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Maladie

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Maladie

Poésies de la collection maladie

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    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    Quand je serai guérie Filliou, quand je serai guérie, Je ne veux voir que des choses très belles… De somptueuses fleurs, toujours fleuries ; Des paysages qui toujours se renouvellent, Des couchers de soleil miraculeux, des villes Pleines de palais blancs, de ponts, de campaniles Et de lumières scintillantes… Des visages Très beaux, très gais ; des danses Comme dans ces ballets auxquels je pense, Interprétés par Jean Borlin. Je veux des plages Au décor de féerie, Avec des étrangers sportifs aux noms de princes, Des étrangères en souliers de pierreries Et de splendides chiens neigeux aux jambes minces. Je veux, frôlés de Rolls silencieuses, De longs trottoirs de velours blond. Terrasses, Orchestres bourdonnant de musiques heureuses… Vois-tu, Filliou, le Carnaval qui passe ? La Riviera débordante de roses ? J’ai besoin de ne voir un instant que ces choses Quand je serai guérie ! J’aurai ce châle aux éclatantes broderies Qui fait songer aux courses espagnoles, Des cheveux courts en auréole Comme Mae Murray, des yeux qui rient, Un teint de cuivre et l’air, non pas d’être guérie, Mais de n’avoir jamais connu de maladie ! J’aurai tous les parfums,  » les plus rares qui soient « , Une chambre moderne aux nuances hardies, Une piscine rouge et des coussins de soie Un peu cubistes. J’ai besoin de fantaisie… J’ai besoin de sorbets et de liqueurs glacées, De fruits craquants, de raisins doux, d’amandes fraîches. Peut-être d’ambroisie… Ou simplement de mordre au coeur neuf d’une pêche ? J’ai besoin d’oublier tant de sombres pensées, Tant de bols de tisane et d’heures accablantes ! Il me faudra, vois-tu, des choses si vivantes Et si belles, Filliou… si belles – ou si gaies ! Nul ne sait à quel point nous sommes fatiguées, Toutes deux, de ce gris de la tapisserie, De l’armoire immobile et de ces noires baies Que le laurier nous tend derrière la fenêtre. Tant de voyages, dis, de pays à connaître, De choses qu’on rêvait, qui pourront être Quand je serai guérie…

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    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    Un médecin ? Un médecin ? Mais alors qu’il soit beau ! Très beau. D’une beauté non pas majestueuse, Mais jeune, saine, alerte, heureuse ! Qu’il parle de plein air, non pas trop haut, Mais assez pour que du soleil entre avec lui. Qu’il sache rire – tant d’ennui Bâille aux quatre coins de la chambre – Et qu’il sache te faire rire, toi, souffrant De ta souffrance et du mal de Décembre. Décembre gris, Décembre gris, Noël errant Sous un ciel de plomb et de cendre. Un médecin doit bien savoir D’où ce gris mortel peut descendre ? Qu’il soit gai pour vaincre le soir Et les fantômes de la fièvre – Qu’il dise les mots qu’on attend Ou qu’on les devine à ses lèvres. Qu’il soit gai, qu’il soit bien portant, (Ne faut-il croire à l’équilibre Qui doit redevenir le nôtre, aux membres libres, À l’esprit jouant sans efforts ?) Qu’il soit bien portant, qu’il soit fort – sans insolence, Avec douceur, contre le sort… Il nous faut tant de confiance ! Qu’il aime ce que j’aime – J’ai besoin Qu’il ait cet art de tout comprendre Et de s’intéresser, non pas de loin, Mais en ami tout proche, à ce qui m’intéresse. Qu’il soit bon – nous voulons une indulgence tendre Pour accepter notre révolte ou nos faiblesses. De la science ? Il en aura, n’en doutez point, S’il est ce que je dis, ce que j’exige. Mais exiger cela, c’est, vous le voyez bien, Leur demander, quand ils n’y peuvent rien, Quelque chose comme un prodige ! Lequel, parmi vos diplômés, Ressemble au médecin qu’espère le malade ? Lequel, dans tout ce gris tenace, épais, maussade, Sera celui que moi je vois, les yeux fermés ? … . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ou bien, alors, prenons-le contrefait, Cagneux, pointu, perclus, minable ; Qu’il flotte en ses effets Comme un épouvantail – et semble inguérissable Des pires maux, connus ou inconnus ! Prenons-le blême et vieux, que son crâne soit nu, Ses yeux rougis, sa lèvre amère – Et que rien ne paraisse au monde plus précaire, Plus laid, plus rechigné que cet être vivant, Afin que, chaque jour, l’apercevant Comme un défi, parmi les fleurs venant d’éclore, Nous pensions, rassurés, soulagés, fiers un peu De nous sentir si forts par contraste: « Grand Dieu ! Qu’il doit être savant pour vivre encore ! »

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    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    Vous parler ? Vous parler ? Non. Je ne peux pas. Je préfère souffrir comme une plante, Comme l’oiseau qui ne dit rien sur le tilleul. Ils attendent. C’est bien. Puisqu’ils ne sont pas las D’attendre, j’attendrai, de cette même attente. Ils souffrent seuls. On doit apprendre à souffrir seul. Je ne veux pas d’indifférents prêts à sourire Ni d’amis gémissants. Que nul ne vienne. La plante ne dit rien. L’oiseau se tait. Que dire ? Cette douleur est seule au monde, quoi qu’on veuille. Elle n’est pas celle des autres, c’est la mienne. Une feuille a son mal qu’ignore l’autre feuille. Et le mal de l’oiseau, l’autre oiseau n’en sait rien. On ne sait pas. On ne sait pas. Qui se ressemble ? Et se ressemblât-on, qu’importe. Il me convient De n’entendre ce soir nulle parole vaine. J’attends – comme le font derrière la fenêtre Le vieil arbre sans geste et le pinson muet… Une goutte d’eau pure, un peu de vent, qui sait ? Qu’attendent-ils ? Nous l’attendrons ensemble. Le soleil leur a dit qu’il reviendrait, peut-être…

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    Sandrine Davin

    @sandrineDavin

    Gris, gris, gris… De ma fenêtre le ciel est gris Des gens se pressent je ne sais pourquoi La rue est remplie de débris Et les chats hurlent sur les toits. Je suis enfermée dans ma chambre La musique inonde les murs Est-ce le mois de mai ou décembre Je ne sais plus, je te le jure. De ma fenêtre le ciel est gris J’ai la tête farcie de pourquoi Mon intellectuel est tari Une cigarette me tend les bras. Plus rien ne compte, je divague Le soleil peut pointer son nez Je lui dirais peut-être une blague Ou l’inviterait à dîner. De ma fenêtre le ciel est gris Je vais refermer les volets Entends-tu la petite souris Te chantonner un petit couplet. La mélodie s’est égarée Quelque part au fond de la nuit Ma chambre je veux redécorer Pour emmenoter tout ce gris.

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    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Après-midi de printemps Cris d’enfants transperçant le silence des cerisiers en fleur De loin une berceuse rythme chaque pas Promenade solitaire au cœur de la cité anesthésiée Dans le labyrinthe du présent malade l’oxygène flotte entre les branches parfumées de mort

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    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Cancer Renaissance De nouveau tu te présentes Jardin juxtaposé, trouble de la sève T’emparer du corps Du cerveau au thorax tu veux scanner son esprit Les larmes coulent sur le visage d’une femme Elle sait Elle connaît la vérité de la solitude Elle respire la décadence Imminente Elle crie son amour Tentacules méprisants s’entortillant autours des ganglions Sans pitié tu convoites tout l’être Il t’attend depuis toujours Depuis le jour où tu es parti avec son odorat Ne lui laissant plus absorber le parfum du monde Rendant chaque jour immanquablement le dernier

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    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Dépression Eclatement de la tête Aujourd’hui la chaleur ne peut plus s’y engouffrer Torpeur, turpitude, esprit engourdi et englouti dans l’impasse de la vie. Je me sens coincée dans le malaise du silence, Posture suprême indigne sublime essentielle Retour de poussière dans ce vide ensoleillé. Les cerisiers en fleur, l’âme meurtrie par le flétrissement prématuré Sans espérance ma motivation s’est évaporée avec les rêves d’une grandeur immaculée. Toi printemps tu ne crois plus à rien Tu navigues dans les ordures Tu raffoles des maladies Autodestruction à l’état pur Puissance zéro

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    Sylvia Plath

    Sylvia Plath

    @sylviaPlath

    Dame Lazare Je l’ai encore refait un an parmi dix j’y suis arrivée – comme un miracle ambulant, ma peau brillante comme un abat-jour de nazi mon pied droit un presse-papiers mon linge juif, sans caractère, magnifique serviette enlevée o mon ennemi, est-ce que je fais si peur? le nez, les orbites des yeux, toute la denture ? le souffle aigre s’évaporera en un seul jour. Bientôt, bientôt la chair le trou de la tombe sera mon chez moi sur moi et m’aura mangée Et je suis une femme tout sourire je n’ai que trente ans. Mourir Est un art, comme tout le reste. Je le fais vraiment très bien. Je le fais si bien que cela ressemble à l’enfer je le fais si bien que cela semble réel j’imagine que vous puissiez dire elle a un appel. C’est suffisamment facile de le faire dans une cellule C’est suffisamment facile de le faire et de rester sur place. C’est le théâtral retour en scène dans le vaste jour à la même place, avec le même visage, le même cri amusé et brutal : « Un miracle ! » Cela me met K.O. Il y a une plainte pour mes cicatrices béantes, il y a une plainte pour l’audition de mon cœur – cela ira au bout. et il y a une plainte, une très importante plainte pour un mot ou un contact Ou une goutte de sang ou une parcelle de mes cheveux sur mes vêtements. Et oui, et oui, Herr Doktor, et oui, seigneur ennemi. Je suis ton opus, je suis ton objet précieux le bébé en or pur qui hurle en fondant en un cri perçant je me tourne et je brûle. Ne crois donc pas que je sous-estime ta grande préoccupation. Cendre, cendre – tu as fouiné et remué. Chair, os, il n’y a rien ici – un gâteau de savon un anneau de mariage, un plombage en or. Seigneur Dieu, seigneur Lucifer fais gaffe fais gaffe. Jaillissant de mes cendres je m’élève avec mes cheveux rouges et je bouffe les hommes comme l’air.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Une nuit à Bruxelles Aux petits incidents il faut s’habituer. Hier on est venu chez moi pour me tuer. Mon tort dans ce pays c’est de croire aux asiles. On ne sait quel ramas de pauvres imbéciles S’est rué tout à coup la nuit sur ma maison. Les arbres de la place en eurent le frisson, Mais pas un habitant ne bougea. L’escalade Fut longue, ardente, horrible, et Jeanne était malade. Je conviens que j’avais pour elle un peu d’effroi. Mes deux petits-enfants, quatre femmes et moi, C’était la garnison de cette forteresse. Rien ne vint secourir la maison en détresse. La police fut sourde ayant affaire ailleurs. Un dur caillou tranchant effleura Jeanne en pleurs. Attaque de chauffeurs en pleine Forêt-Noire. Ils criaient : Une échelle ! une poutre ! victoire ! Fracas où se perdaient nos appels sans écho. Deux hommes apportaient du quartier Pachéco Une poutre enlevée à quelque échafaudage. Le jour naissant gênait la bande. L’abordage Cessait, puis reprenait. Ils hurlaient haletants. La poutre par bonheur n’arriva pas à temps.  » Assassin ! – C’était moi. – Nous voulons que tu meures ! Brigand ! Bandit !  » Ceci dura deux bonnes heures. George avait calmé Jeanne en lui prenant la main. Noir tumulte. Les voix n’avaient plus rien d’humain ; Pensif, je rassurais les femmes en prières, Et ma fenêtre était trouée à coups de pierres. Il manquait là des cris de vive l’empereur ! La porte résista battue avec fureur. Cinquante hommes armés montrèrent ce courage. Et mon nom revenait dans des clameurs de rage : A la lanterne ! à mort ! qu’il meure ! il nous le faut ! Par moments, méditant quelque nouvel assaut, Tout ce tas furieux semblait reprendre haleine ; Court répit ; un silence obscur et plein de haine Se faisait au milieu de ce sombre viol ; Et j’entendais au loin chanter un rossignol.

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    Xavier Grall

    @xavierGrall

    Ballade de la mort lente Et c’est seulement au chevet des mères mourantes Que les fils des hommes accèdent à la connaissance Car il faut les ténèbres à l’illumination du cierge. O mort si lente à venir sur les lèvres exsangues Quand le goutte-à-goutte du sérum scande les heures Dans les veines vitreuses et transparentes Quand Octobre sur la clinique lève un pâle soleil Quand l’infirmier cynique tâte la paupière bleuie Où l’œil maternel aveugle fixe la mort insolente Alors que les fils entourent le corps flétri. O mort si lente à venir, trois jours et trois nuits Dans le blême bousculement des temps Si lente dans les poumons où sifflent Les oiseaux noirs des tombes impatientes Quand l’écume des verts crachats étouffe Le corps maternel râlant luttant souffrant O mort si lente à venir sur la face sainte Qui tend ses joues aux mains filiales effrayées Face sainte brûlante pitoyable et maternelle Fixant déjà le brasier de l’éternelle tendresse Où se consument les âmes selon la promesse de l’Esprit O mort si lente à venir parmi les vieilles Dames Asthmatiques apoplectiques cachexiques Dans l’odeur odieuse de l’éther et des soupes Tandis que sonnent les carillons vulgaires Des batteries de cuisine et que les coqs fiers Annoncent le reniement de la chair Sur les fumiers campagnards Et le corps des mères crie de s’arracher Aux enfants de la terre Marguerite David ma mère royalement nommée Fût en la paroisse de Ploudiry Sur le chemin des grandes fermes parentales Joyeusement couronnée de genêts et de lilas Et les agapes au Kerhuella avaient goût de chevreuil Sous le tiède vent rural des hautes cheminées Et l’homme du Bréou son père lui avait donné rêve et bonté Et telle est ma genèse au pays des collines Et telle est mon ascendance parmi les troncs et les feuilles O mort si lente à venir sur les lèvres exsangues Alors que de la jeune fille d’antan avait surgi dix fois la vie De sa bouche humiliée ne sort nulle parole O mort si lente à venir, trois jours et trois nuits Mort à pas de louve aux gencives malades Marchant dans les allées des reines et des châtelaines C’est que les bois Mesdames cèlent les chiens meurtriers Et la mort à gueule d’hiver va tuer tous vos printemps Et la douleur atroce cogne dans les bronches déchirées Mère aveugle voici vos fils enfin lucides et voyants A l’heure même où votre trépas dans l’absence les plonge Mère enfin aimée exactement au temps exact de la rupture Alors que le fossoyeur inspecte le caveau abject Sous la torche lancinante du buis O sépultures, mangeuses des corps des clans et des siècles Et le cœur de Marguerite David craque et cède à la mort lente Son âme déjà voyage en quête des grands pays Et les fils sédentaires, la peine pressant leurs dents Regardent le souffle doucement s’éteindre sur les lèvres blanches Et la dernière larme sur la ride maternelle Lentement glisse et crucifie la chair de sa chair Dix fois multipliée et la paix lisse déjà pâlit ses traits Et les fils embrassent le front bien-aimé Et l’infirmier cynique débranchant le sérum cruellement Annonce comme un guetteur que la bataille est finie O mort si lente si lente à venir.

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