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72 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection art

    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Crépuscule À Mademoiselle Marie Laurencin. Frôlée par les ombres des morts Sur l’herbe où le jour s’exténue L’arlequine s’est mise nue Et dans l’étang mire son corps Un charlatan crépusculaire Vante les tours que l’on va faire Le ciel sans teinte est constellé D’astres pâles comme du lait Sur les tréteaux l’arlequin blême Salue d’abord les spectateurs Des sorciers venus de Bohême Quelques fées et les enchanteurs Ayant décroché une étoile Il la manie à bras tendu Tandis que des pieds un pendu Sonne en mesure les cymbales L’aveugle berce un bel enfant La biche passe avec ses faons Le nain regarde d’un air triste Grandir l’arlequin trismégiste

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Mai Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Des dames regardaient du haut de la montagne Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne Qui donc a fait pleurer les saules riverains ? Or des vergers fleuris se figeaient en arrière Les pétales tombés des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée Les pétales flétris sont comme ses paupières Sur le chemin du bord du fleuve lentement Un ours un singe un chien menés par des tziganes Suivaient une roulotte traînée par un âne Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes Sur un fifre lointain un air de régiment Le mai le joli mai a paré les ruines De lierre de vigne vierge et de rosiers Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Épitaphe Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet, Tour à tour amoureux insoucieux et tendre, Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre. Un jour il entendit qu'à sa porte on sonnait. C'était la Mort ! Alors il la pria d'attendre Qu'il eût posé le point à son dernier sonnet ; Et puis sans s'émouvoir, il s'en alla s'étendre Au fond du coffre froid où son corps frissonnait. Il était paresseux, à ce que dit l'histoire, Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire. Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu. Et quand vint le moment où, las de cette vie, Un soir d'hiver, enfin l'âme lui fut ravie, Il s'en alla disant : "Pourquoi suis-je venu ?"

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Fantaisie Il est un air pour qui je donnerais Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber, Un air très-vieux, languissant et funèbre, Qui pour moi seul a des charmes secrets. Or, chaque fois que je viens à l'entendre, De deux cents ans mon âme rajeunit : C'est sous Louis treize; et je crois voir s'étendre Un coteau vert, que le couchant jaunit, Puis un château de brique à coins de pierre, Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs, Ceint de grands parcs, avec une rivière Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ; Puis une dame, à sa haute fenêtre, Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens, Que dans une autre existence peut-être, J'ai déjà vue… et dont je me souviens !

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Le point noir Quiconque a regardé le soleil fixement Croit voir devant ses yeux voler obstinément Autour de lui, dans l’air, une tache livide. Ainsi, tout jeune encore et plus audacieux, Sur la gloire un instant j’osai fixer les yeux : Un point noir est resté dans mon regard avide. Depuis, mêlée à tout comme un signe de deuil, Partout, sur quelque endroit que s’arrête mon oeil, Je la vois se poser aussi, la tache noire ! Quoi, toujours ? Entre moi sans cesse et le bonheur ! Oh ! c’est que l’aigle seul – malheur à nous, malheur ! Contemple impunément le Soleil et la Gloire.

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    Jacques Prévert

    Jacques Prévert

    @jacquesPrevert

    Art abstrus Désagréablement surpris de vivre à peine satisfait de ne pas être mort jamais il n'adresse la parole à la vie Il y a une nuance entre dire et demander merci Et la tête entre les mains et les pinceaux tout prêts mais la couleur si loin debout devant son chevalet de torture picturale il se regarde et s'observe dans le miroir de la toile où la mygale de la mégalomanie tisse et retisse à l'infini la décalcomanie logogriphique de ses spéculations esthétiques Abstraire une vache pour en tirer du lait et tirer de ce lait le portrait d'un brin d'herbe que la vache a brouté Pourtant des tournesols de fer voltigent en Provence dans les jardins de Calder pourtant sous la pluie contre un poteau télégraphique un vélo de Braque dit merci à l'éclaircie pourtant Claude et Paloma Picasso ne prennent pas la peine de pousser le cadre pour sortir tout vivants du tableau pourtant la bohémienne endormie rêve encore au douanier Rousseau pourtant des éclats de soleil blessent encore l'oiseau tardif des paysages de Miro pourtant à Florence cette haleine de fleurs peintes entre les lèvres de la bouche d'un visage de Botticelli a toujours le même parfum que le printemps de Vivaldi pourtant aujourd'hui en pleine lumière d'Antibes dans une galerie d'art à Parie l'enfant du sang des songes frémissant et meurtri devant une toile de Nicolas de Staël chante sa fraternelle ritournelle La mort est dans la vie la vie aidant la mort la vie est dans la mort la mort aidant la vie.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Épilogue Bornons ici cette carrière. Les longs ouvrages me font peur. Loin d’épuiser une matière, On n’en doit prendre que la fleur. Il s’en va temps que je reprenne Un peu de forces et d’haleine, Pour fournir à d’autres projets. Amour, ce tyran de ma vie, Veut que je change de sujets ; Il faut contenter son envie. Retournons à Psyché ; Damon, vous m’exhortez À peindre ses malheurs et ses félicités. J’y consens ; peut-être ma veine En sa faveur s’échauffera. Heureux si ce travail est la dernière peine Que son époux me causera !

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Au fleuve de Loire Ô de qui la vive course Prend sa bienheureuse source, D'une argentine fontaine, Qui d'une fuite lointaine, Te rends au sein fluctueux De l'Océan monstrueux, Loire, hausse ton chef ores Bien haut, et bien haut encores, Et jette ton œil divin Sur ce pays Angevin, Le plus heureux et fertile, Qu'autre où ton onde distille. Bien d'autres Dieux que toi, Père, Daignent aimer ce repaire, A qui le Ciel fut donneur De toute grâce et bonheur. Cérès, lorsque vagabonde Allait quérant par le monde Sa fille, dont possesseur Fut l'infernal ravisseur, De ses pas sacrés toucha Cette terre, et se coucha Lasse sur ton vert rivage, Qui lui donna doux breuvage. Et celui-là, qui pour mère Eut la cuisse de son père, Le Dieu des Indes vainqueur Arrosa de sa liqueur Les monts, les vaux et campaignes De ce terroir que tu baignes. Regarde, mon Fleuve, aussi Dedans ces forêts ici, Qui leurs chevelures vives Haussent autour de tes rives, Les faunes aux pieds soudains, Qui après biches et daims, Et cerfs aux têtes ramées Ont leurs forces animées. Regarde tes Nymphes belles A ces Demi-dieux rebelles, Qui à grand'course les suivent, Et si près d'elles arrivent, Qu'elles sentent bien souvent De leurs haleines le vent. Je vois déjà hors d'haleine Les pauvrettes, qui à peine Pourront atteindre ton cours, Si tu ne leur fais secours. Combien (pour les secourir) De fois t'a-t-on vu courir Tout furieux en la plaine ? Trompant l'espoir et la peine De l'avare laboureur, Hélas ! qui n'eut point d'horreur Blesser du soc sacrilège De tes Nymphes le collège, Collège qui se récrée Dessus ta rive sacrée. Qui voudra donc loue et chante Tout ce dont l'Inde se vante, Sicile la fabuleuse, Ou bien l'Arabie Heureuse. Quant à moi, tant que ma Lyre Voudra les chansons élire Que je lui commanderai, Mon Anjou je chanterai. Ô mon Fleuve paternel, Quand le dormir éternel Fera tomber à l'envers Celui qui chante ces vers, Et que par les bras amis Mon corps bien près sera mis De quelque fontaine vive, Non guère loin de ta rive, Au moins sur ma froide cendre Fais quelques larmes descendre, Et sonne mon bruit fameux A ton rivage écumeux. N'oublie le nom de celle Qui toutes beautés excelle, Et ce qu'ai pour elle aussi Chanté sur ce bord ici.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Bien qu'aux arts d'apollon le vulgaire n'aspire Bien qu'aux arts d'Apollon le vulgaire n'aspire, Bien que de tels trésors l'avarice n'ait soin, Bien que de tels harnais le soldat n'ait besoin, Bien que l'ambition tels honneurs ne désire : Bien que ce soit aux grands un argument de rire, Bien que les plus rusés s'en tiennent le plus loin, Et bien que Du Bellay soit suffisant témoin Combien est peu prisé le métier de la lyre : Bien qu'un art sans profit ne plaise au courtisan, Bien qu'on ne paye en vers l'œuvre d'un artisan, Bien que la Muse soit de pauvreté suivie, Si ne veux-je pourtant délaisser de chanter, Puisque le seul chant peut mes ennuis enchanter, Et qu'aux Muses je dois bien six ans de ma vie.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Heureux, de qui la mort de sa gloire est suivie Heureux, de qui la mort de sa gloire est suivie, Et plus heureux celui dont l'immortalité Ne prend commencement de la postérité, Mais devant que la mort ait son âme ravie. Tu jouis (mon Ronsard), même durant ta vie, De l'immortel honneur que tu as mérité : Et devant que mourir (rare félicité) Ton heureuse vertu triomphe de l'envie. Courage donc, Ronsard, la victoire est à toi, Puisque de ton côté est la faveur du Roi : Là du laurier vainqueur tes tempes se couronnent, Et là la tourbe épaisse à l'entour de ton flanc Ressemble ces esprits, qui là-bas environnent Le grand prêtre de Thrace au long sourpelis blanc.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Las où est maintenant ce mépris de Fortune Las où est maintenant ce mépris de Fortune Où est ce coeur vainqueur de toute adversité, Cet honnête désir de l'immortalité, Et cette honnête flamme au peuple non commune ?

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Maintenant je pardonne à la douce fureur Maintenant je pardonne à la douce fureur Qui m'a fait consumer le meilleur de mon âge, Sans tirer autre fruit de mon ingrat ouvrage Que le vain passe-temps d'une si longue erreur. Maintenant je pardonne à ce plaisant labeur, Puisque seul il endort le souci qui m'outrage, Et puisque seul il fait qu'au milieu de l'orage, Ainsi qu'auparavant, je ne tremble de peur. Si les vers ont été l'abus de ma jeunesse, Les vers seront aussi l'appui de ma vieillesse, S'ils furent ma folie, ils seront ma raison, S'ils furent ma blessure, ils seront mon Achille, S'ils furent mon venin, le scorpion utile Qui sera de mon mal la seule guérison.

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Aquarelle en cinq minutes Oh ! oh ! le temps se gâte, L’orage n’est pas loin, Voilà que l’on se hâte De rentrer les foins !… L’abcès perce ! Vl’à l’averse ! O grabuges Des déluges !…. Oh ! ces ribambelles D’ombrelles !…. Oh ! cett’ Nature En déconfiture ! …. Sur ma fenêtre, Un fuchsia A l’air paria Se sent renaître….

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Complainte des pianos qu'on entend dans les quartiers aisés Menez l'âme que les Lettres ont bien nourrie, Les pianos, les pianos, dans les quartiers aisés ! Premiers soirs, sans pardessus, chaste flânerie, Aux complaintes des nerfs incompris ou brisés. Ces enfants, à quoi rêvent-elles, Dans les ennuis des ritournelles ? — « Préaux des soirs, Christ des dortoirs ! « Tu t'en vas et tu nous laisses, Tu nous laiss's et tu t'en vas, Défaire et refaire ses tresses. Broder d'étemel canevas. » Jolie ou vague ? triste ou sage ? encore pure ? Ô jours, tout m'est égal ? ou, monde, moi je veux ? Et si vierge, du moins, de la bonne blessure. Sachant quels gras couchants ont les plus blancs aveux ? Mon Dieu, à quoi donc rêvent-elles ? A des Roland, à des dentelles ? — « Cœurs en prisons. Lentes saisons ! « Tu t'en vas et tu nous quittes. Tu nous quitt's et tu t'en vas ! Couvents gris, chœurs de Sulamites, Sur nos seins nuls croisons nos bras. » Fatales clés de l'être un beau jour apparues ; Psitt ! aux hérédités en ponctuels ferments. Dans le bal incessant de nos étranges rues ; Ah ! pensionnats, théâtres, journaux, romans ! Allez, stériles ritournelles, La vie est vraie et criminelle. — « Rideaux tirés, Peut-on entrer ? « Tu t'en vas et tu nous laisses. Tu nous laiss's et tu t'en vas, La source des frais rosiers baisse, Vraiment ! Et lui qui ne vient pas... » Il viendra ! Vous serez les pauvres cœurs en faute. Fiancés au remords comme aux essais sans fond. Et les suffisants cœurs cossus, n'ayant d'autre hôte Qu'un train-train pavoisé d'estime et de chiffons. Mourir ? peut-être brodent-elles, Pour un oncle à dot des bretelles ? — « Jamais ! Jamais ! Si tu savais ! « Tu t'en vas et tu nous quittes, Tu nous quitt's et tu t'en vas. Mais tu nous reviendras bien vite Guérir mon beau mal, n'est-ce pas ? » Et c'est vrai ! l'Idéal les faits divaguer toutes. Vigne bohème, même en ces quartiers aisés. La vie est là ; le pur flacon des vives gouttes Sera, comme il convient, d'eau propre baptisé. Aussi, bientôt, se joueront-elles De plus exactes ritournelles. « — Seul oreiller ! Mur familier ! « Tu t'en vas et tu nous laisses. Tu nous laiss's et tu t'en vas. Que ne suis-je morte à la messe ! Ô mois, ô linges, ô repas ! »

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    À une artiste Puisque les plus heureux ont des douleurs sans nombre, Puisque le sol est froid, puisque les cieux sont lourds, Puisque l’homme ici-bas promène son cœur sombre Parmi les vains regrets et les courtes amours, Que faire de la vie ? Ô notre âme immortelle, Où jeter tes désirs et tes élans secrets ? Tu voudrais posséder, mais ici tout chancelle ; Tu veux aimer toujours, mais la tombe est si près ! Le meilleur est encore en quelque étude austère De s’enfermer, ainsi qu’en un monde enchanté, Et dans l’art bien aimé de contempler sur terre, Sous un de ses aspects, l’éternelle beauté. Artiste au front serein, vous l’avez su comprendre, Vous qu’entre tous les arts le plus doux captiva, Qui l’entourez de foi, de culte, d’amour tendre, Lorsque la foi, le culte et l’amour, tout s’en va. Ah ! tandis que pour nous, qui tombons de faiblesse Et manquons de flambeau dans l’ombre de nos jours, Chaque pas à sa ronce où notre pied se blesse, Dans votre frais sentier marchez, marchez toujours. Marchez ! pour que le ciel vous aime et vous sourie, Pour y songer vous-même avec un saint plaisir, Et tromper, le cœur plein de votre idolâtrie, L’éternelle douleur et l’immense désir.

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    Louise Labé

    Louise Labé

    @louiseLabe

    Tant que mes yeux pourront larmes épandre Tant que mes yeux pourront larmes épandre A l'heur passé avec toi regretter, Et qu'aux sanglots et soupirs résister Pourra ma voix, et un peu faire entendre ; Tant que ma main pourra les cordes tendre Du mignard luth, pour tes grâces chanter ; Tant que l'esprit se voudra contenter De ne vouloir rien fors que toi comprendre,

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    Léo Ferré

    Léo Ferré

    @leoFerre

    Art poétique J'ai bu du Waterman et j'ai bouffé Littré Et je repousse du goulot de la syntaxe A faire se pâmer les précieux à l'arrêt La phrase m'a poussé au ventre comme un axe J'ai fait un bail de trois six neuf aux adjectifs Qui viennent se dorer, le mou à ma lanterne Et j'ai joué au casino les subjonctifs La chemise à Claudel et les cons dits « modernes » Le dictionnaire et le porto à découvert Je débourre des mots à longueur de pelure J'ai des idées au frais de côté pour l'hiver A rimer le bifteck avec les engelures Cependant que Tzara enfourche le bidet A l'auberge dada la crotte est littéraire Le vers est libre enfin et la rime en congé On va pouvoir poétiser le prolétaire Littérature obscène inventée à la nuit Onanisme torché au papier de Hollande Il y'a partouze à l'hémistiche mes amis Et que m'importe alors Jean Genêt que tu bandes La poétique libérée c'est du bidon Poète prends ton vers et fous-lui une trempe Mets-lui les fers aux pieds et la rime au balcon Et ta Muse sera sapée comme une vamp Que l'image soit rogue et l'épithète au poil La césure sournoise certes mais correcte Tu peux vêtir ta Muse ou la laisser à poil L'important est ce que ton ventre lui injecte Ses seins oblitérés par ton verbe arlequin Gonfleront goulûment la voile aux devantures Solidement gainée ta lyrique putain Tu pourras la sortir dans la Littérature

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    Marcel Proust

    Marcel Proust

    @marcelProust

    Chopin Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots Q’un vol de papillons sans se poser traverse Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots. Reve, aime, souffre, crie, apaise, charme ou berce, Toujours tu fais courir entre chaque douleur L’oubli vertigineux et doux de ton caprice Comme les papillons volent de fleur en fleur; De ton chagrin alors ta joie est la complice: L’ardeur du tourbillon accroit la soif des pleurs. De la lune et des eaux pale et doux camarade, Prince du desespoir ou grand seigneur trahi, Tu t’exaltes encore, plus beau d’etre pali, Du soleil inondant ta chambre de malade Qui pleure a lui sourire et souffre de le voir… Sourire du regret et larmes de l’Espoir!

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    Marie-Claire Bancquart

    @marieClaireBancquart

    Art poétique D'autres Ont dit naissance. Moi je dis La boucle prochaine La guerre deux mille Ce qui s'ensuit Ce qui sans suite La peau levée mangée La bête giclée de nous sur les pierres Ce que je dis Même Sera mort. J'écris pourtant à la douce intelligence des objets À la contagion de notre travail De notre bonheur Sur les atomes Entrepôt de mémoire à la loterie des planètes Ma lecture pour l'avenir Sera Je ne sais où Une énergie à peine différente du néant Minuscule Inusable. (Partition)

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    Mathurin Régnier

    Mathurin Régnier

    @mathurinRegnier

    Satire à M.Rapin Cependant leur savoir ne s'étend seulement Qu'à regratter un mot douteux au jugement, Prendre garde qu'un qui ne heurte une diphtongue, Epier si des vers la rime est brève ou longue, Ou bien si la voyelle à l'autre s'unissant Ne rend point à l'oreille un son trop languissant, Et laissent sur le vert le noble de l'ouvrage. Nul aiguillon divin n'élève leur courage; Ils rampent bassement, faibles d'inventions, Et n'osent, peu hardis, tenter les fictions, Froids à l'imaginer : car s'ils font quelque chose, C'est proser de la rime et rimer de la prose, Que l'art lime et relime, et polit de façon Qu'elle rend à l'oreille un agréable son; Et voyant qu'un beau feu leur cervelle n'embrase, Ils attifent leurs mots, enjolivent leur phrase, Affectent leur discours tout si relevé d'art, Et peignent leurs défauts de couleur et de fard. Aussi je les compare à ces femmes jolies Qui par les affiquets se rendent embellies… Et toute leur beauté ne gît qu'en l'ornement… Où ces divins esprits, hautains et relevés, Qui des eaux d'Hélicon ont les sens abreuvés, De verve et de fureur leur ouvrage étincelle, De leurs vers tout divins la grâce est naturelle, Et sont, comme l'on voit, la parfaite beauté, Qui, contente de soi, laisse la nouveauté Que l'art trouve au Palais ou dans le blanc d'Espagne. Rien que le naturel sa grâce n'accompagne; Son front, lavé d'eau claire, éclate d'un beau teint; De roses et de lys la nature la peint; Et, laissant là Mercure et toutes ses malices, Les nonchalances sont ses plus grands artifices…

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    M

    Michel Fardoulis-Lagrange

    @michelFardoulisLagrange

    Aquarelles I I Les jours en tête, il fallait marcher sans cesse dans les dunes. Nous avions des jumelles pour regarder la mer et nous rapprocher des temps anciens des monstres marins. Cela dépendait souvent de la longueur de la courbe observée : pouvoir nous redécouvrir, inconnus, et pourtant venant à la rencontre de nous-mêmes. II Désensablés, statues de sel. Il n'était pas rare que nous soyons aussi en butte à des racines noueuses sorties du sol tels des rapaces suppliciés. Au milieu des travaux de soutènement, le dimanche, attenant à la gloire. III Les équivalences s'étendaient à perte de vue et les normes d'éternité. Peut-être avons-nous oublié ce qui nous appartient. Car voici la courbe répandant son écume, sa faune qui s'étiole sans jamais atteindre des heures semblables. IV Tout s'amasse, lumière sur lumière, ombres séculaires sur le flanc de ces nudités. Du silence qui s'abrite dérivent les cris. La noyée attachée à l'avant du bateau possède la science de la marche des étoiles. V Irions-nous jusqu'au dépliemcnt dernier du ciel ? Alors que de chaos azurés, de troupeaux prestigieux, de hardes ! Tout se module selon nos prévisions, quand nous repérons à marée basse celui qui s'invalide ; en s'éloignant, il épuise l'infini. Pour le rattraper il faudra enjamber le present

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    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    À M. Racine Que tu sais bien, Racine, à l'aide d'un acteur, Emouvoir, étonner, ravir un spectateur ! Jamais Iphigénie en Aulide immolée N'a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée, Que dans l'heureux spectacle à nos yeux étalé En a fait sous son nom verser la Champmeslé. Ne crois pas toutefois, par tes savants ouvrages, Entraînant tous les cœurs, gagner tous les suffrages. Sitôt que d'Apollon un génie inspiré Trouve loin du vulgaire un chemin ignoré, En cent lieux contre lui les cabales s'amassent ; Ses rivaux obscurcis autour de lui croassent ; Et son trop de lumière, importunant les yeux, De ses propres amis lui fait des envieux ; La mort seule ici-bas, en terminant sa vie, Peut calmer sur son nom l'injustice et l'envie ; Faire au poids du bon sens peser tous ses écrits, Et donner à ses vers leur légitime prix. Avant qu'un peu de terre, obtenu par prière, Pour jamais sous la tombe eût enfermé Molière, ille de ces beaux traits, aujourd'hui si vantés, Furent des sots esprits à nos yeux rebutés. L'ignorance et l'erreur, à ses naissantes pièces, En habits de marquis, en robes de comtesses, Venaient pour diffamer son chef-d'œuvre nouveau, Et secouaient la tête à l'endroit le plus beau. Le commandeur voulait la scène plus exacte ; Le vicomte, indigné, sortait au second acte. L'un, défenseur zélé des bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots le condamnait au feu ; L'autre, fougueux marquis, lui déclarant la guerre, Voulait venger la cour immolée au parterre. ais, sitôt que d'un trait de ses fatales mains, La Parque l'eut rayé du nombre des humains, On reconnut le prix de sa Muse éclipsée. L'aimable Comédie, avec lui terrassée, En vain d'un coup si rude espéra revenir, Et sur ses brodequins ne put plus se tenir. Tel fut chez nous le sort du théâtre comique. Toi donc qui, t'élevant sur la scène tragique, Suis les pas de Sophocle, et, seul de tant d'esprits, De Corneille vieilli sais consoler Paris, Cesse de t'étonner, si l'envie animée, Attachant à ton nom sa rouille envenimée, La calomnie en main quelquefois te poursuit. En cela, comme en tout, le Ciel qui nous conduit, Racine, fait briller sa profonde sagesse. Le mérite en repos s'endort dans la paresse ; ais par les envieux un génie excité Au comble de son art est mille fois monté ; Plus on veut l'affaiblir, plus il croît et s'élance. Au Cid persécuté Cinna doit sa naissance, Et peut-être ta plume aux censeurs de Pyrrhus Doit les plus nobles traits dont tu peignis Burrhus...

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    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    À mon jardinier Laborieux valet du plus commode maître Qui pour te rendre heureux ici-bas pouvait naître, Antoine, gouverneur de mon jardin d’Auteuil, Qui diriges chez moi l’if et le chèvrefeuil, Et sur mes espaliers, industrieux génie, Sais si bien exercer l’art de La Quintinie ; Ô ! que de mon esprit triste et mal ordonné, Ainsi que de ce champ par toi si bien orné. Ne puis-je faire ôter les ronces, les épines, Et des défauts sans nombre arracher les racines ! Mais parle : raisonnons. Quand, du matin au soir, Chez moi poussant la bêche, ou portant l’arrosoir, Tu fais d’un sable aride une terre fertile, Et rends tout mon jardin à tes lois si docile ; Que dis-tu de m’y voir rêveur, capricieux, Tantôt baissant le front, tantôt levant les yeux, De paroles dans l’air par élans envolées, Effrayer les oiseaux perchés dans mes allées ? Ne soupçonnes-tu point qu’agité du démon, Ainsi que ce cousin des quatre fils Aimon, Dont tu lis quelquefois la merveilleuse histoire, Je rumine en marchant quelque endroit du grimoire ? Mais non : tu te souviens qu’au village on t’a dit Que ton maître est nommé pour coucher par écrit Les faits d’un roi plus grand en sagesse, en vaillance, Que Charlemagne aidé des douze pairs de France. Tu crois qu’il y travaille, et qu’au long de ce mur Peut-être en ce moment il prend Mons et Namur. Que penserais-tu donc, si l’on t’allait apprendre Que ce grand chroniqueur des gestes d’Alexandre, Aujourd’hui méditant un projet tout nouveau, S’agite, se démène, et s’use le cerveau, Pour te faire à toi-même en rimes insensées Un bizarre portrait de ses folles pensées ? Mon maître, dirais-tu, passe pour un docteur, Et parle quelquefois mieux qu’un prédicateur. Sous ces arbres pourtant, de si vaines sornettes Il n’irait point troubler la paix de ces fauvettes, S’il lui fallait toujours, comme moi, s’exercer, Labourer, couper, tondre, aplanir, palisser, Et, dans l’eau de ces puits sans relâche tirée, De ce sable étancher la soif démesurée. Antoine, de nous deux, tu crois donc, je le vois Que le plus occupé dans ce jardin, c’est toi ? O ! que tu changerais d’avis et de langage, Si deux jours seulement, libre du jardinage, Tout à coup devenu poète et bel esprit, Tu t’allais engager à polir un écrit Qui dît, sans s’avilir, les plus petites choses ; Fît des plus secs chardons des oeillets et des roses ; Et sût même au discours de la rusticité Donner de l’élégance et de la dignité ; Lin ouvrage, en un mot, qui, juste en tous ses termes, Sût plaire à d’Aguesseau, sût satisfaire Termes, Sût, dis-je, contenter, en paraissant au jour, Ce qu’ont d’esprits plus fins et la ville et la cour ! Bientôt de ce travail revenu sec et pâle, Et le teint plus jauni que de vingt ans de hâle, Tu dirais, reprenant ta pelle et ton râteau : J’aime mieux mettre encor cent arpents au niveau, Que d’aller follement, égaré dans les nues, Me lasser à chercher des visions cornues ; Et, pour lier des mots si mal s’entr’accordants, Prendre dans ce jardin la lune avec les dents. Approche donc, et viens : qu’un paresseux t’apprenne, Antoine, ce que c’est que fatigue et que peine. L’homme ici-bas, toujours inquiet et gêné, Est, dans le repos même, au travail condamné. La fatigue l’y suit. C’est en vain qu’aux poètes Les neuf trompeuses soeurs dans leurs douces retraites Promettent du repos sous leurs ombrages frais : Dans ces tranquilles bois pour eux plantés exprès, La cadence aussitôt, la rime, la césure, La riche expression, la nombreuse mesure, Sorcières dont l’amour sait d’abord les charmer, De fatigues sans fin viennent les consumer. Sans cesse poursuivant ces fugitives fées, On voit sous les lauriers haleter les Orphées. Leur esprit toutefois se plaît dans son tourment, Et se fait de sa peine un noble amusement. Mais je ne trouve point de fatigue si rude Que l’ennuyeux loisir d’un mortel sans étude, Qui, jamais ne sortant de sa stupidité, Soutient, dans les langueurs de son oisiveté, D’une lâche indolence esclave volontaire, Le pénible fardeau de n’avoir rien à faire. Vainement offusqué de ses pensers épais, Loin du trouble et du bruit il croit trouver la paix : Dans le calme odieux de sa sombre paresse, Tous les honteux plaisirs, enfants de la mollesse, Usurpant sur son âme un absolu pouvoir, De monstrueux désirs le viennent émouvoir, Irritent de ses sens la fureur endormie, Et le font le jouet de leur triste infamie. Puis sur leurs pas soudain arrivent les remords, Et bientôt avec eux tous les fléaux du corps, La pierre, la colique et les gouttes cruelles ; Guénaud, Rainssant, Brayer, presque aussi tristes qu’elles, Chez l’indigne mortel courent tous s’assembler, De travaux douloureux le viennent accabler ; Sur le duvet d’un lit, théâtre de ses gênes, Lui font scier des rocs, lui font fendre des chênes, Et le mettent au point d’envier ton emploi. Reconnais donc, Antoine, et conclus avec moi, Que la pauvreté mâle, active et vigilante, Est, parmi les travaux, moins lasse et plus contente Que la richesse oisive au sein des voluptés. Je te vais sur cela prouver deux vérités : L’une, que le travail, aux hommes nécessaire, Fait leur félicité plutôt que leur misère ; Et l’autre, qu’il n’est point de coupable en repos. C’est ce qu’il faut ici montrer en peu de mots. Suis-moi donc. Mais je vois, sur ce début de prône, Que ta bouche déjà s’ouvre large d’une aune, Et que, les yeux fermés, tu baisses le menton. Ma foi, le plus sûr est de finir ce sermon. Aussi bien j’aperçois ces melons qui t’attendent, Et ces fleurs qui là-bas entre elles se demandent, S’il est fête au village, et pour quel saint nouveau, On les laisse aujourd’hui si longtemps manquer d’eau. (Epître XI)

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    Odilon-Jean Périer

    @odilonJeanPerier

    Art poétique Je fis ce masque pour mes frères Avec l'or que j'avais volé (Dieu des chanteurs, ami sévère) A ma vieille sincérité. Que leurs dédains m'ont réjoui ! - Toute ma vie agenouillée. Un dieu s'y est épanoui Comme une rivière emportée. On peut revivre ! On peut se taire...

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Dans le silencieux automne Dans le silencieux automne D'un jour mol et soyeux, Je t'écoute en fermant les yeux, Voisine monotone. Ces gammes de tes doigts hardis, C'était déjà des gammes Quand n'étaient pas encor des dames Mes cousines, jadis ; Et qu'aux toits noirs de la Rafette, Où grince un fer changeant, Les abeilles d'or et d'argent Mettaient l'aurore en fête.

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    Paul Neuhuys

    @paulNeuhuys

    Aquarelle Octobre mois des glands des noix et des châtaignes J'aime par atavisme un atelier de peintre Essuyer son pinceau à l'écharpe d'Iris Différents bleus je veux différents verts j'espère plus ou moins amortis plus ou moins soutenus Une ville construite en pâte d'abricot Rien qu'à la voir le lac jette des étincelles Vermeil a pour diminutif le vermillon Bel orbe rose éteint dans un ciel bleu cendré Octobre fait tomber d'une octave Octavie

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    Paul Neuhuys

    @paulNeuhuys

    Art poétique Écrire en vaut-il la peine Des mots, des mots Pourtant il ne faut pas dire: Hippocrène je ne boirai plus de ton eau. La poésie, je la rencontre parfois à l'improviste Elle est seule sous un saule et recoud ma vie déchirée. Écoute le son de la pluie dans les gouttières de zinc Aime les formes brèves et les couleurs vives Foin des natures mortes et des tableaux vivants Fous-toi de la rime Que la tour d'ivoire devienne une maison de verre et se brise Epitaphe: Encor qu'il naquit malhabile Il ne resta point immobile Et disparut chez les Kabyles D'un accident d'automobile.

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    Paul Valéry

    Paul Valéry

    @paulValery

    Le sylphe Ni vu ni connu Je suis le parfum Vivant et défunt Dans le vent venu ! Ni vu ni connu Hasard ou génie? A peine venu La tâche est finie!

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    Paul Valéry

    Paul Valéry

    @paulValery

    Les pas Tes pas, enfants de mon silence, Saintement, lentement placés, Vers le lit de ma vigilance Procèdent muets et glacés. Personne pure, ombre divine, Qu'ils sont doux, tes pas retenus ! Dieux !… tous les dons que je devine Viennent à moi sur ces pieds nus ! Si, de tes lèvres avancées, Tu prépares pour l'apaiser, A l'habitant de mes pensées La nourriture d'un baiser, Ne hâte pas cet acte tendre, Douceur d'être et de n'être pas, Car j'ai vécu de vous attendre, Et mon cœur n'était que vos pas.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Art poétique De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l’Impair Plus vague et plus soluble dans l’air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. Il faut aussi que tu n’ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise : Rien de plus cher que la chanson grise Où l’Indécis au Précis se joint. C’est des beaux yeux derrière des voiles, C’est le grand jour tremblant de midi, C’est, par un ciel d’automne attiédi, Le bleu fouillis des claires étoiles ! Car nous voulons la Nuance encor, Pas la Couleur, rien que la nuance ! Oh ! la nuance seule fiance Le rêve au rêve et la flûte au cor ! Fuis du plus loin la Pointe assassine, L’Esprit cruel et le Rire impur, Qui font pleurer les yeux de l’Azur, Et tout cet ail de basse cuisine ! Prends l’éloquence et tords-lui son cou ! Tu feras bien, en train d’énergie, De rendre un peu la Rime assagie. Si l’on n’y veille, elle ira jusqu’où ? Ô qui dira les torts de la Rime ? Quel enfant sourd ou quel nègre fou Nous a forgé ce bijou d’un sou Qui sonne creux et faux sous la lime ? De la musique encore et toujours ! Que ton vers soit la chose envolée Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée Vers d’autres cieux à d’autres amours. Que ton vers soit la bonne aventure Éparse au vent crispé du matin Qui va fleurant la menthe et le thym… Et tout le reste est littérature.

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