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Raison

6 poésies en cours de vérification
Raison

Poésies de la collection raison

    A

    Alphonse Beauregard

    @alphonseBeauregard

    La raison parle N'aimes-tu pas ce temps de discrète clarté, Aube faite de grâce et de sérénité, Où, rêvant qu'une bouche appuiera sur la tienne, Tu marches au hasard, distrait quoi qu'il advienne, Tu parles et tu ris, l'esprit courant les bois, Et machinalement tu manges et tu bois ; Où fusent, imprévus, dans l'air et se colorent Des mots que tu n'avais jamais compris encore ; Où simplement heureux de vivre, et confiant Dans celle qui vers toi se penche en souriant, Sans appréhension tu peux voir sur la scène Les drames que l'amour dans l'existence entraîne. À ces jours recueillis tu reviendras songer, Alors, pourquoi ne veux-tu pas les prolonger ? – Je craindrais, allongeant d'une heure la durée De ce temps, défini comme une œuvre inspirée, D'en détruire le rythme exquisément subtil. J'aime jusqu'au troublant désir de cet Avril Et je cherche à goûter sa beauté toute entière. Mais l'homme, qui pourtant sait l'avenir précaire, Tient son regard fixé sur un lointain bonheur Même si le présent le baigne de tiédeur ; Il ne s'arrête pas avant l'hôtellerie Malgré le charme épars dans la verte prairie. – Le bonheur dans l'amour ! Songe éternel et vain. Que d'hommes le croyant prisonnier sous leur main N'eurent qu'une minable aventure en partage. D'autres, que la luxure a gagnés et ravage, Devenus sous le joug de la femme, des chiens, Sentent gronder en eux l'orgueil des jours anciens, Déversent sur leur front des insultes affreuses Et vont se recoucher aux pieds de la dompteuse. D'autres encore, liés par l'âme et par la chair, Perdent l'être sans qui leur vie est un désert, Et ne pouvant créer d'astre qui les dirige Abandonnent leurs sens à de mortels vertiges. Si tu n'as rien appris à voir ceux-là souffrir, Tes larmes couleront peut-être sans tarir. – Si l'homme t'écoutait, Raison pusillanime, Au lieu de s'élancer d'un coup d'aile sublime Vers la gloire et la mort, dans le ciel, sur la mer, Il resterait caché dans son trou, comme un ver. Je veux savoir quel horizon m'ouvre l'extase, Juger ce que mon cœur contient d'or et de vase, Connaître ma constance et mon droit à l'amour. Fort de ma grandissante émotion, et sourd Aux aguichants appels dénués de tendresse, Je ne tomberai pas dans de lâches faiblesses. Si j'ai surestimé la femme de mon choix, Si j'abjure ma paix pour saisir une croix, Rien ne m'enlèvera, du moins, la jouissance De reporter mon âme à ces jours d'espérance, Sachant que n'aurait pas tinté leur pur cristal Si je n'avais rêvé d'un bonheur intégral.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le loup et l'agneau La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l'allons montrer tout à l'heure. Un Agneau se désaltérait Dans le courant d'une onde pure. Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait. Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité. - Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté Ne se mette pas en colère ; Mais plutôt qu'elle considère Que je me vas désaltérant Dans le courant, Plus de vingt pas au-dessous d'Elle, Et que par conséquent, en aucune façon, Je ne puis troubler sa boisson. - Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, Et je sais que de moi tu médis l'an passé. - Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ? Reprit l'Agneau, je tette encor ma mère. - Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. - Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens : Car vous ne m'épargnez guère, Vous, vos bergers, et vos chiens. On me l'a dit : il faut que je me venge. Là-dessus, au fond des forêts Le Loup l'emporte, et puis le mange, Sans autre forme de procès.

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    J

    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Les deux persans Cette pauvre raison dont l'homme est si jaloux N'est qu'un pâle flambeau qui jette autour de nous Une triste et faible lumière ; Par delà c'est la nuit : le mortel téméraire Qui veut y pénétrer marche sans savoir où. Mais ne point profiter de ce bienfait suprême, Éteindre son esprit, et s'aveugler soi-même, C'est un autre excès non moins fou. En Perse il fut jadis deux frères, Adorant le soleil, suivant l'antique loi. L'un d'eux, chancelant dans sa foi, N'estimant rien que ses chimères, Prétendait méditer, connaître, approfondir De son dieu la sublime essence ; Et du matin au soir, afin d'y parvenir, L'œil toujours attaché sur l'astre qu'il encense ; Il voulait expliquer le secret de ses feux. Le pauvre philosophe y perdit les deux yeux ; Et dès lors du soleil il nia l'existence. L'autre était crédule et bigot ; Effrayé du sort de son frère, Il y vit de l'esprit l'abus trop ordinaire, Et mit tous ses efforts à devenir un sot. On vient à bout de tout ; le pauvre solitaire Avait peu de chemin à faire, Il fut content de lui bientôt. Mais, de peur d'offenser l'astre qui nous éclaire En portant jusqu'à lui des regards indiscrets, Il se fit un trou sous la terre, Et condamna ses yeux à ne le voir jamais. Humains, pauvres humains, jouissez des bienfaits D'un dieu que vainement la raison veut comprendre, Mais que l'on voit partout, mais qui parle à nos cœurs. Sans vouloir deviner ce qu'on ne peut apprendre, Sans rejeter les dons que sa main sait répandre, Employons notre esprit à devenir meilleurs. Nos vertus au très-haut sont le plus digne hommage, Et l'homme juste est le seul sage.

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    Louise Colet

    Louise Colet

    @louiseColet

    Boutade à la raison Froide raison, pompeuse idole, Divinité, chère à l'orgueil, Tu n'as pas un mot qui console Les souffrances d'un cœur en deuil : Jamais, dans ton œil inflexible, On ne vit des pleurs de pitié ; Ta voix rend l'amour insensible, Et glace même l'amitié. Comme l'onde de la mer Morte Que le vent ne peut soulever, D'une âme indifférente et forte, Voir l'infortune, et la braver : Sans que leurs douleurs nous effleurent, Puiser une utile leçon Dans les larmes de ceux qui pleurent, Voilà ce qu'on nomme raison. Quand le bonheur nous abandonne, S'immoler à la vanité ; Rendre au monde ce qu'il nous donne, Dédain, impassibilité !... Être, en commençant l'existence ; Insensible à la trahison ; S'endurcir contre l'inconstance, Voilà ce qu'on nomme raison. Vieillir l'âme avant que les rides Viennent sillonner notre front ; Tarir, par des pensers arides, Tout sentiment tendre et profond ; Fuir l'amitié qui nous convie ; Dans l'amour prévoir l'abandon Arracher les fleurs de la vie ; Voilà, ce qu'on nomme raison ! Si le cœur, comme Prométhée, Saigne, rongé par un vautour ; Si la vie est désenchantée, Si l'espoir a fui sans retour ; Si le souvenir nous déchire, Savoir feindre la guérison ; Etouffer nos pleurs et sourire, Voilà ce qu'on nomme raison ! Sitôt que sa paupière s'ouvre, Dessiller l'enfant ingénu ; Lever le voile qui le couvre, Et lui montrer le monde à nu : Dans son âme qui vient d'éclore, Mêler la crainte et le soupçon A l'espérance qu'on déflore : Voilà ce qu'on nomme raison ! Au flambeau que la gloire allume Préférer un obscur destin : Sans que la lèvre s'y parfume, Briser la coupe du festin ; Toujours au fond de l'ambroisie, Soupçonner un amer poison : Vivre sans foi, sans poésie ; Voilà ce qu'on nomme raison ! Raison dont je suis obsédée, Déité des esprits rampants, Tu soumets toute noble idée, Aux préjugés dont tu dépends ! Sous ton joug l'âme est avilie ; La foule abuse de ton nom : Pour une sublime folie, Je t'abandonne ; adieu, raison !

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    R

    RSully Prudhomme

    @rsullyPrudhomme

    Intus Deux voix s'élèvent tour à tour Des profondeurs troubles de l'âme : La raison blasphème, et l'amour Rêve un dieu juste et le proclame. Panthéiste, athée ou chrétien, Tu connais leurs luttes obscures ; C'est mon martyre, et c'est le tien, De vivre avec ces deux murmures. L'intelligence dit au cœur : « Le monde n'a pas un bon père. Vois, le mal est partout vainqueur. » Le cœur dit : « Je crois et j'espère. « Espère, ô ma sœur, crois un peu : C'est à force d'aimer qu'on trouve ; Je suis immortel, je sens Dieu. » — L'intelligence lui dit : « Prouve ! »

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À la belle impérieuse L’amour, panique De la raison, Se communique Par le frisson. Laissez-moi dire, N’accordez rien. Si je soupire, Chantez, c’est bien. Si je demeure, Triste, à vos pieds, Et si je pleure, C’est bien, riez. Un homme semble Souvent trompeur. Mais si je tremble, Belle, ayez peur.

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