvre oiseau Allongeant sur son nid sa tête demi-nue : Dans l'instant, du haut de la nue, Un faucon descend vers ce nid, Et, le bec rempli de pâture, Il apporte sa nourriture À l'orpheline qui gémit. Ô du puissant Allah providence adorable ! S'écria le dervis : plutôt qu'un innocent Périsse sans secours, tu rends compatissant Des oiseaux le moins pitoyable ! Et moi, fils du très-haut, je chercherais mon pain ! Non, par le prophète j'en jure : Tranquille désormais, je remets mon destin À celui qui prend soin de toute la nature. Cela dit, le dervis, couché tout de son long, Se met à bayer aux corneilles, De la création admire les merveilles, De l'univers l'ordre profond. Le soir vint, notre solitaire Eut un peu d'appétit en faisant sa prière : Ce n'est rien, disait-il ; mon souper va venir. Le souper ne vient point. Allons, il faut dormir ; Ce sera pour demain. Le lendemain l'aurore Paraît, et point de déjeuner. Ceci commence à l'étonner ; Cependant il persiste encore, Et croit à chaque instant voir venir son dîner. Personne n'arrivait ; la journée est finie, Et le dervis à jeun voyait d'un œil d'envie Ce faucon qui venait toujours Nourrir sa pupille chérie. Tout-à-coup il l'entend lui tenir ce discours : Tant que vous n'avez pu, ma mie, Pourvoir vous-même à vos besoins, De vous j'ai pris de tendres soins ; À présent que vous voilà grande, Je ne reviendrai plus. Allah nous recommande Les faibles et les malheureux : Mais être faible, ou paresseux, C'est une grande différence. Nous ne recevons l'existence Qu'afin de travailler pour nous ou pour autrui. De ce devoir sacré quiconque se dispense Est puni de la providence Par le besoin ou par l'ennui. Le faucon dit et part. Touché de ce langage, Le dervis converti reconnaît son erreur, Et, gagnant le premier village, Se fait valet de laboureur.

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    J

    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Le hibou et le pigeon Que mon sort est affreux ! S'écriait un hibou : Vieux, infirme, souffrant, accablé de misère, Je suis isolé sur la terre, Et jamais un oiseau n'est venu dans mon trou Consoler un moment ma douleur solitaire. Un pigeon entendit ces mots, Et courut auprès du malade : Hélas ! Mon pauvre camarade, Lui dit-il, je plains bien vos maux. Mais je ne comprends pas qu'un hibou de votre âge Soit sans épouse, sans parents, Sans enfants ou petits-enfants. N'avez-vous point serré les nœuds du mariage Pendant le cours de vos beaux ans ? Le hibou répondit : non vraiment, mon cher frère : Me marier ! Et pourquoi faire ? J'en connaissais trop le danger. Vouliez-vous que je prisse une jeune chouette, Bien étourdie et bien coquette, Qui me trahît sans cesse ou me fît enrager, Qui me donnât des fils d'un méchant caractère, Ingrats, menteurs, mauvais sujets, Désirant en secret le trépas de leur père ? Car c'est ainsi qu'ils sont tous faits. Pour des parents, je n'en ai guère, Et ne les vis jamais : ils sont durs, exigeants, Pour le moindre sujet s'irritent, N'aiment que ceux dont ils héritent ; Encor ne faut-il pas qu'ils attendent longtemps. Tout frère ou tout cousin nous déteste et nous pille. Je ne suis pas de votre avis, Répondit le pigeon : mais parlons des amis ; Des orphelins c'est la famille : Vous avez dû près d'eux trouver quelques douceurs. - Les amis ! Ils sont tous trompeurs. J'ai connu deux hiboux qui tendrement s'aimèrent Pendant quinze ans, et, certain jour, Pour une souris s'égorgèrent. Je crois à l'amitié moins encor qu'à l'amour. - Mais ainsi, Dieu me le pardonne ! Vous n'avez donc aimé personne ? - Ma foi, non, soit dit entre nous. - En ce cas-là, mon cher, de quoi vous plaignez-vous ?

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    Jean-Pierre Claris de Florian

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    Le hibou, le chat, l'oison et le rat De jeunes écoliers avaient pris dans un trou Un hibou, Et l'avaient élevé dans la cour du collège. Un vieux chat, un jeune oison, Nourris par le portier, étaient en liaison Avec l'oiseau ; tous trois avaient le privilège D'aller et de venir par toute la maison. À force d'être dans la classe, Ils avaient orné leur esprit, Savaient par cœur Denys d'Halicarnasse Et tout ce qu'Hérodote et Tite-Live ont dit. Un soir, en disputant (des docteurs c'est l'usage), Ils comparaient entre eux les peuples anciens. Ma foi, disait le chat, c'est aux égyptiens Que je donne le prix : c'était un peuple sage, Un peuple ami des lois, instruit, discret, pieux, Rempli de respect pour ses dieux ; Cela seul, à mon gré, lui donne l'avantage. J'aime mieux les athéniens, Répondait le hibou : que d'esprit ! Que de grâce ! Et dans les combats quelle audace ! Que d'aimables héros parmi leurs citoyens ! A-t-on jamais plus fait avec moins de moyens ? Des nations c'est la première. Parbleu ! Dit l'oison en colère, Messieurs, je vous trouve plaisants : Et les romains, que vous en semble ? Est-il un peuple qui rassemble Plus de grandeur, de gloire, et de faits éclatants ? Dans les arts, comme dans la guerre, Ils ont surpassé vos amis. Pour moi, ce sont mes favoris ; Tout doit céder le pas aux vainqueurs de la terre. Chacun des trois pédants s'obstine en son avis, Quand un rat, qui de loin entendait la dispute, Rat savant, qui mangeait des thèmes dans sa hutte, Leur cria : je vois bien d'où viennent vos débats : L'Égypte vénérait les chats, Athènes les hiboux, et Rome, au capitole, Aux dépens de l'état nourrissait des oisons : Ainsi notre intérêt est toujours la boussole Que suivent nos opinions.

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    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Le paon, les deux oisons et le plongeon Un paon faisait la roue, et les autres oiseaux Admiraient son brillant plumage. Deux oisons nasillards du fond d'un marécage Ne remarquaient que ses défauts. Regarde, disait l'un, comme sa jambe est faite, Comme ses pieds sont plats, hideux. Et son cri, disait l'autre, est si mélodieux, Qu'il fait fuir jusqu'à la chouette. Chacun riait alors du mot qu'il avait dit. Tout-à-coup un plongeon sortit : Messieurs, leur cria-t-il, vous voyez d'une lieue Ce qui manque à ce paon : c'est bien voir, j'en conviens ; Mais votre chant, vos pieds, sont plus laids que les siens, Et vous n'aurez jamais sa queue.

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    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Le rossignol et le prince Un jeune prince, avec son gouverneur, Se promenait dans un bocage, Et s'ennuyait suivant l'usage ; C'est le profit de la grandeur. Un rossignol chantait sous le feuillage : Le prince l'aperçoit, et le trouve charmant ; Et, comme il était prince, il veut dans le moment L'attraper et le mettre en cage. Mais pour le prendre il fait du bruit, Et l'oiseau fuit. Pourquoi donc, dit alors son altesse en colère, Le plus aimable des oiseaux Se tient-il dans les bois, farouche et solitaire, Tandis que mon palais est rempli de moineaux ? C'est, lui dit le mentor, afin de vous instruire De ce qu'un jour vous devez éprouver : Les sots savent tous se produire ; Le mérite se cache, il faut l'aller trouver.

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    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Le sanglier et les rossignols Un homme riche, sot et vain, Qualités qui par fois marchent de compagnie, Croyait pour tous les arts avoir un goût divin, Et pensait que son or lui donnait du génie. Chaque jour à sa table on voyait réunis Peintres, sculpteurs, savants, artistes, beaux esprits, Qui lui prodiguaient les hommages, Lui montraient des dessins, lui lisaient des ouvrages, Écoutaient les conseils qu'il daignait leur donner, Et l'appelaient Mécène en mangeant son dîner. Se promenant un soir dans son parc solitaire, Suivi d'un jardinier, homme instruit et de sens, Il vit un sanglier qui labourait la terre, Comme ils font quelquefois pour aiguiser leurs dents. Autour du sanglier, les merles, les fauvettes, Surtout les rossignols, voltigeant, s'arrêtant, Répétaient à l'envi leurs douces chansonnettes, Et le suivaient toujours chantant. L'animal écoutait l'harmonieux ramage Avec la gravité d'un docte connaisseur, Baissait par fois la hure en signe de faveur, Ou bien, la secouant, refusait son suffrage. Qu'est-ce ci ? Dit le financier : Comment ! Les chantres du bocage Pour leur juge ont choisi cet animal sauvage ! Nenni, répond le jardinier ; De la terre par lui fraîchement labourée Sont sortis plusieurs vers, excellente curée Qui seule attire ces oiseaux : Ils ne se tiennent à sa suite Que pour manger ces vermisseaux ; Et l'imbécile croit que c'est pour son mérite.

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    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Les enfants et les perdreaux Deux enfants d'un fermier, gentils, espiègles, beaux, Mais un peu gâtés par leur père, Cherchant des nids dans leur enclos, Trouvèrent de petits perdreaux Qui voletaient après leur mère. Vous jugez de la joie, et comment mes bambins À la troupe qui s'éparpille Vont partout couper les chemins, Et n'ont pas assez de leurs mains Pour prendre la pauvre famille ! La perdrix, traînant l'aile, appelant ses petits, Tourne en vain, voltige, s'approche ; Déjà mes jeunes étourdis Ont toute sa couvée en poche. Ils veulent partager comme de bons amis ; Chacun en garde six, il en reste un treizième : L'aîné le veut, l'autre le veut aussi. - Tirons au doigt mouillé. - Parbleu non. - Parbleu si. - Cède, ou bien tu verras. - Mais tu verras toi-même. De propos en propos, l'aîné, peu patient, Jette à la tête de son frère Le perdreau disputé. Le cadet en colère D'un des siens riposte à l'instant. L'aîné recommence d'autant ; Et ce jeu qui leur plaît couvre autour d'eux la terre De pauvres perdreaux palpitants. Le fermier, qui passait en revenant des champs, Voit ce spectacle sanguinaire, Accourt, et dit à ses enfants : Comment donc ! Petits rois, vos discordes cruelles Font que tant d'innocents expirent par vos coups ! De quel droit, s'il vous plaît, dans vos tristes querelles, Faut-il que l'on meure pour vous ?

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    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Les serins et le chardonneret Un amateur d'oiseaux avait, en grand secret, Parmi les œufs d'une serine Glissé l'œuf d'un chardonneret. La mère des serins, bien plus tendre que fine, Ne s'en aperçut point, et couva comme sien Cet œuf qui dans peu vint à bien. Le petit étranger, sorti de sa coquille, Des deux époux trompés reçoit les tendres soins, Par eux traité ni plus ni moins Que s'il était de la famille. Couché dans le duvet, il dort le long du jour A côté des serins dont il se croit le frère, Reçoit la becquée à son tour, Et repose la nuit sous l'aile de la mère. Chaque oisillon grandit, et, devenant oiseau, D'un brillant plumage s'habille ; Le chardonneret seul ne devient point jonquille, Et ne s'en croit pas moins des serins le plus beau. Ses frères pensent tout de même : Douce erreur qui toujours fait voir l'objet qu'on aime Ressemblant à nous trait pour trait ! Jaloux de son bonheur, un vieux chardonneret Vient lui dire : Il est temps enfin de vous connaître ; Ceux pour qui vous avez de si doux sentiments Ne sont point du tout vos parents. C'est d'un chardonneret que le sort vous fit naître. Vous ne fûtes jamais serin : regardez-vous, Vous avez le corps fauve et la tête écarlate, Le bec... Oui, dit l'oiseau, j'ai ce qu'il vous plaira ; Mais je n'ai point une âme ingrate, Et mon cœur toujours chérira Ceux qui soignèrent mon enfance. Si mon plumage au leur ne ressemble pas bien, J'en suis fâché ; mais leur cœur et le mien Ont une grande ressemblance. Vous prétendez prouver que je ne leur suis rien, Leurs soins me prouvent le contraire : Rien n'est vrai comme ce qu'on sent. Pour un oiseau reconnaissant Un bienfaiteur est plus qu'un père.

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    Joseph Autran

    @josephAutran

    A l'alouette Esprit de l'air, je te salue ! Je te salue, oiseau lointain, Qui montes, comme une âme élue Dans la lumière du matin. Fuyant la plaine où ton nid reste, Où l'homme aussi demeure, hélas ! Tu remplis tout le bleu céleste De ta voix aux brillants éclats. En plein azur ton vol s'élance, Tu vas chantant toujours plus fort ; Puis, tout à coup, tu fais silence, Et tu retombes comme mort. Ainsi, dans sa brûlante fièvre Quand le poète aux deux gravit, L'hymne souvent meurt sur sa lèvre, Et l'homme seul enfin survit. Petit oiseau qui tiens de l'ange, Messager de l'air, frais et doux, Ton nom, qui veut dire louange Te sied et me charme entre tous. D'une joyeuse et forte race Tu fus le symbole autrefois : A la gaîté joignant l'audace, Tu devais plaire à nos Gaulois. Je te salue, esprit sonore, Virtuose inspiré des cieux, Qui dans l'ivresse de l'aurore Répands ton cœur mélodieux ! De cette flamme qui t'anime Quel art divin sut t'embraser ? De qui tiens-tu ce chant sublime Que tu redis sans t'épuiser ? Rien n'amortit ce zèle étrange, Rien ne fatigue cet essor : Dans son ciel de pourpre et d'orange, Le soir te voit flotter encore. Autour de toi l'azur s'efface, La lumière même où tu cours : L'œil enfin te perd dans l'espace, Mais l'oreille te suit toujours. De même s'éclipse une étoile Dans la clarté du jour naissant : Sous le bleu rideau qui la voile, On ne la voit plus, on la sent. Ainsi de toi, lyre éthérée ! Souvent, à l'aube comme au soir, Dans les hauteurs de l'empyrée L'homme t'écoute sans te voir. Que de fois, couché dans les gerbes, Quand l'œuvre, à midi, s'interrompt, J'entendis tes notes superbes Ruisseler du ciel sur mon front. Je reprenais force et courage, A ce chant venu de si haut : — Debout ! Me disais-je, à l'ouvrage, Faible cœur, ne fais pas défaut ! Qui donc es-tu, chose légère ? J'admire en toi, divin chanteur, Moins un oiseau qu'une prière De la nature à son auteur. Gomme une jeune et blonde reine Qui chante au créneau de sa tour, Du haut de l'air ta voix égraine L'immortelle chanson d'amour. Et moi, de là-bas, je recueille Ces purs accents de ton gosier, Comme on récolte, feuille à feuille, La fleur qui tombe d'un rosier. Frisson du vent sous une treille, Bruit du ruisseau dans le gazon, Rien pour le cœur ni pour l'oreille, Rien n'a l'attrait de ta chanson. Le clairon sonne la victoire, Le luth s'inspire de l'amour : Toi, frêle oiseau, tu chantes gloire Au Dieu très-haut, père du jour ! Le Te Deum, l'épithalame, Le son des coupes d'un festin, Portent moins d'allégresse à l'âme Que tes cadences du matin. Poète aux voix aériennes. Enseigne-nous ton art vainqueur : Toutes chansons auprès des tiennes Traînent et meurent de langueur. Poursuis, poursuis ta stance folle ; Recommence-la mille fois. L'homme n'a pas une parole Qui vaille le son de ta voix. De la vie épuisant les charmes. A la joie il s'efforce en vain : Un goût amer, le goût des larmes, Corrompt toujours son meilleur vin. Même à côté d'une maîtresse, S'il veut chanter l'amour en fleur, L'ennui se mêle à son ivresse, Le chant s'éteint sous la douleur. Il vit de misère et de hontes, Il rampe au niveau de son sol ; Toi tu t'élances, toi tu montes, Toi tu t'enivres de ton vol ! Toujours plus haut dans l'étendue, Tu resplendis au ciel vermeil, Comme une étincelle perdue Qui se détache du soleil ! Va donc ; laisse-nous la tristesse, Et garde à jamais ta gaîté, Et sois l'éclatante allégresse De chaque matin de l'été !

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