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72 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection art

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    Philippe Delaveau

    @philippeDelaveau

    Art poétique Et tu disais, mais savions-nous comprendre? le poète Est celui, dans la liesse, qui jonche de rameaux, La terre où s'avance l'ânon du Seigneur; Jérusalem Tremble dans la lumière, délivrée de la pesanteur Accablante du mal. Nous avions pressenti Sa céleste beauté; son diadème sanglant Scintille étrangement au-dessus des villes. Le poème Étend la charité de ses syllabes, la douceur De sa musique sur l'asphalte où passe le roi glorieux Des futures douleurs.

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    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    Art poétique Par le travers de la gueule Ramassée dans la boue et la gadoue Crachée, vomie, rejetée — Je suis le vers témoin du souffle de mon maître — Déchet, rebut, ordures Comme le diamant, la flamme et le bleu de ciel Pas pure, pas vierge Mais baisée dans tous les coins baisée enfilée sucée enculée violée Je buis le vers témoin du souffle de mon maître Baiseuse et violatrice Pas pucelle Rien de plus sale qu'un pucelage Ouf! ça y est on en sort Bonne terre boueuse où je mets le pied Je suis pour le vent le grand vent et la mer Je suis le vers témoin du souffle de mon maître Ça craque ça pète ça chante ça ronfle Grand vent tempête cœur du monde Il n'y a plus de sale temps J'aime tous les temps j'aime le temps J'aime le grand vent Le grand vent la pluie les cris la neige le soleil le feu et tout ce qui est de la terre boueuse ou sèche Et que ça croule! Et que ça pourrisse Pourrissez vieille chair vieux os Par le travers de la gueule Et que ça casse les dents et que ça fasse saigner les gencives Je suis le vers témoin du souffle de mon maître L'eau coule avec son absurde chant de colibris de rossignol et d'alcool brûlant dans une casserole coule le long de mon corps Un champignon pourrit au coin de la forêt ténébreuse dans laquelle s'égare et patauge pieds nus une femme du tonnerre de dieu Ça pourrit dur au pied des chênes Une médaille d'or n'y résiste pas C'est mou C'est profond Ça cède Ça pourrit dur au pied des chênes Une lune d'il y a pas mal de temps Se reflète dans cette pourriture Odeur de mort odeur de vie odeur d'étreinte De cocasses créatures d'ombre doivent se rouler et se combattre et s'embrasser ici Ça pourrit dur au pied des chênes Et ça souffle encore plus dur au sommet Nids secoués et les fameux colibris de tout à l'heure Précipités Rossignols époumonés Feuillage des forêts immenses et palpitantes Souillé et froissé comme du papier à chiottes Marées tumultueuses et montantes du sommet des forêts vos vagues attirent vers le ciel les collines dodues dans une écume de clairières et de pâturages veinée de fleuves et de minerais Enfin le voilà qui sort de sa bauge L'écorché sanglant qui chante avec sa gorge à vif Pas d'ongles au bout de ses doigts Orphée qu'on l'appelle Baiseur à froid confident des Sibylles Bacchus châtré délirant et clairvoyant Jadis homme de bonne terre issu de bonne graine par bon vent Parle saigne et crève Dents brisées reins fêles, artères nouées Cœur de rien Tandis que le fleuve coule roule et saoule de grotesques épaves de péniches d'où coule du charbon Gagne la plaine et gagne la mer Écume roule et s'use Sur le sable le sel et le corail J'entrerai dans tes vagues A la suite du fleuve épuisé Gare à tes flottes! Gare à tes coraux, à ton sable, à ton sel à tes festins Sorti des murailles à mots de passe Par le travers des gueules Par le travers des dents Beau temps Pour les hommes dignes de ce nom Beau temps pour les fleuves et les arbres Beau temps pour la mer Restent l'écume et la boue Et la joie de vivre Et une main dans la mienne Et la joie de vivre Je suis le vers témoin du souffle de mon maître

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Don du poème Je t’apporte l’enfant d’une nuit d’Idumée ! Noire, à l’aile saignante et pâle, déplumée, Par le verre brûlé d’aromates et d’or, Par les carreaux glacés, hélas ! mornes encor L’aurore se jeta sur la lampe angélique, Palmes ! et quand elle a montré cette relique À ce père essayant un sourire ennemi, La solitude bleue et stérile a frémi. Ô la berceuse avec ta fille et l’innocence De vos pieds froids, accueille une horrible naissance Et, ta voix rappelant viole et clavecin, Avec le doigt fané presseras-tu le sein Par qui coule en blancheur sybilline la femme Pour des lèvres que l’air du vierge azur affame ?

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    L'azur De l'éternel Azur la sereine ironie Accable, belle indolemment comme les fleurs, Le poète impuissant qui maudit son génie À travers un désert stérile de Douleurs. Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde Avec l'intensité d'un remords atterrant, Mon âme vide. Où fuir ? Et quelle nuit hagarde Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant ? Brouillards, montez ! versez vos cendres monotones Avec de longs haillons de brume dans les cieux Que noiera le marais livide des automnes, Et bâtissez un grand plafond silencieux ! Et toi, sors des étangs léthéens et ramasse En t'en venant la vase et les pâles roseaux, Cher Ennui, pour boucher d'une main jamais lasse Les grands trous bleus que font méchamment les oiseaux.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Les fenêtres Las du triste hôpital et de l’encens fétide Qui monte en la blancheur banale des rideaux Vers le grand crucifix ennuyé du mur vide, Le moribond, parfois, redresse son vieux dos, Se traîne et va, moins pour chauffer sa pourriture Que pour voir du soleil sur les pierres, coller Les poils blancs et les os de sa maigre figure Aux fenêtres qu’un beau rayon clair veut hâler, Et sa bouche, fiévreuse et d’azur bleu vorace, Telle, jeune, elle alla respirer son trésor, Une peau virginale et de jadis ! encrasse D’un long baiser amer les tièdes carreaux d’or. Ivre, il vit, oubliant l’horreur des saintes huiles, Les tisanes, l’horloge et le lit infligé, La toux ; et quand le soir saigne parmi les tuiles, Son œil, à l’horizon de lumière gorgé, Voit des galères d’or, belles comme des cygnes, Sur un fleuve de pourpre et de parfums dormir En berçant l’éclair fauve et riche de leurs lignes Dans un grand nonchaloir chargé de souvenir ! Ainsi, pris du dégoût de l’homme à l’âme dure Vautré dans le bonheur, où ses seuls appétits Mangent, et qui s’entête à chercher cette ordure Pour l’offrir à la femme allaitant ses petits, Je fuis et je m’accroche à toutes les croisées D’où l’on tourne le dos à la vie, et, béni, Dans leur verre, lavé d’éternelles rosées, Que dore la main chaste de l’Infini Je me mire et me vois ange ! et je meurs, et j’aime — Que la vitre soit l’art, soit la mysticité — À renaître, portant mon rêve en diadème, Au ciel antérieur où fleurit la Beauté ! Mais, hélas ! Ici-bas est maître : sa hantise Vient m’écœurer parfois jusqu’en cet abri sûr, Et le vomissement impur de la Bêtise Me force à me boucher le nez devant l’azur. Est-il moyen, ô Moi qui connais l’amertume, D’enfoncer le cristal par le monstre insulté, Et de m’enfuir, avec mes deux ailes sans plume — Au risque de tomber pendant l’éternité ?

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Prose Hyperbole ! de ma mémoire Triomphalement ne sais-tu Te lever, aujourd’hui grimoire Dans un livre de fer vêtu : Car j’installe, par la science, L’hymne des cœurs spirituels En l’œuvre de ma patience, Atlas, herbiers et rituels. Nous promenions notre visage (Nous fûmes deux, je le maintiens) Sur maints charmes de paysage, Ô sœur, y comparant les tiens. L’ère d’autorité se trouble Lorsque, sans nul motif, on dit De ce midi que notre double Inconscience approfondit Que, sol des cent iris, son site, Ils savent s’il a bien été, Ne porte pas de nom que cite L’or de la trompette d’Été. Oui, dans une île que l’air charge De vue et non de visions Toute fleur s’étalait plus large Sans que nous en devisions. Telles, immenses, que chacune Ordinairement se para D’un lucide contour, lacune Qui des jardins la sépara.

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    S

    Sylvain Maréchal

    @sylvainMarechal

    Art sublime des vers Art sublime des vers, que nos dévots aïeux Dégradaient sous le nom de langage des dieux, De la vérité sainte éloquent interprète! Que ma lyre brisée à jamais soit muette, Si je te prostitue au culte des autels ; Si, par ton ascendant, j'abuse les mortels, Si de leurs préjugés, de leur vieille folie, Je te rends la complice, auguste Poésie ! Embellir la raison, et faire aimer sa loi, Voilà ton but ; le reste est indigne de toi : Je veux te rappeler à ta noble origine. Muses, qui trop souvent sur la double colline, Sans choix, avez admis les plus vils imposteurs, Et qui leur prodiguez vos coupables faveurs ; Aux seuls amis du vrai, désormais indulgentes, Ne prêtez qu'à leurs mains vos armes triomphantes. Et sur l'autel détruit du préjugé vaincu. Consacrez vos talents à la seule vertu.

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    À Vénus de milo Ô Vénus de Milo, guerrière au flanc nerveux, Dont le front irrité sous vos divins cheveux Songe, et dont une flamme embrase la paupière, Calme éblouissement, grand poème de pierre, Débordement de vie avec art compensé, Vous qui depuis mille ans avez toujours pensé, J’adore votre bouche où le courroux flamboie Et vos seins frémissants d’une tranquille joie. Et vous savez si bien ces amours éperdus Que si vous retrouviez un jour vos bras perdus Et qu’à vos pieds tombât votre blanche tunique, Nos froideurs pâmeraient dans un combat unique, Et vous m’étaleriez votre ventre indompté, Pour y dormir un soir comme un amant sculpté !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Il faut que le poète Il faut que le poète, épris d'ombre et d'azur, Esprit doux et splendide, au rayonnement pur, Qui marche devant tous, éclairant ceux qui doutent, Chanteur mystérieux qu'en tressaillant écoutent Les femmes, les songeurs, les sages, les amants, Devienne formidable à de certains moments. Parfois, lorsqu'on se met à rêver sur son livre, Où tout berce, éblouit, calme, caresse, enivre, Où l'âme à chaque pas trouve à faire son miel, Où les coins les plus noirs ont des lueurs du ciel, Au milieu de cette humble et haute poésie, Dans cette paix sacrée où croit la fleur choisie, Où l'on entend couler les sources et les pleurs, Où les strophes, oiseaux peints de mille couleurs, Volent chantant l'amour, l'espérance et la joie, Il faut que par instants on frissonne, et qu'on voie Tout à coup, sombre, grave et terrible au passant, Un vers fauve sortir de l'ombre en rugissant ! Il faut que le poète aux semences fécondes Soit comme ces forêts vertes, fraîches, profondes, Pleines de chants, amour du vent et du rayon, Charmantes, où soudain l'on rencontre un lion. Paris, mai 1842.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À Théophile Gautier Ami, poète, esprit, tu fuis notre nuit noire. Tu sors de nos rumeurs pour entrer dans la gloire; Et désormais ton nom rayonne aux purs sommets. Moi qui t’ai connu jeune et beau, moi qui t’aimais, Moi qui, plus d’une fois, dans nos altiers coups d’aile, Éperdu, m’appuyais sur ton âme fidèle, Moi, blanchi par les jours sur ma tête neigeant, Je me souviens des temps écoulés, et songeant A ce jeune passé qui vit nos deux aurores, A la lutte, à l’orage, aux arènes sonores, A l’art nouveau qui s’offre, au peuple criant oui, J’écoute ce grand vent sublime évanoui. Fils de la Grèce antique et de la jeune France, Ton fier respect des morts fut rempli d’espérance; Jamais tu ne fermas les yeux à l’avenir. Mage à Thèbes, druide au pied du noir menhir, Flamine aux bords du Tibre et brahme aux bords du Gange, Mettant sur l’arc du dieu la flèche de l’archange, D’Achille et de Roland hantant les deux chevets, Forgeur mystérieux et puissant, tu savais Tordre tous les rayons dans une seule flamme; Le couchant rencontrait l’aurore dans ton âme; Hier croisait demain dans ton fécond cerveau; Tu sacrais le vieil art aïeul de l’art nouveau; Tu comprenais qu’il faut, lorsqu’une âme inconnue Parle au peuple, envolée en éclairs dans la nue, L’écouter, l’accepter; l’aimer, ouvrir les coeurs; Calme, tu dédaignais l’effort vil des moqueurs Écumant sur Eschyle et bavant sur Shakspeare; Tu savais que ce siècle a son air qu’il respire, Et que, l’art ne marchant qu’en se transfigurant, C’est embellir le beau que d’y joindre le grand. Et l’on t’a vu pousser d’illustres cris de joie Quand le Drame a saisi Paris comme une proie, Quand l’antique hiver fut chassé par Floréal, Quand l’astre inattendu du moderne idéal Est venu tout à coup, dans le ciel qui s’embrase Luire, et quand l’Hippogriffe a relayé Pégase! Je te salue au seuil sévère du tombeau. Va chercher le vrai, toi qui sus trouver le beau. Monte l’âpre escalier. Du haut des sombres marches, Du noir pont de l’abîme on entrevoit les arches; Va! meurs! la dernière heure est le dernier degré. Pars, aigle, tu vas voir des gouffres à ton gré; Tu vas voir l’absolu, le réel, le sublime. Tu vas sentir le vent sinistre de la cime Et l’éblouissement du prodige éternel. Ton olympe, tu vas le voir du haut du ciel, Tu vas du haut du vrai voir l’humaine chimère, Même celle de Job, même celle d’Homère, Ame, et du haut de Dieu tu vas voir Jéhovah. Monte, esprit! Grandis, plane, ouvre tes ailes, va! Lorsqu’un vivant nous quitte, ému, je le contemple; Car entrer dans la mort, c’est entrer dans le temple Et quand un homme meurt, je vois distinctement Dans son ascension mon propre avènement. Ami, je sens du sort la sombre plénitude; J’ai commencé la mort par de la solitude, Je vois mon profond soir vaguement s’étoiler; Voici l’heure où je vais, aussi moi, m’en aller. Mon fil trop long frissonne et touche presque au glaive; Le vent qui t’emporta doucement me soulève, Et je vais suivre ceux qui m’aimaient, moi, banni. Leur oeil fixe m’attire au fond de l’infini. J’y cours. Ne fermez pas la porte funéraire. Passons; car c’est la loi; nul ne peut s’y soustraire; Tout penche; et ce grand siècle avec tous ses rayons Entre en cette ombre immense où pâles nous fuyons. Oh! quel farouche bruit font dans le crépuscule Les chênes qu’on abat pour le bûcher d’Hercule! Les chevaux de la mort se mettent à hennir, Et sont joyeux, car l’âge éclatant va finir; Ce siècle altier qui sut dompter le vent contraire, Expire ô Gautier! toi, leur égal et leur frère, Tu pars après Dumas, Lamartine et Musset. L’onde antique est tarie où l’on rajeunissait; Comme il n’est plus de Styx il n’est plus de Jouvence. Le dur faucheur avec sa large lame avance Pensif et pas à pas vers le reste du blé; C’est mon tour; et la nuit emplit mon oeil troublé Qui, devinant, hélas, l’avenir des colombes, Pleure sur des berceaux et sourit à des tombes. Hauteville-house, nov. 1872. Jour des Morts.

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    Yves Bonnefoy

    Yves Bonnefoy

    @yvesBonnefoy

    Art de la poésie Dragué fut le regard hors de cette nuit. Immobilisées et séchées les mains. On a réconcilié la fièvre. On a dit au coeur D'être le cceur. Il y avait un démon dans ces veines Qui s'est enfui en criant. II y avait dans la bouche une voix morne sanglante Qui a été lavée et rappelée.

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    Yves Bonnefoy

    Yves Bonnefoy

    @yvesBonnefoy

    Art poétique Visage séparé de ses branches premières, Beauté loute d'alarme par ciel bas, En quel àtre dresser le feu de ton visage O Ménade saisie jetée la tête en bas ?

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