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Mai

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Mai

Poésies de la collection mai

    A

    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    Souvenir de Mai Un matin que, troublé de sa mélancolie, Mon cœur péniblement portait le poids du jour, Je suivais le chemin, méditant la folie A qui nous avons fait ce beau nom de l'amour. Et je me demandais si jusqu'à la dernière Elle tourmenterait mes heures, ici-bas, Comme ce vent du nord qui va, dans sa colère, Inclinant tour à tour les arbres sur mes pas. Et je n'osais plonger mes regards dans l'allée, De peur de voir au fond m'apparaître soudain L'image que toujours mes vers gardent voilée, Et que depuis longtemps j'adore de si loin. Et c'est vous que j'ai vue... et blanche et reposée, Vous étiez là, lisant : un saule vous couvrait, Et sur votre front pur secouant sa rosée, La haie harmonieuse entre nous murmurait. Et ce tableau si doux de paix et d'innocence, Amie, a fait rentrer le calme dans mon cœur, Et j'aurais bien voulu, dans ma reconnaissance, Effeuiller à vos pieds tout ce jardin en fleur. Ainsi, dans cette vie agitée et flottante, Quand nous nous croyons seuls et désertés de tous, Par-delà le mur sombre ou la haie odorante, Un ange du Seigneur passe à côté de nous.

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    Armand Silvestre

    Armand Silvestre

    @armandSilvestre

    En Mai Dans la tiède haleine des fleurs Le printemps passe par bouffées, Brodant l’aile aux mille couleurs Des libellules et des fées. Son vol accroche aux réseaux verts Des broussailles ébouriffées, Dépouille errante des hivers, De longs fils de soie, en trophées. L’air du soir sonne les abois Des belles filles décoiffées : — Dans nos cœurs, comme dans les bois, Le printemps passe par bouffées !

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    Armand Silvestre

    Armand Silvestre

    @armandSilvestre

    Mai Mai passe dans les champs comme un enfant de chœur, De ses petites mains versant avec délices, Dans les grands lys ouverts ainsi que des calices, Des larmes du matin la céleste liqueur.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Bannières de mai Aux branches claires des tilleuls Meurt un maladif hallali. Mais des chansons spirituelles Voltigent parmi les groseilles. Que notre sang rie en nos veines, Voici s’enchevêtrer les vignes. Le ciel est joli comme un ange. L’azur et l’onde communient. Je sors. Si un rayon me blesse Je succomberai sur la mousse. Qu’on patiente et qu’on s’ennuie C’est trop simple. Fi de mes peines. je veux que l’été dramatique Me lie à son char de fortunes Que par toi beaucoup, ô Nature, – Ah moins seul et moins nul ! – je meure. Au lieu que les Bergers, c’est drôle, Meurent à peu près par le monde. Je veux bien que les saisons m’usent. A toi, Nature, je me rends ; Et ma faim et toute ma soif. Et, s’il te plaît, nourris, abreuve. Rien de rien ne m’illusionne ; C’est rire aux parents, qu’au soleil, Mais moi je ne veux rire à rien ; Et libre soit cette infortune.

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    A

    Auguste Lacaussade

    @augusteLacaussade

    Chanson de Mai La nature d’un vert manteau Couvre l’épaule des collines, Le vent de mai sur le coteau Se joue au front des aubépines, L’agneau bondit sur le gazon, La fauvette au bord du buisson Chante au soleil sa mélodie ; Mais pour moi triste est sa chanson : Je suis seul à l’entendre, — hélas ! Elle est partie.

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    A

    Auguste Lacaussade

    @augusteLacaussade

    Les soleils de Mai D’un souffle virginal le plus aimé des mois Emplit l’air ; le lilas aux troncs moussus des bois Suspend sa grappe parfumée ; Les oiseaux sont joyeux et chantent le soleil ; Tout sourit ; du printemps, tout fête le réveil : Toi seule es triste, ô bien-aimée ! « Pourquoi ces yeux rêveurs et ce regard penché ? De quel secret ennui ton cœur est-il touché ? Qu’as-tu ma grande et pâle Amie, Qu’as-tu ? Vois ce beau ciel sourire et resplendir ! Oh ! souris-moi ! Je sens mon cœur s’épanouir Avec la terre épanouie. « Sur le cours bleu des eaux, au flanc noir de la tour, Regarde ! l’hirondelle est déjà de retour. Ailes et feuilles sont décloses. C’est la saison des fleurs, c’est la saison des vers. C’est le temps où dans l’âme et dans les rameaux verts Fleurissent l’amour et les roses. « Soyons jeunes ! fêtons le beau printemps vainqueur ! Quand on est triste, Amie, il fait nuit dans le cœur ; La joie est le soleil de l’âme ! Oublions ce que l’homme et la vie ont d’amer ! Je veux aimer pour vivre et vivre pour aimer, Pour vous aimer, ma noble Dame ! « Loin de nous les soucis, belle aux cheveux bruns ! Enivrons-nous de brise, et d’air et de parfums, Enivrons-nous de jeunes sèves ! Sur leurs tiges cueillons les promesses des fleurs ! Assez tôt reviendront l’hiver et ses rigueurs Flétrir nos roses et nos rêves ! » Et, tandis qu’il parlait, muette à ses côtés, Marchait la grande Amie aux regards veloutés ; Son front baigné de rêverie S’éclairait à sa voix d’un doux rayonnement ; Et, lumière de l’âme, un sourire charmant Flottait sur sa lèvre fleurie.

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    B

    Béroalde de Verville

    @beroaldeDeVerville

    Le Mai Maintenant que l'Amour renaît heureusement Et qu'à ce beau printemps il commande qu'on plante D'un Mai long et dressé la désirable plante Il faut suivre l'arrêt de son commandement. J'ai un Mai long et gros et fort également, Poussant devers le haut une verdeur plaisante, Qui frisonne sa cime en tout temps verdoyante Et qui se peut planter assez facilement. Ma dame, permettez que l'on m'ouvre la porte, Et je le planterai sur la petite motte Qui de votre maison remarque le milieu ;

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    Clément Marot

    Clément Marot

    @clementMarot

    Chant de Mai et de vertu Volontiers en ce mois ici La terre mue et renouvelle. Maints amoureux en font ainsi, Sujets à faire amour nouvelle Par légèreté de cervelle, Ou pour être ailleurs plus contents ; Ma façon d'aimer n'est pas telle, Mes amours durent en tout temps. N'y a si belle dame aussi De qui la beauté ne chancelle ; Par temps, maladie ou souci, Laideur les tire en sa nacelle ; Mais rien ne peut enlaidir celle Que servir sans fin je prétends ; Et pour ce qu'elle est toujours belle Mes amours durent en tout temps.

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    E

    Emmanuel Signoret

    @emmanuelSignoret

    Élégie de Mai Destins, destins, corps bruts par l'esprit achevés ! La lune est sur les monts, les astres sont levés ! Sur la rose assoupie un beau Zéphir nu vole ; Dans l'éclat velouté de cette lune molle Les œufs des rossignols brillent ! Soleil pieux Bientôt tu mûriras ces fruits mélodieux ; Le chantre aux tendres yeux brisera ses demeures ; Il dira le secret rayonnement des heures, L'eau des vallons glacés, le saphyr des bluets...

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    F

    Francois Habert

    @francoisHabert

    Cantique du mois de Mai Or apaisés sont les vents pluvieux, Or est passé tout nubileux orage ; Tous animaux qui êtes sous les Cieux, Louez en Dieu devant votre courage ; Chacun oiseau le loue en son ramage, Et si l'oiseau le témoigne en ses chants, Cette verdure en porte témoignage, Qui éblouit nos yeux parmi les champs. L'herbe aux prés fleuronne Pour nourrir chevaux, La vigne boutonne Par monts et par vaux. Tous humains travaux Trouvent allégeance ; O Dieu qui tant vaux, C'est ta providence.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Mai Depuis un mois, chère exilée, Loin de mes yeux tu t’en allas, Et j’ai vu fleurir les lilas Avec ma peine inconsolée. Seul, je fuis ce ciel clair et beau Dont l’ardente effluve me trouble, Car l’horreur de l’exil se double De la splendeur du renouveau. En vain j’entends contre les vitres, Dans la chambre où je m’enfermai, Les premiers insectes de Mai Heurter leurs maladroits élytres ; En vain le soleil a souri ; Au printemps je ferme ma porte Et veux seulement qu’on m’apporte Un rameau de lilas fleuri ; Car l’amour dont mon âme est pleine Retrouve, parmi ses douleurs, Ton regard dans ces chères fleurs Et dans leur parfum ton haleine.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Mai Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Des dames regardaient du haut de la montagne Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne Qui donc a fait pleurer les saules riverains ? Or des vergers fleuris se figeaient en arrière Les pétales tombés des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée Les pétales flétris sont comme ses paupières Sur le chemin du bord du fleuve lentement Un ours un singe un chien menés par des tziganes Suivaient une roulotte traînée par un âne Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes Sur un fifre lointain un air de régiment Le mai le joli mai a paré les ruines De lierre de vigne vierge et de rosiers Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

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    Jean Passerat

    Jean Passerat

    @jeanPasserat

    Ode du premier jour de mai Laissons le lit et le sommeil, Cette journée : Pour nous l'aurore au front vermeil Est déjà née. Or que le ciel est le plus gai En ce gracieux mois de mai, Aimons, mignonne ; Contentons notre ardent désir : En ce monde n'a du plaisir Qui ne s'en donne.

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    Jean Passerat

    Jean Passerat

    @jeanPasserat

    Sur un Mai Ce mai que j'ai planté, belle pour qui j'endure Et qui trop m'avez fait endurer sans raison, Quelque chose a de vous : je fais comparaison De votre beauté jeune à sa belle verdure. Le chêne est un dur arbre, et vous êtes bien dure : Vous n'êtes moins que bois sourde à mon oraison : Le mai sert de parer l'amoureuse saison : Ainsi fait le jeune âge, âge qui si peu dure, Sîtot que, de ce mai, l'honneur sera séché Pour le jeter au feu il sera détranché : Vous pouvez de ceci votre aventure apprendre, Si, jeune, vous n'aimez, amour, pour vous punir, Lorsque vous sentirez la vieillesse venir, De regret et de deuil vous doit tourner en cendre.

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    J

    Joseph Autran

    @josephAutran

    Nuit de Mai Au couchant lumineux quand le jour se replie, Qu'une planète au ciel déjà peut s'entrevoir, Il fait bon, couple errant sur une onde assouplie, De respirer à deux l'air embaumé du soir, De saluer là-haut ces premières étoiles Dont le rayon lointain nous invite à rêver: Matelot ! Matelot ! Laisse tomber tes voiles; Notre rêve est si doux que je veux l'achever! Extase où, sans effort, tout chagrin se dissipe! Du ciel et de la mer contempler les couleurs, Aspirer dans le vent, qui vient du Pausilippe, Le parfum des citrons et des lauriers en fleurs; Sentir si près de soi la femme qu'on adore, Voir son sein par moment d'amour se soulever! Matelot, matelot, ne rentrons pas encore; Notre rêve est si doux que je veux l'achever! Ses cheveux dénoués que l'ivoire abandonne, Mêlés à mes cheveux, flottent au même vent; Son front penche ; ses doigts, de fée ou de Madone, Frémissent dans ma main sous mon baiser fervent. Loin des jaloux déçus, loin des perfides trames, Le bonheur est ici pour qui sait le trouver: Matelot, matelot, laisse pendre tes rames; Notre rêve est si doux que je veux l'achever!

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    Louis-Honoré Fréchette

    Louis-Honoré Fréchette

    @louisHonoreFrechette

    Mai Hozanna ! La forêt renaît de ses ruines ; La mousse agrafe au roc sa mante de velours ; La grive chante ; au loin les grands bœufs de labours S'enfoncent tout fumants dans les chaudes bruines ; Le soleil agrandit l'orbe de son parcours ; On ne sait quels frissons passent dans les ravines ; Et dans l'ombre des nids, fidèle aux lois divines, Bientôt va commencer la saison des amours ! Aux échos d'alentour chantant à gorge pleine, Le semeur, dont la main fertilise la plaine, Jette le froment d'or dans les sillons fumés. Sortons tous ; et, groupés sur le seuil de la porte, Aspirons à loisir le vent qui nous apporte Comme un vague parfum de lilas embaumés !

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Ce jour de Mai qui a la tête peinte Ce jour de Mai qui a la tête peinte, D'une gaillarde et gentille verdeur, Ne doit passer sans que ma vive ardeur Par votre grâce un peu ne soit éteinte.

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    Rémi Belleau

    Rémi Belleau

    @remiBelleau

    Mai Pendant que ce mois renouvelle D'une course perpétuelle La vieillesse et le tour des ans : Pendant que la tendre jeunesse Du ciel remet en allégresse Les hommes, la terre, et le temps. Pendant que les Arondelettes De leurs gorges mignardelettes Rappellent le plus beau de l'an, Et que pour leurs petits façonnent Une couette, qu'ils maçonnent De leur petit bec artisan. En ce mois Venus la sucrée, Amour, et la troupe sacrée Des Grâces, des Ris, et des Jeux, Vont rallumant dedans nos veines L'ardeur des amoureuses peines, Qui glissent en nous par les yeux.

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Chère, voici le mois de mai Chère, voici le mois de mai, Le mois du printemps parfumé Qui, sous les branches, Fait vibrer des sons inconnus, Et couvre les seins demi-nus De robes blanches. Voici la saison des doux nids, Le temps où les cieux rajeunis Sont tout en flamme, Où déjà, tout le long du jour, Le doux rossignol de l’amour Chante dans l’âme. Ah ! de quels suaves rayons Se dorent nos illusions Les plus chéries, Et combien de charmants espoirs Nous jettent dans l’ombre des soirs Leurs rêveries ! Parmi nos rêves à tous deux, Beaux projets souvent hasardeux Qui sont les mêmes, Songes pleins d’amour et de foi Que tu dois avoir comme moi, Puisque tu m’aimes ; Il en est un seul plus aimé. Tel meurt un zéphyr embaumé Sur votre bouche, Telle, par une ardente nuit, De quelque Séraphin, sans bruit, L’aile vous touche. Camille, as-tu rêvé parfois Qu’à l’heure où s’éveillent les bois Et l’alouette, Où Roméo, vingt fois baisé, Enjambe le balcon brisé De Juliette, Nous partons tous les deux, tout seuls ? Hors Paris, dans les grands tilleuls Un rayon joue ; L’air sent les lilas et le thym, La fraîche brise du matin Baise ta joue. Après avoir passé tout près De vastes ombrages, plus frais Qu’une glacière Et tout pleins de charmants abords, Nous allons nous asseoir aux bords De la rivière. L’eau frémit, le poisson changeant Émaille la vague d’argent D’écailles blondes ; Le saule, arbre des tristes vœux, Pleure, et baigne ses longs cheveux Parmi les ondes. Tout est calme et silencieux. Étoiles que la terre aux cieux A dérobées, On voit briller d’un éclat pur Les corsages d’or et d’azur Des scarabées. Nos yeux s’enivrent, assouplis, A voir l’eau dérouler les plis De sa ceinture. Je baise en pleurant tes genoux, Et nous sommes seuls, rien que nous Et la nature ! Tout alors, les flots enchanteurs, L’arbre ému, les oiseaux chanteurs Et les feuillées, Et les voix aux accords touchants Que le silence dans les champs Tient éveillées, La brise aux parfums caressants, Les horizons éblouissants De fantaisie, Les serments dans nos cœurs écrits, Tout en nous demande à grands cris La Poésie. Nous sommes heureux sans froideur. Plus de bouderie ou d’humeur Triste ou chagrine ; Tu poses d’un air triomphant Ta petite tête d’enfant Sur ma poitrine ; Tu m’écoutes, et je te lis, Quoique ta bouche aux coins pâlis S’ouvre et soupire, Quelques stances d’Alighieri, Ronsard, le poëte chéri, Ou bien Shakspere. Mais je jette le livre ouvert, Tandis que ton regard se perd Parmi les mousses, Et je préfère, en vrai jaloux, A nos poëtes les plus doux Tes lèvres douces ! Tiens, voici qu’un couple charmant, Comme nous jeune et bien aimant, Vient et regarde. Que de bonheur rien qu’à leurs pas ! Ils passent et ne nous voient pas : Que Dieu les garde ! Ce sont des frères, mon cher cœur, Que, comme nous, l’amour vainqueur Fit l’un pour l’autre. Ah ! qu’ils soient heureux à leur tour ! Embrassons-nous pour leur amour Et pour le nôtre ! Chère, quel ineffable émoi, Sur ce rivage où près de moi Tu te recueilles, De mêler d’amoureux sanglots Aux douces plaintes que les flots Disent aux feuilles ! Dis, quel bonheur d’être enlacés Par des bras forts, jamais lassés ! Avec quels charmes, Après tous nos mortels exils, Je savoure au bout de tes cils De fraîches larmes ! Avril 1844.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Le premier rayon de Mai Hier j’étais à table avec ma chère belle, Ses deux pieds sur les miens, assis en face d’elle, Dans sa petite chambre ; ainsi que dans leur nid Deux ramiers bienheureux que le bon Dieu bénit. C’était un bruit charmant de verres, de fourchettes, Comme des becs d’oiseaux, picotant les assiettes ; De sonores baisers et de propos joyeux. L’enfant, pour être à l’aise, et régaler mes yeux, Avait ouvert sa robe, et sous la toile fine On voyait les trésors de sa blanche poitrine ; Comme les seins d’Isis, aux contours ronds et purs, Ses beaux seins se dressaient, étincelants et durs, Et, comme sur des fleurs des abeilles posées, Sur leurs pointes tremblaient des lumières rosées ; Un rayon de soleil, le premier du printemps, Dorait, sur son col brun, de reflets éclatants ; Quelques cheveux follets, et de mille paillettes D’un verre de cristal allumant les facettes, Enchâssait un rubis dans la pourpre du vin. Oh ! le charmant repas ! oh ! le rayon divin ! Avec un sentiment de joie et de bien-être Je regardais l’enfant, le verre et la fenêtre ; L’aubépine de mai me parfumait le cœur, Et, comme la saison, mon âme était en fleur ; Je me sentais heureux et plein de folle ivresse, De penser qu’en ce siècle, envahi par la presse, Dans ce Paris bruyant et sale à faire peur, Sous le règne fumeux des bateaux à vapeur, Malgré les députés, la Charte et les ministres, Les hommes du progrès, les cafards et les cuistres, On n’avait pas encor supprimé le soleil, Ni dépouillé le vin de son manteau vermeil ; Que la femme était belle et toujours désirable, Et qu’on pouvait encor, les coudes sur la table, Auprès de sa maîtresse, ainsi qu’aux premiers jours, Célébrer le printemps, le vin et les amours.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    En mai Une sorte de verve étrange, point muette, Point sourde, éclate et fait du printemps un poëte ; Tout parle et tout écoute et tout aime à la fois ; Et l'antre est une bouche et la source une voix ; L'oiseau regarde ému l'oiselle intimidée, Et dit : Si je faisais un nid ? c'est une idée ! Comme rêve un songeur le front sur l'oreiller, La nature se sent en train de travailler, Bégaie un idéal dans ses noirs dialogues, Fait des strophes qui sont les chênes, des églogues Qui sont les amandiers et les lilas en fleur, Et se laisse railler par le merle siffleur ; Il lui vient à l'esprit des nouveautés superbes ; Elle mêle la folle avoine aux grandes herbes ; Son poëme est la plaine où paissent les troupeaux ; Savante, elle n'a pas de trêve et de repos Jusqu'à ce qu'elle accouple et combine et confonde L'encens et le poison dans la sève profonde ; De la nuit monstrueuse elle tire le jour ; Souvent avec la haine elle fait de l'amour ; Elle a la fièvre et crée, ainsi qu'un sombre artiste ; Tout ce que la broussaille a d'hostile et de triste, Le buisson hérissé, le steppe, le maquis, Se condense, ô mystère, en un chef-d'œuvre exquis Que l'épine complète et que le ciel arrose ; Et l'inspiration des ronces, c'est la rose.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Mai Je ne laisserai pas se faner les pervenches Sans aller écouter ce qu'on dit sous les branches Et sans guetter, parmi les rameaux infinis, La conversation des feuilles et des nids. Il n'est qu'un dieu, l'amour ; avril est son prophète. Je me supposerai convive de la fête Que le pinson chanteur donne au pluvier doré ; Je fuirai de la ville, et je m'envolerai - Car l'âme du poëte est une vagabonde - Dans les ravins où mai plein de roses abonde. Là, les papillons blancs et les papillons bleus, Ainsi que le divin se mêle au fabuleux, Vont et viennent, croisant leurs essors gais et lestes, Si bien qu'on les prendrait pour des lueurs célestes. Là, jasent les oiseaux, se cherchant, s'évitant ; Là, Margot vient quand c'est Glycère qu'on attend ; L'idéal démasqué montre ses pieds d'argile ; On trouve Rabelais où l'on cherchait Virgile. Ô jeunesse ! ô seins nus des femmes dans les bois ! Oh ! quelle vaste idylle et que de sombres voix ! Comme tout le hallier, plein d'invisibles mondes, Rit dans le clair-obscur des églogues profondes ! J'aime la vision de ces réalités ; La vie aux yeux sereins luit de tous les côtés ; La chanson des forêts est d'une douceur telle Que, si Phébus l'entend quand, rêveur, il dételle Ses chevaux las souvent au point de haleter, Il s'arrête, et fait signe aux Muses d'écouter.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Premier Mai Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses. Je ne suis pas en train de parler d’autres choses. Premier mai ! l’amour gai, triste, brûlant, jaloux, Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups ; L’arbre où j’ai, l’autre automne, écrit une devise, La redit pour son compte et croit qu’il l’improvise ; Les vieux antres pensifs, dont rit le geai moqueur, Clignent leurs gros sourcils et font la bouche en coeur ; L’atmosphère, embaumée et tendre, semble pleine Des déclarations qu’au Printemps fait la plaine, Et que l’herbe amoureuse adresse au ciel charmant. A chaque pas du jour dans le bleu firmament, La campagne éperdue, et toujours plus éprise, Prodigue les senteurs, et dans la tiède brise Envoie au renouveau ses baisers odorants ; Tous ses bouquets, azurs, carmins, pourpres, safrans, Dont l’haleine s’envole en murmurant : Je t’aime ! Sur le ravin, l’étang, le pré, le sillon même, Font des taches partout de toutes les couleurs ; Et, donnant les parfums, elle a gardé les fleurs ; Comme si ses soupirs et ses tendres missives Au mois de mai, qui rit dans les branches lascives, Et tous les billets doux de son amour bavard, Avaient laissé leur trace aux pages du buvard ! Les oiseaux dans les bois, molles voix étouffées, Chantent des triolets et des rondeaux aux fées ; Tout semble confier à l’ombre un doux secret ; Tout aime, et tout l’avoue à voix basse ; on dirait Qu’au nord, au sud brûlant, au couchant, à l’aurore, La haie en fleur, le lierre et la source sonore, Les monts, les champs, les lacs et les chênes mouvants, Répètent un quatrain fait par les quatre vents.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame, Viens ! ne te lasse pas de mêler à ton âme La campagne, les bois, les ombrages charmants, Les larges clairs de lune au bord des flots dormants, Le sentier qui finit où le chemin commence, Et l'air et le printemps et l'horizon immense, L'horizon que ce monde attache humble et joyeux Comme une lèvre au bas de la robe des cieux ! Viens ! et que le regard des pudiques étoiles Qui tombe sur la terre à travers tant de voiles, Que l'arbre pénétré de parfums et de chants, Que le souffle embrasé de midi dans les champs, Et l'ombre et le soleil et l'onde et la verdure, Et le rayonnement de toute la nature Fassent épanouir, comme une double fleur, La beauté sur ton front et l'amour dans ton cœur !

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    W

    William Chapman

    @williamChapman

    Mai Sur le Fleuve ruisselle une lumière chaude, Et l’immuable azur sourit au flot mouvant. Le feuillage tressaille aux caresses du vent. Où le givre brillait rayonne l’émeraude. Le vallon redevient un coin du paradis. Tout scintille, tout chante et tout s’idéalise, Et le merle, amoureux, nuit et jour vocalise Sous le dais ondoyant des bosquets reverdis. La ramure se lustre et la vague s’irise. L’air est lourd du parfum capiteux des lilas. Du ruisseau, que figeaient glace, neige et verglas, Des trils d’harmonicas s’envolent dans la brise. Le Nord laurentien lui comme le Midi ; Nos eaux ont tout l’éclat des miroirs de Venise, Et les palais flottants, que heurta la banquise, Reviennent sillonner leur cristal attiédi. Le soc d’acier, tranchant et clair comme le glaive, Rouvre l’âpre jachère où dormaient les grillons, Et des guérets fumants, inondés de rayons, Vers l’ostensoir des cieux un encens d’or s’élève.

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    E

    Emile Nelligan

    @emileNelligan

    Le Mai d'amour Voici que verdit le printemps Où l'heure au cœur sonne vingt ans, Larivarite et la la ri.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Les vergers de mai En mai, les grands vergers de la Flandre féconde Sont des morceaux de paradis qui se souviennent D'avoir fleuri si blancs, aux premiers temps du monde.

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