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Hommes

28 poésies en cours de vérification
Hommes

Poésies de la collection hommes

    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    L'homme Toi, dont le monde encore ignore le vrai nom, Esprit mystérieux, mortel, ange, ou démon, Qui que tu sois, Byron, bon ou fatal génie, J'aime de tes concerts la sauvage harmonie, Comme j'aime le bruit de la foudre et des vents Se mêlant dans l'orage à la voix des torrents ! La nuit est ton séjour, l'horreur est ton domaine : L'aigle, roi des déserts, dédaigne ainsi la plaine Il ne veut, comme toi, que des rocs escarpés Que l'hiver a blanchis, que la foudre a frappés ; Des rivages couverts des débris du naufrage, Ou des champs tout noircis des restes du carnage.

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    A

    Armand de Flaux

    @armandDeFlaux

    L'homme Pour toutes les saisons et pour tous les climats, Dieu fit, sage toujours, les bêtes et les plantes. Tandis que du grand froid l'ours aime les frimas, De l'Atlas le lion suit les gorges brûlantes. Dans les monts, sur les pics que nous n'atteignons pas, Des chamois au pied sûr vont les troupes bêlantes. La génisse au contraire aime à porter ses pas Dans les près arrosés par un fleuve aux eaux lentes. L'homme seul, à qui Dieu destina l'univers Qu'embellit son génie et que sa main féconde, L'homme qui doit régner avec lui sur le monde, Franchir les airs, percer les monts, dompter les mers, L'homme, toujours plus grand, plus fort que la nature, Il vit partout où peut vivre une autre créature.

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    A

    Armand de Flaux

    @armandDeFlaux

    La vie de l'Homme Pourquoi l'homme est-il né, s'il doit, hélas ! mourir Au milieu, si ce n'est au début de son âge, Rarement à la fin, n'ayant eu qu'à souffrir, Même avec la fortune et la gloire en partage ? Cent ans lui suffiraient à peine à parcourir Les sciences, les arts, mer sujette à l'orage. Où des mondes nouveaux restent à découvrir, Et dont seul le génie atteint l'extrême plage, Tandis qu'il n'a pour lui que quelques jours bien courts Dont le moindre accident abrège encor le cours. Un rayon de lumière et puis l'ombre éternelle, Un jour de joie acquis par des mois de douleur, Un sourire noyé dans des torrents de pleurs, C'est la vie, et pourtant la mort est bien cruelle.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    L’homme juste Le Juste restait droit sur ses hanches solides : Un rayon lui dorait l’épaule ; des sueurs Me prirent :  » Tu veux voir rutiler les bolides ? Et, debout, écouter bourdonner les flueurs D’astres lactés, et les essaims d’astéroïdes ?  » Par des farces de nuit ton front est épié, Ô juste ! Il faut gagner un toit. Dis ta prière, La bouche dans ton drap doucement expié ; Et si quelque égaré choque ton ostiaire, Dis : Frère, va plus loin, je suis estropié !  » Et le juste restait debout, dans l’épouvante Bleuâtre des gazons après le soleil mort :  » Alors, mettrais-tu tes genouillères en vente, Ô Vieillard ? Pèlerin sacré ! barde d’Armor ! Pleureur des Oliviers ! main que la pitié gante !  » Barbe de la famille et poing de la cité, Croyant très doux : ô coeur tombé dans les calices, Majestés et vertus, amour et cécité, Juste ! plus bête et plus dégoûtant que les lices ! Je suis celui qui souffre et qui s’est révolté !  » Et ça me fait pleurer sur mon ventre, ô stupide, Et bien rire, l’espoir fameux de ton pardon ! Je suis maudit, tu sais ! je suis soûl, fou, livide, Ce que tu veux ! Mais va te coucher, voyons donc, Juste ! je ne veux rien à ton cerveau torpide.  » C’est toi le Juste, enfin, le Juste ! C’est assez ! C’est vrai que ta tendresse et ta raison sereines Reniflent dans la nuit comme des cétacés, Que tu te fais proscrire et dégoises des thrènes Sur d’effroyables becs-de-cane fracassés !  » Et c’est toi l’oeil de Dieu ! le lâche ! Quand les plantes Froides des pieds divins passeraient sur mon cou, Tu es lâche ! Ô ton front qui fourmille de lentes ! Socrates et Jésus, Saints et Justes, dégoût ! Respectez le Maudit suprême aux nuits sanglantes !  » J’avais crié cela sur la terre, et la nuit Calme et blanche occupait les cieux pendant ma fièvre. Je relevai mon front : le fantôme avait fui, Emportant l’ironie atroce de ma lèvre… – Vents nocturnes, venez au Maudit ! Parlez-lui, Cependant que silencieux sous les pilastres D’azur, allongeant les comètes et les noeuds D’univers, remuement énorme sans désastres, L’ordre, éternel veilleur, rame aux cieux lumineux Et de sa drague en feu laisse filer les astres ! Ah ! qu’il s’en aille, lui, la gorge cravatée De honte, ruminant toujours mon ennui, doux Comme le sucre sur la denture gâtée. – Tel que la chienne après l’assaut des fiers toutous, Léchant son flanc d’où pend une entraille emportée. Qu’il dise charités crasseuses et progrès… – J’exècre tous ces yeux de Chinois ou daines, Puis qui chante : nana, comme un tas d’enfants près De mourir, idiots doux aux chansons soudaines : Ô Justes, nous chierons dans vos ventres de grès !

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    Benjamin Peret

    Benjamin Peret

    @benjaminPeret

    Attendre Meurtri par les grandes plaques de temps l’homme s’avance comme les veines du marbre qui veulent se ménager des yeux dans un torrent où les truites à tête de ventilateur traînent de lourds chariots de mousse de champagne qui noircissent tes cheveux de château fort où la pariétaire n’ose pas s’aventurer de crainte d’être dévorée au-delà de la grande plaine glacière où les dinosaures couvent encore leurs œufs d’où ne sortiront pas de tulipes d’hématite mais des caravanes de hérissons au ventre bleu de crainte d’être avalées par la fontaine d’éclairs de mer engendrée par ton regard où volent d’impalpables papillons de nuit vêtus de gares fermées dont je cherche la clé de signal ouvert sans rien trouver sinon des fers à cheval gelés qui bondissent comme un parapluie dans une oreille et des canards d’orties fraîches graves comme des huîtres.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    L'homme et la mer Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. Tu te plais à plonger au sein de ton image ; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ; Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets ! Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    L'avertisseur Tout homme digne de ce nom A dans le coeur un Serpent jaune, Installé comme sur un trône, Qui, s'il dit : " Je veux ! " répond : " Non ! " Plonge tes yeux dans les yeux fixes Des Satyresses ou des Nixes, La Dent dit : " Pense à ton devoir ! " Fais des enfants, plante des arbres, Polis des vers, sculpte des marbres, La Dent dit : " Vivras-tu ce soir ? " Quoi qu'il ébauche ou qu'il espère, L'homme ne vit pas un moment Sans subir l'avertissement De l'insupportable Vipère.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    La rançon L'homme a, pour payer sa rançon, Deux champs au tuf profond et riche, Qu'il faut qu'il remue et défriche Avec le fer de la raison ; Pour obtenir la moindre rose, Pour extorquer quelques épis, Des pleurs salés de son front gris Sans cesse il faut qu'il les arrose. L'un est l'Art, et l'autre l'Amour. - Pour rendre le juge propice, Lorsque de la stricte justice Paraîtra le terrible jour, Il faudra lui montrer des granges Pleines de moissons, et des fleurs Dont les formes et les couleurs Gagnent le suffrage des Anges.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Jeune homme Oh ! me coucher tranquillement Pendant des heures infinies ! Et j'étais pourtant ton amant Lors des abandons que tu nies. Tu mens trop ! Toute femme ment. Jouer avec les ironies, Avec l'oubli froid, c'est charmant. Moi, je baise tes mains bénies. Je me tais. Je vais dans la nuit Du cimetière calme où luit La lune sur la terre brune. Six balles de mon revolver M'enverront sous le gazon vert Oublier tes yeux et la lune.

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    E

    Edmond Arnould

    @edmondArnould

    Si l'homme vivait Si l'homme vivait ainsi qu'il devrait vivre, Se nourrissant de paix et d'immortel espoir, Pressentant par instinct, acceptant par devoir, Le but qu'il faut atteindre et la loi qu'il faut suivre ; Si de ses passions, dont la mort le délivre, Il osait s'affranchir par un mâle vouloir ; Si, pour n'y point tremper sa lèvre, il laissait choir Le vin de volupté qui le trouble et l'enivre ! Il n'aurait pas besoin d'un langage plus clair : Les doux sons pourraient vibrer dans l'air, Limpide expression de l'âme à l'âme unie ; Et tous ses sentiments, sous l'œil brillant du jour, Libres, s'épancheraient dans la seule harmonie, Heureux se confondraient en un seul mot : Amour.

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    F

    François Malaval

    @francoisMalaval

    Heureux est l'homme Heureux est l'homme doux, car lui seul se possède ; Il règne sur son cœur, et sur le cœur de tous ; En son front, en son geste, en sa voix si douce ; Il est des maux d'autrui le charme et le remède. Heureux l'homme désolé qui d'une sainte tristesse, Sait pleurer ses péchés, et les noie en ses pleurs ; Dieu le comble de joie au plus fort de ses douleurs ; Ses larmes sont des regrets, et non pas une faiblesse. Homme, sois content et joyeux au milieu de tes peines : Dieu compte tes frayeurs, tes larmes et tes soupirs ; Il t'accueillera au paradis parmi tous les martyrs, Ta récompense est prête, et les insultes sont vaines.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    L'homme Homme dont la tristesse est écrite d'un bout Du monde à l'autre, et même aux murs de la campagne, Forçat de l'hôpital et malade du bagne ; Dormeur maussade, à qui chaque aube dit : « Debout ! » Voyageur douloureux qu'attend la Mort, auberge Où l'on vend le lit dur et les pleurs blancs du cierge, Tu gémis, étonné de te sentir si las ; Puis un jour tu te dis : « L'âme est un vain bagage, Et mon cœur est bien lourd pour un pareil voyage ! » Et, sans songer que Dieu te donne ses lilas, Tu veux jeter ton cœur, tu veux jeter ton âme, Pour alléger ta marche et mieux porter la Femme ; Par ta route et ses ponts fiers de leur parapet, Compagnon de l'orgueil, fils des froides études, Tu vas vers le malheur et vers les solitudes. Tout plein des arguments dont l'esprit se repaît, Tu fais, pour savourer ta gloire monotone, Taire ta conscience à l'heure où le ciel tonne. Si pourtant à ce prix tu manges à ta faim, Si tu dors calme, au creux de l'oreiller facile, Ecoute ta science et reste-lui docile ; Si ta libre raison, la plus forte à la fin, Respire au coup mortel porté par elle au doute, Pareil au Juif errant, homme, poursuis ta route. Sois content sans ton âme, et joyeux sans ton cœur, Sois ton corps tyran ni que et sois ta bête fauve, Fais tes traits durs et froids, fais ton iront vaste et chauve ! Mais si ton fruit superbe engraisse un ver vainqueur, Si tu bâilles, les soirs larmoyants, sous ta lampe, Tâche de réfléchir, pose un doigt sur ta tempe. Si tu n'as toujours pas trouvé sur ton chemin, Qu'assourdit la rumeur des sabres et des chaînes Repos pour tes amours et cesse pour tes haines ; Si ton bâton usé tâtonne dans ta main, Pauvre aveugle tremblant qui portes une sourde, La Femme, chaque jour plus énorme et plus lourde ; Si Tentant ancien sommeille encore en toi, Gardant le souvenir de la faute première, Dis : « J'ai le dos tourné peut-être à la Lumière » ; Dis : « J'étais un esclave et croyais être un Roi ! » Pour t'en aller gaiement, frère des hirondelles, Reprends ton cœur, reprends ton âme, ces deux ailes ; Et grâce à ce fardeau redevenu léger, Emporte alors l'enfant, mère, sœur ou compagne, Comme l'ange en ses bras emporte la montagne ; Enivre-toi du long plaisir de voyager ; Que ta faim soit paisible et que ta soif soit pure, Bois à tout cœur ouvert, mange à toute âme mûre !

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    L'homme et l'idole de bois Certain Païen chez lui gardait un Dieu de bois, De ces Dieux qui sont sourds, bien qu'ayants des oreilles. Le païen cependant s'en promettait merveilles. Il lui coûtait autant que trois. Ce n'étaient que voeux et qu'offrandes, Sacrifices de boeufs couronnés de guirlandes. Jamais Idole, quel qu'il fût, N'avait eu cuisine si grasse, Sans que pour tout ce culte à son hôte il échût Succession, trésor, gain au jeu, nulle grâce. Bien plus, si pour un sou d'orage en quelque endroit S'amassait d'une ou d'autre sorte, L'homme en avait sa part, et sa bourse en souffrait. La pitance du Dieu n'en était pas moins forte. A la fin, se fâchant de n'en obtenir rien, Il vous prend un levier, met en pièces l'Idole, Le trouve rempli d'or : Quand je t'ai fait du bien, M'as-tu valu, dit-il, seulement une obole ? Va, sors de mon logis : cherche d'autres autels. Tu ressembles aux naturels Malheureux, grossiers et stupides : On n'en peut rien tirer qu'avecque le bâton. Plus je te remplissais, plus mes mains étaient vides : J'ai bien fait de changer de ton.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    L'homme et la couleuvre Un Homme vit une Couleuvre. Ah ! méchante, dit-il, je m'en vais faire une oeuvre Agréable à tout l'univers. A ces mots, l'animal pervers (C'est le serpent que je veux dire Et non l'homme : on pourrait aisément s'y tromper), A ces mots, le serpent, se laissant attraper, Est pris, mis en un sac ; et, ce qui fut le pire, On résolut sa mort, fût-il coupable ou non. Afin de le payer toutefois de raison, L'autre lui fit cette harangue : Symbole des ingrats, être bon aux méchants, C'est être sot, meurs donc : ta colère et tes dents Ne me nuiront jamais. Le Serpent, en sa langue, Reprit du mieux qu'il put : S'il fallait condamner Tous les ingrats qui sont au monde, A qui pourrait-on pardonner ? Toi-même tu te fais ton procès. Je me fonde Sur tes propres leçons ; jette les yeux sur toi. Mes jours sont en tes mains, tranche-les : ta justice, C'est ton utilité, ton plaisir, ton caprice ; Selon ces lois, condamne-moi ; Mais trouve bon qu'avec franchise En mourant au moins je te dise Que le symbole des ingrats Ce n'est point le serpent, c'est l'homme. Ces paroles Firent arrêter l'autre ; il recula d'un pas. Enfin il repartit : Tes raisons sont frivoles : Je pourrais décider, car ce droit m'appartient ; Mais rapportons-nous-en. - Soit fait, dit le reptile. Une Vache était là, l'on l'appelle, elle vient ; Le cas est proposé ; c'était chose facile : Fallait-il pour cela, dit-elle, m'appeler ? La Couleuvre a raison ; pourquoi dissimuler ? Je nourris celui-ci depuis longues années ; Il n'a sans mes bienfaits passé nulles journées ; Tout n'est que pour lui seul ; mon lait et mes enfants Le font à la maison revenir les mains pleines ; Même j'ai rétabli sa santé, que les ans Avaient altérée, et mes peines Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin. Enfin me voilà vieille ; il me laisse en un coin Sans herbe ; s'il voulait encor me laisser paître ! Mais je suis attachée ; et si j'eusse eu pour maître Un serpent, eût-il su jamais pousser si loin L'homme, tout étonné d'une telle sentence, Dit au Serpent : Faut-il croire ce qu'elle dit ? C'est une radoteuse ; elle a perdu l'esprit. Croyons ce Boeuf. - Croyons, dit la rampante bête. Ainsi dit, ainsi fait. Le Boeuf vient à pas lents. Quand il eut ruminé tout le cas en sa tête, Il dit que du labeur des ans Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants, Parcourant sans cesser ce long cercle de peines Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines Ce que Cérès nous donne, et vend aux animaux ; Que cette suite de travaux Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes, Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux, On croyait l'honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l'indulgence des Dieux. Ainsi parla le Boeuf. L'Homme dit : Faisons taire Cet ennuyeux déclamateur ; Il cherche de grands mots, et vient ici se faire, Au lieu d'arbitre, accusateur. Je le récuse aussi. L'arbre étant pris pour juge, Ce fut bien pis encore. Il servait de refuge Contre le chaud, la pluie, et la fureur des vents ; Pour nous seuls il ornait les jardins et les champs. L'ombrage n'était pas le seul bien qu'il sût faire ; Il courbait sous les fruits ; cependant pour salaire Un rustre l'abattait, c'était là son loyer, Quoique pendant tout l'an libéral il nous donne Ou des fleurs au Printemps, ou du fruit en Automne ; L'ombre l'Eté, l'Hiver les plaisirs du foyer. Que ne l'émondait-on, sans prendre la cognée ? De son tempérament il eût encor vécu. L'Homme trouvant mauvais que l'on l'eût convaincu, Voulut à toute force avoir cause gagnée. Je suis bien bon, dit-il, d'écouter ces gens-là. Du sac et du serpent aussitôt il donna Contre les murs, tant qu'il tua la bête. On en use ainsi chez les grands. La raison les offense ; ils se mettent en tête Que tout est né pour eux, quadrupèdes, et gens, Et serpents. Si quelqu'un desserre les dents, C'est un sot. - J'en conviens. Mais que faut-il donc faire ? - Parler de loin, ou bien se taire.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    L'homme et son image Un homme qui s'aimait sans avoir de rivaux Passait dans son esprit pour le plus beau du monde. Il accusait toujours les miroirs d'être faux, Vivant plus que content dans son erreur profonde. Afin de le guérir, le sort officieux Présentait partout à ses yeux Les Conseillers muets dont se servent nos Dames : Miroirs dans les logis, miroirs chez les Marchands, Miroirs aux poches des galands, Miroirs aux ceintures des femmes. Que fait notre Narcisse ? Il va se confiner Aux lieux les plus cachés qu'il peut s'imaginer N'osant plus des miroirs éprouver l'aventure. Mais un canal, formé par une source pure, Se trouve en ces lieux écartés ; Il s'y voit ; il se fâche ; et ses yeux irrités Pensent apercevoir une chimère vaine. Il fait tout ce qu'il peut pour éviter cette eau ; Mais quoi, le canal est si beau Qu'il ne le quitte qu'avec peine. On voit bien où je veux venir. Je parle à tous ; et cette erreur extrême Est un mal que chacun se plaît d'entretenir. Notre âme, c'est cet Homme amoureux de lui-même ; Tant de Miroirs, ce sont les sottises d'autrui, Miroirs, de nos défauts les Peintres légitimes ; Et quant au Canal, c'est celui Que chacun sait, le Livre des Maximes.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    L'homme qui court après la fortune Qui ne court après la Fortune ? Je voudrais être en lieu d'où je pusse aisément Contempler la foule importune De ceux qui cherchent vainement Cette fille du sort de Royaume en Royaume, Fidèles courtisans d'un volage fantôme. Quand ils sont près du bon moment, L'inconstante aussitôt à leurs désirs échappe : Pauvres gens, je les plains, car on a pour les fous Plus de pitié que de courroux. Cet homme, disent-ils, était planteur de choux, Et le voilà devenu pape : Ne le valons-nous pas ? - Vous valez cent fois mieux ; Mais que vous sert votre mérite ? La Fortune a-t-elle des yeux ? Et puis la papauté vaut-elle ce qu'on quitte, Le repos, le repos, trésor si précieux Qu'on en faisait jadis le partage des Dieux ? Rarement la Fortune à ses hôtes le laisse. Ne cherchez point cette Déesse, Elle vous cherchera ; son sexe en use ainsi. Certain couple d'amis en un bourg établi, Possédait quelque bien : l'un soupirait sans cesse Pour la Fortune ; il dit à l'autre un jour : Si nous quittions notre séjour ? Vous savez que nul n'est prophète En son pays : cherchons notre aventure ailleurs. - Cherchez, dit l'autre ami, pour moi je ne souhaite Ni climats ni destins meilleurs. Contentez-vous ; suivez votre humeur inquiète ; Vous reviendrez bientôt. Je fais voeu cependant De dormir en vous attendant. L'ambitieux, ou, si l'on veut, l'avare, S'en va par voie et par chemin. Il arriva le lendemain En un lieu que devait la Déesse bizarre Fréquenter sur tout autre ; et ce lieu c'est la cour. Là donc pour quelque temps il fixe son séjour, Se trouvant au coucher, au lever, à ces heures Que l'on sait être les meilleures ; Bref, se trouvant à tout, et n'arrivant à rien. Qu'est ceci ? ce dit-il, cherchons ailleurs du bien. La Fortune pourtant habite ces demeures. Je la vois tous les jours entrer chez celui-ci, Chez celui-là ; d'où vient qu'aussi Je ne puis héberger cette capricieuse ? On me l'avait bien dit, que des gens de ce lieu L'on n'aime pas toujours l'humeur ambitieuse. Adieu Messieurs de cour ; Messieurs de cour adieu : Suivez jusques au bout une ombre qui vous flatte. La Fortune a, dit-on, des temples à Surate ; Allons là. Ce fut un de dire et s'embarquer. Ames de bronze, humains, celui-là fut sans doute Armé de diamant, qui tenta cette route, Et le premier osa l'abîme défier. Celui-ci pendant son voyage Tourna les yeux vers son village Plus d'une fois, essuyant les dangers Des pirates, des vents, du calme et des rochers, Ministres de la mort. Avec beaucoup de peines On s'en va la chercher en des rives lointaines, La trouvant assez tôt sans quitter la maison. L'homme arrive au Mogol ; on lui dit qu'au Japon La Fortune pour lors distribuait ses grâces. Il y court ; les mers étaient lasses De le porter ; et tout le fruit Qu'il tira de ses longs voyages, Ce fut cette leçon que donnent les sauvages : Demeure en ton pays, par la nature instruit. Le Japon ne fut pas plus heureux à cet homme Que le Mogol l'avait été ; Ce qui lui fit conclure en somme, Qu'il avait à grand tort son village quitté. Il renonce aux courses ingrates, Revient en son pays, voit de loin ses pénates, Pleure de joie, et dit : Heureux, qui vit chez soi ; De régler ses désirs faisant tout son emploi. Il ne sait que par ouïr dire Ce que c'est que la cour, la mer, et ton empire, Fortune, qui nous fais passer devant les yeux Des dignités, des biens, que jusqu'au bout du monde On suit, sans que l'effet aux promesses réponde. Désormais je ne bouge, et ferai cent fois mieux. En raisonnant de cette sorte, Et contre la Fortune ayant pris ce conseil, Il la trouve assise à la porte De son ami plongé dans un profond sommeil.

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    J

    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Le jeune homme et le vieillard « De grâce, apprenez-moi comment l'on fait fortune, Demandait à son père un jeune ambitieux. - Il est, dit le vieillard, un chemin glorieux : C'est de se rendre utile à la cause commune, De prodiguer ses jours, ses veilles, ses talents, Au service de la patrie. - Oh ! trop pénible est cette vie ; Je veux des moyens moins brillants. - Il en est de plus sûrs, l'intrigue... - Elle est trop vile ; Sans vice et sans travail je voudrais m'enrichir. - Eh bien ! sois un simple imbécile, J'en ai vu beaucoup réussir. »

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    L’homme Jeté par le hasard sur un vieux globe infime, A l’abandon, perdu comme en un océan, Je surnage un moment et flotte à fleur d’abîme, Épave du néant. Et pourtant, c’est à moi, quand sur des mers sans rive Un naufrage éternel semblait me menacer, Qu’une voix a crié du fond de l’Être : « Arrive ! Je t’attends pour penser. » L’Inconscience encor sur la nature entière Étendait tristement son voile épais et lourd. J’apparus ; aussitôt à travers la matière L’Esprit se faisait jour. Secouant ma torpeur et tout étonné d’être, J’ai surmonté mon trouble et mon premier émoi. Plongé dans le grand Tout, j’ai su m’y reconnaître ; Je m’affirme et dis : « Moi ! » Bien que la chair impure encor m’assujettisse, Des aveugles instincts j’ai rompu le réseau ; J’ai créé la Pudeur, j’ai conçu la Justice : Mon cœur fut leur berceau. Seul je m’enquiers des fins et je remonte aux causes. A mes yeux l’univers n’est qu’un spectacle vain. Dussé-je m’abuser, au mirage des choses Je prête un sens divin. Je défie à mon gré la mort et la souffrance. Nature impitoyable, en vain tu me démens, Je n’en crois que mes vœux et fais de l’espérance Même avec mes tourments. Pour combler le néant, ce gouffre vide et morne, S’il suffit d’aspirer un instant, me voilà ! Fi de cet ici-bas ! Tout m’y cerne et m’y borne ; Il me faut l’au-delà ! Je veux de l’éternel, moi qui suis l’éphémère. Quand le réel me presse, impérieux, brutal, Pour refuge au besoin n’ai-je pas la chimère Qui s’appelle Idéal ? Je puis avec orgueil, au sein des nuits profondes, De l’éther étoilé contempler la splendeur. Gardez votre infini, cieux lointains, vastes mondes. J’ai le mien dans mon cœur !

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Amourettes de jeune homme J'ai fait autrefois de la bête, J'avais des Philis à la tête, J'épiais les occasions, J'épiloguais mes passions, Je paraphrasais un visage. Je me mettais à tout usage, Debout, tête nue, à genoux, Triste, gaillard, rêveur, jaloux, Je courais, je faisais la grue Tout un jour au bout d'une rue. Soleil, flambeaux, attraits, appas, Pleurs, désespoir, tourment, trépas, Tout ce petit meuble de bouche Dont un amoureux s'escarmouche, Je savais bien m'en escrimer. Par là je m'appris à rimer, Par là je fis, sans autre chose, Un sot en vers d'un sot en prose.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Je suis homme né pour mourir Je suis homme né pour mourir, Je suis bien seur que du trespas Je ne me sçaurois secourir Que poudre je n'aille là-bas. Je cognois bien les ans que j'ay, Mais ceux qui me doivent venir, Bons ou mauvais, je ne les sçay, Ni quand mon âge doit finir. Pour ce fuyés-vous-en, esmoy, Qui rongez mon coeur à tous coups, Fuyés-vous-en bien loin de moy, Je n'ay que faire avecque vous. Au moins avant que trespasser, Que je puis à mon aise un jour Jouer, sauter, rire et danser, Avecque Bacchus, et Amour.

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    P

    Pierre-Jean de Béranger

    @pierreJeanDeBeranger

    Le petit homme gris Il est un petit homme, Tout habillé de gris, Dans Paris ; Joufflu comme une pomme, Qui, sans un sou comptant, Vit content, Et dit : Moi, je m'en... Et dit : Moi, je m'en... Ma foi, moi, je m'en ris ! Oh ! qu'il est gai (bis), Le petit homme gris ! A courir les fillettes, A boire sans compter, A chanter, Il s'est couvert de dettes ; Mais quant aux créanciers, Aux huissiers, Il dit : Moi, je m'en... Il dit : Moi, je m'en... Ma foi, moi, je m'en ris ! Oh ! qu'il est gai [bis), Le petit homme gris ! Qu'il pleuve dans sa chambre, Qu'il s'y couche le soir Sans y voir ; Qu'il lui faille en décembre Souffler, faute de bois, Dans ses doigts ; Il dit : Moi, je m'en... Il dit : Moi, je m'en... Ma foi, moi, je m'en ris ! Oh ! qu'il est gai (bis), Le petit homme gris ! Sa femme, assez gentille, Fait payer ses atours Aux amours : Aussi plus elle brille, Plus on le montre du doigt. Il le voit, Et dit : Moi, je m'en... Et dit : Moi, je m'en... Ma foi, moi, je m'en ris ! Oh ! qu'il est gai (bis), Le petit homme gris ! Quand la goutte l'accable Sur un lit délabré, Le curé, De la mort et du diable Parle à ce moribond, Qui répond : Ma foi, moi, je m'en... Ma foi, moi, je m'en... Ma foi, moi, je m'en ris ! Oh ! qu'il est gai (bis), Le petit homme gris !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Abîme - L'homme Je suis l'esprit, vivant au sein des choses mortes. Je sais forger les clefs quand on ferme les portes ; Je fais vers le désert reculer le lion ; Je m'appelle Bacchus, Noé, Deucalion ; Je m'appelle Shakspeare, Annibal, César, Dante ; Je suis le conquérant ; je tiens l'épée ardente, Et j'entre, épouvantant l'ombre que je poursuis, Dans toutes les terreurs et dans toutes les nuits. Je suis Platon, je vois ; je suis Newton, je trouve. Du hibou je fais naître Athène, et de la louve Rome ; et l'aigle m'a dit : Toi, marche le premier ! J'ai Christ dans mon sépulcre et Job sur mon fumier. Je vis ! dans mes deux mains je porte en équilibre L'âme et la chair ; je suis l'homme, enfin maître et libre ! Je suis l'antique Adam ! j'aime, je sais, je sens ; J'ai pris l'arbre de vie entre mes poings puissants ; Joyeux, je le secoue au-dessus de ma tête, Et, comme si j'étais le vent de la tempête, J'agite ses rameaux d'oranges d'or chargés, Et je crie : " Accourez, peuples ! prenez, mangez ! " Et je fais sur leurs fronts tomber toutes les pommes ; Car, science, pour moi, pour mes fils, pour les hommes, Ta sève à flots descend des cieux pleins de bonté, Car la Vie est ton fruit, racine Éternité ! Et tout germe, et tout croît, et, fournaise agrandie, Comme en une forêt court le rouge incendie, Le beau Progrès vermeil, l'oeil sur l'azur fixé, Marche, et tout en marchant dévore le passé. Je veux, tout obéit, la matière inflexible Cède ; je suis égal presque au grand Invisible ; Coteaux, je fais le vin comme lui fait le miel ; Je lâche comme lui des globes dans le ciel. Je me fais un palais de ce qui fut ma geôle ; J'attache un fil vivant d'un pôle à l'autre pôle ; Je fais voler l'esprit sur l'aile de l'éclair ; Je tends l'arc de Nemrod, le divin arc de fer, Et la flèche qui siffle et la flèche qui vole, Et que j'envoie au bout du monde, est ma parole. Je fais causer le Rhin, le Gange et l'Orégon Comme trois voyageurs dans le même wagon. La distance n'est plus. Du vieux géant Espace J'ai fait un nain. Je vais, et, devant mon audace, Les noirs titans jaloux lèvent leur front flétri ; Prométhée, au Caucase enchaîné, pousse un cri, Tout étonné de voir Franklin voler la foudre ; Fulton, qu'un Jupiter eût mis jadis en poudre, Monte Léviathan et traverse la mer ; Galvani, calme, étreint la mort au rire amer ; Volta prend dans ses mains le glaive de l'archange Et le dissout ; le monde à ma voix tremble et change ; Caïn meurt, l'avenir ressemble au jeune Abel ; Je reconquiers Éden et j'achève Babel. Rien sans moi. La nature ébauche ; je termine. Terre, je suis ton roi.

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    Chacun choisit un homme Chacun choisit un homme, et moi j'ai choisi Dieu ! Oui, j'ai, pour l'expliquer à la foule muette, Pris le plus grand poème et le plus grand poète ! Je ne lis pas du grec ni du latin ; je lis Les horizons brumeux, les soirs doux et pâlis, Le ciel bleu, le lac sombre où l'étoile se mire ; Je déchiffre le cœur de l'homme, le sourire, Le soupir, le regard, la voix que nous aimons, Puis et toujours, les champs, les forêts et les monts, Et dans mon œuvre grave et parfois solennelle, Je traduis la nature, épopée éternelle.

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    Victor Hugo

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    L'homme a ri Ah ! tu finiras bien par hurler, misérable ! Encor tout haletant de ton crime exécrable, Dans ton triomphe abject, si lugubre et si prompt, Je t'ai saisi. J'ai mis l'écriteau sur ton front ; Et maintenant la foule accourt, et te bafoue. Toi, tandis qu'au poteau le châtiment te cloue, Que le carcan te force à lever le menton, Tandis que, de ta veste arrachant le bouton, L'histoire à mes côtés met à nu ton épaule, Tu dis : je ne sens rien ! et tu nous railles, drôle ! Ton rire sur mon nom gaîment vient écumer ; Mais je tiens le fer rouge et vois ta chair fumer. Jersey, le 30 octobre 1852.

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    Victor Hugo

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    Lorsque j'étais encore un tout jeune homme pâle Lorsque j'étais encore un tout jeune homme pâle, Et que j'allais entrer dans la lice fatale, Sombre arène où plus d'un avant moi se perdit, L'âpre Muse aux regards mystérieux m'a dit : — Tu pars ; mais quand le Cid se mettait en campagne Pour son Dieu, pour son droit et pour sa chère Espagne, Il était bien armé ; ce vaillant Cid avait Deux casques, deux estocs, sa lance de chevet, Deux boucliers ; il faut des armes de rechange ; Puis il tirait l'épée et devenait archange. As-tu ta dague au flanc ? Voyons, soldat martyr, Quelle armure vas-tu choisir et revêtir ? Quels glaives va-t-on voir luire à ton bras robuste ? — J'ai la haine du mal et j'ai l'amour du juste, Muse ; et je suis armé mieux que le paladin. — Et tes deux boucliers ? — J'ai mépris et dédain. Le 17 juin 1856.

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    Victor Hugo

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    Sur un homme populaire Ô peuple ! sous ce crâne où rien n'a pénétré, Sous l'auguste sourcil morose et vénéré Du tribun et du cénobite, Sous ce front dont un jour les révolutions Feront en l'entr'ouvrant sortir les visions, Une pensée affreuse habite. Dans l'Inde ainsi parfois le passant curieux Contemple avec respect un mont mystérieux, Cime des nuages touchée, Rêve et croit respirer, sans approcher trop près, Dans ces rocs, dans ces eaux, dans ces mornes forêts, Une divinité cachée. L'intérieur du mont en pagode est sculpté. Puis vient enfin le jour de la solennité. On brise la porte murée. Le peuple accourt en poussant des cris tumultueux ; – L'idole alors, fœtus aveugle et monstrueux, Sort de la montagne éventrée. Le 10 avril 1839.

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    Victor Hugo

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    @victorHugo

    À un homme fini Tu savais bien qu'un jour il faudrait choir enfin, Mais tu n'imaginais ni Séjan, ni Rufin. Tu te croyais de ceux que la haine publique Frappe furtivement d'un coup de foudre oblique ; Tu t'étais figuré qu'on te renverserait Sans te faire de mal, doucement, en secret, Avec précaution, sans bruit, à la nuit close, Et priant un ami de te dire la chose, Ainsi qu'on pose à terre un vase précieux ; Tu t'étais fait d'avance, au loin, sous de beaux cieux, Dans ton palais, plus fier que la villa Farnèse, Un lit voluptueux pour tomber à ton aise. Point. C'est en plein midi que le peuple a tonné. L'horizon était bleu, l'éclair l'a sillonné. Le tonnerre, au grand jour, au milieu de la foule, Est tombé sur ton front comme un plafond qui croule, Et ceux qui t'ont vu mettre en poudre en un moment Se sont épouvantés de cet écrasement. Et les sages ont dit, te regardant par terre, Que les temps sont mauvais, que le pouvoir s'altère Quand un gueux, un gredin, un faquin, un maraud, Fait pour ramper si bas, peut tomber de si haut. Le 7 août 1849.

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    Evariste de Parny

    Evariste de Parny

    @evaristeDeParny

    À un homme bienfaisant Cesse de chercher sur la terre Des cœurs sensibles aux bienfaits ; L'homme ne pardonne jamais Le bien que l'on ose lui faire. N'importe, ne te lasse pas ; Ne suis la vertu que pour elle ; L'humanité serait moins belle, Si l'on ne trouvait point d'ingrats.

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